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EAN : 9782021102161
154 pages
Seuil (28/03/2013)
3.86/5   45 notes
Résumé :
À quoi ressemble la France dont hérite aujourd’hui François Hollande, trois décennies après l’élection de Mitterrand ? La révolution des mœurs et la globalisation l’ont-elles homogénéisée ? La politique est-elle devenue rationnelle, explicable par des déterminations socio-économiques ?
En trente ans, notre pays a fait un bond en avant urbain et éducatif. Ses habitants communiquent et voyagent comme jamais. Ses croyances religieuses et ses idéologies se sont é... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Trente ans après L'invention de la France (Gallimard, 1981), Hervé le Bras et Emmanuel Todd continuent à radioscoper la France et à en dévoiler les mystères. le moindre n'est pas que la période de formidable croissance économique des Trente Glorieuses fut paradoxalement une période de grande stabilité sociale alors que la période de ralentissement sinon de crise économique des Trente Piteuses se caractérise au contraire par une accélération du changement social.
Autre constat à rebours du discours pessimiste ambiant : la France va bien. L'espérance de vie s'allonge ; la mortalité infantile atteint son étiage ; la fécondité reste élevée, démontrant l'optimisme des parents face à l'avenir ; le taux de suicide diminue, attestant un rapport moins angoissé au présent. Les femmes se sont émancipées. le niveau de l'éducation s'est incroyablement élevé – même si la multiplication des diplômes ne prémunit pas contre le chômage. Au contraire de l'idée qu'on s'en fait à travers l'exposition sensationnaliste qu'en font les médias, le taux d'homicide régresse – même s'il reste élevé à Marseille ou en Corse.
Les auteurs tendent à ramener à sa juste mesure l'influence de l'immigration. Ils soulignent la rapidité de l'intégration en termes de réussite scolaire, la désintégration du système familial chez les populations immigrées (dont témoigne tout à la fois la diminution rapide de la fertilité des immigrées et le fort taux de mariage mixte).

D'où vient alors que la France soit rongée par le pessimisme ? L'inversion de la pyramide éducative l'expliquerait en partie. On avait hier une minorité enviée de bacheliers ; on a aujourd'hui une minorité méprisée de non-diplômés. La société française regardait vers le haut et aspirait au progrès. Elle regarde désormais vers le bas et a peur du déclassement.

Mais cette évolution n'est pas homogène sur l'ensemble de l'espace français. Autant sinon plus géographes qu'historiens, le démographe Hervé le Bras et l'anthropologue Emmanuel Todd traquent le mystère français dans l'épaisseur du territoire national. Loin des catégories abstraites de la sociologie et de l'économie, ils donnent à voir son extraordinaire diversité à travers une centaine de cartes luxueuses construites selon une méthodologie originale : dressées à partir des données statistiques communales « lissées », elles substituent de vastes nappes de couleurs à la représentation usuelle de notre territoire par une mosaïque départementale pointilliste.
Ces cartes révèlent la rémanence des espaces anthropologiques et religieux préindustriels qui guident les bouleversements sociaux. Tout se passe, nous disent les auteurs, comme si, malgré les migrations internes et externes, les lieux conservaient une « mémoire » qui détermine les comportements des habitants qui les peuplent. Cette anthropologie régionale est constituée de plusieurs strates : au plus profond, les systèmes familiaux (famille nucléaire vs. famille-souche), les structures d'habitat (groupé dans l'openfield ou dispersé dans le bocage), au-dessus la religion et, enfin, plus tardivement, les déterminants économiques.
Ces variables définissent grosso modo une France coupée en deux. le bassin parisien et la France de l'Est caractérisés par un habitat groupé, la prédominance de la famille nucléaire, une déchristianisation précoce et un individualisme marqué sont les terres de la Révolution française et de l'anticléricalisme. Frappée par la disparition brutale du communisme, qui constituait une « couche protectrice » au sens de Schumpeter, cette France libérale et égalitaire voit s'accumuler les difficultés économiques et sociales : désindustrialisation, délitement du lien social, hausse du niveau de chômage, recul éducatif, montée de la pauvreté ... Au contraire, la France de la périphérie prend sa revanche. Caractérisées par un habitat dispersé, des systèmes familiaux complexes, une déchristianisation plus tardive, ces sociétés holistes se sont révélées mieux armées face à la crise. Les auteurs l'expliquent par la rémanence d'un « catholicisme zombie » : mort comme croyance religieuse, le catholicisme demeure vivace comme structure mentale et sociale.

