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EAN : 9782757861769
312 pages
Points (18/08/2016)
3.67/5   36 notes
Résumé :
La nuit d’Halloween, dans une petite bourgade du Connecticut. Cinq adolescents foncent en voiture sur des routes sombres, perdent le contrôle du véhicule qui se fracasse contre un arbre. Un an plus tard, Tim et Kyle, les deux seuls survivants, ne sont plus les mêmes. Kyle n’a jamais récupéré ses facultés motrices et mentales, et Tim ne parvient pas à faire le deuil de ses amis. Obsédé par leur souvenir, il est bien décidé, en cette date anniversaire, à rejoindre ceu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Il ne peut jamais rien se passer de grave les soirs d'Halloween. Après tout, les morts eux-même sillonnent les rues et Michael Myers est quelque part bien au chaud au fin fond d'un asile ou d'une tombe anonyme... C'est vraiment la soirée de l'année où on peut y aller à fond la caisse. Sûrement ce que devaient penser ces cinq adolescents d'Avon (coin paumé du Connecticut) quand, pied au plancher sur une petite route de campagne, ils sont allés sauvagement embrasser un arbre en bord de chemin. Pas de miracle, comme d'habitude, l'arbre a gagné. Résultat de la course : trois morts (Danielle, Toe et Marco) et deux survivants, Kyle qui ne récupérera plus jamais ses capacités mentales et retournera croupir dans l'enfance sans plus rien comprendre du monde qui l'entoure, et Tim, celui qui s'en sort le mieux physiquement mais dont l'effondrement psychologique, dû à la culpabilité de s'en être aussi bien tiré, va le ronger pire qu'une goutte d'acide fluoroantimonique...
A ces deux garçons suppliciés, Stewart O'Nan adjoint Brooks, policier solitaire et dépressif, c'est lui qui le premier arrivé sur les lieux de l'accident cette nuit-là a découvert les corps, ou ce qu'il en restait pour certains et qui depuis, pour des raisons qui resteront longtemps juste effleurées, n'a plus jamais passé une nuit normale.
Pour parfaire le tableau, s'invitent les voix de Danielle, Toe et Marco qui, sous une autre forme, continuent à rôder dans le coin. C'est Marco d'ailleurs qui se fait le narrateur de cette histoire prenant place un an jour pour jour après l'accident, interrompu sans cesse par les commentaires de ses deux camarades spectraux qui rectifient, expliquent et complètent le récit par leurs remarques parfois acerbes, quelque fois compatissantes (pour Danielle) et souvent ironiques (pour Toe).
Trois esprits dont on comprend vite les raisons de la présence : empêcher Tim de mettre son funeste plan à exécution, plan consistant, pour cette date anniversaire, à emmener Kyle avec lui rejoindre leurs amis et goûter enfin à une paix libératrice.

Loin d'une quelconque énième histoire de revenants (même si ce livre nous ferait presque regarder sous le lit parce que d'un coup, on a envie de les y trouver ces foutus fantômes) le Pays des Ténèbres, s'il flirte parfois avec le fantastique n'en franchit jamais la frontière car au fond, ce dont Stewart O'Nan nous parle une fois de plus et avec son talent habituel, c'est de son Amérique à lui faite de rock'n'roll, de petites bourgades oubliées et de junk food culture.
Cette fois, pour nous inviter à le suivre dans cette oeuvre marquante, il choisit ses personnages parmi des familles sans histoires qui voient leur existence virer au cauchemar en l'espace d'une nuit. Tout en pudeur et sensibilité, il nous brosse le portrait de ces vies brisées et, avec son écriture et son style admirables, c'est sans aucun mal qu'il nous fait ressentir le goût amer de la culpabilité, du deuil impossible et des regrets qui émaillent chaque page d'un encore (j'ai l'impression de me répéter quand je parle de cet auteur) émouvant, implacable et merveilleux roman.
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Le Pays des ténèbres est un roman fascinant, un hommage brillant et assumé à la littérature fantastique qui voient trois jeunes gens du Connecticut morts dans un accident de voiture suivre et accompagner les survivants qui essaient tant bien que mal de survivre aux séquelles physiques et psychologiques de cette terrible épreuve.

