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EAN : 9782070452903
160 pages
Gallimard (28/08/2014)
3.75/5   309 notes
Résumé :
Claire, fille de paysans du Cantal, est née dans un monde qui disparaît. Son père le dit et le répète depuis son enfance : ils sont les derniers.

Très tôt, elle comprend que le salut viendra des études et des livres. Elle s'engage donc dans ce travail avec énergie et acharnement. Elle doit être la meilleure. Grâce à la bourse obtenue, elle monte à Paris, étudie en Sorbonne et découvre un univers inconnu.

Elle n'oubliera rien du pays pre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (85) Voir plus Ajouter une critique
3,75

sur 309 notes
Le trajet s'était fait en train, de Neussargues à Paris. Les amis de ses parents, Suzanne et Henri, qui habitaient Gentilly, leur ayant fortement déconseillé de venir en voiture. N'en déplaise au père qui se sentait prêt à affronter Paris et sa circulation. On était en mars, le mois du Salon de l'Agriculture. Entre veaux, vaches et cochons, on avait ri et mangé. Des noms et des lieux, pourtant si familiers, leur semblaient soudain très éloignés, vus du Salon.
Quelques années plus tard, Claire monte à Paris pour poursuivre ses études à La Sorbonne. Étudier le latin et le grec. Passer de la terre à la ville, tout en gardant près de soi un bout de son pays. Mais, elle mesurera, au fil des mois puis des années, la distance qui sépare ces deux mondes...

Marie-Hélène Lafon décrit avec précision et justesse le parcours de Claire que l'on suit au cours de trois épisodes de sa vie : le voyage au Salon de l'agriculture, les études à La Sorbonne puis, des années plus tard, la visite du père et du neveu. Elle dépeint un monde rural parfois âpre et besogneux, qui, peu à peu, se vide de ses hommes et de ses femmes. Un monde rugueux, qui ne dit que l'essentiel et n'abuse pas des mots inutiles. Claire aura décidé de quitter le Cantal, de s'installer à Paris et de vivre une vie totalement différente. Un fossé séparera sa vie d'avant et celle d'aujourd'hui même si, au fond d'elle-même, elle ne pourra jamais totalement se défaire de ce coin qui l'a nourri. Un roman dense et condensé, un brin mélancolique et d'une précision saisissante tant chaque mot semble pensé. Un roman d'une beauté singulière servi par une écriture à la fois sensible et puissante, rêche et souple.
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Justesse des phrases, un travail d'artisan, d'orfèvre même, Marie-Hélène Lafon aime la langue, chaque mot est pesé, soupesé, elle a ce don de retranscrire les sensations, les odeurs. « Les pays » transpire à chaque ligne ce savoir-faire. Son personnage Claire découvre un monde jusqu'alors inconnu, elle n'y adhère, elle s'en imprègne que petit à petit.
Mais la terre natale s'éloigne au profit de l'urbanisation, Claire s'en détache tout en gardant dans un coin du coeur, ces valeurs.

Loin du tumulte et des vaines joute verbales parisiennes, Lafon creuse un sillon, original, atypique. Il y a du Raymond Depardon chez cette femme, sa manière de montrer cette fierté paysanne dur à la besogne, amoureux d'une terre encore préservée (pour combien de temps ?), et puis le choix des jeunes de connaitre autre chose, la ville et ces lumières, le savoir, les rencontres, l'envie d'une vie professionnelle moins dure (l'est-elle ?), autant de chemins que Lafon explore avec un talent et une grâce en tout point remarquable.
A déguster sans modération.
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Claire vit deux vies dans deux mondes séparés celui du petit village de Neussargues dans le Cantal d'où elle est issue et Paris où elle est «montée» pour poursuivre des études de lettres à la Sorbonne.
Parfois les deux mondes se rencontrent au hasard d'évènements, d'objets qu'elle croisent sur son chemin...
«Longtemps Claire avait tu ses enfances, non qu'elle en fût ni honteuse ni orgueilleuse, mais c'était un pays tellement autre et comme échappé du monde qu'elle n'eût pas su le convoquer à coup de mots autour d'une table avec ses amis de Paris. Elle avait laissé parler les choses pour elle, un morceau de frêne à l'écorce grenue, ou une ardoise festonnée de lichens roux qu'elle avait conservée au moment de la réfection du toit de la grange, dix ans après son départ.»
Mais l'éloignement est là, l'écart se creuse, géographique et dû au temps qui passe et qui sépare.
«Pays quitté, quitté comme on répudie, comme on déserte. Pour faire sa vie. La vie De Claire s'était faite dans la ville des études, ville foisonnante dont elle ne songeait pas à partir.»
Elle ne verra plus les choses de la même façon tout en restant attachée à ses deux pays. Devenue professeur, elle s'achètera une maison dans le Cantal et fera des allers et retour entre son appartement parisien et cette maison. Elle a besoin des deux.
Lors de la visite de son père et de son neveu qu'elle reçoit chez elle on peut mesurer malgré ce qui les lient, l'écart qui s'est creusé entre eux. Chacun a évolué différemment
au cours des années.

