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EAN : 9782021322996
354 pages
Seuil (06/10/2016)
3.61/5   79 notes
Résumé :
« Du monde secret que j’ai connu jadis, j’ai essayé de faire un théâtre pour les autres mondes que nous habitons. D’abord vient l’imaginaire, puis la quête du réel. Et ensuite retour à l’imaginaire, et au bureau devant lequel je suis assis à cet instant. » John le Carré

Depuis ses années de service dans le renseignement britannique pendant la Guerre froide jusqu’à une carrière d’écrivain qui l’emmena du Cambodge en guerre à Beyrouth après l’invasion i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Cadeau du nouvel an. Merciii. Merci qui ? Ca, je garde le secret.
Encore une autobiographie, oui mais de qui ? de David Cornwell ? de John le Carré ?
Tantôt plutôt de l'un, tantôt plutôt de l'autre ou l'un raconté par l'autre par petites touches à fleuret moucheté. Et derrière ces anecdotes de vie se cachent en secret ces grandes questions : en fin de compte, qu'est-ce qu'un homme et qu'est-ce qu'une vie ? Ne seraient-ce pas les souvenirs que l'on fabrique et que l'on garde ?

En somme John le Carré s'est regardé dans le miroir aux espions et nous dit y avoir retrouvé nombre de reflets de David Cornwell. Fascinante construction littéraire que ce kaléidoscope de papier où au fil des 350 pages nous pouvons découvrir pas moins de 37 facettes de la vie mouvementée de cet ancien membre des services secrets britanniques passé à l'écriture. Une vie riche de rencontres multiples, inattendues, interpellantes parfois, et de moments en des lieux divers, exotiques, improbables nous laisse entrevoir un message caché : rien ne vaut l'audace de vivre *.

Ne vous attendez pas à de tonitruantes révélations sur Cambridge Analytica (data brokers de vos données personnelles) ni sur Alexandre Varskoï, 31 ans, membre du Batman groupe de hackers russes qui auraient ... (voir Le Point 2314 du jeudi 12 janvier). N'attendez pas non plus la mise à jour de très anciens secrets toujours profondément enfouis. Et rappelez-vous les grands principes de base des services secrets où sont passés maître les services de sa Majesté : la traque de l'information et la dissimulation par la désinformation qui ont toujours prévalus dans l'oeuvre de John le Carré.

Ce qui me fait penser : avez-vous oblitéré la webcam de votre pc ? Est-il bien sécurisé ? Un livre très plaisant à lire, une approche de la vie avec beaucoup de tact, de pudeur d'un caractère bien trempé se protégeant derrière une parfaite ironie. Des Histoires finement écrites, reprises de cette vie sur le fil du rasoir toute en retenue et discrétion. Quelques pistes de l'écrivain sur sa manière de mélanger des éléments de réalité pris sur le vif à une construction imaginaire, jeu cérébral auquel il a été exposé dès son enfance. Bien calé en fin de bouquin le chapitre le fils du père de l'auteur m'a paru le plus personnel, celui où probablement il se livre le plus.

Un autre chapitre m'a marqué Sur le terrain, une leçon de vie et que dire de la très inspirante Yvette Pierpaoli dont on ne peut qu'admirer la bravoure et l'humanité. Des histoires riches qui méritent le temps d'être détaillées, décryptées. D'autres lecteurs trouveront sans nul doute plus leur bonheur dans d'autres histoires comme celles tournant autour du monde du cinéma et des nombreuses adaptations sur le grand écran des romans de l'auteur ou tentatives avortées. Certains seront plus enclins à celles qui se passent en des endroits lointains et exotiques dans des conditions souvent tourmentées. D'autres encore se délecteront de certaines rencontres improbables avec des puissants de ce monde ou bien seront charmés par la puissance de l'autodérision qui apparaît ci et là. Un kaléidoscope de papier où l'ordre des chapitres n'a finalement pas grande importance et comme au sortir d'un tour complet l'on en arrive à la conclusion : c'est beau. Oui au fond le voilà peut-être le message dissimulé, L'ultime secret officiel livré par John le Carré : C'est beau la vie !