Les esprits des jeunes défunts viennent donc rendre visite à ceux qui pensent à eux, et portent un regard parfois plein d'humour noir et montrent que les fantômes ne sont pas forcément ceux que l'on croit.

A la lisière du fantastique, Stewart O'Nan livre une oeuvre dense, sensible, poétique, forcément hanté, lyrique universelle dans lequel les morts ont le beau et difficile rôle de colmater les souffrances et les blessures des vivants .

Un roman racé et poignant qui confirme tout le talent d'un auteur dont on avait déjà adoré Chanson pour l'absente et un monde ailleurs.




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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De Stewart O'Nan, j'avais déjà lu deux romans très différents : « Un mal qui répand la terreur », récit sombre et halluciné de l'immersion dans la folie d'un embaumeur de la fin du XIXème siècle qui doit faire face, suite à une grave épidémie, à l'omniprésence de la mort, et « Des anges dans la neige », chronique douce-amère qui s'attarde sur les déboires des laissés-pour-compte de l'euphorie du début des années 70, sur fond de crime passionnel.
Avec « le pays des ténèbres », c'est encore un autre registre qu'il aborde, registre difficile à définir, mêlant fantastique, pseudo épouvante et intimisme.

C'est Marco qui s'adresse au lecteur. Il le fait d'outre-tombe : un an auparavant, il a péri avec deux de ses amis, Toe et Danielle, dans un accident de la route. C'était le jour d'Halloween, et à l'issue d'une course poursuite engagée avec Brooks, un policier, ils ont percuté un arbre. Ont survécu Tim, petit ami de Danielle, et Kyle, qui en a gardé de lourdes séquelles physiques et psychologiques. D'emblée, ce narrateur fantôme nous dévoile l'issue du récit : dans 24 heures, c'est Halloween, et Tim et Brooks ont, en cette date anniversaire, rendez-vous avec la mort.

S'enclenche alors un sinistre compte à rebours, durant lequel nous nous trouvons tour à tour avec Tim, la mère de Kyle, ou Brooks.

Le récit est ainsi composé de courts paragraphes, au gré des visites que rendent les esprits des jeunes défunts à ceux qui successivement pensent à eux, et sur lesquels ils portent leur regard cynique d'éternels adolescents, faisant ainsi preuve d'un humour parfois très noir !

Et on en vient presque à les envier, ces revenants, car les vivants qu'ils observent ne respirent pas vraiment la joie de vivre, justement : pétris de culpabilité, chacun pour des motifs différents (d'avoir survécu, d'avoir provoqué l'accident…), ils traînent un immense mal-être. D'ailleurs, l'existence de Toe et ses amis était-elle plus enviable ? Ils donnent surtout l'impression d'avoir connu l'ennui et le désoeuvrement, de s'être sentis un peu à l'étroit dans leur petite ville de province sans âme, où les principales distractions se concentrent sur les fast-foods et les supermarchés. Parce qu'avec ce récit saccadé, où l'auteur semble « zapper » d'une scène à l'autre, et dépeint superficiellement ses personnages-fantômes, c'est bien de cela aussi qu'il est question : cette frénésie de vitesse, ce besoin de passer sans cesse à autre chose, qui font qu'au final, la plupart des plaisirs et des sensations sont édulcorés, futiles sans véritable satisfaction. Même l'épouvante, traitée ici avec ironie et détachement, paraît complètement affadie, à l'image de cette fête d'Halloween consensuelle et commerciale, et ayant perdu son sens originel.

Stewart O'Nan m'a séduite une fois de plus, et je pense n'en n'avoir pas encore terminé avec cet homme-là !
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Stewart O'Nan est un auteur que j'aime. C'est mon super chouchou. Alors vous pouvez prendre à peu près n'importe quoi de lui, ça ira. C'est un de ces auteurs qui a sa petite musique bien à lui, qui vous chuchote des choses si belles au creux du coeur, entre les lignes presque.
Là, ‘Le Pays des Ténèbres', c'est un peu un hommage à Stephen King et à John Carpenter, et à Romero aussi. Des jeunes qui se sont tués dans un accident de voiture reviennent tenir compagnie aux gens qui pensent encore à eux, n'apparaissant que pour le lecteur, avec des têtes de morts-vivants et des réflexions souvent très drôles. Un an jour pour jour après leur accident, ils ont pas mal de boulot, surtout que les zombies ne sont pas en fait ceux que l'on croit. Un portrait d'une Amérique en déroute, mais aussi bien sûr un livre sur la mémoire, le souvenir, le deuil et le poids du passé.
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Dans ce roman nous suivons un groupe de trois adolescents le soir d'Halloween. Mais ces jeunes gens, deux garçons, Toe et Marco et une fille, Danielle, ne sont plus des enfants comme les autres. En effets ils sont morts l'an dernier, le soir d'Halloween, dans un accident de voiture. Cette nuit, ils reviennent hanter les survivants : Tim et Kyle, qui étaient dans la voiture et ont survécu - Kyle est cependant très diminué physiquement et intellectuellement - Brooks, le policier qui les poursuivait ce soir-là pour excès de vitesse et leurs parents.