Cette géographie anthropologique a sa traduction dans le paysage politique. Cartes à l'appui, les auteurs montrent que la géographie électorale se comprend moins par les variantes économiques ou sociologiques que par la prise en compte de ces invariants anthropologiques. La corrélation, pourtant intuitive, entre le vote de gauche et les classes populaires est devenue quasiment nulle François Hollande a réalisé ses meilleurs scores dans le Sud-Ouest, la Bretagne et le Nord dans des régions ayant comme caractéristiques communes de présenter une forte complexité familiale et un habitat dispersé. le paradoxe est que la gauche prospère dans des zones idéologiques non égalitaires alors que la droite, elle, enregistre ses meilleurs scores dans les vieilles terres révolutionnaires de l'est du bassin parisien.

Les auteurs prédisent un avenir plus radieux à la droite qu'à la gauche. Ils font le constat d'une droitisation de la société dont témoigne l'émergence dans les années 80 du Front national. Ils soulignent la mutation du vote frontiste. L'immigration et l'insécurité étaient les fonds de commerce traditionnels de Jean-Marie le Pen. Nicolas Sarkozy a réussi à capter cet électorat-là en 2007. C'est un autre électorat qu'a séduit Marine le Pen en 2012 : celui des laissés pour compte, des périurbains, des sous-diplômés. D'où un glissement depuis les bastions traditionnels du lepénisme (Alsace, Rhône-Alpes, PACA) vers le Nord-Pas de Calais (le choix de Hénin-Beaumont est révélateur) ou la Champagne-Ardenne.
Le retour au pouvoir de l'UMP passe évidemment par la captation de ces voix. Nicolas Sarkozy y a échoué en 2012 : son discours sécuritaire a fait fuir l'électorat centriste sans séduire les voix de l'extrême-droite plus sensibles à la détérioration du climat économique. Mais la martingale pourrait à nouveau servir en 2017 quand le candidat de l'UMP ne sera pas lesté par son bilan.
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Le Bras Hervé et Todd Emmanuel – "Le mystère français" – Seuil, 2013 (ISBN 978-2-7578-5540-9)

La quatrième de couverture le proclame d'emblée : nos deux auteurs se vantent d'avoir trouvé rien moins que la clé de ce qu'ils nomment eux-mêmes, dès le titre, un "mystère" (on n'est jamais si bien servi que par soi-même). Ils vont infliger au monde politique une révélation fracassante, découverte dans leur tour d'ivoire à grand renfort de manipulations de cartographies statistiques : seraient-ils journalistes qu'ils utiliseraient le verbe "décrypter" surpeuplant les colonnes du quotidien "Le Monde", mais est-il encore utile de préciser que nos deux lascars émargent bien entendu au budget de la "recherche en sciences humaines" financée par le contribuable ?
Bref, le lecteur n'a plus qu'à bien se tenir, il va assister à une Révélation à côté de laquelle le lapin sortant du chapeau n'est plus que de la gnognote.

