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EAN : 9782267019360
258 pages
Christian Bourgois Editeur (23/08/2007)
4.13/5   19 notes
Résumé :
Reeves C. est retrouvé mort dans un hôtel. Il voulait être écrivain. Il e fut que le mari d'une romancière célèbre. Il lui disait : "Il ne faut pas aimer son double, car c'est un amour qui naît d'un oubli momentané de la haine qu'on a pour soi."
Le Professeur T. s'est pendu dans la cave de son immeuble. Avant de mourir, le Professeur T. avait écrit dans son journal : "Chacun porte en soi un frère assassiné, il faut vivre en le ménageant."
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Nous avons tous en nous quelque chose de Linda Lê, dans la mesure où: "On croit avoir tué la version réussie de soi. On croit avoir assassiné son semblable, son noble jumeau pour manger sa chair et devenir meilleur" (page 214). Je me risquerais même à dire que l'obsession d'un Mircea Cărtărescu n'est au fond absolument pas différente, même si l'écriture en est bien plus torturée, plus tortueuse, voire moins élégante. Sur ce radeau de la Méduse qu'est devenu notre "village universel" et qui apparaît explicitement dans les premières pages du "Solenoid" de Cărtărescu, nous sommes, par la force de la littérature, des bouchers "en train de dépecer une crapule" (page 214).
Dédié "[au] père" que d'aucuns nous exhortent à tuer, ces quatre évangiles comportent en exergue cette citation de Lautréamont : "Je n'envie rien au Créateur; mais qu'il me laisse descendre le fleuve de ma destinée, à travers une série croissante de crimes glorieux". N'est-ce pas là un excellent prétexte? J'ai l'impression que Linda Lê illustre, à chaque fois, par la force de sa joaillerie des mots, les textes qu'elle choisit de citer.
Pour "Reeves C." dont le sous-titre pourrait très bien être "aimer son double cela ne se peut", elle part de la citation suivante de Carlo Michelstaedter: "La détermination d'une substance s'affirme dans l'affirmation de l'autre car chacune ne voyait dans l'autre que sa propre affirmation. Leur amour est haine, comme leur vie est mort." Les personnages de Reeves C et de Carson.C, empruntent beaucoup de chair à l'écrivaine Carson McCullers, et à son mari Reeves.
Pour "Professeur T. " elle se sert de ce passage de Bohumil Hrabal: "Il suffit de serrer un peu sa cravate et d'interroger son ombre: y a-t-il encore de la vie en toi, vieux frère?". Pour enquêter sur le suicide de ce professeur T., une alternance de "notes d'un enquêteur" (policier) reprenant parfois des témoignages, et du journal du suicidé, ou de celui de "Plus-dure-sera-la-chute".
Pour "Klara V.", le "grande est la faute de celui qui est né" de Georg Trakl ouvre de meurtriers carnets: qu'elle est blanche cette arme, la folie !
Pour le dernier évangile, de "Vinh L.", construit sous forme d'échanges épistolaires entre un écrivain-narrateur et un étrange accusateur de plagiat qui confessera son cannibalisme, l'exergue est signé de Pier Paolo Pasolini (comme pour mieux confirmer la vitalité des références cinématographiques de Linda Lê): "J'ai tué mon père. J'ai mangé de la chair humaine et je tremble de joie." Je relève une mise en abîme saisissante: "Sur la page de garde, il avait recopié une phrase de mon livre: "Le corps d'un homme contient assez de phosphore pour fabriquer dix boîtes d'allumettes, assez de fer pour forger un clou capable de supporter le poids d'un pendu, assez d'eau pour faire mijoter dix litres de soupe aux tripes." Il ajouta, en conclusion: "et assez de bons mots pour engraisser des générations de plagiaires."
Suffisamment de talent pour qu'on n'en sorte pas indemne: c'est là mon ajout!
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tristesse et admiration pour son style, ses sujets, ses décalages qui m amenaient dans son monde si original. 58 ans, c est tôt pour nous quitter. toujours trop tôt. "Les évangiles du crime" est une belle porte d entrée de son oeuvre particulière, hors des sentiers battus, culture, intelligence...une grande femme.
