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EAN : 9782749909905
371 pages
Michel Lafon (26/02/2009)
3.8/5   533 notes
Résumé :
Livre gratuit ISBN 9782277022015

L'île est le sommet émergé d'un vieux volcan sous-marin. Il s'est éteint il y a des millénaires. La lave a bouché l'orifice de sa cheminée. Comme il se trouvait à fleur d'eau, les coraux l'ont vite colonisé.
En 1761, un navire français transportant une cargaison clandestine d'esclaves s'échoue sur une île perdue de l'océan Indien. Blancs et Noirs devront cohabiter pour survivre jusqu'au départ, sur un bateau de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (103) Voir plus Ajouter une critique
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sur 533 notes
Au 18e siècle, en pleine nuit, l'Utile, une goélette française fait naufrage sur le plateau de corail qui borde une île minuscule et désolée au large de Madagascar : à son bord 160 esclaves noirs embarqués secrètement par un capitaine sans scrupule et à qui le naufrage à fait perdre la raison. Ce qui reste de l'équipage et des esclaves va se réfugier sur cet îlot inhospitalier et construire en quelques mois un bateau à partir des restes de l'Utile. Matelots et esclaves participent à l a construction mais la « prame » est trop petite pour pouvoir embarquer tout le monde…
Irène Frain livre ici un document historique passionnant, sobrement raconté à la façon d'un roman : dès le début le lecteur est tenu en haleine par le naufrage de l'Utile, brisé par les déferlantes qui entourent l'îlot corallien. Et malgré la maigreur des témoignages de l'époque, elle arrive à restituer une figure véritablement lumineuse en la personne du premier lieutenant Castellan qui prend le commandement de l'île, de l'équipage et des opérations.
C'est à partir des seuls témoignages de l'écrivain et du chirurgien de bord, ainsi que des recherches archéologiques menées en 2006 par Max Guerout , spécialiste en archéologie navale, qu'Irène Frain a pu mener son enquête et reconstituer cet épisode captivant et tragique de notre passé négrier ; une époque trouble et ahurissante pour nous, humains du 21e siècle, où l'homme blanc n'avait pas encore identifié l'esclave noir comme un homme, au même titre que lui.
Voici une histoire poignante qui aura au moins eu le mérite de servir la cause abolitionniste, grâce en particulier à Condorcet qui s'empara à l'époque de l'épisode pour faire avancer son combat.
Vous refermerez ce livre révolté et bouleversé.
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L'île Tromelin se situe dans l'océan indien entre Madagascar et l'île Maurice.
C'est une petite île plane qui fait à peine 1km carré et sur laquelle une station météorologique a été construite en 1954.
A l'écart de toutes les routes de navigation, elle n'est découverte qu'en 1722 par un navire de la Compagnie des Indes et baptisée "l'île des sables".
Elle est alors une île coralienne sans mémoire, battue par les vents, noyée par la mer lors des cyclones auxquels elle est particulièrement exposée.
Les maîtres de l'île sont les oiseaux, les bernard-l'ermite et les tortues qui viennent y pondre leurs oeufs.
Aucun bateau ne se risque à ses parages bien trop dangereux.
En 1761, cependant, une frégate de la Compagnie française des Indes orientales, L'Ultime, se fracasse sur ses récifs.
Partie de Bayonne avec cent-quarante-deux membres d'équipage, elle avait fait escale à l'île de France (île Maurice) pour y embarquer cent-soixante malgaches, hommes, femmes et enfants, destinés à l'esclavage..et ce, malgré l'interdiction de la traite décrétée par le gouverneur.
Les rescapés, blancs et noirs, qui ne sont pas morts noyés parviennent à rejoindre l'île et, sous les ordres du second lieutenant, Castellan, organisent leur survie en deux camps.
Dans un même temps, ils construisent un nouvelle embarcation en utilisant les matériaux récupérés de l'épave de L'Ultime.
Une embarcation qui, il le savent bien, ne pourra pas contenir tout le monde..

Je ne connaissais pas cet épisode de l'Histoire qu'Irène Frain nous relate en se basant sur des documents de l'époque et les découvertes de l'archéologue Max Guérout, spécialisé dans les naufrages.
