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EAN : 9782253164524
672 pages
Le Livre de Poche (03/01/2013)
3.8/5   1018 notes
Résumé :
Élève brillante, Nicole était douce et sociable (cheftaine scout, membre de plusieurs associations d’étudiantes). Elle meurt subitement dans un accident terrible.
À l’automne suivant, tandis qu’un nouveau semestre commence, Craig, l’ancien petit ami de Nicole est renvoyé de l’université médiocre où il était entré par relations. Tenu pour responsable de la mort de Nicole mais relâché faute de preuves, il ne parvient pas à surmonter le drame, ne cesse d’y repe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (203) Voir plus Ajouter une critique
3,8

sur 1018 notes
Les revenants de Laura Kasischke, une plongée dans le monde universitaire étatsunien, m'a un peu ennuyé au début. Pourtant, plus j'avançais dans ma lecture et plus j'étais passionné, intrigué, en haleine dans ce qui devenait peu à peu un vrai thriller.
Tout débute par un accident. Une voiture croisant un autre véhicule roulant tous feux éteints, se retrouve dans le décor. Shelly Lockes arrive sur les lieux, porte secours aux deux accidentés, constate que la jeune passagère vit encore. Craig, le conducteur, est à ses côtés. Shelly appelle les secours puis les laisse faire.
Lorsqu'elle découvre le compte-rendu dans le journal local, elle est offusquée car ce qu'elle lit n'a rien à voir avec ce qu'elle a vu. Sans délai, elle appelle la rédaction et demande un rectificatif qui ne viendra jamais.
La jeune passagère est déclarée morte alors que la voiture a brûlé. Base de l'histoire, cet accident mystérieusement relaté d'une manière erronée, implique deux jeunes gens qui étudient dans la ville voisine.
Ces jeunes sont originaires de Bad Axe, un gros bourg, à l'écart de la cité universitaire, où tout le monde se connaît.
Entrent alors en scène plusieurs protagonistes importants comme Mira Polson, professeure assistante au Honors College. Elle est spécialiste d'anthropologie. S'ajoute Perry Edwards qui partage le même petit appartement de la cité universitaire avec Craig Clements-Rabbits, celui qui conduisait la voiture accidentée. Il avait à son bord Nicole Werner, une belle jeune fille dont il est éperdument amoureux.
Seulement, cette Nicole est déclarée morte alors que certains signes prouvent le contraire. À partir de là, s'engage ce qui fait le sel du roman : Les revenants.
Je reviens à Perry qui a fait le maximum pour suivre le séminaire animé par Mira : « La mort, mourir, et les non-morts. » Me voilà donc au coeur de l'énigme, d'un mystère parfaitement construit par Laura Kasischke.
Là, je découvre un phénomène inconnu pour moi : la sororité. Ce sont de jeunes étudiantes qui vivent ensemble dans le même bâtiment et qui rivalisent d'imagination pour organiser des bizutages par lesquels doivent passer les nouvelles venues.
Dans cette université, tout le monde fume de « l'herbe » ou ingurgite des produits très dangereux et cela semble normal… Pourquoi ? Sûrement pour faire comme les autres ou pour supporter un mal-être difficile à comprendre car ces jeunes suivent de brillantes études dans une université réputée. En est-il de même chez nous ? Je l'ignore.
Craig, Perry, Mira et Shelly, les principaux acteurs d'une histoire qui fait froid dans le dos, se heurtent à une certaine Josie Reilly, autre fille superbe mais très venimeuse.
Comme je l'ai dit au début, le roman devient de plus en plus palpitant. Laura Kasischke mène bien son affaire. J'ai aimé le rythme du récit, ses chapitres courts, son alternance intéressante entre les principaux personnages, plus des surprises, des révélations, le tout découpé en six parties.
D'ailleurs, la sixième partie apporte un éclairage révélateur sur tout ce qui s'est passé précédemment. Enfin, je salue l'excellent travail du traducteur, Éric Chédaille, qui met bien en valeur le talent d'écriture de Laura Kasischke.
Je précise enfin que j'ai lu ce roman « viré » des collections de ma médiathèque… Dommage mais je vais le déposer à nouveau où je l'ai pris pour qu'une autre lectrice, un autre lecteur puisse frissonner en lisant : Les revenants.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Si je ne disposais que de trois mots pour caractériser ce roman, ce serait excellent polar sociologique

Excellent car le découverte de l'auteur à travers ce roman a été un grand plaisir : écriture fluide, où la traduction sait se faire oublier, avec une intrigue dont la complexité croissante et polyphonique crée une addiction certaine pour le récit, où la mise en danger des personnages crée chez le lecteur une empathie et une implication émotionnelle dont le corollaire est de ne pas pouvoir lâcher la lecture.