J'aime la sensualité et la gourmandise de Marie-Hélène Lafon qui sourdent de son écriture précise, ciselée, de ses phrases aux mots choisis qu'elle a dû faire tourner longuement en bouche.
Elle analyse peu les sentiments, reste à distance, le corps tient une très grande place dans ses livres.
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C'est suite à ma rencontre avec Marie-Hélène Lafon à la médiathèque de ma petite ville (eh oui, tout arrive...tout ne se passe pas toujours sur Paris, il y a aussi des événements en Province - trop rares à mon goût certes, mais il y en a !) que j'ai acheté cet ouvrage. le fait de l'avoir rencontré m'a aidé à mieux comprendre sa façon d'aborder l'écriture. le lecteur peut parfois se sentir frustré (ce qui fut mon cas au tout début je dois l'avouer) car il n'y a que très peu d'actions dans ses écrits mais ce qui m'a réconcilié avec ces derniers est cette phrase qu'elle a prononcé lors de notre rencontre " Je ne suis pas une raconteuse d'histoires. Je suis une travailleuse du verbe". Je pense que l'on a compris et accepté cette phrase, on a tout compris de l'écriture de Marie-Hélène Lafon.

Lorsque je dis qu'il n'y a pas d'action, j'exagère bien évidemment et pour cause, en voici un petit aperçu. Claire est une jeune campagnarde (enfin, disons plutôt qu'elle est fille de paysans et qu'elle a toujours vécu à la ferme) jusqu'au jour où elle prend le train pour Paris afin de poursuivre ses études en Lettres à La Sorbonne et là, c'est tout un monde qui s'ouvre à elle. Certes, Claire n'a que peu d'amis et ne sort pratiquement jamais mais ce qu'elle apprend en cours et ce qu'elle découvre dans les livres d'apprentissage va lui être comme une révélation. Claire est faite pour la ville, les grandes études et celui qui va avoir le plus de mal à accepter cette situation dans tout ça, c'est le père, en tant que bon vieux paysan (et fier de l'être) mais là est une autre histoire...

