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EAN : 9782130620211
328 pages
Presses Universitaires de France (19/03/2014)
4.5/5   4 notes
Résumé :
En 1914-1918 et 1939-1945, la France est au coeur des deux guerres mondiales : la première, d'une brutalité inouïe, la saigne de ses forces vives, la seconde la déchire de l'intérieur. À peine la reconstruction entamée, le pays voit son empire colonial disloqué et ses frontières réduites aux dimensions de l'Hexagone (1945-1962). Cette densité politique est redoublée par des crises économiques majeures, durant les années 1930 et à partir des chocs pétroliers des anné... >Voir plus
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Pari audacieux que de résumer un siècle d'histoire immédiate – ou presque – afin d'en tirer des leçons pour le présent et l'avenir. Dans la ligne des autres ouvrages passionnants de cette collection, l'auteur excelle à mettre en lumière les fondamentaux de notre vie politique, avec ses constantes et ses dérives. Un magistral exercice digne de l'enseignement de Sciences Pô dont j'ai eu le bonheur de bénéficier entre 1964 et 1967 …
Ce XXème siècle des bouleversements comporte plusieurs moments. le plus prégnant est la Grande Guerre, qui engendre à la fois la fierté d'un peuple, le « test d'effort » de la IIIème République et aussi un profond sentiment de pacifisme qui provoquera l'esprit de Münich. Des réflexes s'ancrent dans notre écosystème politique : l'incapacité de la gauche (La République des Professeurs, déjà !) à gérer l'économie, le « mur d'argent », la stabilité de l'Empire colonial, la montée du fascisme contre lequel la France reste incapable de réagir si ce n'est de façon défensive.
A la veille de la seconde guerre mondiale, la France est fragilisée, démographiquement, industriellement, partagée entre l'activisme des ligues antiparlementaires et celui des antifascistes. Ce qui explique peut-être comment la plus grande majorité d'une assemblée de députés et de sénateurs émus pour la plupart en 1936 a pu confier les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en juin 1940. Il fallait une connaissance stratégique certaine, nourrie d'un sentiment prémonitoire comme De Gaulle pour déclarer que la guerre allait durer et que la France devait continuer le combat.
Pourquoi la IVème République fut-elle aussi brève ? Trois réponses : le Tripartisme, avec un parti communiste obtenant 28% des voix après la Libération, la SFIO et le MRP en partie d'origine catholique, la droite classique étant démonétisée par son attitude durant l'occupation. Cet ensemble représente 80% des voix mais reste fragile, pris en tenaille entre la Guerre Froide et le mouvement de décolonisation. Et un autre opposant de taille : De Gaulle avec le RPF. La IVème République connaît en effet 17 années continues de guerres coloniales, en Indochine puis en Algérie. C'est le seul pays à devoir faire face à la fois à un PC fort à l'intérieur et à une décolonisation violente.
Cependant, la crise algérienne conduit à un régime comportant un exécutif fort, un Président légitimé par le suffrage universel à partir de 1962, le recours fréquent au référendum, la stabilité des institutions. le « test d'effort » de la jeune Vème République sera la crise de 1968, avec sa profonde crise sociale et la béance institutionnelle (la disparition, pendant quelques heures du Général). Mais cette République sera rapidement et définitivement légitimée dans les urnes : la rue ne doit plus arbitrer, la violence perd sa légitimité.
La crise économique issue des chocs pétroliers, le chômage et la globalisation vont remettre cependant en cause l'écosystème républicain qui reposait jusque-là sur l'instruction publique, la méritocratie et une justice démocratique. le système tient bon avec les alternances politiques sauf qu'il se dérègle : depuis 1986, aucune équipe politique de droite ou de gauche ne parvient à se maintenir au pouvoir durablement. Les quatre partis de gouvernement ne parviennent à rassembler que 50% des voix. La crise économique qui perdure, la déchirure sociologique d'espaces submergés par l'effet du chômage, la désindustrialisation donnent la prime au populisme et à l'abstention.
Ce siècle, enfin, n'est pas seulement celui des institutions politiques. L'étude de l'évolution des mentalités, de l' «outillage culturel» est tout aussi importante. Développement de la lecture de la Presse au début du siècle, du cinéma, de la radio puis de la télévision, le rôle des intellectuels – de l'Affaire Dreyfus à la querelle Aron-Sartre – le développement de la société de consommation, le rôle politique du transistor, l'omniprésence de la télévision, d'abord fédératrice puis hyper-segmentée, et qui consacre le resserrement du monde auquel désormais, la France est irrémédiablement et structurellement connectée.
Autant de notions qu'il importe de connaître pour mieux comprendre les tendances lourdes de la vie politique d'aujourd'hui, ou se remémorer pour en tirer une philosophie personnelle lorsqu'on a vécu en direct certains événements historiques, à l'échelle française ou mondiale.

Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Je ne vois pas bien ce que cette histoire a de personnelle, mais elle est intéressante. Elle s'adresse tout de même, je pense aux initiés : non pas que le propos doit abscons, mais on a affaire davantage à une socio-histoire de la France qu'à un récit des événements qui s'y sont déroulés. Si les repères historiques ne manquent pas, ils auraient tout de même plus être plus nombreux, plus systématiques, non seulement pour nourrir encore la réflexion cette fois très intéressante des auteurs mais aussi parce que le format des livres de la collection, ainsi que leurs titres, laissent à penser que l'on peut trouver là des manuels d'initiation : je ne crois pas qu'ils puissent servir à "entrer" dans la matière si l'on y connaît rien.
Ceci étant dit, ces ouvrages sont tous intéressants, nourrissants même. Une collection que je suis heureux de posséder et d'avoir lue et à laquelle je reviendrai sans doute. Un des avantages les plus certains de ces ouvrages (notamment les 3 premiers qui concernent la construction de l'entité France) est de montrer à quel point un roman national (à la Jules Michelet, Jacques Bainville ou encore récemment Jean)-Christian Petitfils) sont bien des interprétations discutables comme l'est l'idée d'un sens de l'histoire. Non la France n'a pas de destin ; ceux qui le prétendent sont des idéologues.
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