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EAN : 9782070776146
320 pages
Gallimard (06/09/2007)
3.45/5   184 notes
Résumé :
Les tableaux qui racontent leur vie, qui racontent ce qu’ils voient et ce qu’ils entendent au gré des pièces où on les accroche, au gré des époques qu’ils traversent et des vicissitudes que doivent subir leur propriétaire, ça ne court pas les rues. C’est ce parti pris fictionnel assez insolite qu’a choisi d’adopter le brillant journaliste et écrivain Pierre Assouline, afin de nous raconter la vie de la baronne Betty de Rothschild, pilier de l’une des familles les pl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
3,45

sur 184 notes
Elle nous regarde avec nonchalance et un air fataliste, Betty de Rothschild…
Cette élégante grande dame du XIXème siècle, en robe de soirée de soie bleue et rose, nonchalamment appuyée sur sa main entrouverte, semble être au spectacle des visiteurs de son portrait peint par Ingres. Et elle a dû être le témoin muet de bien des anecdotes depuis ce poste d'observation.

Décédée en 1886, à l'âge de 81 ans, elle entame dans son cadre une existence de silence et de contemplation, hôtesse discrète d'une vie mondaine brillante et cosmopolite qui nous entraine dans les salons de la grande bourgeoisie, de la politique et des arts du XIXe siècle jusqu'à nos jours.

Elle ne parle qu'à ses lecteurs, notre belle baronne, nous racontant l'histoire de sa famille, dans l'histoire de la France. Nous sommes les invités de ses salons où se croisaient musiciens, écrivains, hommes politiques. Nous sommes ses confidents privilégiés, écoutant ses impressions, ses regrets, les ragots, les petites perfides, les souvenirs insolites comme le déménagement de son portrait dans une mine de sel pour le sauver des griffes hitlériennes. Cela suffisait déjà bien que les Rothschild, banquiers juifs, soient spoliés par le régime de tous leurs biens immobiliers !

Un livre enquête historique extrêmement bien documenté, une sorte de biographie décalée qui se lit comme un roman.

Devant un portrait immobile dans son cadre sur les murs des musées, quand les regards s'entrecroisent, je me rappelle souvent la baronne Betty, en me disant :
« Et toi, qu'aurais tu à me raconter ? »
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Un avis mitigé pour ce roman biographique d'un tableau de maître.

À sa mort, l'âme de Betty de Rothschild migre dans son portrait, une oeuvre magnifique d'Ingres. C'est à travers ce portrait qu'elle raconte sa vie et celle de ses descendants. Elle est dans la pièce lorsque le notaire vient ouvrir son testament, mais elle se rappelle aussi les fêtes passées. Et ce sont souvent des fêtes fastueuses jusqu'à 1500 cartons d'invitations pour une grande inauguration par exemple.

Née Rothschild, Betty n'a pas connu la misère. Elle raconte cependant comment sa « Juiverie » rendra plus difficile son intégration dans la société française qui n'est pas exempte d'antisémitisme. Elle cite le secrétaire général du Louvre, Horace de Viel-Castel dit « Fiel Castel » : « Depuis que je suis à même de voir des Juifs de près, je comprends les édits de nos rois qui les bénissaient. Plus que jamais nous sommes aujourd'hui leur proie, l'argent de la France passe entre leurs mains! En vérité, les Juifs sont odieux aux Français, et ils le seront toujours, parce qu'ils sont invariablement usuriers et voleurs à quelque haute position qu'ils soient parvenus… »(Gallimard, p.71)