Dès l'introduction, nous avons droit à un florilège d'approximations, d'inexactitudes, de sottises abyssales campées comme de solides vérités. Évidemment, venant d'universitaires nombrilistes, le "moteur du mouvement" ne saurait être qu'eux-mêmes, artisans du "décollage éducatif" (p. 10).
Pour ne prendre qu'un exemple, voici que (p. 11) "l'arrivée, année après année, de générations nouvelles obtenant le bac général à un taux stable de 35% continue de faire monter le niveau éducatif moyen" : il suffit de comparer les lettres écrites par nos grands-parents titulaires du certificat d'étude entre 1920 et 1950, avec les dissertations torchonnées par des étudiants de première année universitaire pour comprendre que ce n'est vraiment pas aussi simple !
Fi de tels "détails", nos auteurs enfoncent encore le clou dans les pages suivantes (tout particulièrement en p. 13), qui voit apparaître rien moins que la catégorie des "éduqués supérieurs" (p. 13) !!!
Et cette toute belle éducation élargirait "la masse prodigieuse des citoyens capables d'une activité culturelle autonome" (p. 14) : il est permis d'éprouver quelques doutes en observant la standardisation culturelle catastrophique de cette strate mondialisée se vautrant dans les médiocrités (principalement états-unisiennes) encensées par les magazines comme "Télérama" ou le "Nouvel Obs" avec version madame du genre "Elle" et média transformés en bastions comme "Arte" et "France Culture".

Ce ne sont là que minces hors d'oeuvre, la base de la démarche apparaît dès la page 14 : nos auteurs vont nous expliquer les raisons du "glissement du corps électoral de la gauche vers la droite". Nous voici revenus barboter dans ce qui constitue la croyance fondamentale structurant les bouillies servies à longueur de colonnes dans un quotidien comme "Le Monde", à savoir la "gauche" contre la "droite".
Ce postulat ainsi posé dès l'introduction évite au moins au lecteur les frissons qu'auraient pu provoquer un "mystère", un vrai, nous voilà bien dans les eaux fétides bien connues et labourées par cette catégorie de "penseurs". Ce "glissement à droite" sera d'ailleurs le coeur, si ce n'est l'apothéose, de la fin de l'ouvrage (grosso modo à partir de la page 94).

Concernant ce qu'il est convenu de nommer "les femmes" ou "la liberté des femmes" ou encore "l'émancipation des femmes", aucun postulats habituels de la plus basse flagornerie ne nous sont épargnés, et ce dès la page 16. Plus loin, elles auront droit à leur chapitre traditionnel (pp. 101-121) les encensant, cette fois en usant et abusant du constat selon lequel elles seraient plus qualifiées puisque titulaires de prestigieux diplômes... ne leur assurant le plus souvent aucun débouché professionnel garantissant un niveau salarial "égal" à celui des hommes : mince alors, que nous voilà surpri(-se)s !!!
Les auteurs devraient lire "Soumission" de Houellebecq, cela les éclaireraient peut-être sur ces filières ne menant à rien professionnellement, dont l'université Paris-3 (public féminin à plus de 70%) s'est fait une spécialité. Là encore, nos auteurs dissimulent les véritables questions.

Comme il fallait s'y attendre, cette brillantissime introduction se termine par une ode à "la culture urbaine", à l'urbanisation, mais attention, elle serait perméable à la vieille culture rurale, et c'est ce que nos auteurs entreprennent de démontrer à grand renfort de manipulations cartographiques (explicitées pp. 26-35, avec toutefois un sommet d'embrouilles qui vaut le détour en page 64).

Le chapitre premier semble définir une méthodologie, consistant à fouiller ce qui nous est présenté (sans justification) comme des fondamentaux.
A commencer par l'opposition entre "famille nucléaire" et "famille complexe". Zut alors, que faire des "familles monoparentales" ? la question est vite évacuée p. 40, nos auteurs ne vont tout de même pas s'embêter avec de tels "détails", ah mais !
Suivent quelques cartes simplistes, et la liquidation (pp. 49-54) de toutes les exceptions gênantes (j'en profite pour prévenir le lecteur alsacien : il subira tout au long de l'ouvrage les habituelles âneries franchouillardes sur sa germanité, sauf lorsqu'il se fait purement et simplement exclure d'une démonstration, comme dans les pages 66 et 88, ouste, dehors le vilain), démarche qui sera d'ailleurs constamment appliquée tout au long de l'ouvrage à toutes celles et ceux qui auront le malheur de faire exception aux vérités proclamés par nos deux lascars.
Bref, qu'on se le dise "la famille complexe encadrait, la famille nucléaire libérait" (p. 62), ça c'est de la science !

