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EAN : 9782370490162
70 pages
La Volte (11/05/2016)
4.19/5   32 notes
Résumé :
Vingt ans après sa parution, Benjamin Mayet s'empare avec sa fougue propre de La Zone du Dehors, roman visionnaire sur les sociétés de contrôle, et en extrait le vif dans un monologue qui frappe : Le Dehors de toute chose. Sa retrempe redonne sa puissance de feu à une anticipation qui n'a jamais été aussi inquiétante ni aussi actuelle. Elle déchire le cocon occidental des consensus et en appelle à désincarcérer les forces de vie que nos paresses et nos heurs enclose... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Voilà un petit brûlot qui vient à point pour nous réchauffer le nerf vital.
Deux courts textes en fait, en miroir, l'un extrait de « la zone du dedans » d'Alain Damasio et mis en scène par Benjamin Mayet, l'autre de Damasio lui-même, rebondissant sur le premier.

Le premier harangue sous forme de monologue le lecteur en l'exhortant à prendre conscience de la morbidité de nos conditions d'esclaves volontaires dans un système devenu génétiquement totalitaire de par la multiplicité des contrôles qui s'y exercent, à secouer la gangue de ces contrôles qui nous étouffent, en particulier les contrôles que nous nous imposons à nous-mêmes, et ce pour retrouver le souffle vital en soi vivifié du sens du collectif.

Le second, de l'auteur originel de ce texte donc, réintroduit cette exhortation dans le contexte de nos sociétés occidentales dominées par le « techno-capitalisme » qui par normalisations incrémentales et ingestion systématique de tout ce qui relève du « dehors » (l'étranger, le sauvage, l'inconnu), largement aidé en ceci par le développement de technologies intrusives (le smartphone relié au Big Mother des réseaux sociaux en étant le point d'orgue) qui nous collent les uns aux autres comme des « grumains dans la pâte » dans une réalité surconnectée et désenchantée, a fini par limiter nos horizons, avec notre consentement, à son seul « dedans », et nous enfermer dans une « société sans air ».

L'un comme l'autre appellent à reprendre contact avec le sol, redresser la colonne, en renouant les liens perdus et en cherchant à conquérir non pas le pouvoir, mais la puissance, celle de ce « dehors » qui est tout simplement en nous.

Ça pique, ça démange et ça dérange, et cela fait un bien fou.
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La substantifique moelle...l'expression n'est plus à inventer et c'est ce que ce petit livre fait: l'extraire d'une oeuvre plus vaste d'Alain Damasio et nous la livrer sous un format réduit.

En soi, moi qui ne relit quasiment jamais rien deux fois, me disant qu'il y a trop de choses à découvrir que pour trainer, c'est-là l'un des seuls ouvrages que je tâche de lire une fois par an (petit défi, ça se lit excessivement vite).

Quelque part, c'est une sorte de mise au point avec moi-même, mes projets, mes envies, qui recentre la volonté d'être, d'agir et de lancer ou relancer ses projets.

Une sorte de manuel de vie en somme.
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Deux textes dans ce livre étonnant. le premier est une courte adaptation théâtrale du roman "La Zone du Dehors" d'Alain Damasio, reprenant des extraits de monologues de plusieurs personnages. Je n'ai pas trouvé ça terrible, même si l'intention est bonne. le second texte est un essai d'Alain Damasio
autour du même roman, sur le contrôle, le pouvoir, la (ré-)volution. J'ai beaucoup aimé.
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La moelle poétique, épique et militante de « La zone du dehors » d'Alain Damasio. Un tour de force qui frappe pile et juste.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/01/04/note-de-lecture-le-dehors-de-toute-chose-alain-damasio-benjamin-mayet/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
En Occident, voter est consentir à la dépossession politique. Rien d'autre, désormais. Le technocapitalisme seul nous dirige. L'Etat n'est plus qu'un cabinet d'ingénierie sociale auquel on sous-traite la variable humaine des équations du profit. L'impuissance s'exaspère, l'explosion révolutionnaire serait logique: pourquoi ça tient? par quel miracle?
J'ose cette hypothèse brute : ça tient parce que le pouvoir, sous sa forme simple et immédiate, donc concrète et convaincante, tient maintenant au creux de la main. Tout est là, à portée de clavier, de tap-tap, de clic. Tout répond en temps réel, au doigt et à l'œil, d'un effleurement sensuel. Pourquoi chercher le pouvoir dans un réel épais et complexe quand on l'exerce déjà en monarque sur une réalité manipulable?
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Réfléchir,
c'est fléchir deux fois!
Nous avons en face de nous une force plastique,
qui recycle les résistances,
qui fait preuve d'une capacité d'innovation redoutable et nous,
on en resterait à ça :
Détruire ?
C'est le propre des forces réactives,
justement,
de vouloir détruire les forces qui s'opposent à elles.
Et elles veulent les détruire parce qu'elles n'ont pas la force suffisante pour les subjuguer,
se composer avec.
S'en servir!
Vouloir détruire est le symptôme d'une volonté décadente !
Nous devons construire maintenant !

