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Inès Jorgensen (Traducteur)
EAN : 9782264034380
141 pages
10-18 (02/01/2003)
4.16/5   301 notes
Résumé :
Ninioq va mourir et, comme le veut la tradition, elle quittera sa tribu pour "rejoindre seule le monde souterrain". Attendant son heure, elle se souvient de ses fiançailles, de son mari, de ses deux filles disparues, de son fils devenu le chef de la communauté. Comme tous les étés, la tribu quitte le village pour aller faire sécher le poisson. Ninioq a pour habitude d'attendre le retour du groupe sur une petite île. "Elle aimait ce lent quotidien qui lui offrait la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (51) Voir plus Ajouter une critique
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Nous savons tous que demain est un autre jour mais le jour avant le lendemain ?
Dans ce court livre, traduit du danois par Ines Jorgensen, ce magnifique roman de Jørn Riel nous emmène dans un long et captivant voyage, rythmé par les saisons, au sein d'une communauté Inuit.

Dans le Nord Est du Groëland, c'est le printemps, et celui-ci a été généreux par rapport aux calamiteuses années précédentes (disparition du renne, diminution des phoques… famine, froid) et les tribus s'entretuent.
Cette année, le temps est favorable, la chasse, la pêche ont été bonnes : c'est une année de savssat (chasse fantastique).
Les réserves pourraient permettre de recevoir si des visites inattendues se présentaient .
Et cela va être le cas : à Igmusuk, la tribu de Katingak reçoit celle de Kokouk.
Après le temps des rencontres et des retrouvailles, des festivités et des mariages, des alliances, vient celui de penser au camp d'été : ensemble ils choisissent les rives d'un fjord plus au Nord, en face Kerkertak.

Peu à peu ce n'est plus au sein de la communauté que l'histoire s'enracine mais au coeur d'une relation entre deux êtres, celle de Niniok et de son petit-fils Manik.
Après avoir découvert les coutumes de ce peuple nomade, nous rentrons dans leur intimité et leur spiritualité grâce aux liens très fort qui unit Manik à sa grand-mère et grandit : nous découvrons la cosmogonie, les mythes et légendes de la tribu.

Pour des raisons inhérentes à la survie de la communauté, Ninioq et Manik s'installent sur un îlot proche du nouveau camp d'été afin de préparer les viandes pour la saison d'hiver.

Le talent et la force de l'écriture de Jorn Riel pour conter cette histoire, imaginée à partir d'un fait réel (mise à jour d'ossements, crâne d'une femme adulte et squelette d'un enfant sur un îlot du Groënland dans les années 70), réside dans la restitution authentique de la vie quotidienne des Inuits couplée à l'expression de leurs questionnements universels sur la vie et la mort, notamment à travers la parole de l'aïeule Ninioq.

Ninioq une vielle femme au crépuscule de sa vie, tourmentée et inquiète pour les siens :
« Tout avait changé et continuait à changer. Si la mer, le ciel et les montagnes étaient tels qu'ils l'avaient toujours été, si les hommes continuaient à naître et à mourir, elle ressentait pourtant intensément que tout était en décomposition, qu 'elle et sa tribu étaient en train d'abandonner la vie qui avait toujours été celle des hommes. »

Cette arrière saison de Nanioq sera illuminée par la joie d'initier Manik aux apprentissages élémentaires d'un jeune Inuit : chasse aux phoques, navigation sur kayak, rituels et offrandes à accomplir pour chaque vie prélevée…
Dans quelques temps Manik sera prêt et fier de retourner au près de son père Kantingak afin que Nanioq raconte et témoigne de ses exploits et il pourra alors changer de nom et emprunter celui de son vaillant grand-père Attungak.

Bientôt la clairvoyante et visionnaire Nanioq pressent que les limites du monde connu, son monde, se rétrécissent. le petit nuage en forme de lentille aperçu au dessus de l'inlandsis est le signe annonciateur d'un coup de vent violent, le Piteraq, précurseur d'une tempête encore plus violente.

Le jour avant le lendemain sera-il le jour avant l'innommable ?
Le crépuscule d'un monde et l'aube d'un autre.

Un message chargé d'humanité, de sagesse et de philosophie.

