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Jean-Louis de Rambures (Traducteur)
EAN : 9782070338269
160 pages
Gallimard (10/05/2007)
3.47/5   17 notes
Résumé :

En Allemagne, dans les années cinquante, un enfant de treize ans, dont la famille a fui à la fin de la guerre l'avance des années russes, raconte comment ses parents ont perdu son frère aîné Arnold.

Après l'avoir longtemps cru mort, il apprend de sa mère qu'elle l'avait abandonné, craignant pour sa vie. Au cours des ans, l'enfant disparu obsède de plus en plus la petite famille, et le narrateur jalouse ce frère aîné, devenu un héros.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Cette famille de calvinistes d'Europe de l'Est a connu un drame qui a bouleversé son existence.
Avant : une ferme prospère en Pologne.
Le drame : l'exode face à l'avancée des armées russes en 1945.
Après : une nouvelle vie dans l'est de la Westphalie, sans Arnold, le petit garçon perdu au cours de cette fuite.

Le deuxième fils est né "après", il a toujours connu une mère dévastée par le chagrin, un père travailleur et autoritaire, un foyer austère où l'absent occupait tout l'espace - un espace plombé par « la honte et la culpabilité » (sic).
Ce n'est qu'à treize ans que le cadet apprend qu'Arnold, ce 'grand frère' dont il ne connaît qu'une photo de bébé souriant, n'est pas mort de faim durant l'exil, comme on le lui a toujours dit, mais qu'on l'a « perdu ». L'espoir de le retrouver reste donc permis - les parents y croient, la Croix-Rouge s'emploie à rassembler des familles éparpillées...

La lecture de cet ouvrage en partie autobiographique s'imposait après avoir entendu l'auteur dans un salon. Les extraits lus, les explications données par Hans-Ulrich Treichel, le drame de sa vie (peut-être pire encore que celui du livre, puisque ses parents ne lui ont jamais dit qu'ils recherchaient le 'disparu') ont fortement ému l'assemblée.

Lorsqu'un enfant s'inscrit 'en creux' dans une famille (disparition, décès) ou lorsqu'il exige beaucoup d'attention (maladie grave, handicap lourd), les autres membres de la fratrie peuvent devenir des 'enfants perdus'. Leurs parents semblent n'exister que pour celui qui manque/souffre, déployant des trésors d'énergie pour lui, au détriment des autres, qui sont délaissés, mal-aimés, peuvent même se sentir en trop, coupables d'exister, eux, sans jamais être à la hauteur de l'enfant idéalisé...

Je n'ai pas été émue à la lecture, en revanche, peut-être parce que la narration est lourde, répétitive - à l'image, cela dit, de la façon dont raisonne un enfant de treize ans, enchaînant les idées pour y trouver une logique.

Malgré l'humour teinté d'auto-dérision de l'auteur (un humour triste, quand même), malgré la gravité et l'intérêt du sujet, malgré la brièveté de l'ouvrage, je me suis ennuyée. On tourne en rond dans les idées du jeune garçon, on s'englue dans l'absurdité kafkaïenne des formalités que les proches doivent accomplir pour prouver qu'ils sont bien apparentés à l'enfant numéro 2037 qui pourrait fort bien être le 'disparu', oui, mais...

Déception...
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La 4ème de couv présente ce court roman comme "un portrait ironique et cinglant de la bourgeoisie allemande de l'après-guerre". Personnellement, j'y vois tout autre chose.
Par contre, ce qui est sûr c'est que ce livre illustre à la perfection l'obsession dans laquelle peut s'enfermer une famille à la recherche d'un de ses membres. Obsession qui se fait au détriment des vivants et qui habille les puînés des oripeaux du passé et de la culpabilité.

Un enfant nait juste après guerre. Il grandit d'abord dans l'ombre d'un frère aîné, Arnold, dont on lui a toujours dit qu'il était mort de faim sur les routes de l'exode. Puis un jour, il apprend la vérité. Ses parents ont bien fuit l'Est du Reich devant l'avancée de l'armée russe mais la mère a abandonné son enfant dans les bras d'une inconnue, à un moment où elle s'est sentie en danger de mort. On devine aisément que la mère s'est faite violer par un soldat russe et que le narrateur est sans doute l'enfant né de ce viol.
Depuis, installée à l'Ouest, la famille prospère et prend la décision de rechercher, avec l'aide de la Croix Rouge, ce premier enfant disparu. Enfin, un espoir se matérialise sous l'horrible appelation de "l'enfant trouvé numéro 2307". C'est le début d'un long parcours d'expertises fastidieuses.

Face au mythe d'Arnold, le narrateur ne fait pas le poids. D'ailleurs, même sur les photos de famille, il est toujours à moitié dissimulé. Sa jalousie, sa solitude, son impossibilité à combler ses parents, ses craintes face à un hypothétique retour de l'enfant prodige sont exprimées mais sur un ton plutôt désaffecté, soulignant sans doute la culpabilité de l'enfant remplaçant, mais aussi et surtout la manifestation inconsciente de l'illégitimité de ses ressentis, et par là même, de son existence.

Un texte qui peut paraître froid et inachevé si l'on se contente d'une lecture au premier degré, mais qui gagne en profondeur et s'enrichit dès qu'on lit entre les lignes. Et on se demande qui des deux demi-frères est le vrai disparu, Arnold ou le narrateur qui se croit encore le fils de son père ?

