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Guy Demerson (Éditeur scientifique)Michel Renaud (Éditeur scientifique)Equipe Informatique et lettres pour le XVIe siècle (Éditeur scientifique)
EAN : 9782020309035
Seuil (04/01/1997)
3.76/5   91 notes
Résumé :
Le plus satirique et le plus audacieux des quatre livres authentiques de la geste de Pantagruel. Une allégorique odyssée dans laquelle Rabelais condamne sans appel toutes ces Eglises qui, prétendant régenter les consciences par la force, s'opposent à la liberté de l'Esprit.
Paru en 1552, le Quart livre est la continuation du Tiers livre, il raconte le voyage que Pantagruel avait préparé dans le Tiers livre à la recherche de l'oracle de la dive bouteille pour ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Après avoir délivré son pays des Dispodes dans « Pantagruel », « Le quart livre » est la suite des aventures du géant Pantagruel. Celui-ci décide, avec toute sa fine équipe, à laquelle Panurge est maintenant bien intégré, de partir en Inde, à la recherche de Babuc, la Dive Bouteille.

Il quitte donc son père Gargantua en Grèce ; son expédition se compose de douze navires ! Il décide de passer par le nord de l'Europe (sic, on est en 1548, la mappemonde n'est pas précise ! ). L'équipée va voguer d'île en île, toutes sorties du cerveau imaginatif de François Rabelais. Sur l'île de Médamothi, il reçoit, par un vaisseau rapide, une lettre de son père, soucieux de savoir son fils en bonne voie. Pour le remercier, il lui renvoie des licornes, puis repart en pleine mer.

Survient alors l'épisode molièresque au combien célèbre, ingénieux, et faussement dénommé, des « moutons de Panurge ». Ahem... Je vous le laisse découvrir !!!
C'est cet épisode qui m'a lancé dans l'écriture de mon quatrième livre : « PANURGE ».

Ils arrivent sur une île loufoque où chacun trouve chaussure à son pied ; puis ils découvrent l'île des « chicanous », où, dans une écriture anecdotique plus ou moins transparente, les chicanous, les maîtres de la chicane, bref, le personnel judiciaire en prend pour son grade !
Ensuite, après une tempête qui révèle un Panurge comique au mal de mer persistant, qui le rend peureux et désirant à tout prix regagner la terre ferme, ils abordent plusieurs îles plus ou moins bizarres , qui permettent à l'auteur de rire sous cape de différents corps de profession.
Chez les Carêmeprenants par exemple, Pantagruel et Panurge ironisent sur la religion ; chez les Andouille, on assiste à un combat gigantesque de mets, Andouilles et Saucissons se battent (!) et là, les logorrhées savantes de Rabelais prennent tout leur sens. Je pense que l'auteur critique le gaspillage de ripaille à peine consommée des grands seigneurs ; tout comme dans l'île du tyran Maître Gaster, auquel les habitants sacrifient, là encore, une ribambelle de nourritures!
Chez le roi Hypoaménien, Bringuenarilles fait des cures de moulins, et le corps médical est mis à mal.
Chez les Papefigues, c'est encore la religion qui est visée, et particulièrement le « Dieu sur Terre », c'est à dire le pape et les décrétales, des textes papaux.
Il y a aussi l'île des hypocrites, que connaît Xénomane, et sur laquelle on ne prend même pas la peine de s'arrêter.


Ce livre est mon troisième Rabelais, et je commence saisir l'auteur, et à prendre plaisir à le lire, surtout les dialogues, qui ne volent en général pas au dessus de la ceinture, comme d'habitude, pour distraire, je pense le rare menu peuple qui sait lire, et que j'aborde en vieux françois sur les pages de gauche !

Le savoir de l'auteur est bien grand ! le livre est ponctué d'histoires mythologiques, certaines sont vraies, d'autres sont inventées par l'auteur.
Au milieu du livre, l'auteur écrit une logorrhée médicale ( il a été médecin ), peut être pour prouver le sérieux de ses dires, et essayer de gagner, encore une fois, l'indulgence de ces messieurs les théologiens de la Sorbonne ?