Une belle écriture, mais un roman qui tient davantage du documentaire à cause du grand nombre de détails. Si elle cite Balzac ou les frères Goncourt, beaucoup me sont inconnus parmi les très nombreux personnages cités, ce qui rend la lecture moins intéressante.
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C'est l'histoire d'un portrait, celui de la baronne Betty de Rothschild, peint par Ingres dans les années 1844 à 1848 et à travers ce portrait toute l'histoire d'une des plus célèbres dynasties du monde entier.
Betty de Rothschild a passé sa jeunesse à Vienne. Elle est arrivée à Paris dans les années 1830. Elle a épousé son oncle Jacob qui est devenu par la suite le baron James de Rothschild, celui qui va diriger la "branche française" des Rothschild pendant une bonne partie du 19ème siècle..
Une dynastie dont le fondateur, fils de banquier, s'appelait Meyer-Amschel. Il vivait dans le ghetto de Francfort et l'enseigne qui se trouvait au-dessus de sa porte va être à l'origine du nom des Rothschild "Zum roten Schild" (à l'écu rouge).
Au 19ème siècle, au moment où vivait Betty, la véritable héroïne du livre à travers l'histoire de son portrait, cinq maisons Rothschild existaient en Europe: la branche de Francfort (la première), la branche de Londres, celle de Paris, celle de Vienne (qui disparaîtra en 1930 avec la faillite du Credit Anstalt) et enfin la branche de Naples.
Une devise commune: "Concordia Integritas Industria" exprimant ainsi la volonté de concilier tradition et modernité.
Un mode particulier de gérer les affaires en privilégiant les liens familiaux. Toutefois les femmes étaient exclues des affaires et avaient pour quasi obligation d'épouser un de leurs nombreux cousins.
Un milieu cosmopolite qui facilitait l'apprentissage des langues: la baronne Betty parlait parfaitement le français, l'anglais et l'allemand.
Les conversations intimes étaient tenues en yiddish.
Au delà de la plongée passionnante dans le monde des affaires, avec les amitiés et inimitiés qui se lient: à cet égard l'évocation de la compétition forcenée avec les frères Pereire vaut le détour, c'est tout un pan de l'histoire de l'Europe qui défile.
Les réceptions sont prodigieuses: plusieurs réceptions par semaine pouvant rassembler plusieurs milliers d'invités! Les artistes sont aidés et encouragés, la famille Rotschild jouant volontiers les mécènes.
Ainsi la baronne Betty va lier de belles amitiés avec Chopin, Balzac, Heine (le premier poète allemand d'origine juive).
Les lieux sont grandioses et il est fascinant de constater que le premier hôtel de la famille rue Laffitte était occupé auparavant par Fouché alors que leur deuxième hôtel, rue Saint-Florentin, était l'hôtel de Talleyrand auparavant.
L'hôtel de la rue de Saint-Florentin deviendra par la suite, en 1948, la résidence de l'ambassade américaine en France.
Enfin l'hôtel Lambert sera cédé par Guy de Rotschild en 2007 au frère de l'émir du Qatar.
Le portrait de la baronne va beaucoup voyager: pendant l'Occupation il sera transféré d'abord au château de Neuschwanstein ensuite caché par les nazis au fond d'une mine de sel; il reviendra en France à la Libération, transitera par le Petit Palais, le Louvre avant d'être exposé à Londres, New York et Washington avant de revenir en France.
Le portrait s'est transmis d'aîné en aîné, d'abord Alphonse, fils de James, ensuite son fils Edouard, ensuite Guy et ensuite David.
Un très beau livre très original et qui nous permet de parcourir 150 ans de l'histoire européenne.
Ce livre a obtenu le Prix de la Langue Française en 2007.
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BETTY de Rothschild (1805-1886) est passée à la postérité en tant que mécène, par ses oeuvres philanthropiques (création de l'hôpital éponyme, de dispensaires, de fondations caritatives et de multiples autres oeuvres de bienfaisance), grâce aussi à son effigie peinte par Ingres en 1848, et en 2007, Pierre Assouline donne âme, vie et paroles à ce portrait.
Née VON Rothschild en 1805 à Vienne, elle devint DE Rothschild en 1824, en épousant à 19 ans, son oncle James de Rothschild, de 13 ans son aîné. Et oui, dans cette famille là on pratique, l'endogamie, enfants, cousins continueront allègrement à perpétrer cette tradition d'intermariage familial car quand un Rothschild épouse un parent « il est sûr d'épouser un bon parti » et quand un membre déroge à cette loi, c'est un défaut cela devient un viol, un bannissement, avec déshéritage assuré quand le contrevenant se mésallie avec un non juif.
L'intérêt de ce livre n'est pas de partager la vie mondaine du couple Rothschild, de s'énivrer au cours de soirées enchanteresses, en tourbillonnant sans fin, entraîné par une valse viennoise, une polka , un menuet , au cours des multiples bals costumés ou non, donnés, le samedi soir, rue Lafitte à Paris ou à Ferrières, d'être convié à l'un des quatre dîners hebdomadaires et de goûter au « filet de boeuf à la Rothschild » préparé par le talentueux maître queue Marie-Antoine Carême «le roi des chefs et le chef des rois » , mais de partager l'actualité pendant la vie terrestre de la baronne, moments historiques glorieux, moins chanceux, voir catastrophiques, et d'être toujours à ses côtés bien après, de croiser, de côtoyer, les personnages qui ont marqué l'Histoire : Delacroix, Balzac, Heinrich, Chopin, le général Changarnier…
Et puis il faut aussi compatir au sort de Bettyquand elle se retrouva kidnappée par Hermann Göring et prisonnière au fond d'un sinistre mine de sel à Altaussee en Autriche en compagnie de la Madone de Bruges, de l' Agneau mystique , de l'Astronome…
Mise en scène originale et toujours l'écriture magistrale de Pierre Assouline .
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"Le portrait", c'est celui de la baronne Betty de Rothschild, née en 1805 et décédée en 1886, peint par le peintre Ingres en 1848. Au jour de la mort de la baronne, son esprit gagne son célèbre portrait qui va désormais devenir le témoin des succès et tourments de l'une des plus célèbres dynasties d'Europe. de ses différents lieux de résidence, de l'hôtel particulier de la rue Laffitte à l'hôtel Lambert, en passant par le château de Ferrières dédié à la gloire de la famille ou du fond de sa cachette dans une mine de sel à l'époque nazie, le portrait subit les soubresauts de l'histoire et raconte les Rothschild, cette famille qui se fit connaître depuis le 18e siècle dans le domaine de la finance et de la banque.