Une écriture fluide, une lecture émouvante et bouleversante.
Surprise, j'ai été harponnée par ce petit bouquin qui a tout d'un grand.
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Histoire tragique chez les Inuits
*
Ce court roman d'un auteur danois m'a été pioché dans le cadre du challenge Pioche dans ma PAL.
J'ai toujours été subjuguée par les récits nordiques. Rien de plus authentique quand ce roman a été écrit par un homme qui a vécu réellement dans les endroits qu'il décrit. Jorn Riel a passé 16 ans au Groenland. A travers son expérience et ses observations, il a concoté environ une vingtaine de récits. Notamment sous forme de nouvelles "racontars arctiques" ayant souvent pour héros des trappeurs insolites et déjantés.
*
Dans cette fiction - qui n'en est pas pas vraiment une, puisque inspirée par la découverte de deux crânes sur une île groenlandaise dont l'auteur a imaginé une histoire mystérieuse - la vie et la mort se côtoient de très près.
*
Vers 1860, une dernière tribu du nord-est du Groenland essaie de survivre. La vieille narratrice, pratiquement au couchant de sa vie, propose de garder le fruit de la pêche sur une île inhabitée. Accompagnée de son petit-fils, elle profite de ce temps pour la réflexion et l'analyse de ses souvenirs. Mais un drame survient....
*
L'immersion est totale avec cette description minutieuse du quotidien des Inuits à la fin du siècle dernier. Tout d'abord avec les traditions très ancrées de cette communauté nomade, ensuite avec la spiritualité et les légendes qui en découlent, le récit peut être considéré comme valeur ethnologique.

Un roman chargé d'émotions avec une narration forte et vibrante. C'est rude, presque magique, empreint de fatalisme (si on se place du monde occidental), et plein de sagesse (notamment quand les Inuits placent l'animal à l'égalité de l'être humain).
La fin est tragique mais saupoudrée d'humanité et surtout de respect envers la Nature.
*
Dépaysant et poignant.
*
PS: le livre de l'édition Gaia est de surcroît très joli dans ses feuillets roses.
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Après deux tomes de succulents racontars, je retrouve Jorn Rien dans un registre plus grave mais non moins captivantant.
Le jour avant le lendemain emmène le lecteur au sein d'une communauté Inuit du Nord groenlandais. Vers quelle époque? Ancienne, peut-être, d'après certains indices semés parcimonieusement par l'auteur.
Chasse, pêche et fêtes animent cette tribu de milieux hostiles à la si courte belle saison. Cette tribu à l'indispensable et longue tradition de transmission orale de l'histoire et du savoir.
Et puis, le récit de Jorn Riel prend un autre tour triste et plus profond, mais aussi passionnant, avec cette prison d'hiver de l'ïle de Neqe sur laquelle Ninioq et son petit-fils Manik se retrouvent seul au monde.
... de l'immense Jorn Riel, à lire sans faim et sans fin.
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Une page s'est refermée sur la nuit des temps. Ninioq a emporté avec elle Manik, son petit-fils. Ils étaient les seuls survivants d'un terrible désastre. Mais jusqu'au bout et guidés par leurs liens étroits et leur amour, ils ont combattu, ils ont vécu, ils ont appris.
Quelle puissance contient ce petit roman. Petit par la taille. En cent quarante pages, l'auteur nous enseigne une leçon de vie. Et quelle leçon !

Un petit livre mais un riche documentaire sur la vie des Inuits à la fin du XIXe siècle, une étude ethnographique très approfondie. Une découverte des conditions de vie difficiles de ces habitants du grand Nord, de leurs us et coutumes très étonnantes aux yeux de la lectrice que je suis, de leur respect pour la nature environnante.

Une lecture très dépaysante.