Viennent ensuite les pages consacrées (hi, hi, hi, je n'y résiste pas) au phénomène religieux. En ce domaine, nos deux imposteurs étalent sans vergogne aucune une telle ignorance des phénomènes religieux que ça en est vraiment ahurissant (je tiens à préciser que je ne suis moi-même aucunement pratiquant de quelques religion que ce soit, je tiens juste à ce que l'on respecte les données historiques complexes) !
Le tout atteint des sommets d'autosuffisance dans les pages 73-74, dans lesquelles le lecteur assiste à la naissance du merveilleux concept scientifique en diable (c'est trop tentant !) de "catholicisme-zombie", qui nous sera ensuite asséné à plusieurs reprises.
Parvenu tout en haut de cet Everest de cogitations, le lecteur ne peut que penser au théorème d'Audiard, "les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît".

Encore quelques autres perles, ne boudons pas notre plaisir !
Alors que nos auteurs ressassent l'importance du parcours scolaire à longueur de pages, ils ne lâchent pas un traître mot sur l'une des pires réformes infligée au système éducatif français, engendrée par un Chevènement populiste, visant à assurer "le bac pour toutes et tous" en conférant ce titre universitaire et académique à des élèves dont on tue ainsi irrémédiablement l'avenir professionnel (cf par ex pp. 81-86).
Quant à l'Apparition du Front National (p. 279), telle que présentée par nos deux lascars, elle relève d'un phénomène proche de l'Immaculée Conception (vraiment, j'exagère !), qui bien entendu ne doit absolument rien au fourbe machiavélisme vicieux d'un certain François Mitterrand.
Et c'est bien dommage qu'ils ne nous en apprennent pas plus sur "un étrange néomarxisme de droite" qui "domine la pensée contemporaine" (p. 148) de la part de gens si fiers d'éviter "tout dogmatisme" (pp. 147, 149), on aurait bien ri !!!

Gardons espoir : en mars 2017, l'écrasante majorité de la caste politico-médiatico-judiciaire a systématiquement court-circuité toute la campagne électorale présidentielle en focalisant l'intérêt sur le travail plus ou moins hypothétique de l'épouse de l'un des candidats, la pôvre Pénélope. Il est donc permis d'espérer qu'un jour ou l'autre, une commission Théodule se penchera sur l'effectivité du "travail" fourni par une large frange de ces universitaires et chercheurs en sciences dites humaines mobilisant des fonds publics (à commencer justement par leurs salaires) pour "démontrer" leurs propres chimères et "justifier" leurs options idéologiques, toutes choses qui ne devraient relever que de la sphère strictement privée.

En attendant ce jour béni, mieux vaut en rire qu'en pleurer !
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Voilà un ouvrage pour lequel plusieurs jours d'analyse m'ont été nécessaires, et aussi de rechercher quelques définitions de concepts auxquels une non-anthropologue comme moi n'est pas familière.

Car ses auteurs : Hervé le Bras, démographe et historien, et Emmanuel Todd, historien et anthropologue, ne sont pas tombés de la dernière pluie. Leur analyse très documentée de la situation de la France nous surprend donc à maints égards, en ces temps où chacun se plaît à vouer notre pays à une irrémédiable descente aux enfers.