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« Les évangiles du crime » Linda Lê (Bourgeois, 258 pages)
Noir ! Noir intense et profond, presque sans issue. Première découverte de cet auteur via ces (quatre) « Évangiles du crime », qui laisseront sans doute des traces, ce n'est pas le genre de livre qu'on oublie une fois refermé, tant ça « secoue ». Quatre récits donc, apparemment indépendants, mais avec comme lien entre eux à chaque fois une histoire de mort atroce, même si on ne verse (presque) jamais dans le gore. Dans les trois premiers il s'agit d'un suicide, dans le dernier d'une anthropophagie. J'ai envie, sans entrer dans les détails scénaristiques, de m'attarder un peu sur l'écriture de Linda Lê : elle utilise des structure narratives différentes pour chaque séquence, ici le récit d'un témoin de hasard qui enquête sur un suicide, là des bribes d'enquête policière, ailleurs des souvenirs d'un des acteurs du drame, plus loin des échanges épistolaires. Mais comme lecteur, on se sent chaque fois très vite prisonnier du texte, car Linda Lê s'immisce dans ses histoires par des réflexions profondes, qui font mouche par leur justesse, fussent-elle très dures à admettre. Elle pose des faits qui s'emboitent de telle manière qu'on voit les protagonistes se diriger droit vers l'issue fatale, sans sortie de secours possible. D'autant qu'un autre trait commun à ces récits, c'est la folie, la schizophrénie même dans lesquelles sont pris les personnages. Elle dépouille ainsi avec une lucidité terrible les liens passionnels et leur dérive, les liens filiaux et ce qu'ils peuvent engendrer de pathos. Par ses analyses rigoureuses et quasi cliniques des situations qu'elle nous décrit, elle nous met à une certaine distance des personnages, mais pas trop, on sent tout ce qui pèse sur eux, on entre en empathie.
La dernière nouvelle (si l'on peut parler de nouvelle) est particulièrement réussie, c'est là que j'ai trouvé la seule trace d'humour, lorsque l'un des personnages fait un parallèle mordant entre anthropophagie et plagiat, il y a là quelques passages d'anthologie sur l'écriture, la littérature et les littérateurs.
C'est implacable, brillamment écrit mais sans artifice, désespérant (on n'ose se demander ce qu'a pu vivre l'auteur pour être capable de produire ces lignes, mais c'est une question sans objet ici). C'est psychologiquement (et/ou pathologiquement ?) très bien vu, puisqu'elle ne cesse de déshabiller cet autre lui-même qui vit en chacun de ses personnages (et de chaque lecteur ?).
Noir intense et profond, presque sans issue… sauf (peut-être, peut-être ?) à la dernière page. Bref, c'est un sacré super très bon bouquin, d'une très grande originalité, qui donne envie de vite découvrir mieux Linda Lê.
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Ce fut une claque de lire ce livre. Je ne sais plus très bien pourquoi. le style, le ton, le rythme, la rage rentrée, la force de frappe des mots...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
[...] grâce à ces deux-là, le grand Accordeur d’en haut va encore pouvoir se délecter d’une petite sonate désastrogène.

[...] je vous aurais guidée vers ces crève-la-vie ravaudeurs d’angoisses et tricoteurs de leurs propres infortunes...
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Pour l’instant, vous m’êtes nécessaire, j’ai besoin de mettre de l’ordre dans mon bazar d’angoisses. Je me suis engagé à fournir une cargaison de délires. Je vous ai promis un spectacle, vous l’aurez.
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En voyant apparaître "Bébé vautour", j'avais espéré que le souvenir du crime exciterait mes sens, j'avais souhaité que les retrouvailles avec cette jeune complice qui avait, elle aussi, mangé du malheur, me redonnerait l'envie de caresser une peau humaine,"
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Elle ressemblait à un porc-épic qui se hérissait en boule et se tenait à distance des autres de peur de les blesser et d’être soi-même meurtri. Page 168
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Mon livre, pour exister, avait mangé d'autres livres.
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