Ninioq est au crépuscule de sa vie. Elle sait que bientôt elle devra quitter sa tribu. Mais avant de partir, elle accepte une dernière mission, celle de faire sécher le poisson et la viande sur la petite île de Neqe, pendant que les autres cherchent un campement pour l'hiver. Son petit-fils Manik l'accompagne. Tous les deux sont très proches et Ninioq lui enseigne tout ce qu'il doit savoir : la chasse, le kayak, le maniement des armes, les esprits, l'histoire de sa tribu...
Mais Ninioq est inquiète. Quelque chose d'indéfinissable rôde. Pourquoi les autres ne reviennent-ils pas les chercher ?
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Ce court roman est d'une densité incroyable. L'auteur nous fait découvrir avec talent les croyances et les meurs des anciens Inuits et surtout leurs conditions de vie (l'histoire se déroule il y a plus de 100 ans, au 19ème siècle sans doute). Il commence par nous faire découvrir une tribu par les yeux d'une vieille femme, Niniok, qui raconte et se souvient d'épisodes passés de sa vie. Nous faisons connaissance avec de nombreux membres de la tribu et partageons leur quotidien. Et la vie est rude au Groenland, dans un univers hostile où l'homme se transforme vite de prédateur en proie ! Les Inuits respectent l'univers qui les entoure et se soucient de l'âme des animaux qu'ils chassent, ils sont à la fois très rudes et chaleureux. A la fin de l'été Niniok se retrouve avec son petit-fils Manik sur une île isolée, idéale pour faire sécher la viande. Pendant ce séjour les liens entre eux se renforcent, Manik apprend beaucoup, aussi bien sur le plan spirituel que dans le domaine des savoir-faire. le lecteur apprend lui aussi énormément, et pourtant le style reste toujours très vivant. La fin est si triste et si poignante, le récit de Niniok était empreint de tant de douceur que, même si je voyais venir le drame, je ne m'attendais pas à une fin si émouvante et si tragique. Cette lecture fut une triste et très belle découverte dans le cadre du challenge Solidaire. A lire absolument !
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critiques presse (1)
Lecturejeune
01 décembre 2008
Lecture jeune, n°128 - Le Jour avant le Lendemain est un des chefs-d’oeuvres de Jørn Riel. À travers le récit de la vie d’une grand-mère, Niquiod, et de son petit fils Manik, Riel met en scène un campement inuit qui essaye de survivre au milieu d’une nature hostile et de la modernité du XIXe, qui risque de remettre en question leurs traditions. Niquiod sait qu’il est temps pour elle de rejoindre le royaume des morts. Elle sait aussi que la belle époque où le peuple inuit vivait de la chasse, en harmonie avec son environnement, est achevée. Les « temps modernes » et les chercheurs étrangers vont bientôt débarquer sur leur territoire. Néanmoins, Niquiod ne veut pas abandonner son petit-fils alors que les « envahisseurs » ont tué tous les gens de sa famille et de la communauté. La grand-mère et l’enfant essaient de résister : Niquiod apprend à Manik les techniques pour chasser et se réchauffer, le bon usage des ustensiles, comment stocker la viande et lui transmet également les contes traditionnels du peuple inuit. Mais la nature est impitoyable et le dénouement tragique de ce roman devient le symbole d’une culture et d’un peuple contraint à disparaître.
Ce récit d’aventure émouvant fera découvrir au lecteur certains aspects méconnus du peuple inuit où la transmission se perpétue oralement, de génération en génération. Grâce à cette nouvelle version illustrée par Olivier Desvaux, le roman extraordinaire de Jørn Riel prend une nouvelle dimension.
Ilaria Conni
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Plus tard, lorsqu'ils furent assis dans la tente devant la marmite bouillonnante, Ninioq expliqua au garçon quelques- unes des règles qu'un chasseur doit respecter afin de ne pas se mettre à dos les âmes des animaux. Ainsi, dit-elle, il était toujours important de verser un peu d'eau sur le museau du phoque après l'avoir pris. Car comme il le savait sûrement, les phoques ont toujours soif, une soif qui persiste après la mort. De même, il fallait veiller au retour à poser son harpon près de la lampe car, après la capture, l'âme de l'animal demeurait pendant un temps dans la pointe du harpon et chacun sait que la chaleur est très apprécié des phoques.
S'il s'agissait d'un ours, il ne devait pas travailler pendant trois jours après une chasse victorieuse et, dans la mesure où cela lui était possible, il fallait qu'il suspende de nouvelles semelles en peau pour l'âme de l'ours, l'ours ayant toujours a marcher beaucoup.
En ce qui concernait les poissons, il fallait qu'il se souvienne de rejeter leurs viscères à la mer aussitôt après la pêche. Ainsi l'âme des poissons avait-elle la possibilité de redevenir poisson alors que, s'il les laissait à terre ou que le courant les y poussait, l'âme mourrait comme le corps. Il était particulièrement important d'honorer l'épaulard, le protecteur de tous les chasseurs, même si en hiver celui-ci se métamorphosait en loup pour vagabonder à terre.
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Après avoir dormi, on se rassembla devant la tente de Kokouk pour faire fête à toutes ces merveilles. Cela faisait longtemps que l'on n'avait pas eu de nourriture aussi riche et diversifiée. Il y avait presque de tout dans les grosses marmites en pierre. Oiseaux, animaux marins, eiders cuits entiers et délicieuses jeunes mouettes. Il y avait des côtes de phoque marbré, du foie frais et riche en sang, des intestins, des coeurs et bien d'autres choses savoureuses. Mais surtout, il y avait ces merveilleux petits capelans bouillis.
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Mais tout était et restait différent. Les rennes demeuraient absents, les animaux de mer venaient puis redisparaissaient et les hommes continuaient à s’entre-tuer. Ces changements avaient commencé depuis longtemps, depuis son enfance déjà. Ils s’étaient insinués lentement, comme le fait la tuberculose, et la plupart des gens avaient eu le temps de s’y habituer et les acceptaient sans demander d’explications. (p13)
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Elle se demanda si le monde avait jeté un sort sur les hommes ou si c'était au contraire les hommes qui avaient jeté un sort sur le monde. Ce monde et cette vie qu'elle connaissait, elle les avais toujours acceptés comme une évidence et n'avait jamais réfléchi à une origine ou une cause. Elle avait vécu comme un être humain, ne se souciant que des puissances supérieures qui régissaient tout. Plus elle y réfléchissait, plus il lui semblait clair que c'était sans doute l'homme qui avait manqué à ses devoirs envers les forces de la nature et donc envers lui-même.

