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Le quatuor d'Alexandrie tome 2 sur 4
EAN : 9782702016466
222 pages
Buchet-Chastel (01/02/1996)
3.94/5   64 notes
Résumé :
Second volet du Quatuor d'Alexandrie, l'œuvre maîtresse de Lawrence Durrell, publiée entre 1957 et 1960, Balthazar est peut-être moins la suite de Justine que sa reprise, son amplification, selon un nouvel éclairage.
Le narrateur et acteur du précédent livre reçoit la visite de Balthazar, le docteur juif, qui lui rapporte le manuscrit de Justine complété d'annotations, d'informations et de vérités contradictoires, qu'il ignorait jusqu'à présent. En un sens, l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Balthazar, le second tome du Quatuor d'Alexandrie, s'ouvre à nouveau sur la retraite de Darley sur l'île grecque où il vit en compagnie de l'enfant de Melissa et de Nessim. Un soir, son ami Balthazar – le médecin qu'il fréquentait à Alexandrie – débarque pour lui rendre son manuscrit annoté de ses commentaires.
Darley replonge dans ses souvenirs éclairés, voire réinterprétés, grâce aux notes de Balthazar. La perception des événements tels qu'il les avait vécus est modifiée par les confidences recueillies par le médecin, les observations qu'il a pu faire, son témoignage direct sur certains drames comme le suicide de Pursewarden et la mort de Scobie.
Notre champ de vision s'élargit en même temps que Darley se décentre et abandonne sa posture de narrateur exclusif. Nous entrons dans un récit kaléidoscopique dont les figures se recomposent sous l'effet des révélations de Balthazar. Ce dernier dit à Darley : « Vous ne feriez jamais un bon docteur. Il faut deviner les malades – car ils mentent toujours. Mais ils ne peuvent pas faire autrement, c'est une réaction de défense de la maladie, tout comme votre manuscrit trahit le mécanisme de défense du rêve qui refuse l'intervention de la réalité ! ». L'ambition de Durrell est tout entière contenue dans cette affirmation. La vision de Darley restait prisonnière de ses émotions, d'une ignorance et d'un refus d'une certaine réalité. Un autre récit, une autre perception des faits doivent venir compléter, voire infirmer le contenu du manuscrit primitif. Balthazar s'y emploie. La personnalité de Nessim, si lisse et fade dans Justine, se révèle par touches successives, notamment par le contrepoint introduit par Narouz, son frère cadet, personnage ténébreux par excellence. le double secret de Justine nous est aussi révélé sans pour autant nous permettre d'embrasser la complexité de sa personnalité, comme si elle échappait malgré tout à une analyse définitive et gardait son mystère flamboyant, chaque homme l'ayant aimé n'en dévoilant qu'un fragment : Arnauti, Nessim, Pursewarden, Darley…
le brio narratif de Durrell ne doit pas occulter son sens de l'humour. Il y a des scènes très drôles dans Balthazar, souvent associées à des événements dramatiques. Lorsqu'au crépuscule, dans la nécropole de Saqqara, Justine évoque avec Pursewarden la manière choisie par elle de se guérir d'un souvenir traumatique en s'offrant au responsable, Da Capo – le vieux Porn –, la scène tourne au fou rire. de même, le meurtre de Scobie conduit à l'empoisonnement involontaire de ses voisins quand ils boivent l'alcool frelaté entreposé dans sa baignoire. Même télescopage du dramatique et du comique dans la scène où Narouz traque le Magzub dans une Alexandrie en fête, depuis l'hypnose d'un vieux sheik à la copulation de Narouz avec une vieille prostituée obèse.
Alexandrie est le théâtre sublimé de cette comédie humaine. Suivons l'écrivain sur ses traces : « Les triomphes de la politique, les grandes manoeuvres du tact, la cordialité, la patience… Libertinage et sentimentalité… tuer l'amour par nonchalance… se consoler dans les bras d'un autre… Voilà Alexandrie, la ville maternelle inconsciemment poétique, illustrée dans les noms et les visages qui ont composé son histoire. Écoutez. »


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Dans Balthazar, second tome du quatuor d'Alexandrie, on retrouve Darley sur son île qui reçoit la visite de Balthazar à qui il avait envoyé son manuscrit de Justine. Balthazar a entièrement annoté le manuscrit de Darley qui s'aperçoit alors que la situation politique de l'Egypte et le passé des différents protagonistes, qu'il ignorait complètement, l'ont complètement fourvoyé.

Balthazar raconte donc la même histoire que @Justine mais elle n'est plus du tout la même histoire. Des personnages secondaires, de @Justine, deviennent principaux tel Narouz le troglodyte à la gueule cassée, frère de Nessim ; voire primordial comme l'écrivain désabusé Pusewarden aux maximes cyniques et drôles. Nous faisons également connaissance avec Mountolive qui sera au centre du troisième tome.

