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André Verrier (Traducteur)Alain Le Berre (Traducteur)
EAN : 9782841420049
149 pages
Ombres (25/11/1998)
4.03/5   15 notes
Résumé :
ce récit fut écrit et publié en 1941.A ce moment de sa vie,l'auteur était dans une période de création intense.
Le Pleure Misère connut un succès immédiat dans les milieux gaélisants.
Le titre vient d'un irlandisme (littéralement: faire la pauvre bouche) qui signifie crier famine,pleurer misère dans le but d'éviter les sollicitations des amis et des créanciers.
Que lire après Le pleure-misère ou La triste histoire d'une vie de chienVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Flann o' Brien est en Irlande l'un des grands maîtres de la satire. Il joue avec l'étrangeté des phénomènes, leurs liens logiques, leurs enchainements, leurs coïncidences, ne reculant devant aucune invraisemblance, mettant parfois à mal la raison et le bon sens, dans un délire qui n'est pas sans rappeler le caractère prophétique de ses compatriotes, dont il se moque, dans un excès d'alcool. Si l'humour est partout, il n'en reste pas moins un livre poignant sur la misère des hommes et le mauvais sort dans une Irlande vouée à la pluie et au vent.
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« le Pleure-Misère » (94, Ombres, 148 p).
Roman en irlandais (à l'origine « An Béal Bocht ») légèrement parodique des chroniques villageoises à la mode. Court texte que l'on peut lire soit dans la petite bibliothèque d'Ombres, mais qu'il est beaucoup plus agréable de lire dans l'édition illustrée (dessins de Ralph Steadman) dans l'édition reliée du Tout sur le Tout (91). (Pour mémoire, on doit à Ralph Steadman des éditions illustrées de Léonard de Vinci entre autres ou de la vie aux USA assez étonnantes. A noter aussi que sa signature, prénom et nom, commence en minuscules italiques, bascule en majuscules et se termine en minuscules gribouillées – Ralph STEADman).
Une description minutieuse de la campagne irlandaise, pauvre (mais on est bien après la période de la Grande Famine (1846-51) en Irlande). Et pourtant ce petit roman commence bien. « O'Coonassa est mon nom gaélique, Bonaparte mon prénom, et mon pays natal, c'est l'Irlande. » et voilà planté le cadre des mémoires du susdit (ou celles de son grand-père). « Bónapárt Ó Cúnasa », Irlandais, comme son nom insulaire l'indique, tout comme son prénom. Son père, absent d'Irlande, se dénomme Michelangelo. Comme quoi, ce n'est pas parce que l'Irlande est pauvre qu'elle ne doit pas donner à ses enfants des prénoms de riches. Et puis tout se gâte : « L'horreur et le malheur vont venir cette nuit, la chose maudite et le Chat de Mer vont rôder dans les ténèbres » : (c'est cette nuit que Bonaparte naquit). La vie, Bonaparte va la partager avec le Vieux Bonhomme Gris, son grand-père, père de Michelangelo, et Ambroise, porcelet fils de Sarah. Cela ne durera qu'un chapitre et Ambroise finira euthanasié par sa propre puanteur. Les enfants de Sarah vont bientôt être habillés d'une culotte de laine grise afin d'être inclus dans le recensement d'un inspecteur (anglais cela va de soi) et de pouvoir bénéficier des aides sociales.
« Arriva un mois nouveau qui s'appelait mars ; il resta chez nous quatre semaines, puis s'en alla. » puis la période de l'initiation pendant laquelle il va trouver des choses étranges (une source de pur whiskey et un sac de pièces d'or) lors de son voyage au Pic de la Faim (ce qui lui vaudra de retrouver son père au cruchon.
On est bien loin des récits plus ou moins compatissants de la pauvreté des campagnes irlandaises. A vrai dire on est plus près d'une satire. Il faut rappeler que l'ouvrage est initialement édité en gaélique (« An Béal Bocht » (41, The Dolmen Press, ) puis traduit en anglais « The Poor Mooth » 32 ans plus tard (73, MacGibbon Ltd) seulement. Beau succès dans les milieux gaélisants, alors que le roman « At Swim-Two-Birds » paru en 39 a été un succès d'estime uniquement. Satire donc, car parodie d'une autobiographie de Tomás Ó Criomhthain (ou O'Crohan) intitulée « An t-Oileánach » soit en anglais « The Islander ». Ce « pauvre pêcheur-paysan », habitant des iles Blasket, au large de la péninsule de Dingle sur la côte ouest irlandaise « dernière paroisse avant l'Amérique », a par la suite été traduit en français « L'Homme des îles » (03, Petite Bibliothèque Payot, 353 p), et même traduit par Heinrich Böll, c'est un classique du genre.
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Il apparaît qu'Exégèse de la crasse, qui était le sous-titre du précédent roman critiqué de l'auteur, la Chienlit, et qui semblait non avenu, colle on ne peut mieux au présent roman...

Unique oeuvre en Gaélique de Flann O'Brien, le Pleure-misère ou la Triste histoire d'une vie de chien, dit assez, par son titre, le caractère résolument parodique de l'exercice. L'auteur reprend les codes des conteurs de son pays, pour dresser le tableau des malheurs et déboires d'un hère gaélisant.

