J'ai personnellement du mal à lire les saga à plusieurs tomes d'un seul tenant. D'abord parce que j'aime varier mes lectures et que j'ai déjà du mal à lire deux polars de suite ou deux romans de fantasy. Mais aussi parce que je me dis que si l'auteur a choisi de publier son livre en plusieurs tomes, c'est bien parce qu'il a voulu que nous mettions au moins un peu de temps entre chaque lecture. A l'image des séries que je ne binge pas, car pour moi le format suppose de ne pas enchaîner des épisodes prévus pour être regardés séparément, avec des cliffhanger parfois qui perdent sinon de leur saveur.
Le problème avec cette pratique, c'est quand les sagas foisonnent de personnages. On est vite perdus à la relecture et, alors que les quatrièmes de couverture s'évertuent parfois à divulgâcher une bonne partie de l'intrigue, il est difficile souvent de trouver des résumés assez complets des intrigues de tomes successifs. Ce fut le cas pour ces Lames du Cardinal où je me suis obligé à parcourir rapidement les deux premiers tomes avant de me plonger dans le troisième, sachant à l'avance l'histoire bien complexe.
Et bien j'ai eu tort. Car un des grands talents de
Pierre Pével est de rappeler dans son livre les éléments des tomes précédents nécessaires à la bonne compréhension du récit, sans pourtant alourdir le propos (sauf peut-être pour ceux qui à l'inverse de moi lisent les trois tomes dans la foulée, vous me direz en commentaire). La lecture reste très fluide, les moments d'action s'enchainent parfaitement, les scènes de cape et d'épée en hommage à Dumas sont parfaites, l'introduction des dragons est ici beaucoup plus présente que dans le début de la saga.
Le petit bémol sur le côté GPS des temps anciens avec l'indication précise des rues de Paris et des trajets reste valable, mais on s'y habitue et cela reste supportable. Un certain automatisme dans le fait de tenter de nous effrayer par certaines morts tragiques qui se révèlent des leurres est également à noter... mais comme cela marche parfois... et comme cela amène aussi du coup à des espoirs déçus sur les vrais morts... la méthode est finalement efficace.
La saga trouve donc une jolie conclusion, avec un final épique comme on s'y attendait, le retour de tous les personnages emblématiques, une ouverture possible vers d'autres aventures pour certains protagonistes mais aussi une vraie conclusion qui peut se suffire à elle-même. Pelot a parfaitement respecté les règles de plusieurs genres auxquels il s'est adonné : le roman de cape et d'épée, la fantasy dragonesque, l'uchronie... et la trilogie, avec des tomes pouvant exister par eux-mêmes et totalement liés pour former un tout bien cohérent.