L'auteur relate l'amour (autobiographique au vu de la dédicace) d'un photographe et d'une comédienne.
Cette belle histoire s'effondre en partie lorsqu'ils s'aperçoivent qu'ils n'ont pas la même vision de leur enfant à naître.
J'ai trouvé (mais ce n'est que mon avis) ce livre légèrement suranné, un peu artificiel et surtout autocentré : le narcissisme est présent chez tous les personnages et en particulier celui du futur père.
Cependant il est bien écrit et j'ai apprécié la quête de l'auteur sur les origines du monde et les descriptions de paysages de même que la rencontre avec un des héros de ma jeunesse.
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Quel beau livre ! Je l'ai lu il y a plus de 20 ans et pourtant cette quête d'un amour et d'un enfant rêvé - et donc impossible - à travers les rues de Tokyo m'avait bouleversé et j'y pense souvent...
A découvrir en se laissant porter par la musique des mots et des sentiments de ce grand poéte qu'est Yves Simon
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Roman sentimental, plus que métaphysique, même si la thématique des "commencements" est omniprésente; en gros, un homme qui n'est pas très partant pour avoir un enfant VS sa compagne qui, elle, ne pense qu'à l'enfantement. Evidemment, cela ne se termine pas très bien.
C'est la France des années 1980, entre celle du passé et celle de notre époque. Internet n'existe pas encore, ni les réseaux sociaux; c'est agréable pour ceux qui comme moi ont connu cette époque dans leur jeunesse. Mais c'est aussi la grande mélancolie des années 80.
Point très positif : le chanteur-écrivain Yves Simon fait sans doute partie des derniers écrivains francophones qui savent encore écrire et qui ont de la culture (quand on lit ce qu'on lit parfois aujourd'hui !).
J'ai relevé une citation très intéressante, qui témoigne du passage de la modernité à la postmodernité :
"Ne vous moquez pas, vous êtes scientifique... et je vous porte en haute estime, c'est vrai que depuis trois siècles, c'est la science qui a produit notre puissance d'aujourd'hui, et nous éprouvons, à juste titre, de l'orgueil de ses succès... Mais c'est devenu une drogue. Hors d'elle point de salut. Or ce pouvoir, vous savez bien qu'il a dû être extorqué à des prêtres qui, bons princes et lucides, après avoir longtemps résisté, se sont mis finalement à voir d'un bon oeil que vous vous accordiez le profane à condition de ne pas toucher au sacré, qui pouvait ainsi rester leur domaine réservé. Mais aujourd'hui que Dieu et ses prêtres sont absents, que vous avez pris leurs places vacantes, laissez-moi imaginer que votre position est aussi précaire que la leur et que pourquoi pas elle disparaitra un jour elle aussi."
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Un homme, un voyageur ayant un but, une femme, une actrice. Jolie histoire, écriture simple, mais prenante, et puis voilà l'enfant, et Yves Simon part dans un délire, délire qui me gène et qui gâche un peu l'histoire, ce n'est pas un happy end, et j'ai été frustré
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C'est bien ça le mystère... Ce temps qui passe et qu'on dépense sans compter. On dilapide tant de nos secondes... Souvent, je m'en veux de n'être pas vigilante avec lui, de ne pas faire plus, de ne pas mettre en place des projets, observer, apprendre, écouter les gens, mieux ... On reste accrochés à tant de choses qui nous envahissent et volent nos énergies. [...] Mon Dieu, s'il y avait des répétitions aussi dans la vie pour apprendre à vivre, apprendre à aimer, apprendre à ne pas faire mal, apprendre à attendre, à comprendre, apprendre à se garder ...