Sur ce je vais le prêter à un cousin éloigné qui l'appréciera grandement car il a parfois été sur le terrain près des opérations combinées avec des militaires et je l'ai souvent remarqué, il est à la fois très bien informé et extrêmement discret. Beaucoup plus que moi qui ne peut vous cacher que comme par hasard il vient de se découvrir un grand intérêt pour les oiseaux et le baguage des pigeons.


* Marrant ces associations spontanées qui me viennent à l'esprit de faire soudain germer le titre L'audace de vivre d'Arnaud Desjardins : faudrait-il y voir un sens caché ?
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.Le tunnel aux pigeons, sous- titré modestement et malicieusement: Histoires de ma vie. Histoires, anecdotes, souvenirs de rencontres, toutes en lien avec la grande affaire de cette vie: l'écriture.
David Cornwell, alias John le Carré connut très tôt le succès, avec L'espion qui venait du froid, et ensuite "la fin de l'innocence" soit le feu des projecteurs, les questions sans fin sur le vrai, le faux de ce théâtre d'ombres de l'espionnage, que lui appelle plutôt le théâtre du réel, puisqu'en espionnage comme en contre espionnage, il s'agit surtout de raconter une histoire à un personnage qui finira par jouer sans le savoir un rôle écrit pour lui c'est à dire contre lui... Théàtre et réalité sont une bande de Moebius sur laquelle les acteurs cheminent, bande qui on le sait ne comporte qu'une seule et même face... le travail de l'écrivain s'apparente à ce théâtre du réél, si bien que John le Carré rencontrera un jour en chair et en os un personnage qu'il avait créé, avant de le connaître. Il ne s'illusionne pas sur la portée de son oeuvre quant à un démasquage de ce qui serait la vérité.Souvent accusé d'avoir trahi des secrets d'espionnage, il s'en montre amusé, lui qui ne fut que brièvement employé par le M15, puis le M16, et il rappelle à quel point de véritables traîtres furent peu inquiétés voire couverts d'honneurs. le personnage de loin le plus énigmatique de son oeuvre n'y apparaît jamais. C'est son père, auquel il consacre, aux deux tiers de cet ouvrage, un chapitre sensiblement plus long que les autres. J'ai aimé aussi sa description de sa rencontre avec Bernard Pivot.
J'ai retrouvé dans ce livre, l'élégance, l'humour, et quelque chose d'une souffrance intime de l'enfance, élevée au rang de littérature, cette manière et ce style de l'écrivain de très grand talent qu'est John le Carré, enraciné dans le questionnement de l'enfant que fut David Cornwell. On ne peut qu'admirer le travail incessant d'écrivain par lequel il a interrogé le rapport de la réalité et de l'imaginaire, comme si sa vie même avait été un long debriefing.
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Ceux qui s'attendent à des révélations époustouflantes en lisant les mémoires du grand maître du roman d'espionnage (comme moi, je l'admets), seront un peu déçus. Et cela pour deux raisons : primo, John le Carré est trop un gentleman pour divulguer des vérités peu délicates ; secundo, il existe en Angleterre le 'Official Secrets Act' , qui menace de lourdes peines tous ceux qui dévoilent des réalités considérés 'top secret' par les autorités de Sa Gracieuse Majesté. Cette loi dont l'unique avantage est qu'il ne nécessite guère de traduction, est une abomination pour les amateurs d'Histoire. Ainsi, par example, John Costello, pourtant citoyen britannique, à été obligé pour élaborer sa part dans 'Deadley Secrets' (la biographie d' Alexander Orlov) de s'en remettre aux archives américaines. Autre example : ceux qui veulent connaître les dessous de la fuite de Rudolf Hess, le bras droit du Führer, en mai 1941 en Ecosse, en sont réduits à consulter les livres basés sur les archives russes.
Mais d'emblée et honnêtement, le Carré annonce la couleur, en précisant tout au debut de son livre qu'il n'a nullement l'intention d'enfreindre cette fameuse loi.
Cette remarque préliminaire ne devrait pas décourager à lire cet ouvrage, bien au contraire. le Carré y démontre avec éclat ses talents de raconteur-né et les anecdotes qu'il nous sert sont de véritables perles. Il est vrai qu'il a eu une vie peu banale et, du haut de ses 85 ans, il pourrait remplir plusieurs volumes de mémoires. En effet, peu de personnes peuvent se vanter d'avoir rencontré un si large eventail et si varié de personnalités que lui, allant de Fritz Lang et Stanley Kubrick, en passant par Sakharov, Primakov, Simon Wiesenthal, Vaclav Havel, Yasir Arafat, Sir Alec Guinness, Richard Burton, ... a Mrs Thatcher et la reine Elisabeth. Côté français, il convient de noter Jean-Paul Kaufmann et surtout Bernard Pivot. A ce dernier, il dédie un chapitre entier dans lequel il met en exergue les qualités spécifiques et multiples du présentateur célèbre, que le rouge a certainement du monter à la tête de Bernard Pivot en le lisant.
Dans cet opus, on est donc loin de l'histoire de 'L'espion qui venait du froid' , qui a établi mondialement sa réputation en 1964 , ou de 'La Maison Russie' son succès de 1983 ou de 'La petite fille au tambour' de 1989 (un de mes favoris), mais en présence d'un autre le Carré, incontestablement tout aussi captivant. Fruit d'un don d'observation remarquable et d'un style tout à fait personnel, truffé d''humour 'tongue in cheek', si typiquement british.
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A défaut de voyages lointains, je parcours mes itinéraires de proximité en m'évadant par les podcasts de France CulturePhilippe Sands parle de John le Carré qui fut son voisin . le Carré est une vieille connaissance.  