Selon les auteurs, malgré l'image transmise dans les médias d'un pays moribond et ingouvernable, « dans ses profondeurs, la France ne va pas si mal. » Ce qui est grave, c'est l'ignorance profonde de ses dirigeants sur son fonctionnement profond et les structures anthropologiques et religieuses qui guident son évolution.

Ces conclusions, ils les tirent d'une étude cartographique extrêmement fine des comportements sociaux à travers le temps, dont ils nous livrent une centaine de cartes vraiment parlantes, établies à l'échelle des communes, mettant en lumière plusieurs constantes spécifiques de la France.

En fait de deux France : une zone centrale où domine l'idéal égalitaire, berceau des idées révolutionnaires, régions de familles nucléaires (un homme, une femme, deux enfants, mais aussi souvent, une famille monoparentale) et deux grandes zones périphériques à l'est et à l'ouest, régions de familles complexes, où plusieurs générations peuvent cohabiter et où les solidarités familiales permettent de mieux résister à la crise économique, des régions où, malgré la quasi disparition de la pratique religieuse, les valeurs du catholicisme perdurent en faveur d'une éducation technique et où le travail des femmes est encouragé.

Hervé le Bras et Emmanuel Todd considèrent comme primordiale la prodigieuse progression du niveau éducatif entre 1981 et 1995, avec une proportion de bacheliers passée de 17,8% à 37,2%. Dans le même temps, on assiste à un appauvrissement de fait de la crise économique et de la disparition de l'industrie, de ces classes populaires éduquées, qui manifestent leur angoisse croissante de « tomber » dans la catégorie des 12% de la population de « sans diplômes ».

Cette peur du déclassement, l'élargissement du fossé au sein de la classe moyenne majoritaire entre les classes moyennes supérieures et les classes moyennes techniques rejetées à la périphérie des zones urbaines, combinée au vieillissement général de la population conduisent à une droitisation croissante de l'électorat.

Un autre fait troublant : la montée en puissance des régions traditionnellement catholiques au moment même où cette religion disparaît en tant que croyance métaphysique. Dans l'évolution que nous connaissons depuis 1968 : « mutation urbaine, post-industrielle et féminine de la société, les régions les plus aptes à entrer dans ce nouvel âge (centre-ouest et sud-ouest) sont en pointe de l'émancipation des femmes par le métier et cette évolution a été rendue d'autant plus facile qu'il n'y a pas eu, localement, d'âge industriel. »

A travers les cartes, le lecteur effectue un voyage captivant dans les régions les plus reculées de France, avec pour objectif de mieux comprendre les mouvements politiques qui la traversent, et l'avenir de certains mouvements extrémistes.

Finalement, un plaidoyer pour une approche plus efficace de nos caractéristiques spécifiques, à nous Français, à relier, de mon point de vue, avec l'ouvrage fondateur de Philippe d'Iribarne « La logique de l'honneur ».
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Un peu plus de trente ans après avoir publié L'Invention de la France, Todd et le Bras remettent ça : à l'aide d'une méthode cartographique affinée au niveau municipal, ils décortiquent à nouveau la France en long, en large et en travers afin d'en saisir les persistances et les mutations. L'objectif avoué est de comprendre les transformations de la société française entre 1980 et 2010 (en gros depuis la sortie de la période industrielle) en tenant compte des structures héritées du passé.
(............)

