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EAN : 9782213637181
392 pages
Fayard (15/10/2008)
3.84/5   41 notes
Résumé :
Qui était Francisco Franco Bahamonde, dernier survivant parmi les grands dictateurs du XXe siècle, né en 1892 et mort en 1975 ? " Un militaire chimiquement pur ", répondait un prêtre qui le connaissait depuis l'enfance. A l'âge des radars et des fusées, des missiles atomiques et des bombes à laser, pouvons-nous comprendre un militaire du temps de la baïonnette ?

A travers ce portrait qu'il travaille comme il l'a fait pour Colette et Dostoïevski, Mich... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Une fois n'est pas coutume, voici une critique écrite non pas par mes petites mimines mais par celles de mon mari.


Il y a une semaine, les députés espagnols votaient l'abdication du roi Juan Carlos, au pouvoir depuis le 22 novembre 1975.
Je profite donc de cet évènement pour faire un retour sur un très bon ouvrage reçu en cadeau pour Noël. Il s'agit de le Temps de Franco de Michel del Castillo. Plutôt qu'une – nouvelle – biographie de Francisco Franco Bahamonde, l'auteur qualifie son livre de récit. Il le fait donc entrer du côté de la littérature.

Il nous entraîne au coeur de cette période de l'Espagne allant de la naissance à la mort du Caudillo, le temps de Franco. Les souvenirs de Michel del Castillo, né à Madrid en 1933, qui parsèment l'ouvrage, sont appuyés par une solide et sérieuse bibliographie (Benassar, Beevor, Preston, Nourry, etc.)
Le style est clair et l'ensemble se lit de manière très fluide.

Le maître-mot qui ressort à la lecture de l'ouvrage est pondération.
En effet, l'auteur, qui se définit comme véritable Républicain, va au-delà des légendes qui ont entouré - et entourent encore pour certaines - le règne du dernier dictateur européen du XXème siècle. Ces mythes, du côté nationaliste comme du côté républicain, ont souvent empêché toute vision objective sur ce long régime autoritaire.

S'il apparaît que Franco était viscéralement anticommuniste, il portait surtout au-dessus de tout, son amour pour l'Espagne, ou du moins pour sa vision de l'Espagne. Une Espagne catholique plutôt que réellement fasciste au sens propre du terme. Légaliste, il mettra du temps à envisager un coup d'État qu'il sait violent et irréversible.

Le régime et la répression qu'il exercera seront féroces, surtout dans les premières années. Mais, de l'autre côté, le coup d'état semblait inévitable face aux troubles qui gagnaient l'Espagne des années 30.

J'ai beaucoup apprécié cet ouvrage pour sa neutralité et sa modération. Par ailleurs, Michel del Castillo ayant quitté l'Espagne avec sa mère, républicaine, en 1939, on ne peut l'accuser de connivence avec le franquisme.

Toutefois, je regrette que la période 1960-1975 soit traitée un peu trop rapidement, cette dernière étant charnière, l'après Franco s'y jouant.

Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Michel del Castillo n'était pas historien de formation, et il le reconnait humblement. Fils d'exilés républicains, abandonné par ses parents, il a grandi entre camps de réfugiés, STO et maison de redressement. Pas le bon moyen pour faire de grandes études. Bien qu'abondamment sourcée, son oeuvre manque donc un peu de rigueur académique et de précision ; le déroulé de la guerre civile notamment reste assez flou. Pour autant, cette biographie est une référence. La raison en est simple : l'effort de neutralité. Soixante ans après sa fin, la guerre d'Espagne déchaîne toujours les passions.

Patiemment, il déconstruit aussi bien les thuriféraires que les opposants acharnés, ceux qui ont paré le Caudillo de toutes les vertus comme ceux qui lui ont dénié la moindre qualité. Pour cela, il s'appuie simplement sur les faits. Oui, Franco fit tuer sans le moindre état d'âme des dizaines de milliers de civils, couvrit les atrocités commises par ses troupes. Oui il était dénué de culture, bigot, et selon l'expression de l'auteur « son uniforme lui tenait lieu de cadre de pensée ».

Il n'en était pas moins un militaire brillant, qui accomplit de véritables exploits pendant la guerre du Riff, notamment la retraite de Chaouen. C'était aussi un diplomate excellent, qui réussit à tenir son pays en dehors de la Seconde Guerre mondiale ; un bon politicien, qui unifia un camp nationaliste initialement aussi divisé que les Républicains ; un homme d'état pragmatique et réaliste, sous le règne duquel l'Espagne connut un développement économique et humain sans précédent, et qui sut décoloniser rapidement et pacifiquement. Même en tenant compte de l'encadrement de la population, on ne peut pas non plus nier sa popularité, ni qu'il fut peut-être le seul dictateur de l'histoire à avoir planifié une transition vers la démocratie.