(page 29)
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Et pour la surveillance quasi exhaustive de nos vies, nos gouvernements, aussitôt pointés du doigt, empoignent le totem d'immunité en hurlant SÉ-CU-RI-TÉ ! SÉ-CU-RI-TÉ ! La sacro-sainte pute que cette sécurité-là ! Quelles libertés nous avons prostituées en son nom ! Comme si la sécurité suprême n'était pas de vivre dans un monde où strictement rien de ce que j'écris, dis et fais ne peut plus être intime ou privé.
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Nous vivons dans une démocratie.
Nous n’avons pas à nous plaindre.
Nous n’avons qu’à nous lever,
sortir et claquer la porte.
Face à l’aliénation des menues doses douces et continues, nous n’avons pourtant su opposer de rupture que brutale.
Que notre fureur !
Dynamiter le ventre !
Faire sortir le sang !
Y aller franc,
sans réfléchir.
Réfléchir,
c’est fléchir deux fois !
Nous avons en face de nous une force plastique,
qui recycle les résistances,
qui fait preuve d’une capacité d’innovation redoutable et nous, on en resterait à ça :
détruire ?
C’est le propre des forces réactives,
justement,
de vouloir détruire les forces qui s’opposent à elles.
Et elles veulent les détruire parce qu’elles n’ont pas la force suffisante pour les subjuguer,
se composer avec.
S’en servir !
Vouloir détruire est le symptôme d’une volonté décadente !
Nous devons construire maintenant !
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Quelque chose de moins perceptible et de plus neuf montait au virage du siècle. Comme une métamorphose dans la matière même du pouvoir. Un passage du solide au liquide. Dans un occident aux autorités titubantes, aux hiérarchies discutables et sapées, dans nos démocraties toujours plus sainement intolérantes à l’arbitraire et à l’imposé, où l’impact des disciplines suscitait presque autant de résistance que d’effets, l’aérodynamique du pouvoir nécessitait d’être redesignée pour recouvrer ses capacités de pénétration dans l’air des corps et des esprits.
Ça, c’est beau de l’écrire mais c’est encore trop facile, et faux. L’aérodynamique est bien là, sauf que ce sont nos mains qui ont lissé par millions la carrosserie. Acceptons-le, tout gauchistes que nous sommes. Acceptons que cette société de contrôle, personne ne nous l’a imposée. Elle n’est pas extérieure à nous, on ne l’a pas reçue comme une punition : on l’a faite. Oui, bien sûr, les médias s’en emparent et la relaient. Oui, les gouvernements l’accroissent et la régissent. Oui, surtout, le technocapitalisme en fait son support et son beurre. Mais elle est d’abord l’invention propre à nos liberticides. L’appel compulsif au contrôle, comme agenda et mode d’être, est venu des populations mêmes. De ces populations émiettées par la doxa libérale ? Si vous voulez… et son égotisme-roi ? Certes. Mais aussi de nous autres les grumeaux, les grumains, excités par le développement personnel, les « deviens ce que tu es », rêvant d’émancipation et nageant en poisson égaré dans la pâte d’une dissociété que nous avons tous contribué à élaborer.
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Videos de Alain Damasio (70) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alain Damasio
Rencontre événement en compagnie d'Alain Damasio pour son recueil "Vallée du Silicium", en coédition Villa Albertine/Le Seuil. Un livre inspiré de la Silicon Valley, composé de sept chroniques littéraires qui culminent sur une nouvelle d'anticipation inédite.
Livre dispo ici : https://www.millepages.fr/livre/9782021558746-vallee-du-silicium
« Ce qui manque furieusement à notre époque, c'est un art de vivre avec les technologies. Une faculté d'accueil et de filtre, d'empuissantement choisi et de déconnexion assumée. Des pratiques qui nous ouvrent le monde chaque fois que l'addiction rôde, un rythme d'utilisation qui ne soit pas algorithmé, une écologie de l'attention qui nous décadre et une relation aux IA qui ne soit ni brute ni soumise. »
À San Francisco, au coeur de la Silicon Valley, Alain Damasio met à l'épreuve sa pensée technocritique, dans l'idée de changer d'axe et de regard. Il arpente « le centre du monde » et se laisse traverser par un réel qui le bouleverse.
Composé de sept chroniques littéraires et d'une nouvelle de science-fiction inédite, Vallée du silicium déploie un essai technopoétique troué par des visions qui entrelacent fascination, nostalgie et espoir. du siège d'Apple aux quartiers dévastés par la drogue, de rencontres en portraits, l'auteur interroge tour à tour la prolifération des IA, l'art de coder et les métavers, les voitures autonomes ou l'avenir de nos corps, pour en dégager une lecture politique de l'époque et nous faire pressentir ces vies étranges qui nous attendent.
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Alain Damasio :
Né à Lyon en 1969, Alain Damasio caracole sur les cimes de l'imaginaire depuis la parution en 2004 de son deuxième roman, La Horde du Contrevent, Grand Prix de l'Imaginaire. Il explique sa prédilection pour les récits polyphoniques et pour le travail physique, physiologique de la langue, par un besoin vital d'habiter plusieurs corps, et de se laisser lui-même habiter. Après la réédition par La Volte en 2007 de la Zone du Dehors (Cylibris, 2001), récit d'anticipation inspiré par Michel Foucault, et un recueil de nouvelles, Aucun souvenir assez solide, Alain Damasio publie à La Volte son roman Les Furtifs, qui réunit ses préoccupations politiques, son inventivité de langage et ses innovations typographiques.
Amplement salué par la critique, acclamé par le public, Alain Damasio construit une oeuvre rare, sans équivalent dans les littératures de l'imaginaire.
Rencontre animée par Clément Houdart Captation, montage et réalisation : David Even
@editions_du_seuil @alaindamasio
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