Tout au long de cette très longue journée, ainsi que la soirée et la nuit qui la suivent, nous allons donc accompagner les vivants et les morts dans leur souvenirs et partager leurs sentiments : détresse, culpabilité ou regret. Un an plus tard, ils n'ont pas oublié et revivent cette soirée tragique chacun à leur manière.

Stewart O'Nan a dédicacé son roman à Ray Bradbury et l'on y trouve de nombreux clins d'oeil à son oeuvre. Ainsi le titre du premier chapitre est celui d'un roman de Ray Bradbury ( La Foire des ténèbres ), je n'ai pas pu m'empêcher de penser à l'Arbre d'Halloween, où un groupe de jeunes ados poursuit l'un de leurs camarades, à la frontière de la vie et de la mort. Ici ce sont les morts qui surveillent les vivants.

Outre le récit fantastique, Stewart O'Nan nous décrit le quotidien d'une petite ville américaine moyenne et de ses habitants, entre pauvreté et débrouille, décrépitude et renouveau avec le désespoir par dessus tout.

J'ai beaucoup aimé le style de l'auteur, malgré la noirceur du sujet. Une lecture parfaitement pour Halloween.
Lien : http://dviolante5.canalblog...
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
« Tout de suite c’est l’odeur qu’il remarque, le mélange incandescent de vapeur d’antigel et d’essence. Le verre crisse sous les pieds, des bouts de plastique moulé de la calandre et du pare choc. Il n’y a personne dans les voitures. Les conducteurs ont été allongés sur le bitume, on s’occupe déjà d’eux, un visage de femme dans une forêt de jambes et Brooks détourne la tête avant d’en voir davantage, il cherche le coordonnateur des secours »
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Je ne t'ai pas dit ? Si on te rend visite, si cette nuit se répète à l'infini, cauchemar niché dans le rêve, c'est qu'il y a une raison. Tu penses que c'est de la torture, mais tu sais que ce n'est que justice. Tu sais très bien pourquoi. Tu es le chanceux de l'histoire, tu t'en souviens ? Tu es vivant.
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Et ça va, ici. Nous sommes heureux dans ce passé présent, nous roulons tous en voiture comme une tribu, des hors-la-loi en cavale. Il n y pas d'avenir, seulement le présent, cette minute-ci. Peu importe l'heure qu'il est ; nous ne voulons pas rentrer à la maison. Nous sommes jeunes et foutus dans les ténèbres au cœur de ce pays, à l'abri au sein de notre couteuse innocence, coincés derrière des lignes ennemies. Il est tard et il n y a nulle part ou aller car cette ville craint trop, mais nous nous en fichons. Nous sommes juste une bande de mômes idiots qui s'amusent. Nous voulons que la nuit dure éternellement.
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– Pourquoi faut-il que tu sois si méchant ? demande Danielle.
– Je suis mort, répond Toe. Je ne suis pas obligé d'être gentil.
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La plaisanterie ne trompe personne. Il a le béguin pour elle depuis la quatrième, et maintenant, c’est la seule nana qu’il voit, j’essaye de ne pas m’en mêler, vu qu’il est évident qu’elle est avec Tim, et puis ce n’est pas non plus la personne la plus facile au monde, mais je ne suis pas aveugle, il m’arrive parfois de fantasmer. Après tout, qui ne rêve pas d’avoir quelqu’un à aimer ?
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Videos de Stewart O'Nan (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Stewart O'Nan
Chronique du livre "Speed Queen" de Stewart O'Nan pour France 3.
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