Une fois de plus, ces messieurs de la Sorbonne condamnent le livre ; une fois de plus le roi, c'est François pour la première édition, puis Henri II pour la seconde, autorise sa publication !
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Après un "Tiers Livre" bien fixé, consacré en grande partie aux soucis de mariage de Panurge, Rabelais prend le large et embarque ses personnages pour un périple en haute mer . Il s'inscrit ainsi dans l'air du temps, et participe aux rêves et aux espoirs nés de la découverte du Nouveau monde. D'escales en escales, d'îles en îles, les galions, trirèmes et bateaux à rames du bon Pantagruel, découvrent une multitude de mondes et de personnages insolites et extravagants. Bien entendu, il y a force merdes, couilles et braquemarts, mais la paillardise de Rabelais n'est pas gratuite. L'ironie et les sous-entendus sont toujours présents. Les idolâtres, intégristes et pudibonds y sont bien souvent ridiculisés. Cela n'a pas plu à beaucoup de monde du temps de l'auteur, et l'on voit que cela fait encore grincer quelques dents de nos jours.
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Après presque mille pages de sociologie/anthropologie passionnantes mais un peu déprimantes, j'avais besoin de me changer les idées. Qui de mieux que Rabelais ? Me voilà partie en quête de l'oracle de la Dive Bouteille et vers moult aventures et rencontres, toutes plus étranges, horrifiques et désincornifustibulées les unes que les autres - ah oui, on découvre avec lui des mots nouveaux mais un peu difficiles à retenir et à caser dans la conversation :)

Comme à l'accoutumé, il s'en donne à coeur joie et ne faiblit pas dans la satire de tout et de tous. Notre parodie de récit de voyage s'embarque certes pour entendre l'oracle de la Dive Bouteille mais aussi pour Nulle Part (Medamothi) et ce, dès la première escale. Avec la grande tempête, nous avons une anti-Odyssée et avec la bataille des Andouilles, une anti-Iliade, façon gastronomique. L'Eglise et la Justice en prennent pour leur rang dans l'épisode des Chicanous masochistes et celui des Papimanes et Papefigues. L'idée des paroles gelées me ravit par sa poésie.

J'y ai trouvé une vrai jouissance de l'écriture parce que Rabelais n'utilise jamais un mot quand il peut en mettre trois, qu'il en invente lorsqu'ils n'existent pas et qu'il a une imagination délirante. Ca prolifère de partout et, moi, je me pourlèche les babines, figurativement parlant.
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Les aventures se poursuivent, sur un ton souvent moins grivois, d'îles bizarrement peuplées en tempêtes à foutre la trouille. Panurge, de peur, chie dans son froc, ce qui donne l'occasion à quelques rabelaiseries hilarantes. Frère Jean se moque. Pantagruel fait le sage. Des andouilles se battent à coup de moutarde, et se rendent sous les assauts d'un cheval de Troie bourré de marmitons. Des papimanes révèrent le Dieu terrestre, le très saint pape, qui ne dit rien que de très bon. D'autres personnages boivent, mangent et se battent, et les compagnons d'Ulysse revisités navigue un peu à vau-l'eau, parce que rien n'est terminé, Panurge restant célibataire, les autres errant en mer, pour rien, semble-t-il.
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Un récit de voyage grandguignolesque, la définition du bon-vivre... Même si je l'ai peu lu, j'adore cet auteur surtout pour son héritage littéraire (Hugo, Céline, Cohen...) et la philosophie de vie qui se dégage de ses romans, qui se perd aujourd'hui, dans notre société maniérée qui oublie de profiter de la vie, de bien vivre, et s'affaire à mille précautions ridicules et superstitieuses...

Le Quart Livre est aussi, outre le carnaval perpétuel comme dirait Bakhtine, grâce au voyage insulaire, une ode à la soif de savoir humaniste. Une île = une culture, une société... Insolite, grotesque, mais qui nous ressemble bien souvent!