La société anglaise est bien égratignée par @Durrell qui incorpore de nombreuses références à @D.H. Lawrence et @Henri Miller qui partagent avec lui la vision d'une Perfide Albion sclérosée.

@Justine se terminait par une grande scène épique de chasse, cette fois c'est le carnaval d'Alexandrie et le bal masqué simultané qui se déroule chez les Cervoni qui constitue la grande scène épique au cours de laquelle un meurtrier se trompe de victime.

Si le personnage de Pusewarden apporte beaucoup d'ironie au roman Scobie est le point d'orgue de l'humour également très présent chez @Durrell.

Au cours de ce second livre, toutes les images des personnages ont bougé, toutes les interprétations ont été mises en doute, et toutes les certitudes ont vacillé. La lettre de Clea, qui vient clore le livre, comprend une autre lettre, de Pusewarden, et constitue, là encore par ses divergences d'interprétation, une ultime figure de mise en relativité.

A l'heure où j'écris ce billet j'ai déjà lu l'intégralité du quatuor et c'est une évidence que même si les quatre tomes ont été publiés séparément ils constituent un seul et même roman qu'il est indispensable de lire intégralement pour apprécier toute la subtilité et l'ambition du projet littéraire. Une oeuvre majeure de la littérature, nous sommes en janvier et je sais déjà que cela constituera probablement le meilleur livre (le quatuor) que je lirai de l'année et sans doute l'un des meilleurs que je lirai dans ma vie. Un pur chef d'oeuvre !

Challenge Multi-Défis
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Second volet du Quatuor d'Alexandrie, Balthazar est le livre du dévoilement, à tout le moins partiel. Dans sa demeure des îles Cyclades, le narrateur originel du Quatuor, dont on apprend enfin le nom, L. G. Darley, reçoit la visiteur de Balthazar, initiateur des mystères de la Cabbale, dont le lecteur a déjà fait la connaissance dans le premier tome du Quatuor, qui lui remet le manuscrit de Justine, narration de Darley des événements marquants qui se sont déroulés durant son séjour à Alexandrie, annoté et commenté par ses soins. Cet addenda va révéler au narrateur qu'il a été la dupe de plusieurs personnes, et au premier chef de Justine, qui se servait de lui comme d'un leurre, afin que celui qui était le véritable objet de son amour ne soit pas la victime de la jalousie de son mari. À la lecture des commentaires de Balthazar d'autres souvenirs, jusque là occultés par les hasards de la mémoire, reviennent à l'esprit de Darley.