Je lis régulièrement les romans de le Carré depuis L'Homme qui venait du Froid  lu chez des amis à Glyfada à 17 ans jusqu'au Retour de Service (2019). J'ai dévoré ces thrillers et j'ai commencé à en apprécier le style quand je suis passée à la Version Originale. Pensant qu'un roman d'espionnage serait facile à lire, je me suis retrouvée avec le lourd Harraps sur les genoux presque en permanence en raison de la richesse du vocabulaire technique et de la variété des styles selon le sujet abordé. Sa traductrice interviewée lors de l'émission suivante de la série consacrée à le Carré, explique aussi que la fascination que la langue allemande exerce sur lui,  explique peut-être la complexité des phrases de l'auteur, alors que l'Anglais privilégie plutôt des phrases courtes. 

L'écoute de ces podcasts m'a incitée à acheter le Tunnel aux Pigeons qui rassemble une collection de souvenirs. Ces mémoires d'un écrivain racontent  par courts chapitres comment  il a écrit ses livres (et les films tirés de ses oeuvres) . Il livre assez peu d'anecdotes concernant sa vie familiale (sauf ce qui concerne son père, un vrai personnage de roman) rien de son passé d'espion (cela se comprend). Il construit ses romans en se documentant précisément et raconte tous ses voyages préparatoires  : lieux mais surtout rencontre de personnalités qui l'inspirent. Comme ses intrigues s'articulent  dans la géopolitique et que sa notoriété lui ouvre de nombreuses portes, il a l'occasion de danser avec Arafat, de dîner avec Margaret Thatcher, Alec Guinness ou Robert Burton, et même le président Italien Cossiga. 

Chaque rencontre est mise en scène de manière spirituelle.  On découvre une galerie de portraits  pittoresques. L'histoire de la seconde partie du XXème siècle se déroule , de la construction du Mur de Berlin à l'exil d'Arafat à Tunis, Glastnost et  Tchetchénie, le Carré égrène ses souvenirs pour le grand plaisir du lecteur. Je me régale de cette évocation historique. Il y a juste quelques longueurs pour qui n'est pas britannique quand il s'attarde sur ses anciens collègues du MI5 ou MI6 ou sur des personnalités anglaises, mais cela ne concerne que quelques pages, le reste est vraiment très amusant.

"Mais ce qui m'importait encore plus, je le soupçonne même si je ne me l'avouais pas alors, était mon amour-propre* d'écrivain. Je voulais que mes romans soient lus non pas comme les révélations camouflées d'un transfuge littéraire, mais comme des oeuvres d'imagination qui devaient très peu à la réalité dont elles s'inspiraient."

Un autre aspect du Tunnel des pigeons est la construction d'un roman, la réflexion sur l'écriture. Un personnage de roman s'impose à l'auteur, il veut le voir s'incarner, rencontre dans monde réel son équivalent, le Carré étudie sa manière de s'habiller, de parler, ses expressions. le Carré peut parcourir le monde entier pour le voir évoluer, saisir sa psychologie. C'est fascinant. Comme l'espionnage est un monde de manipulation, l'écriture est aussi une manipulation de la vérité. 