L'auteur s'attaque également au camp républicain, rappelant notamment que la mainmise des staliniens sur ses institutions n'avait rien d'une légende, et que, contrairement à ce qu'on pu dire certains historiens, la répression et les massacres côté républicain n'avaient rien de « spontanés ». Ils n'étaient pas aussi centralisés que côté franquiste, car chaque milice disposait de sa « tcheka » qui agissait comme bon lui semblait et exécutait qui elle voulait ; pour autant le ministère de l'Intérieur gardait sur elles un certain contrôle, et touchait notamment sa part sur les « réquisitions ». Une analyse qui mériterait cependant d'être poussée plus loin, tant l'équilibre des pouvoirs était précaire au sein de la République espagnole.

Surtout, il dénonce l'aveuglement dont l'extrême-gauche a toujours fait preuve sur le sujet. Oui, le camp républicain a fait usage des mêmes méthodes que le camp franquiste. Oui ses milices ont pillé, violé, assassiné. Moins que leurs adversaires, certes. Mais est-ce une raison suffisante pour ne pas en parler ? On ne peut guère soupçonner l'auteur de sympathie personnelle avec le franquisme ; en revanche, il ne cache pas sa sympathie pour les anarchistes, et son hostilité aux staliniens. Mais peut-on vraiment l'en blâmer…
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Livre important et pour moi capital car il m' a amené à une "révision déchirante" sur la guerre d'Espagne .
Au delà de la biographie ,très complète, d'un "militaire chimiquement pur" au courage physique indéniable, à l'étroitesse intellectuelle identique, chef de guerre inspiré et victorieux, politique avisé et prudent, dictateur qui brilla par sa longue vie et sa froide cruauté, ce livre raconte l'histoire de l'Espagne et de cette fameuse guerre civile où la République ne pouvait pas vaincre dans les circonstances qui furent celles de l'époque mais il m'est particulièrement douloureux de reconnaitre que si les nationalistes avaient été vaincus, les choses auraient été encore pires !
Dans cette guerre (et Michel del Castillo le montre très clairement, preuves à l'appui ) et même avant son déclenchement, l'imbécillité romantique des anarchistes, les querelles et les magouilles des socialistes (Ca ne vous rappelle rien ?) et la montée en puissance des communistes staliniens ont fini par faire du camp républicain (théoriquement légitime au départ ) une abomination dont la deuxième guerre mondiale puis la guerre froide qui suivit ont donné de nombreux exemples ( dont KATYN n'est qu'un des plus éclatants ) . La lecture de la postface de Michel del Castillo (20 pages) est particulièrement éclairante .
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Passionnante biographie du Caudillo, écrite avec une neutralité qui doit profondément déranger les tenants des camps nationalistes et républicains. Car ce qui frappe dans ce très bon livre, d'une grande qualité d'écriture, c'est l'absence de parti pris. Oui Franco était un élève médiocre, une personnalité fade, que rien ne destinait à priori à diriger un pays. Tout sauf un intellectuel. Mais del Castillo détaille comment cet homme a trouvé dans l'armée, dans sa rigueur militaire, tout à fois un moyen de s'épanouir et de prendre de la densité. Les combats coloniaux menés au début du vingtième siècle au Maroc lui ont fait franchir les grades hiérarchiques militaires, au prix de batailles menées sans scrupules ni grande humanité. Sa gestion de l'académie militaire de Saragosse qu'il créée le fait remarquer du pouvoir. Dans l'Espagne bloquée des années vingt et trente, où les oppositions sociales se font plus fortes sans qu'aucune issue démocratique n'apparaisse, Franco n'est qu'un général, certes reconnu par ses pairs, mais se contentant de servir les gouvernements successifs en fonction du moment. Ce n'est pas un opposant de la première heure à la République ; lui trouver de l'ambition politique à ce moment est trop tôt. Car c'est par l'enchaînement des circonstances et par opportunisme que Franco va progressivement accepter de participer activement à la rébellion militaire contre le pouvoir de gauche, déjà miné par les oppositions de partis et tracté en sous main par Staline depuis Moscou. Il va s'imposer comme le principal chef militaire et finir par prendre le pouvoir pour lui, tout en menant une guerre sans merci. Etait-il fasciste, comme il a été catalogué après guerre pour sa collusion avec Mussolini et Hitler, ou profondément réactionnaire gouverné par une vision passéiste de l'Espagne ? Comment expliquer dés lors qu'il soit resté aussi longtemps en poste ? Aucune volonté de concorde ou de pardon chez cet homme demeuré inflexible. L'Espagne a fini par décoller économiquement à son époque, doit-on lui en porter ce crédit ?
Del Castillo reprend tous ces événements les remet dans le contexte pour ne pas les interpréter après coup en fonction d'une relecture historique facile quand on connaît la suite de l'Histoire. Cet ouvrage a été assez contesté à sa sortie en 2008. J'espère au moins que ses contempteurs ont pris la peine de le lire complètement, car ils y auraient alors sans doute appris beaucoup de choses de la part d'un auteur qui a vécu cette guerre civile enfant de l'intérieur et en a subi les oppositions.
