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Jean Amsler (Autre)
EAN : 9782020051323
533 pages
Seuil (01/03/1979)
3.77/5   71 notes
Résumé :
Inspiré d'un conte populaire allemand, Le Turbot est une longue histoire de l'art culinaire, une fable dont le héros, immortel comme le poisson qu'il pêcha un jour dans l'embouchure de la Vistule, raconte ses neuf vies, sa traversée des siècles en compagnie de neuf redoutables femmes.
Neuf cuisinières prennent vie afin d'incarner chaque époque, chaque étape de l'histoire culinaire : Ava, la mère originelle, Dorothée, Gret la grosse, Amanda la Prussienne et bi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Étrange aventure que la lecture de ce roman, le turbot. J'admets d'emblée que je n'ai sans doute pas tout saisi de ce roman quelque peu effrayant. En effet, au-delà de ses 624 pages (dans l'édition de poche), le style foisonnant et désordonné peut donner le vertige – ou le mal de mer, plutôt – peut-être même les deux. C'est bel et bien du Günter Grass, aucun doute là-dessus. Son oeuvre est hautement intelligente, mais également d'une érudition labyrinthique, donc il n'est pas donné à tous de bien la comprendre. Et je m'inclus dans le lot.

À cet égard, résumer le turbot est une entreprise hardue, je tenterai de faire de mon mieux. D'abord, le protagoniste lui-même m'est demeuré mystérieux : un être immortel qui entretient une relation privilégiée avec un turbot. Ou est-il lui-même ce poisson ? Ou, encore, le poisson est-il une de ses représentations sur Terre de cet être immortel ? J'en suis resté assez confus car, chaque fois que je croyais avoir saisi, je me suis retrouvé à nouveau dans la confusion peu de temps après. Il faut dire que la narration va dans tous les sens, et que la chronologie n'est pas linéaire. J'ai trouvé assez difficile m'en faire une tête.

Quoiqu'il en soi, le turbot est capturé par des féministes sur le bord de la mer Baltique à la fin du 20e siècle et elles finissent par comprendre que la société patriarcale actuelle du monde – et duquelle elles se croient victimes – est le fait de l'intervention de ce poisson dans la vie des hommes. S'ensuit un procès, mené par ces mêmes féminsites, dans lequel le turbot (installé dans une baignoire !) est contraint de raconter sa longue histoire, commencée il y a de cela plusieurs millénaires, remontant à l'époque néolithique. Assez délirant !

Ainsi, il y a fort longtemps, le turbot est capturé par un homme préhistorique. En échange de sa liberté, il promet mer et monde, en tous cas assistance. Notez ici que cette prémisse tire son inspiration d'un conte des frères Grimm. Donc, le poisson aide son pêcheur à se libérer de la suprémacie de la sorcière du clan et de l'organisation matriarcale du genre humain de l'époque, alors soumis au culte de la déesse-mère de la terre. Il en profite également pour lui apprendre à se servir de nouveaux outils et à lui proposer quelques recettes culinaires. Au fur et à mesure de la marche du temps, le turbot s'immisce dans la vie des hommes mais aussi des femmes. Lors de son procès, il explique comment il en a aidé plusieurs, comme Dorothée de Montau, Gret la Grosse, Agnès, Amanda Woyke, Sophie Rotzoll, Lena Stubbe.

Outre leur livrer des recettes originales, il les a assitées de multiples façons (évangéliser les germains, favoriser le commerce des épices, introduire la pomme de terre, se protéger des troupes napoléoniennes, militer pour le syndicalisme, etc.). Ces neuf cuisinières ont eu emprise dans le monde des hommes à leurs époques respectives, et grâce à lui. Donc, le turbot est innocent. Ce roman, cette oeuvre étrange, peut se voir également comme un traité d'art culinaire et même d'histoire. Quelques hauts faits de l'Europe sont mentionnés et font partie de l'intrigue, mais je dois admettre que Dantzig, le Vistule, toute cette région m'était peu familière avant de lire les romans de Grass.

