« Les non-dupes errent » (
Jacques Lacan)
Un jour de vagabondage et de maugréments contre la logorrhée
Je me suis promis de le lire, ce livre, tout en pensant qu'il ne me plairait pas.
Donc …
Si vous souhaitez des échappées vers la beauté, vers la connaissance des autres, l'abandon aux choses, aux fleuves de la vie, ne le lisez pas.
Si vous aimez le Petit Prince, ne le lisez pas.
Si vous aimez « attendre le passage de Dieu ou d'un insecte, ou de rien » ne le lisez pas
Si vous aimez les mélodies un peu mélancoliques couleur d'herbes folles, ne le lisez pas
Si vous cherchez « un livre qu'on pourra lire quand on n'aura absolument rien à faire, et qu'il pleuvra dehors sur les sentiers », ne le lisez pas
Si vous cherchez un livre à aimer, ne le lisez pas
C'est un livre de l'extrême de l'inhumanité, quasi extra-terrestre, un magma insoutenable.
C'est un livre aux phrases concassées, d'une épuisante lutte contre le mal.
N'y venez surtout pas pour conforter vos certitudes.
Ce n'est pas un livre que l'on aime
C'est un livre qui mord
Qu'a-t-il vécu celui qui l'a écrit ?
Ou alors c'était un écrivain, un vrai.
« Quand j'entends “C'est bien écrit”, pour moi, c'est un camouflet. Ça ne veut rien dire ! C'est absurde ! Je vois plein de gens qui veulent "bien écrire" mais ce n'est pas ça ! C'est beaucoup plus complexe, il faut que ce soit beau, vital. Ce n'est plus le problème d'écrire avec des subjonctifs ou pas. »