p.39
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Dès qu'une étincelle se fit dans la sciure de bois au fond du bloc, elle se servit d'une aile de mouette pour éventer et, quand les premières braises rougeoyèrent, elles les étala sur de la mousse séchée qui s'enflamma très vite. Elle mit un peu de graisse soigneusement battue à côté de la faible flamme et transporta délicatement le feu dans la lampe. Après avoir allumé plusieurs mèches, elle accrocha la marmite au-dessus et régla l'inclinaison du trépied afin que la graisse puisse s'écouler constamment vers les mèches.
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Videos de Jorn Riel (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jorn Riel
Jørn Riel est né au Danemark en 1931.
Parti avec lexpédition de Lauge Koch en 1950, il a vécu 16 ans au Groenland. Du fatras des glaces et des aurores boréales, il rapportera une bonne vingtaine douvrages, soit à peu près la moitié de son œuvre à ce jour. Le versant arctique des écrits de Jørn Riel (dédié pour une part à Paul-Emile Victor quil a côtoyé sur lîle dElla, pour lautre à Nugarssunguaq, la petite-fille groenlandaise de Jørn Riel) est constitué dabord par la série des racontars arctiques, suite de fictions brèves ayant toujours pour héros ou anti-héros magnifiques les derniers trappeurs du nord-est du Groenland, paumés hâbleurs, écrivain de pacotille, tireur myope, philosophe de comptoir devant un imbuvable tord-boyaux, bourrus bienveillants, tous amoureux de cet être cruellement absent de la banquise, la femme. Au-delà du rire, parce que les livres sont de nature à dérider les plus mélancoliques, cest bien toute une nouvelle vision du monde que nous offre Jørn Riel.
Il vit aujourdhui en Malaisie. Histoire de décongeler, se plaît-il à dire. Mais derrière la boutade se cache quelque chose de plus fondamental. «Jaime la nature, quand il y en a assez, les étendues de glace de larctique et la jungle tropicale.» Et cette nature, et les hommes qui la vivent encore, Jørn Riel va maintenant les retrouver, quelques mois chaque année, parmi les papous de lIrian Barat en Nouvelle Guinée. Qui vivent encore à lâge de pierre, et navaient jamais vu dhomme blanc avant lui
Transfo Maton
+ Lire la suite
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