Un livre qui se lit très vite et dans lequel le lecteur se laisse bercer par la poésie qui ressort des phrases de Marie-Hélène Lafon, bien que parfois un peu trop longues à mon goût -ce qui explique le fait que je n'ai mis que 4 étoiles à cette lecture. A découvrir !
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Un livre en trois parties.
La première, c'est l'enfance de Claire dans la ferme familiale située dans le Cantal.
La deuxième c'est sa vie d'étudiante à Paris, à la Sorbonne.
La troisième c'est sa vie de femme, professeur à Paris qui reçoit deux fois par an son père et son neveu dans son appartement parisien.
Nul doute que c'est très autobiographique.
Mais Marie-Hélène reste en retrait, s'efface derrière Claire.
Les pays, celui que l'on quitte, celui de l'enfance.
Et puis celui qu'on adopte sans pour autant jamais renier le premier.
Tout cela est parfaitement écrit et ressenti par le lecteur.
L'écriture est très professionnelle, plus que bien maîtrisée.
Elle est riche de forme, de vocabulaire.
Elle est somptueuse pourrait-on dire et peut même parfois en paraître légèrement pompeuse.
Mais mieux vaut trop que pas assez.
Et pourtant jamais prétentieuse.
Tout comme Claire qui ne met jamais en avant sa brillante réussite dans les études.
Tout comme Marié-Hélène qui reste en retrait de Claire, sans jamais lui faire d'ombre.
Toujours discrète et effacée.
Au début de la première partie, les phrases longues et enchevêtrées m'ont semblé peu claires, embrouillées.
Puis je me suis laissé porter.
Quand l'écriture est belle, il n'y a que ça à faire.
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critiques presse (3)
Lhumanite
19 novembre 2012
Acharnée à fouiller le terreau des origines dans 
une écriture d’un rigoureux classicisme, [l'auteur] construit 
un ensemble d’une forte cohérence, en lequel rien 
de moins qu’une œuvre se donne à reconnaître.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
LeFigaro
09 novembre 2012
Son huitième roman, Les Pays, confirme que [Marie-Hélène Lafon] est un écrivain de haut rang.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Telerama
17 octobre 2012
Ce roman d'initiation ne dit pas seulement l'absence et la transformation, il est aussi un hymne à la langue, du parler régional à la phrase érudite. Les pays de Marie-Hélène Lafon sont ceux de l'écriture, qu'elle nous transmet pour nous ­aider à rentrer chez nous.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (90) Voir plus Ajouter une citation
Un tel afflux de livres, rassemblés au même endroit, éventuellement sur plusieurs étages, la privait de tout discernement; c’était trop de tout, et tout à la fois, d’un seul coup. Les livres qu’elle n’avait pas lus, ceux qu’elle ne lirait jamais, et ceux, perfides entre tous, qu’elle aurait dû avoir déjà lus, auparavant, dans les lointaines années de sa première vie, tous les livres étaient là, en bataillons réglementaires, en régiments assermentés, offerts et refusés, gardés par des créatures minces et bien vêtues qui faisaient, à l’entrée des rayons, barrage de leurs corps policés. (…)