Lien : http://moustafette.canalblog..
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Récit raconté de façon humoristique, grinçante et émouvante, du point de vue d'un petit garçon de treize, vivant en Allemagne de l'ouest dans les années cinquante. Il vit tant bien que mal avec le fantôme envahissant de son frère Arnold qui est mort pendant l'exode des Allemands devant l'avance des Russes en Prusse en 1945. Mais alors qu'on lui avait dit que son frère était mort, sa mère lui apprend qu'il est peut être vivant et qu'elle l'avait abandonné à une autre femme pour le protéger alors que les Russes lui faisait subir à elle "des chose horribles". le voici entraîné par l'obsession de ses parents de bureaux de la croix rouge en bureaux de la croix rouge ne lui laissant que très peu de place dans l'affection de ses parents, soumis à des tests génétique dés qu'un enfant trouvé serait sucéptible d'être son frère. Finalement, il trouve que ce frère est encore plus envahissant vivant que mort. Difficile de se construire dans une famille ne se remettant pas d'un traumatisme si grand. le style et l'ironie empêchent le récit de tomber dans le mélo, même si le sourire est amer. Il y a effectivement une critique de la bourgeoisie allemande d'après guerre, qui veut effacer le bien être matérialiste, le sérieux et le travail, les privations, les séquelles de l'exode et la culpabilité. Mais même dans une famille modeste, on aurait eu le même récit, un peu moins drôle, le thème principal reste la culpabilité.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
[...] il ne leur serait jamais venu à l'idée de renoncer à ces excursions dominicales car elles étaient destinées d'abord à la préservation des forces laborieuses et constituaient, encore, un devoir dû au respect chrétien du dimanche. N'empêche que mes parents étaient incapables de profiter, ne fût-ce qu'à petites doses, des loisirs et de la détente. Au début, j'avais cru expliquer cette incapacité par leur origine souabe et piétiste d'une part, et de l'autre par leurs racines prussiennes, car je savais par les récits de mes parents que les piétistes souabes et les Prussiens orientaux étaient incapables de goûter ne fût-ce qu'un semblant de loisirs et de détente. Plus tard, j'avais fini par comprendre que leur incapacité à jouir des loisirs et de la détente avait un lien avec la disparition de mon frère Arnold et avec cette chose horrible que les Russes leur avaient, surtout à ma mère, infligée. J'avais, il est vrai, l'impression que ces excursions ratées me faisaient personnellement plus souffrir que mes parents car, pour mes parents, persuadés comme ils l'étaient que l'homme n'était pas sur terre pour faire des excursions mais pour travailler, ces excursions, dans un certain sens, ne pouvaient être que gâtées.
(p. 19)
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Mes parents n'étaient encore jamais partis en voyage et moi non plus, je n'avais jamais fait de voyage. Le voyage à Heidelberg qui devait durer en tout trois jours fut l'unique parcours relativement long que j'eusse jamais fait avec mes parents. Mes parents ne voyageaient pas. A cause du commerce, prétendaient-ils. Mais en réalité, s'ils ne voyageaient pas, c'était à cause de l'exode. L'exode, certes, n'avait pas été un voyage, mais tous les voyages semblaient leur rappeler l'exode. Un paysan de Rakowiec n'abandonne pas sa maison de son propre gré. Qui abandonne sa maison commet un péché. Les Russes sont à l'affût de celui qui abandonne sa maison. Lorsqu'on abandonne sa maison, celle-ci est livrée au pillage et vouée à la ruine.
(p. 103)
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Plus le poids du souvenir menaçait de pétrifier ma mère, plus mon père s'activait. Lui qui, deux fois de suite, après chacune des guerres mondiales, avait eu l'infortune de perdre sa maison et sa ferme et qui, après la dernière, était venu les mains vides s'installer à l'est de la Westphalie, avait alors, pour la troisième fois, réédifié ce qu'on appelle une existence. Il aurait pu vivre en paix mais pour lui, la paix n'existait pas.
(p. 40)
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Je ne voulais ressembler à personne et à mon frère Arnold moins que quiconque. Ma ressemblance stupéfiante avec Arnold eut pour conséquence que je commençai à ressembler de moins en moins à moi-même.
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Arnold était devenu mon ami et il serait demeuré mon ami si ma mère ne m'avait convoqué un jour à ce qu'elle appela une "explication". Ma mère ne m'avait encore jamais convoqué à une explication et mon père non plus. Durant toute mon enfance et les premières années de ma jeunesse, il ne m'était jamais arrivé d'être convié à une explication ou même à un semblant d'explication. Pour communiquer avec moi, mon père se contentait d'ordres brefs et de directives de travail, et quand ma mère me parlait, ce qui arrivait, la conversation débouchait toujours sur mon frère Arnold et s'achevait par des larmes et par le silence. Ma mère aborda l'explication en déclarant que j'étais à présent, assez grand pour apprendre la vérité. "Quelle vérité ?", demandai-je à ma mère car je craignais qu'il pût éventuellement s'agir de moi. "Il s'agit, dit ma mère, de ton frère Arnold." D'un coté, je fus soulagé d'apprendre qu'il s'agissait une fois de plus d'Arnold, mais en même temps, j'enrageais. "Qu'est-ce qu'il se passe avec Arnold?" Dis-je, et ma mère sembla à nouveau au bord des larmes, ce qui m'amena spontanément mais un peu étourdiment, à demander s'il était arrivé quelque chose à Arnold, question à laquelle ma mère répondit d'un air perplexe. "Arnold" dit ma mère sans autre préambule, "Arnold n'est pas mort. Il n'a pas non plus succombé à la faim. ce fut à mon tour d'être perplexe et aussi un peu déçu. mais au lieu de me taire, je demandai à ma mère, de nouveau sans trop réfléchir, de quoi Arnold était-il alors mort. "Il n'est pas du tout mort", dit ma mère une fois de plus, et sans la moindre émotion, "il a disparu"
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