L'écrivain rend compte de la complexité du monde sans manichéisme ni jugement de valeur. Il démonte les rouages des acteurs du pouvoir, politiques, militaires, grands firmes pharmaceutiques ou magnats de Presse comme Murdoch ou Maxwell...
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Avis de Grybouille (Chroniqueur sur le blog Léa Touch Book) :

La chronique du p'tit Duc ne respectera pas la chronologie de cette autobiographie. Les pages que vous lirez, pourraient être une énième fiction ou au contraire une accumulation de vérités cachées…

Mais pour vous faire une idée, il va falloir tout lire et surtout bien garder en tête que tous les espions sont des manipulateurs et John le Carré « Cromwell » n'y fait pas exception.

Avec classe et retenue, so british, Mister, ou mystère John le Carré nous emmène dans le beau monde.
Un flirt où l'on s'encanaille, on trompe, on se trompe, on dine, on a fréquenté les mêmes institutions, des personnes du même monde…

Ses premiers pas, en a-t-il seulement conscience, se font à 16 ans.
Son père, Ronnie, l'envoie à Paris pour récupérer ses clubs de golf auprès d'un des concierges de l'hôtel Georges V, du matériel gardé en gage.
Dans l'histoire, un comte et une comtesse du Panama, une soirée dans un restaurant russe de la capitale, des premiers émois.
Une initiation ? Une évaluation ? Et là déjà on pourrait être dans un livre d'espionnage…
D'ailleurs comment devenir un espion ?
« Pour se faire repérer, il fallait être né coiffé. Il fallait être allé dans les bonnes écoles, de préférence privée, et dans une bonne université, de préférence Oxford ou Cambridge… »

Cela n'empêche pas les dérapages, les luttes d'idéologie tel que pour Philby et Blake qui gagnés par les idées communistes trahiront les leurs. Des cas de conscience, comme pour Nicholas Elliot, ami de Philby, impossible de le dénoncer « L'un des nôtres… »

En 1964 à 33 ans, « Cromwell » quitte l'arrière scène et John le Carré prend son envol. L'écrivain est né.

Sa vie est un livre car à chaque étape, à chaque rencontre, l'inspiration le gagne pour ses futurs romans, des personnages, des situations.

Les années 70 à 80, l'Allemagne qui est hantée par le nazisme, mais aussi l'Asie du sud-est, le Moyen-Orient.
Les années 80, l'Union Soviétique et la perestroïka qui trouble les cartes.
Les années 90, retour en Russie, « Les nouveaux parrains du crime… », le Congo.


Le style,
Mister le Carré est connu, reconnu, on ne peut se tromper.
Mais aussi un homme qui a eu ses entrées, un monde où l'on se côtoie, les portes s'ouvrent…

L'histoire,
C'est Son vécu, avec des zones d'ombre certes mais le plus honnêtement que la situation lui permette…
« La vérité vraie, pour autant qu'elle existe, se situe non pas dans les faits mais dans la nuance. »

Les personnages,
John le Carré, « L'espionnage s'est imposé à moi dès la naissance… du monde secret que j'ai connu jadis, j'ai essayé de faire un théâtre pour les mondes que nous habitons. »

Et en « guest star » Boris Eltsine, Margaret Tatcher, Rupert Murdoch, Gorbatchev, Issa Kostoïev, Kaufman, Pivot, Kubrick, Pollack, Guinness et bien d'autres…

Sa mère Olive, son père Ronnie, son frère… Des moments où l'auteur se livre dans Son livre.

Le monde comme terrain de jeu et source d'inspiration.