En somme, une littérature de la fête permanente, de par l'interêt pour le monde antique des humanistes, ce roman-là étant plus précisément celui du voyage en mer.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Soubdain, je ne sçay comment, le cas feut subit, je ne eus loisir le consydérer, Panurge, sans aultre chose dire, jette en pleine mer son mouton criant et bellant. Tous les aultres moutons, crians et bellans en pareille intonation, commencèrent soy jecter et saulter en mer après, à la file. La foule estoit à qui premier y saulteroit après leur compaignon. Possible n’estoit les en guarder, comme vous sçavez, estre du mouton le naturel, tousjours suyvre le premier, quelque part qu’il aille. Aussi le dict Aristoteles, lib. IX, de Histo. animal. estre le plus sot et inepte animant du monde.
Le marchant, tout effrayé de ce que davant ses yeulx périr voyoit et noyer ses moutons, s’efforçoit les empescher et retenir tout de son povoir. Mais c’estoit en vain. Tous à la file saultoient dedans la mer et périssoient. Finablement, il en print un grand et fort par la toison sus le tillac de la nauf, cuydant ainsi le retenir et saulver le reste aussi conséquemment. Le mouton feut si puissant qu’il emporta en mer avecques soy le marchant, et feut noyé en pareille forme que les moutons de Polyphemus, le borgne Cyclope, emportèrent hors la caverne Ulyxes et ses compaignons. Autant en feirent les aultres bergiers et moutonniers, les prenens uns par les cornes, aultres par les jambes, aultres par la toison. Lesquelz tous feurent pareillement en mer portéz et noyéz misérablement.
Panurge, à cousté du fougon, tenent un aviron en main, non pour ayder aux moutonniers, mais pour les enguarder de grimper sus la nauf et évader le naufraige, les preschoit éloquentement, comme si feust un petit frère Olivier Maillard ou un second frère Jan Bourgeoys ; leurs remonstrant par lieux de rhétoricque les misères de ce monde, le bien et l’heur de l’aultre vie, affermant les plus heureux estre les trespasséz, que les vivans en ceste vallée de misère.