L'auteure s'attache essentiellement à ce qui s'appuie sur les documents officiels et ne peut donc nous renseigner que sur l'attitude des autorités françaises face à l'abandon des malgaches et à l'insistance de Castellan à vouloir honorer sa promesse, celle d'aller les rechercher.
Il faudra attendre quinze ans pour que quelqu'un se décide enfin à agir.
Il n'est nulle part question de la manière dont ces pauvres gens ont organisé leur survie, ni de ce qui a provoqué le décès de la plupart d'entre eux.
Ces oubliés de l'île Tromelin hantent chaque page du livre comme il ont hanté l'esprit de Castellan.

Quelques longueurs mais un récit impressionnant.
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Voici un livre que j'ai lu il y a quelques années et j'en ai toujours gardé un souvenir très fort.
En 1761 un navire Français s'échoue sur une île perdue dans l'océan indien. Or, outre l'équipage, il était chargé d'esclaves transportés clandestinement.
Les blancs de l'équipage vont cohabiter avec les esclaves et les convaincre de construire un radeau afin que tout le monde puisse partir.
Mais les blancs partiront seuls abandonnant les noirs à leur sort. Ceux-ci seront forcés de s'adapter à la nature terriblement hostile de ce bout de terrain aride et soumis aux vents.
Quinze années plus tard, lors d'une expédition de sauvetage menée par un des seuls rescapés ayant eu des remords, on ne retrouvera qu'une poignée d'entre-eux, en particulier des femmes.

Irène Frain après de très sérieuses recherches aussi bien dans les archives que sur le terrain, a romancé cette histoire vraie de façon très agréable et on se passionne pour l'aventure et le sort de ces personnes.
C'est un livre que je n'avais pas critiqué à l'époque, mais qui reste en bonne place dans ma bibliothèque.
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C'est à Madagascar en 2013 que j'ai entendu parler pour la première fois de l'île Tromelin, dans l'Océan Indien. Une station météo y est installée depuis les années 50. Mais depuis la publication en 2009 du roman d'Irène Frain Les Naufragés de l'île Tromelin, des fouilles archéologiques étaient menées pour tenter de mieux comprendre comment quelques rescapés du naufrage du navire l'Utile en 1761 avaient pu survivre sur ce morceau de corail sans végétation pendant quinze ans.
Je n'avais pu mettre la main sur le roman d'Irène Frain à Madagascar ni visiter l'île Tromelin.
Comme pour d'autres naufrages, les récits des survivants sont peu nombreux. Irène Frain a eu la chance de pouvoir se baser sur les recherches archéologiques de Max Guérout.
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En 1761, « L'utile » un navire français transportant une cargaison clandestine d'esclaves fait naufrage sur une minuscule île.
Les marins survivent comme ils peuvent et réussissent à fabriquer un bateau pour s'enfuir. Mais, faute de place, ils laissent sur place les esclaves. Il faudra quinze ans pour qu'un autre navire les découvre et les ramène. Il ne reste plus que sept femmes.
Irène Frain a été bouleversée par cette histoire. Elle s'est rendue sur place sur l'ile de Tremolin, pour s'imprégner des lieux et entreprendre de raconter cette histoire dans les moindres détails.
Elle a recherché minutieusement tous les documents relatifs à cette pitoyable aventure.
Avec une imagination débordante pour recréer ce qui s'est passé et un grand souci des détails, elle ne laisse rien passer, n'omet rien.
Un énorme travail !
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Puis l'île ressuscitera comme toujours. Blindée dans sa vieille cuirasse. Les sables, comme d'habitude, seront jonchés de cadavres d'oiseaux, les veloutiers arrachés jusqu'à la racine, les bernard-l'hermite noyés, mais elle renaîtra. Fidèle à ce qu'elle a toujours été, féroce, ultra dure. Dans un an ou dans dix, peu importe. Ici, le temps n'a pas de jointure, tout se confond, l'instant avec le siècle, l'heure et le millénaire, la fin du monde et son premier matin. Coquillages vides, oeufs brisés, nids de tortues, sillages de crabes, ossements blanchis, envols de plumes, griffes d'oiseaux imprimées sur une vaguelette de sable : l'histoire de l'île se résume à des traces. Éphémère dessin de la vie qui va et vient. Et reva et revient, sans trop savoir ce qu'elle cherche, sinon à se reproduire. Avant, une fois de plus, de se reperdre. Dans la mer, le plus souvent. Qui n'arrête jamais, elle non plus. Qui continue de battre, de casser, fracasser, s'acharner. Mais l'île tient toujours. Sans même savoir qu'elle tient. Univers plus qu'inhumain : étranger à l'humain. Monde sans date. Île sans nom.