Epouse de James de Rothschild, son oncle, fondateur de la branche de Paris de la famille Rothschild au début du 19e siècle, Betty se fait la porte-parole d'un nom pour qui les origines, l'héritage des valeurs et leur transmission sont primordiaux. Inscrire son nom dans le temps et la mémoire des hommes, voilà le souhait le plus cher de cette unique famille aristocratique israélite en Europe . D'ailleurs, comme le dit Betty, "On dit plus volontiers "les Rothschild" que "Rothschild", comme si la fibre dynastique avait dissous les individualités". Mais d'où vient ce nom, justement ? Il faut remonter au fondateur de cette lignée, Mayer Anschel Rothschild, qui possédait une petite boutique en Allemagne surmontée d'un écu rouge en métal dit "Zum roten Schild"... Betty nous décrit également les réceptions mondaines hebdomadaires où les plus grands, artistes, hommes politiques et aristocrates, se bousculaient pour ensuite décrier le couple Rothschild, ces "parvenus". "Riche comme Rothschild" de Stendhal ou encore "roi des Juifs" De Balzac, James de Rothschild a inspiré bien des romanciers mais pas forcément à son avantage.
Le portrait de la baronne va ainsi nous narrer beaucoup d'autres anecdotes et événements familiaux au gré de ses souvenirs et de ses voyages.

Pierre Assouline nous offre ici une biographie familiale très riche, extrêmement documentée, qui ravira ceux qui s'intéressent à la famille Rothschild. Pour ma part, malgré les références historiques, je n'ai pas été emportée par l'histoire de cette dynastie. L'ensemble m'a paru trop fastidieux, avec parfois une impression de catalogue de noms, d'événements et de dates. La lecture en devient, malheureusement, ennuyeuse.