Pour résumer, les auteurs avancent trois points.
— D'abord, il convient de dire que la France ne va pas si mal que ça. Certes il y a le déclin industriel et les effets néfastes de la libéralisation, mais il faut garder à l'esprit que notre pays a mieux résisté que ses voisins à la montée des inégalités, qu'il reste un pays où l'éducation et le système de protection sociale marchent bien, encore aujourd'hui. Enfin, il y a la montée du FN mais on a vu que sa capacité d'expansion est assez limité.
— Ensuite, il s'agit de regretter l'incompétence des responsables politiques qui gouvernent un pays dont, finalement, ils ne connaissent rien. Face à la lecture simpliste des « experts » économiques et libéraux, il s'agit de présenter les déterminants anthropologiques et religieux qui jouent un rôle bien plus important dans la vie sociale et économique du pays.
— le dernier est en lien avec celui précédent : la prise en compte de ces déterminants est d'autant plus nécessaire que les analyses des auteurs montrent bien que, dans un contexte de crise, le vieux fond anthropologique a plus d'effet que jamais. Ainsi, dans un mouvement global de mondialisation, certains pays homogènes comme l'Allemagne s'en sortent plutôt bien ; mais d'autres, culturellement variés, comme l'Italie, l'Espagne et la France, voient le risque d'une sorte d'éclatement de leur unité (exemple de la Catalogne ou l'Italie du Nord qui essayent d'échapper au reste de leur pays). Et cet éclatement est renforcé par la méconnaissance des élites politiques qui, quand il parlent de « réforme », ne demandent finalement qu'à élaguer, qu'à exclure une partie de la population, parce que celle-ci est vu comme non-utile.

En somme, plutôt que de chercher chez nos voisins des modèles de comportements, il s'agit d'apprendre à connaitre notre propre diversité. Notre pays est hétérogène, et c'est plutôt une force, seulement il s'agit de comprendre les différences et les complémentarités entre les territoires français afin de pouvoir s'en servir comme levier.


Critique complète ici :
http://leglandeur.wordpress.com/2013/09/22/note-de-lecture-le-mystere-francais/
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J'ai lu "l'invention de la France" il y a longtemps. J'avais trouvé ce livre plutôt moins intéressant que les autres livres de Todd, dont j'ai lu pratiquement tout avec un bonheur sans faille (à part "le fou et le prolétaire"...)
Dans le présent livre les auteurs se repenchent sur la France 30 ans plus tard.
D'abord, on voit que l'informatique a révolutionné leur travail. Les cartes sont plus belles, plus précises et d'une finesse qui montre à voir des choses qui seraient peut-être restées invisibles 30 ans plus tôt.
Les auteurs ont également pris 30 ans et ont développé une science qui leur apportent des grilles de lecture qu'ils ne possédaient pas aussi finement il y a 30 ans. C'est vrai notamment de Todd et de sa connaissance inégalée des structures familiales et de ce qu'elles impliquent pour la vie sociale.
On comprend aussi qu'en découvrant quelques cartes récentes qui font réapparaitre les structures familiales surgi du fond des âges, ils aient voulu faire part de cette découverte troublante.
Et quand on connait l'activisme politique et citoyen d'un Todd, intellectuel engagé (à la solde d'aucun parti) cherchant par tous les moyens à ouvrir les yeux de nos politiques sur des sciences humaines qu'ils ignorent trop, on comprend l'utilité du livre.
Malgré tous ces points positifs, j'ai, comme pour l'"invention de la France" il y a quelques années, eu un peu de mal à finir.
Un peu long peut-être. Et il est vrai que je suis moins surpris que d'autres par ce que j'y ai lu.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
pourquoi la diversité de ces types familiaux régionaux, que nous croyions disparus, prend-elle une telle importance maintenant, en ce début de 3ème millénaire, dans un pays préoccupé par la mondialisation, dans toutes ses dimensions et dans tous ses effets: concurrence économique, écrasement des salaires, chômage, immigration, islam? La réponse est simple mais elle contredit l'axiomatique aujourd'hui dominante d'une convergence des sociétés développées: la famille ancienne prend de l'importance, non pas malgré la crise, mais à cause de la crise. Une société qui va mal, qu'elle soit nationale ou locale, cherche dans ses profondeurs anthropologiques des forces de résistance à l'adversité. Dans le cas de la France, ce mécanisme opère au moment même où les élites dirigeantes s'efforcent de trouver une solution dans un ajustement mimétique à la modernité des autres.
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Visuel de la vignette : Maxppp, AFP
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