Chapitre VIII : COMMENT PANURGE FEIST EN MER NOYER LE MARCHANT ET LES MOUTONS.
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Ils ne finissent pas tous par mourir, dit Pantagruel. Les stoïciens les disaient tous mortels sauf un, le seul qui est immortel, impassible, invisible. Pindare dit clairement que les déesses Hamadryades ne reçoivent plus de fil, plus de vie, filé à la quenouille et au peloton des Destinées et des Parques iniques que les arbres dont elles sont gardiennes. Ce sont les chênes dont elles sont nées, selon l'opinion de Callimaque et de Pausanias. C'est aussi l'avis de martianus Capella. Quant aux demi-dieux, Pan, Satyres, Sylvains, Lutins, Egypans, Nymphes, Héros et Démons, plusieurs savants ont évalué, en se fondant sur la somme résultant des âges divers calculés par Hésiode, que leur vie était de 9.720 ans.
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Pantagruel prealablement avoir imploré l'ayde du grand Dieu Servateur & faicte oraison publicq en fervente devotion par l'advis du pilot tenoit l'arbre fort & ferme, frère Ian s'estoit mis en pourpoinct pour secourir les nauchiers. Aussi estoient Epistemon, Ponocrates & les aultres. Panurge restoit de cul sus le tillac pleurant & lamentant. Frère Ian l'apperceut passant sus la Coursie & luy dist.
Par Dieu Panurge le veau, Panurge le pleurart, Panurge le criart, tu feroys beaucoup mieulx nous aydant icy, que là pleurant comme une vache, assis sus tes couillons, comme un magot.
Be be be bous, bous, bous (respondit Panurge) frère Ian mon amy, mon bon père, ie naye, ie naye mon amy, ie naye. C'est faict de moy, mon père spirituel, mon amy c'en est faict. Vostre bragmart ne m'en sçauroit saulver. Zalas, Zalas, no' sommes au dessus de Ela. hors toute la gamme. Bebe be bous bous. Zalas à ceste heure sommes nous au dessoubs de Gama ut. Ie naye. Ha mon père, mon oncle, mon tout. L'eau est entrée en mes souliers par le collet. Bous, bous, bous, paisch. hu, hu. hu, ha ha. ha. ha. ha. Ie naye. Zalas, Zalas, hu, hu. hu, hu, hu, hu. Bebe bous, bous bobous, bobous, ho, ho, ho, ho, ho. Zalas, Zalas, A ceste heure soys bien apoinct l'arbre forchu, les pieds à mont, la teste en bas. Pleust à Dieu que praesentement ie feusse dedans la Orque des bons & beatz pères Concilipètes les quelz ce matin nous rencontrasmes, tant devotz, tant gras, tant ioyeulx, tant douilletz, & de bonne grace. Holos, holos, holos, Zalas, Zalas, ceste vague de tous les Diables (mea culpa Deus) ie diz ceste vague de Dieu enfondrera nostre nauf. Zalas frère Ian mon père, mon amy, confession. Me voyez cy à genoulx. Confiteor, vostre saincte benediction.
Vien pendu au Diable (dist frère Ian) icy nous ayder, de par trente Legions de Diables, vien. Viendra il?
Ne iurons poinct (dist Panurge) mon père, mon amy, pour ceste heure. Demain tant que vouldrez. Holos, holos. Zalas, nostre nauf prent eau, ie naye, Zalas, Zalas. Be be be be be bous, bous, bous, bous. Or sommes nous au fond. Zalas, Zalas. Ie donne dixhuict cent mille escuz de intrade à qui me mettra en terre, tout foireux & tout breneux comme ie suys, si oncques home feut en ma patrie de bren. Confiteor. Zalas, un petit mot de testament, ou Codicille pour le moins.
Mille Diables (dist frère Ian) saultent on corps de ce coqu. Vertus Dieu parle tu de testament à ceste heure que sommes en dangier, & qu'il nous convient evertuer, ou iamais plus. Viendras tu ho Diable? Comite mon mignon: O le gentil Algousan, deça Gymnaste, icy sus l'estanterol. Nous sommes par la vertus Dieu troussez à ce coup. Voylà nostre Phanal extainct. Cecy s'en va à tous les millions de Diables.
Zalas, Zalas (dist Panurge) Zalas, Bou, bou, bou, bous. Zalas, Zalas. Estoit ce icy que de perir nous estoit praedestiné? Holos bonnes gens, ie naye, ie meurs. Consummatum est. C'est faict de moy.
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Les parolles dictes et la mariée baisée (le baiser ), au son du tabour vous tous baillerez l'un à l'autre du souvenir des nopces : ce sont petitz coups de poing. Ce faisans vous n'en soupperez que mieulx, mais quand ce viendra au Chiquanous ( chicaneur, personne de justice qui vient citer le maître à comparaître ), frappez dessus comme sus seigle verde, ne l'espargnez. Tappez, daubez, frappez, je vous en prie.
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La poultre [pouliche], tout effrayée, se mist au trot, à petz, à bonds, et au gualot, à ruades, fressurades, doubles pedales et petarades, tant qu’elle rua bas Tappacoue, quoy qu’il se tint à l’aube du bast de toutes ses forces. Ses estrivieres estoient de chordes : du cousté hors le montouoir, son soulier fenestré estoit si fort entortillé qu’il ne le peut oncques tirer. Ainsi estoit trainné à escorchecul par la poultre, tousjours multipliante en ruades contre luy et fourvoyante de paour par les hayes, buissons et fossez. De mode qu’elle luy cobbit toute la teste, si que la cervelle en tomba près la croix Osanniere, puys les bras en pieces, l’un çà, l’aultre là, les jambes de mesmes, puys des boyaulx feist un long carnaige, en sorte que, la poultre au convent arrivante, de luy ne portoit que le pied droict et soulier entortillé.
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Vidéo de François Rabelais
Rencontre avec Romain Menini (MCF à l'Université Paris-Est Marne-la-Vallée) et Myriam Marrache Gouraud( PR à l'Université de Poitiers) autour du livre "Tout Rabelais" aux éditions Bouquins-Mollat. Entretien avec Violaine Giacomotto.
Contributeur(s) : Directeur de publication : Romain Menini - Traducteur : Raphaël Cappellen - Traducteur : Claude La Charité - Traducteur : Nicolas le Cadet - Traducteur : Myriam Marrache-Gouraud - Traducteur : Romain Menini - Editeur scientifique (ou intellectuel) : Raphaël Cappellen - Editeur scientifique (ou intellectuel) : Claude La Charité - Editeur scientifique (ou intellectuel) : Nicolas le Cadet - Editeur scientifique (ou intellectuel) : Romain Menini
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2648485/francois-rabelais-tout-rabelais
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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