Pourtant, ils savaient qu'ils avaient changé. Mais ce n'était pas encore un reniement, ni une accommodation. ils vieillissaient lentement, sans s'en rendre compte, imaginant que le monde vieillissait à la même vitesse qu'eux. C'est seulement un peu plus tard, dans six mois, dans un an, que des forces qu'ils n'auraient pas remarquées s'opposeraient à eux, à ce qu'ils appelleraient leur liberté ou la réalisation de leur vie, et qu'ils découvriraient l'énergie qu'il faut déployer pour résister à ces enfermements leur annonçant qu'ils venaient de perdre une partie d'un pouvoir, celui d’être jeunes et de dire merde au monde entier.
ma petite, mon amour de fille, il faut savoir pourquoi il y a tant de forces qui nous empêchent de vivre la vie que l'on rêve de vivre et il faut apprendre à en rire, vraiment apprendre à rire, pour sortir vivant de tout cela.
Il n'y a que le rire et l'ironie qui peuvent sauver ce qui peut être sauvé ... p 367
Ma belle âme.
C'est parce qu'il y a cette distance entre nous que j'ose te dire les mots les plus amoureux, avouer mes élans, comme si un invisible gardien des secrets m'empêchait d'en parler quand tu es auprès de moi. [...]
J'aimerais te dire vous, ma belle, mon adorée, mon aimée, ma câline, vous êtes si exclusive, entière que je vous admire sans vous le dire. Vous êtes tellement belle à regarder vivre, que je sens ma honte d'être si frileux, alors qu'il suffirait de tout donner et d'être ouvert à tout, pour tout recevoir. C'est bien cela l'amour, n'est-ce pas ? J'aime l'amour avec vous, votre nuque et le duvet de vos cheveux naissants que j'embrasse et effleure comme s'il fallait se retenir pour ne pas y planter les dents.
Je t'aime du bout du monde comme un navigateur désespéré qui saurait qu'il n'y a plus de côte, plus de terre où accoster, mais qui cherche encore et encore l'étoile du Nord... Tu es cette étoile, une étoile tombée du ciel pour me séduire et rendre brillant tout ce qui se voile d'ombre et d'opacité. Je t'aime de cette manière désordonnée car je sais que le monde est fait de morales de circonstance, alors, autant les oublier et redéfinir pour soi et pour l'autre les codes du bien et du mal, laisser monter en nous la force d'aimer et la force de mal aimer, comme si elles étaient des lois écrites pour nous seuls, innocents et purs, choisis par un dieu n'aimant pas les relations publiques, pour que nous n'ayons pas à répandre la nouvelle de cela...
J'ai tellement espéré une femme qui ait la force d'une femme et la naïveté d'une jeune fille, que... c'est cela que je voulais te dire : cette espérance à trouver un visage et une âme, et ils te ressemblent.
Plein d'abîmes s'ouvrent autour de nous, pareils à des gueules de dragons qui enflammeraient chacune de nos incartades... et pourtant, nous sommes là, tendus, patients, émerveillés par ce monde qui nous a fait rencontrer.
Quelle heure, quelle année est-il donc pour que la nuit soit si vite tombée sur cet univers où tout s'achète, se vend... [...] Je t'aime ardemment parce que tu ne ressembles à rien de tout cela. Tu ne me ressembles pas, tu ne ressembles à aucune fiction, tu es l'archange blond, un épi sur le côté, venu sauver en moi la fraîcheur, l'élégante innocence de mon enfance, quand j'attendais l'instant, le corps embrasé, de te rencontrer, toi qui sais accepter mes rêves et ces silences indignes.
[...]
De si loin, mon coeur bat pour vous.
Mais les débuts ...
Ceux des rencontres entre les personnes, ce qui les relie entre elles, les débuts d'histoires d'hommes et de femmes sont mystérieux parce qu'invisibles et imprécis, et ceux qui les vivent n'en perçoivent rien.
Partis, oubliés dans nos mémoires les premiers mots prononcés, la première compassion, le premier mot griffonné...
07 janvier 1989
Le chanteur Yves SIMON parle de son livre "Né en France", livre qui raconte des souvenirs anecdotiques dignes de passer à la postérité. Il se livre au jeu de l'anti-portrait chinois : que voudrais-tu être... Quelle serait pour toi la pire injure, etc. Images d'archive INA
Institut National de l'Audiovisuel.