Balthazar est la confirmation que Justine n'était qu'une version parcellaire et donc trompeuse des événements qui constituaient la trame du premier opus, d'autant plus que le narrateur ne connaissait pas tous les acteurs de ce jeu de dupe et qu'il a été victime de mystifications. Ainsi ce deuxième volet complète Justine par la modification qu'il en fait de sa perception première, son interprétation des faits se retrouvant totalement remise en cause et bouleversée. Oui, le Quatuor d'Alexandrie ne peut être appréhendé et être l'objet d'une critique que s'il est lu dans son intégralité.
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Ce livre est , en fait le deuxième mouvement du "Quatuor d'Alexandrie" ,oeuvre ( OVNI littéraire ) que Durrell a composé en s'inspirant de la création musicale avec ses thèmes récurrents , ses arias , ses solos , ses incursions dans le futur , ses retours en arrière , son théâtre d'ombre, de personnages qui apparaissent , disparaissent laissant le lecteur éberlué .
Durrell aurait pu tout aussi bien l'intituler " Alexandrie , tome 2 " , mais il a préféré "Balthazar" du nom d'un personnage , sorte d'érudit israélite bizarre , chef d'un groupuscule d'aimables hurluberlus passionnés par la cabbale , ce qui lui vaudra quelques déboires de la part de la police secrète . Paradoxalement , on apprend peu de choses nouvelles sur lui par rapport à ce qu'on avait découvert dans "Justine" . En effet , chez Durrell , tout n'est que cul de sac , fausses pistes ou trompe l'oeil . Il faut , à tout prix , par une narration kaléidoscopique , explosée même , laisser le lecteur se perdre dans des suppositions et des hypothèses , ce qui , s'il est curieux , accrocheur et pas trop rebuté par le style , le fait avancer dans l'oeuvre , presque malgré lui , un peu comme dans un labyrinthe éclairé par des néons aussi clignotants qu'aléatoires .
L'histoire est donc impossible à résumer et même à présenter dans ses grandes lignes tant elle est foisonnante de personnages . le sujet qui intéresse l'auteur est la ville elle-même , la nature , le cadre ( fascination pour le bord de mer , la plage , le désert ) le temps qui passe ( après "Justine" et l'été de l'amour , nous voici avec "Balthazar" arrivés à l'automne , le ton est plus grave, la tristesse s'installe . On est confrontés à la mort de Scobie , dans des circonstances bien glauques et à la disparition de Justine qui était la beauté solaire du livre , le personnage autour duquel tout les autres , hommes et femmes , gravitaient .
Un grand livre , pas vraiment facile d'accès , mais qui mérite l'effort que l'on se donne . Amateurs de SAS , San-Antonio et autres Gavalda s'abstenir .
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Je globalise ma critique aux quatre tomes que j'ai lus reliés en un seul volume, chez Buchet Chastel, 1997, 1029 pages. En reprenant l'ensemble afin de me remémorer les sensations éprouvées il y a une bonne vingtaine d'années, j'ai renoué avec l'incandescence romantique, l'exotisme d'une Égypte révolue, les passions exacerbées ou rentrées, la beauté d'une écriture dense, évocatrice et charnelle. L''envie est là de relire, mais n'est-ce pas du temps perdu... J'avais mis plus d'un an à lire un de mes romans préférés.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Puis [Pursewarden] demanda aux élèves [d'un groupe littéraire] de noter trois choses dans leurs cahiers, qui pourraient leur être utiles plus tard s'ils ne l'oubliaient pas. Les voici :
1- Chacun de nos cinq sens renferme un art.
2- En matière d'art la plus grande discrétion doit être observée.
3- L'artiste doit saisir la moindre miette de vent.
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"Imaginer n'est pas nécessairement inventer, dit-il ailleurs, de même qu'on peut interpréter les actes d'autrui sans pour autant se proclamer omniscient. On peut admettre qu'ils ont bourgeonné à partir de leurs sentiments comme des feuilles éclatent sur une branche. Mais peut-on retravailler sur le passé en déduisant une chose d'une autre? Un écrivain en a peut-être la faculté, s'il a le courage de cimenter ces brèches apparentes qui se révèlent dans nos actes au moyen de ses propres interprétations, et de les réunir? [...]"
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"Nous vivons, écrit quelque part Pursewarden, des existences fondées sur une sélection de faits imaginaires. Notre sentiment de la réalité est conditionné par notre position dans l'espace et dans le temps, et non par notre personnalité comme nous nous plaisons à le croire. Chaque interprétation de la réalité est donc basée sur une position unique. Deux pas à gauche ou à droite et le tableau tout entier se trouve modifié." Quelque chose comme cela...
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La ville, habitée par ces souvenirs qui me restent, ne plonge pas seulement dans le passé de notre Histoire, étayée par les grands noms qui marquent chaque station de la chronique, mais se déploie aussi en arrière et en avant du temps présent n quelque sorte – dans le dédale de ses croyances et de ses races contemporaines ; les centaines de petites sphères enfantées par la religion et le savoir qui s’agglutinent mollement comme des cellules pour former cette grosse méduse déployée qu’est l’Alexandrie d’aujourd’hui. Ainsi unies, fortuitement, de par la volonté de la ville, isolées sur un promontoire schisteux dominant la mer, sans autre rempart que le miroir lunaire de Mareotis, le lac salé, et, au-delà, l’infinitude d’un désert déchiqueté (maintenant doucement caressé par les souffles du printemps, plissé en dunes de satin, informe et magnifique comme un champ de nuages), les communautés se perpétuent et communiquent – les Turcs avec les Juifs, les Arabes, les Coptes et les Syriens avec les Arméniens, les Italiens et les Grecs. La brise incessante des transactions commerciales ondule de l’une à l’autre comme un frisson qui parcourt un champ de blé ; les cérémonies, les mariages et les pactes les unissent et les divisent. Même les noms des arrêts de tram – antiques véhicules bringuebalant dans leurs rails ensablés – évoquent les noms oubliés de leurs ancêtres, et les noms des premiers capitaines qui débarquèrent sur cette côte, d’Alexandre à Amr, les pères de cette anarchie de la chair et de la fièvre, de l’amour vénal et du mysticisme. Quelle autre ville au monde peut offrir un tel amalgame ?
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Avec le crépuscule, ce territoire miséreux virait toujours à l'or, puis au brun — le brun du carton fendillé et déchiqueté — et enfin au violet quand les lumières commençaient à piqueter l'ombre envahissante, de même que le voile noir des villes d'Europe s'illumine de petits points brillants, fenêtre par fenêtre, rue par rue, jusqu'à ce que la ville tout entière ressemble à une toile d'araignée où la gelée aurait déposé un million de pierreries scintillantes.
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1965 Intimation BBC
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