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J'ai lu attentivement ce livre. La 1ere partie sur la biographie de Franco est intéressante, ou l'on découvre plus un militaire, courageux mais à l'esprit étroit qu'un fervent catholique. Les faits historiques durant la guerre civile sont relativement bien exposés. Mais ce livre souffre de 2 biais majeurs et réfutables par une sérieuse et honnête analyse:
1) La thèse centrale du livre: Franco n'aurait fait que renverser un régime républicain non-démocratique car les élections de 1936 auraient été truquées. Ce n'est donc pas un coup d'Etat ... Aucun historien crédible ne soutient cette assertion inexacte et fortement biaisée qui ne permet pas de comprendre ce conflit majeur du XX ème siècle.
2) del Castillo parle de la Terreur blanche franquiste ( épuration et assassinat franquistes après la guerre civile) certes comme d'un épisode tragique mais n'en traduit pas l'essentiel. Il s'agit des massacres et vengeances franquistes après 1939 qui ont atteint un niveau de violence unique dans l'histoire, à savoir 80.000 morts (chiffre officiel) ne tenant pas compte de l'exhumation de charniers et des archives dans des provinces d'Espagne restant à effectuer. L'évaluation globale est d'environ 200.000 morts dus à l'épuration franquiste après guerre. C'est considérable. Ce livre est un roman, certainement pas une référence historique.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Pour les uns, Franco a sauvé l'Espagne du péril bolchévique ; pour les autres, il reste à jamais ce nabot sanguinaire, ce pourfendeur des libertés, cet inquisiteur glacial. Impossible de trancher, moins encore de trouver un juste milieu. Ce n'est pas une affaire de raison, mais de passions furieuses. Tout ce qu'on peut dire avec certitude, c'est que les nationaux eussent-ils perdu la guerre, l'Espagne n'aurait pas vécu sous une république pluraliste et démocratique, mais - sauf marchandage ultime la concernant à Yalta - serait probablement devenue une démocratie populaire à l'instar de la Pologne ou de la Tchécoslovaquie.
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L'antipathie que Franco inspire aux intellectuels s'explique par le simplisme brutal de sa personnalité. Hostiles à l'esprit militaire, le culte de l'obéissance et le respect de la hiérarchie leur apparaissent comme des aberrations. (...) Avec Franco, rien. Refus de la pensée critique, méfiance vis-à-vis des idées générales: sur cette rudesse primaire ils n'ont pas la moindre prise. Mais, à dédaigner cette institution, l'armée, basée sur des valeurs rudimentaires, c'est un tout un plan de la réalité sociale qu'ils écartent. Des millions d'hommes veulent se fondre dans un corps qui leur procure l'identité qu'ils n'ont pas. Franco ne fait pas exception à cette aspiration obscure.(...)
"Ses hommes ne s'y trompent pas qui, tout en le craignant, éprouvent pour lui un attachement proche de l'affection. est-ce parce qu'il marche toujours à leur tête, indifférent au danger, donnant l'impression de ne pas redouter la mort ? parce que, malgré sa terrible sévérité, il s'efforce d'être juste, écartant la moindre trace de favoritisme ? Ils admirent sa probité, sa frugalité spartiate. Ce n'est pas Franco qui s'enrichirait aux dépens des ses hommes ou se livrerait à des trafics louches. Il mange, dort avec eux, partage leurs fatigues. Doté d'un magnétisme étrange, il parvient à galvaniser sa troupe, à réveiller son ardeur quand la situation est désespérée.p.42-43,
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"Franco avait assez de défauts, c'est un euphémisme, pour qu'on acharne à lui contester ses qualités les plus évidentes: le courage, l'esprit d'initiative, la persévérance, le sens minutieux de l'organisation, la prudence, une finesse sournoise, une intelligence très supérieure à la moyenne des officiers de l'armée espagnole. Ce sont ces qualités, Prieto l'a bien vu, qui faisaient de lui quelqu'un de redoutable. Cachant ses pensées profondes, dissimulant ses intentions, toujours sur la réserve, vanter de le connaître. Il jouait la modestie, acceptait de passer pour médiocre, observait, écoutait, n'oubliant rien. Animal à sang froid, toujours impassible, enfermé dans un mutisme énigmatique, le général Francisco Franco, tel un saurien, se tenait immobile, apparemment inerte.p.110-111
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Républicain, je vois dans l’État le régulateur et l'arbitre entre les différents groupes sociaux, le rempart contre les injustices et les violences, le bouclier des plus faibles et des plus démunis. Seul l’État peut garantir une certaine forme de justice sociale, seuls les citoyens, par leur vote, infléchissent la politique sociale en élisant leurs représentants. Abolir ou piétiner la loi produit non la liberté, mais la pire violence.
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Qu'il y eût, derrière ces conscrits pitoyables, tout un peuple de paysans misérables, illettrés, abrutis depuis des siècles, il y a peu de chances que le jeune alfiere y ait arrêté sa pensée malgré toute la peine que ses hagiographes se donnent pour lui prêter une "fibre sociale". Son uniforme lui tenait lieu de cerveau.
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Michel del Castillo vous présente son ouvrage "Mamita" aux éditions Fayard.
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