Le turbot peut être lourd et rebutant, évidemment, mais il ne faut pas s'y arrêter. C'est aussi drôle, il ne faut pas tout prendre au premier degré. Je dirais même plus : il faut entrer dans le délire de l'auteur. du moins, c'est ce qui m'a permis d'en continuer la lecture. À vous de juger.
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Le Turbot !
Depuis combien d'années traînait-il dans ma PAL ? Bien de la place pour rien.
Parce que c'est un pavé de 534 pages. Et en plus c'est écrit tout petit et tout serré.
J'ai lu vingt pages, je n'ai absolument rien compris. Vingt autres encore, le mystère s'épaissit.
Survolé un peu plus loin. Opaque !
Et refermé définitivement.
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Particulièrement difficile à suivre, le point de vue du Turbot (poisson dont le physique est particulièrement adapté à la station prolongée cachée sous le sable au fond d'une mer sableuse). le turbot est l'objet d'innombrables recettes de cuisine parfois succulentes (j'ai essayé) parfois repoussantes a priori, mais c'est toute la culture de cette région qui émerge à travers cette cuisine.
Il faut dire qu'on se trouve dans ce recoin de territoire maritime Allemand ou polonais (selon les époques) berceau de l'auteur, et que l'histoire a vu défiler un nombre incroyable de peuples, de rois, de ducs et autres personnages plus ou moins célèbres, dont les rencontres ont été plus souvent sanglantes qu'amicales.
Un monument, mais il faut s'accrocher. Pour commencer Günter Grass je recommande le tambour ou les années de chien.
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La lecture de ce roman peut être laborieuse pour certains, et même quelque fois fatigante. Mais pour ceux qui sont fascinés par le style de l'auteur comme je suis, notamment tel qu'on le rencontre dans le fameux "Tambour" et "les "Années de chiens", c'est l'occasion de le savourer à nouveau. La précision habituelle dans les phrases et le foisonnement du chemin emprunté par Grass dans différentes époques ne laissent pas de régaler le lecteur avec des images à chaque fois renouvelées, surtout que l'humour qui lui est propre est encore présent ici tel qu'on le connaît, surtout quand c'est le poisson qui parle ; on a affaire alors à un sage érudit, pondéré, avec des relents de misogynie dans les propos, certes, mais il semble que c'est aussi le but voulu dans le texte, d'explorer certaines facettes de l'histoire d'une part et de faire faire l'inventaire aux féministes de l'autre.
NB : cela a de grandes ressemblances avec "La ratte", autre roman du même auteur où c'est encore l'animal en question qui parle, mais avec moins de complexité dans l'écriture, plus de beauté dans le style et des surprises à découvrir.
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Le pavé dans la mer...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
«Il est grand temps, mon fils! Le néolithique, ainsi que nous appelons l'âge de pierre récent, est entré dans sa phase finale. Venue de Mésopotamie, par le delta du Nil et l'ile de Crète, encouragée par la vigueur virile, la civilisation se répand. Là on voit des femmes travailler les champs et plus tard piler dans les mortiers le grain obtenu. Ainsi les famines ne sont plus irréparables. Non, porcs et boeufs se multiplient, élevés en troupeaux. Il y a toujours des provisions de réserve. On construit des habitats fixes. La horde et la grand famille s'articulent en tribus. Des roi-héros règnent. L'État jouxte l'État. Et les hommes sont en armes. Ils savent pourquoi ils se battent : pour leurs possessions héréditaires. [...]»
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Ah! Plût aux dieux que vous autres, Mesdames qui rendez une âpre justice et condamnez la cause masculine, fussiez à l’égal de Sophie demeurées occluses! Si seulement chacune d’entre vous fermait boutique définitivement. Ne dépendrait-il pas de vous d’en finir avec la conception, l’enfantement? Le moment ne serait-il pas venu d’arrêter le trafic, d’échapper aux filles et aux fils, de ne plus rien porter à terme et de permettre à l’humanité une sortie pensive? J’ai devant moi des statistiques portant espoir. Du mariage à deux enfants, au mariage à un, au mariage à zéro. Exit l’histoire. Plus de croissance. Après une relative sénescence: l’extinction silencieuse, sans glas. La nature vous en saurait gré. Notre planète pourrait renaître.
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Tout ce qui nous est sacré, l'histoire aux mille détours, le brillant empire des Hohenstaufen, les abruptes cathédrales gothiques, tout cela n'existerait pas si une frugalité sotte devait être le fait de l'homme.
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«[...] Il a fallu des dizaines d'années pour que le mil soit relayé par la pomme de terre. Et la suppression du servage a duré plus longtemps encore plus longtemps. Toujours ces régressions. Après Robespierre vint Napoléon et ensuite ce Metternich...»
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Dès l'époque de Mestwina, quelques Varègues déguisés en pécheurs pomorzes avaient tué Jagel dans son repaire. C'est seulement quand le duc des Polaques Boreslav Chrobi eut rejeté les Pruzzes sur la rive droite de la Vistule que la domination varègue fut remplacée par la polaque. A peine Mestwina en effet avait-elle assommé cet Adalbert que le duc de Pologne avait engagé comme propagandiste que nous devînmes sujets et le restâmes. Boreslav fit transporter le cadavre miraculeux à Gnesen, où il est encore vénéré à Gniezno. Notre pays fut érigé en province et, parce que nous habitions au bord de la mer, appelé en slave archaïque Pomorzanie : Pomérélie.
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Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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