Mais c'est un fait, les Rothschild fascinent. Leur argent fascine. Mais c'est également cet argent et leur judéité qui leur vaudront pendant longtemps un mépris mêlé d'antisémitisme. C'est également leurs origines, si chères à leur yeux, qui leur fermeront des portes et une certaine reconnaissance. Que reste-t-il aujourd'hui des Rothschild ? Un nom, le souvenir d'une puissance financière, un esprit de fratrie. La famille, encore et toujours. le dernier mot, enfin, sera pour Betty, cette femme élégante, nostalgique de l'Ancien Régime, fière de sa famille et de ses valeurs : ce qui demeure aujourd'hui des Rothschild, c'est "Un peu plus que de beaux restes mais beaucoup moins que ce qui fit notre gloire"
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Citations et extraits (90) Voir plus Ajouter une citation
J’aime la langue française comme seule une étrangère peut l’aimer ; je l’aime pour sa tendresse et pour son exceptionnelle mémoire historique. Mais elle ne se laisse pas facilement habiter ; elle réclame un certain temps avant de permettre à l’étranger de s’y installer.
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. ne pas oublier que les gens ne vous pardonneront jamais le bien que vous leur avez fait. C'est là une constante de la loi d'ingratitude... Un bienfait ne reste jamais impuni
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L'autre jour, alors qu'il recevait un écrivain qui s'est bizarrement mis en tête de voir ce que mes yeux ont vu, je l'ai entendu lui confier :
"Ce temps est révolu et ce n'est pas sans mal. La seule nostalgie qui m'anime est celle du Ferrières de mon enfance, une image toute de légèreté, d'insouscience et de bonheur dans un décor féerique. Le passé est le passé, les traditions doivent être adaptées."
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Heinrich Heine était du premier cercle de nos intimes, partageant même notre table avec nos enfants. C'était un poète: là où un écrivain parlait d'une "robe verte", il évoquait "une robe d'herbe".
Il était à mes yeux le plus grand poète allemand vivant, mais pas le mieux placé pour le décréter et le premier d'origine juive.
Lui aussi changea de prénom, passant de Harry à Heinrich, allant jusqu'à se convertir sans trop y croire.
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Le thé matinal chez cousin Ferdinand en Angleterre

‘’Au lever, après avoir tiré les lourds rideaux, un valet engageait la journée en ces termes
- Thé, café, chocolat ou cacao, madame la Baronne.
- Du thé.
- Bien, madame. Souchong, Assam ou Ceylan.
- Souchong.
- Bien, madame. Lait, crème ou citron.
- Lait, bien sur.
- Bien, madame. Jersey, Hereford ou Brévicorne.
Là, il me fallait rendre les armes à l’Angleterre faite vache.’’
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Videos de Pierre Assouline (90) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Assouline
Une rencontre avec L Ecole Biblique de Jérusalem au présent et au futur
- Accueil par Alain Rémy, président de l'Association des Amis de l'École - Introduction par le nouveau directeur de l'Ecole, fr. Olivier Poquillon suivie d'une conférence à trois voix par des enseignants-chercheurs de l'École, « Les Écritures à l'École biblique et archéologique française de Jérusalem en 2023 » : les Écritures au pays de la lettre même (fr. ukasz Popko), au pays d'un renouveau juif polymorphe (fr. Olivier Catel), au pays d'une réception interconfessionnelle et interculturelle (fr. Olivier-Thomas Venard ).
- Échanges avec le public
- Capsules - « La Bible en ses Traditions aux Bernardins », témoignage sur l'usage de la base de données par le P. Jacques Ollier, enseignant-chercheur au Collège des Bernardins. - À la découverte de Bibleart, application culturelle de la Bible en ses Traditions, avec l'équipe de Prixm
- Pause : possibilité de visiter le stand de l'Association des Amis pour y découvrir ses activités, les propositions de l'École et ses dernières publications ainsi que le stand École biblique des éditions Peeters.
- Table Ronde "Sous l'invocation de saint Jérôme : traduire les Écritures en 2023, entre Jérusalem et Paris". Échange entre Pierre Assouline, de l'Académie Goncourt, pour la littérature, le professeur Olivier Munnich (professeur émérite à l'Université Paris – Sorbonne) pour la philologie et l'histoire et Olivier-Thomas Venard pour l'exégèse et la théologie.
- Collation
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