Claire, sitôt franchi le seuil fatidique, se défaisait, se liquéfiait, lamentable et démontée. Elle balbutiait des références inaudibles que la créature préposée daignait écouter, laquelle créature se révélait infaillible, élucidait le galimatias et, sans honorer la suppliante d’un regard, désignait d’un geste le livre quémandé qui reposait là, juste là, devant, devant vous, devant elle, là en piles, sur la table des œuvres au programme. Les livres coûtaient cher et elle en achetait le moins possible, se limitant aux manuels fondamentaux et aux textes de littérature française, latine ou grecque. Elle empruntait en bibliothèque les ouvrages de glose auxquels elle n’entendait le plus souvent à peu près rien, en dépit de ses lectures opiniâtres, crayon en main, en dépit des fiches hérissées de citations qu’elle tournait, retournait, triturait, malaxait. …
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Elle respire sa ville aimée, sa seconde peau, elle hume le fumet familier qu'elle ne parvient pas tout à fait à démêler ; c'est, tout entassé, machine et chair, rouages et sueurs, haleines suries et parfums fatigués sur poussière grasse, c'est animal et minéral à la fois ; c'est du côté du sale et elle se coule dans cette glu, elle prend place s'insère dans le flot. Son pas résolu claque sur le sol dur, ses bottines à lacets et talon bobine sont lustrées comme de petits sabots de cavale d'apparat. La ville s'apprend par le corps et retrouve par lui, le pas sonne et claque comme il ne saurait le faire sur la terre souple de l'autre pays.
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"[...] il n'y avait pas de paradis, on avait réchappé des enfances ; en elle, dans son sang et sous sa peau, étaient infusées des impressions fortes qui faisaient paysage et composaient le monde, on avait ça en soi, et il fallait élargir sa vie, la gagner et l'élargir, par le seul et muet truchement des livres."
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[Ils] sortaient, pour faire trois pas et s'asseoir sur le banc de pierre grise dans l'ombre du tilleul, le dos collé au mur du jardin, histoire de prendre sans en avoir l'air la juste mesure de l'été qui flamboyait, jeté à cru sur toutes les choses tremblantes, mordues de soleil, éperdues. (…) On ne dirait plus rien ; ou pas grand-chose ; on attendrait qu'un morceau de temps passe avant de repartir chacun dans sa vie et dans le tournoiement des besognes toujours recommencées.
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Claire ne voulait pas de toile cirée; qui était pourtant bien pratique et facile à nettoyer, elle n'aimait pas non plus les bouteilles en plastique sur la table, l'eau était servie dans une carafe bleue, elle tolérait la limonade mais il sentait que cela ne lui plaisait pas, elle faisait l'effort, pour trois jours elle supportait. Elle avait aussi la manie de changer les assiettes pendant les repas, elle disait que le lave vaisselle était là pour ça, se levait, allait, venait [...] C’était des façons, des manières qu'elle avait prises dans sa belle-famille et gardées ; il sentait ça allaient plus ou moins avec les bottines, les manteaux en velours, les gants serrés, le vinaigre marron et l'écrivain italien ; elle avait toujours été un peu comme ça, même petite, déjà, quand elle avait huit ans, il l'avait bien vu, et il le lui disait des fois à table, elle était une bourgeoise, elle faisait pas de bruit en mangeant la soupe.
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Vidéo de Marie-Hélène Lafon
Attention !!! Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donne rendez-vous chaque samedi à 13h30 pour vous faire découvrir leurs passions du moment ! • Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici ! • • Mémoires de Raymond Aron, Nicolas Baverez aux éditions Bouquins 9782221114025 • Patience dans l'azur : L'évolution cosmique de Hubert Reeves aux éditions Points 9782757841105 • Poussières d'étoiles de Hubert Reeves aux éditions Points https://www.lagriffenoire.com/poussieres-d-etoiles-reedition.html • Car un jour de vengeance de Alexandra Julhiet aux éditions Calmann-Lévy https://www.lagriffenoire.com/car-un-jour-de-vengeance-1.html • Une Fille de Province de Johanne Rigoulot aux éditions Les Avrils https://www.lagriffenoire.com/une-fille-de-province.html • Nous traverserons des orages de Anne-Laure Bondoux et Coline Peyrony aux éditions Gallimard Jeunesse https://www.lagriffenoire.com/nous-traverserons-des-orages.html • La Vie selon Chaval - Dessins choisis et présentés par Philippe Geluck de Chaval et Philippe Geluck aux éditions du Cherche Midi https://www.lagriffenoire.com/la-vie-selon-chaval.html • Les Gardiens du phare de Emma Stonex aux éditions Livre de Poche https://www.lagriffenoire.com/les-gardiens-du-phare-1.html • Autobiographie d'une Courgette de Gilles Paris, Marie-Luce Raillard aux éditions Flammarion https://www.lagriffenoire.com/autobiographie-d-une-courgette-2.html • Les 7 vies de Mlle Belle Kaplan de Gilles Paris aux éditions Plon https://www.lagriffenoire.com/les-7-vies-de-mlle-belle-kaplan.html • La boîte à Berk de Julien Béziat aux éditions École des Loisirs https://www.lagriffenoire.com/la-boite-a-berk.html • Les crayons fêtent Halloween de Drew Daywalt, Oliver Jeffers aux éditions Kaléidoscope https://www.lagriffenoire.com/les-crayons-fetent-halloween.html • Gare aux fantômes, Palomino de Michaël Escoffier et Matthieu Maudet aux éditions École des Loisirs https://www.lagriffenoire.com/gare-aux-fantomes-palomino.html • À pied d'oeuvre de Franck Courtès aux éditions Gallimard https://www.lagriffenoire.com/a-pied-d-oeuvre.html • Harry Potter - le Guide Ultime de Collectif, Jean-François Ménard aux éditions Gallimard Jeunesse https://www.lagriffenoire.com/harry-potter-le-gu
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