Ce qui devait être accueilli comme un florilège de clins d'oeil au lectorat autochtone apparaît comme un compendium de tous les clichés les plus désobligeants sur le valeureux peuple irlandais. le narrateur et sa famille vivent dans une saleté insigne, digne des cochons dans leur bauge, pourceaux dont ils partagent l'ordinaire, se nourrissant exclusivement de patates dont on se demande si elles sont cuites. Eux et leur semblables, vêtus de haillons, ivrognes congénitaux, évoluent dans un paysage continuellement arrosé de pluie, tombant comme des mouches, sujets qu'ils sont aux maladies qui n'ont comme origine que l'incurie. Analphabètes, crédules, victimes toute désignées des continentaux (comprenez les anglais), se sont pour les plus malins d'entre eux - les voleurs, du gibier de potence. Ils ont érigé la déveine, le misérabilisme, au rang d'éthique, d'art de vivre. La lie de l'humanité en somme.

Certes c'est du second degré, peut-être doit-on y voir là, un clin d'oeil moqueur aux préjugés Anglais sur les Irlandais. Mais le trait est vraiment forcé, la farce - chou et pomme de terre, est un brin indigeste.
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Paddy, deux whiskys!
Livre datant de 1961 et bizarrement, c'est la première fois que je le lis.
En effet j'ai longtemps été persuadé que ce livre et "Le pleure-misère, ou la triste histoire d'une vie de chien" était un seul et même livre. Donc je vais essayer de rattraper mon erreur.
Deux frères orphelins, Manus et Finbar, sont recueillis par un oncle pas trop académique, buveur et anticléricale, truffé de rhumatismes, seuls la bière et le whiskey irlandais semblent atténuer ses douleurs. Les deux enfants grandissent dans cette famille hélas endeuillée par la mort de la tante. Comme elle aussi souffrait depuis des années et ne quittait guère sa chambre, elle est vite oubliée. Surtout qu'un vent de libéralisme souffle sur la maison.
Lire la suite ici : http://eireann561.canalblog.com/
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Petit roman satirique et drolatique sur la vie misérable d'un irlandais gaélique, qui aurait pu s'intituler "Des pommes de terre, des cochons et des hommes", avec énormément d'autodérision et d'humour noir dedans.

Misère, faim et humidité accompagnent inexorablement la vie de Napoléon O'Connassa, dans un périple semi-mystique semi-alcoolique qui le mènera au Pic de la Faim où coulent les rivières de whiskey jaune. On ne reverra jamais son pareil.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Oui, la vie est une drôle de chose. Une fois, en rentrant de Galway à la nuit noire, qu'est ce que je vois au fond de la maison, sinon qu'on avait un autre petit cochon ? Ma femme dormait pendant que la menue petite chose à la peau luisante piaillait au milieu de la maison. Je la pris avec précaution et faillis la laisser tomber quand je me rendis compte exactement de ce que je tenais. Elle avait une petite tête chauve, une visage grand comme un œuf de cane et des jambes comme les miennes. J'avais un petit enfant, inutile de vous dire à quel point mon cœur tressaillit soudain de joie. Notre enfant était un garçon !
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Bien sûr, à cette époque, je n'étais pas encore entrainé à siroter, ni même très conscient de ce que j'étais en train de faire. A dire la vérité toute nue, je ne menait pas large. J'avais l'esprit égaré, c'est clair. L'effroi tomba sur ma faiblesse, un autre effroi tomba sur cet effroi, et bientôt les effrois tombaient à verse sur cette faiblesse et sur moi-même. Puis une pluie de faiblesses tomba sur les effrois, de lourds effrois tombèrent ensuite sur les faiblesses, et enfin un énorme effroi sombre tomba recouvrit tout, éteignant la lumière du jour et arrêtant le cours de la vie. Je restai insensible un bon moment ; je ne voyais rien et n'entendait aucun bruit. La terre, à mon insu, continuait son chemin à travers le firmament. Il me fallait une semaine pour me rendre compte que j'avais encore un souffle de vie et quinze jours pour avoir la pleine certitude d'être encore bien vivant. Six mois passèrent avant de me remettre complètement de la mauvaise santé que m'avait donné le travail cette nuit-là. Que Dieu nous ait toujours en grâce !
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Celui qui toute sa vie est menacé par la misère et la rareté des pommes de terre ne comprend pas facilement ce qu'est le bonheur, ni la gestion et le bon usage des biens. Après mon voyage au Pic de la Faim, je vécu encore un an à la vieille mode gaélique - trempé, affamé de jour comme de nuit, mal portant, n'ayant pour tout avenir que la pluie, la faim et la malchance.
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Avant que j'eusse prononcé, ou à peine prononcé la moitié de mon nom, le maître poussa un aboiement rageur et me fit signe d'approcher. Je n'étais pas encore arrivé jusqu'à lui qu'il avait déjà saisi un aviron ... Il était alors sous le débordement de la colère ; sa manière d'empoigner l'aviron à deux mains était tout à fait celle d'un professionnel. Il le brandit par dessus son épaule et, faisant siffler l'air, l'abattit sur moi de toutes ses forces, me portant au crâne un coup dévastateur.
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O'Coonassa est mon nom gaélique, Bonaparte mon prénom, et mon pays natal, c'est l'Irlande. Je ne me souviens pas exactement du jour où je suis né, ni d'un seul moment des six premiers mois que j'ai passés en ce monde, mais il ne fait pas de doute qu'à cette époque j'étais en vie, bien que je n'en garde aucun souvenir, car je n'existerais pas aujourd'hui si alors je ne m'étais pas trouvé là ; à tout être humain, ainsi qu'à toute créature vivante, le jugement vient peu à peu.
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