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À deux encablures de l'île, l'abîme commence. Et les grandes houles, les courants sans fin. Il faut vraiment jouer de malchance pour se retrouver sur ce bloc de corail cerné par les déferlantes. Ou n'avoir peur de rien.
Pour pouvoir en repartir, il faudra aussi compter sur l'inconscience. A moins de chercher son salut dans l'énergie du désespoir. Nul ne s'est jamais installé ici. L'île est sans mémoire. Seuls les ouragans laissent leur trace dans les sables. Le reste va vite se perdre dans le vent, le tonnerre des lames qui, sans relâche, harcèlent les récifs. Nuit et jour, la mer bat. Elle flanche rarement. Même lorsqu'il fait beau. Quand elle consent à se calmer, c'est presque toujours dans les heures qui précèdent un cyclone. Ensuite, elle se déchaîne comme jamais, jette à l'assaut de l'île des vagues géantes qui l'engloutissent aux neuf dixièmes. Elle ne reflue qu'une fois l'ouragan passé. Pour recommencer comme avant. Même pouls méchant, têtu, même lames qui frappent, fracassent et brisent, déferlent et redéferlent, frappent encore, roulent et cassent, broient, éparpillent, émiettent, s'acharnent contre cette minuscule plaque de corail perdue au cœur de l'océan.
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Trente-sept jours-il les avait comptés-qu'il avait compris ce qui se tramait, avec la construction de la prame. Trente-sept jours que, tout comme les Blancs, il avait saisi qu'elle serait trop petite pour embarquer tout le monde, trente-sept jours qu'il ne disait rien, lui d'ordinaire si bavard, lorsqu'il visitait le camp des Noirs ou allait et venait avec ses frères de race de la plage au chantier, et du puits à sa tente. Sous le ciel troué d'étoiles comme sous le dard du soleil, il restait englué dans son secret. Et se triturait indéfiniment les méninges pour trouver le moyen de s'en sortir. Trente-sept interminables journées, par conséquent, à voir naître, du concert des mains noires et blanches, le bateau de son espoir. Qui ne serait jamais celui des siens.
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Oui, il faut qu'ils soient là, les esprits, à rôder, à chercher à s'emparer des âmes des vivants, car voici qu'en plus de la lettre qu'il lui demande de leur traduire, Castellan est saisi d'une nouvelle inspiration : il lui demande aussi de jurer aux Noirs, dans leur langue, qu'il ne les abandonnera pas. De leur faire le serment que lui, le capitaine blanc, reviendra les chercher.
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Donc ce soir, au lieu de venir le tourmenter, la nuit délivre Lafargue de son idée fixe : la terreur de voir sa cargaison s'abîmer. Et quand il dit "cargaison", il ne pense jamais aux sacs de riz, aux barils de boeuf salé, aux volailles et moutons vivants qu'il a fait entasser entre les matelas des matelots dans le capharnaüms de l'entrepont. Ceux-là, qu'il a achetés au nom de la Compagnie pour le ravitaillement de l'île de France et qui ne lui rapporteront rien, il s'en fiche éperdument. La cargaison, depuis Madagascar, c'est exclusivement le trésor qu'il a marchandé là-bas et qu'il a ordonné de dissimuler dans la cale : cent soixante hommes, femmes et enfants négociés derrière la palissade vermoulue du comptoir de traite de Foulpointe. L'équivalent de trente -cinq ans de salaire, rien que pour ce qu'il a investi.
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Entretien sur les origines et l'étymologie du mot ÉCRIRE entre Irène Frain, écrivaine, et Caroline Fourgeaud-Laville, hélléniste.
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