Ken Follet, Ludlum, Walter Mykel, Jack Higgins, Tom Clancy et bien sur John le Carré ont bercé mes soirées de lecture dans les années…
Alors pour les connaisseurs et ceux qui veulent découvrir comment se construit une légende il est urgent de se procurer cette dernière production d'un des dinosaures du style.
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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critiques presse (4)
LaLibreBelgique
14 octobre 2016
L’écrivain raconte les "histoires de [sa] vie". Sans rien trahir, l’ancien espion de Sa Majesté brosse plusieurs portraits enlevés. Et parcourt un demi-siècle de conflits dont il fut un observateur nuancé.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Telerama
12 octobre 2016
Nul bavardage ni aveux intimes dans les Mémoires du maître de l'espionnage, mais le récit des rencontres ayant nourri ses romans. Remarquable.
Lire la critique sur le site : Telerama
Lexpress
10 octobre 2016
Un passionnant recueil de souvenirs où il lève le voile sur quelques zones d'ombre de son existence et dessine le portrait vif et souvent drôle d'un homme décidé à capturer le "théâtre du réel".
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeFigaro
06 octobre 2016
Un exercice littéraire digne d'un illusionniste. Fascinant et irrésistible.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
dans les derniers jours avant la chute de Phnom Penh : Yvette (Pierpaoli) emmène toute une troupe d'orphelins khmers au consulat français et exige un passeport pour chacun.
"Mais à qui sont-ils, ces enfants ? s'indigne l'officiel consulaire ainsi assiégé.
- A moi. Je suis leur mère.
- Mais ils ont tous le même âge !
- J'ai accouché de plusieurs quadruplés, espèce d'imbécile !"
Mouché, sinon complice, le consul demande à connaître leur nom. Yvette ne se fait pas prier : "Lundi, Mardi, Mercredi, Jeudi, Vendredi..."
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À la suite des révélations d’Edward Snowden, la Grande-Bretagne a, bien sûr, mené des investigations comparables pour en arriver au même genre de conclusion mi-chèvre mi-chou, sur des points sensibles comme l’ampleur de ce que faisait notre service de renseignement électromagnétique pour l’Amérique et que l’Amérique n’avait pas légalement le droit de faire pour elle-même. Mais malgré toute l’ampleur du scandale, le peuple britannique est nourri au culte du secret dès le biberon et formaté par les médias pour accepter docilement les violations de sa vie privée. Quand une loi a été enfreinte, on s’empresse de la remanier pour légaliser l’infraction ; quand les protestations perdurent, la presse de droite les étouffe, le raisonnement étant que si notre loyauté envers les États-Unis est entachée, que deviendrons-nous ?

L’Allemagne, en revanche, pour avoir connu le fascisme et le communisme en une seule génération, ne prend pas à la légère les espions d’État qui viennent fouiner dans la vie de ses honnêtes citoyens, surtout quand c’est à la demande et au bénéfice d’une superpuissance étrangère censée être son alliée. Ce que nous appelons en Grande-Bretagne la « relation spéciale » s’appelle en Allemagne trahison.
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Dans mon enfance, tout mon entourage essaya de me vendre le Dieu chrétien sous une forme ou sous une autre. J'ai connu la Basse Église par mes tantes, mes oncles et grands-parent, et la Haute Église dans les écoles où je suis allé. Quand on m'amena à l'évêque pour ma confirmation, je m'évertuai en vain à me sentir pieux. Pendant encore dix ans, j'essayai une sorte de conviction religieuse, mais je fini par abandonner faute de résultat. Aujourd'hui, je n'ai d'autre dieu que la nature et d'autre attente après la mort que l'extinction. Je trouve mon bonheur quotidien dans ma famille et les gens qui m'aiment et que j'aime. En me promenant sur les falaises de Cornouailles, je suis submergé par un sentiment de gratitude pour la vie qui est la mienne.
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Watching [Bernard] Pivot perform in real time before a live audience that is free-falling under his spell, it's not hard to understand how he has achieved something no other television character on earth has come within shouting distance of imitating. This isn't just charisma. This isn't just energy, charm, deftness, erudition. Pivot has the most elusive quality of them all, the one that film producers and casting directors across the globe would give their eye-teeth for : a natural generosity of spirit, better known as *heart*. In a country famous for making an art form out of ridicule, Pivot lets his subject know from the moment he or she sits down that they're going to be all right. And his audience feels that too. They're his family. No other interviewer, no other journalist of the few I now recall, has left such a deep mark on me.
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Pour l'avocat, la vérité, ce sont les faits bruts (..) Pour le romancier, les faits sont une matière première, un instrument plutôt qu'une contrainte, et son métier est de faire chanter cet instrument. La vérité vraie, pour autant qu'elle existe, se situe non pas dans les faits mais dans la nuance.
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