Polar car même si le genre n'est pas explicitement revendiqué, il y a tout de même dès le départ une mort violente, qui ressemble à un banal accident de voiture dans un contexte d'alcoolisation estudiantine, sauf que des discordances apparaissent rapidement dans l'interprétation des témoignages, et là, le lecteur, qui a bien sûr repéré que de nombreuses pages sont encore à découvrir, perçoit bien qu'il y a anguille sous roche! Par contre, et ce serait mon seul bémol, on devine trop rapidement la solution. Encore que, 24 heures après avoir tourné la dernière page, je me demande si j'ai vraiment tout compris, car il me semble que mon interprétation comporte quelques invraisemblances (prête à en discuter en MP avec d'autres lecteurs)


Sociologique, car en thème de fond l'auteur explore l'univers de la société de la classe moyenne américaine, et surtout de la vie des campus universitaires. Certes ce n'est pas le premier ouvrage qui s'intéresse à cette micro-société aux codes singuliers, avec des règles hiérarchiques strictes et des fonctionnements de groupe où les rites d'admission exclusion sont particulièrement prégnants. C'est tout l'art de l'auteur de très bien intégrer les indices qui font progresser l'intrigue dans une analyse à la fois des personnalités des protagonistes en interaction avec ce milieu particulier.
L'intrication des faits réels avec d'autres manifestations plus ambiguës est facilitée par les habitudes hygiéno-diététiques des personnages : drogues et alcools font partie intégrante du régime quotidien des étudiants. Loin d'être banalisée, cette consommation est pointée du doigt comme responsable de dérives et de conséquences dramatiques

Enfin et c'est le thème majeur du roman, le thème est la mort est appréhendée de façon récurrente (enseignement, ressenti, suicide, fantômes) et confère une ambiance singulière à ce récit.

Je remercie chaleureusement Masse Critique et les éditions Christian Bourgeois pour ce partenariat très apprécié


Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Il se passe des choses étranges dans certaines universités américaines.
Premier choc dans le roman de Donna Tartt " le maitre des illusions", une atmosphère feutrée dans les vieilles pierres de l'université de Hampden dans le Vermont. Et voilà avec " les revenants" de Laura Kasischke, de retour dans une fac américaine la Godwin honors hall toujours en Nouvelle Angleterre.
Croyez vous aux revenants, fantômes et ectoplasmes ?
Le ton est donné, première page, un accident de la route, la passagère Nicole Werner brillante étudiante, membre de la sororité d'Omega Theta Tau perd la vie. le conducteur un certain Craig Clements Rabbitt étudiant lui aussi et petit ami de Nicole ne se souvient de rien.
Dans ce roman polyphonique on part à la chasse aux fantômes avec des personnages que rien ne semblent réunir, Mira Polson la professeur de quoi déjà ? ah oui de la mort bien sur !
Shelly est la témoin de l'accident, Perry lui c'est l'enfant chéri, bon élève, attentionné que des A+, et coloc de Craig.
Laura Kasischke m'a mené par le bout du nez dans son roman entre polar et thriller. Dans ce récit il n'y a pas de flics malins ou de tueurs en séries, c'est plus astucieux.
J'ai découvert avec Laura Kasischke un style intéressant quand on sait qu'outre atlantique elle est plus connue et encensée pour ses poésies.
Une romancière qui m'intéresse.
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Les revenants de Laura Kasischke ? Je n'en reviens pas !

Au-delà du jeu de mot facile, je suis véritablement bluffée par le talent de l'auteure pour se renouveler sans se renier, pour nous parler de la mort dans tous les sens et ce faisant de la vie, pour glisser dans une histoire passionnante une critique des universités américaines et de leurs toutes-puissantes sororités...

L'intrigue commence simplement : Craig et Nicole, 2 étudiants, s'aiment follement et très sagement. Jusqu'à ce que Nicole meure dans un accident de voiture alors que Craig était au volant, vraisemblablement ivre et drogué. Désespéré de chagrin et de culpabilité, il revient sur le campus... et commence à voir Nicole partout. Hallucinations malheureuses ou phénomène surnaturel ?

C'est ce que le livre va nous faire découvrir sur près de 650 pages, avec des flashbacks et des changements de points de vues, en compagnie de personnages plus loufoques et attachants les uns que les autres : Perry, le 'scout-aigle', l'archétype du gentil garçon; Mira, la prof d'anthropologie fascinée par la mort, son folklore, ses coutumes... et par ses épuisants petits garçons; sans oublier la témoin de l'accident, toutes les jeunes filles en fleur de la sororité, la mère d'une autre disparue, le médecin légiste de la mort et le thanatopracteur.

Bref, d'une intrigue simple on en arrive à un vrai charivari macabre pour comprendre ce qui s'est passé et ce que ressentent aujourd'hui les différents protagonistes, vivants, morts ou entre les deux.

Challenge Pavés 6/xx
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Il est des ouvrages qui, une fois terminés, vous hantent pendant quelques temps, tellement l'impression qu'ils vous ont faite est forte.
C'est le cas, en ce qui me concerne (et sans vouloir tomber dans un mauvais jeu de champ lexical) des « Revenants » de Laura Kasischke.

L'intrigue est plutôt difficile à résumer : l'ouvrage commence au début de la rentrée d'automne, lors de laquelle Craig Clements-Rabbit retourne à l'université en n'étant plus que l'ombre de lui-même, ayant tué sa petite amie Nicole dans un accident de voiture.
Jeune fille bien sous tous rapports, appréciée de tous, membre d'une sororité populaire, la mort de Nicole, et le retour de celui qui est considéré comme son assassin, ne laissent aucun de ses camarades indifférent, même s'ils ne connaissent pas la vérité au sujet de cet accident, relaté mensongèrement par un article de journal local (remarquable critique de la rumeur et de ses effets dévastateurs). Version que tente de contredire en vain Shelly Lockes, un professeur de musique de l'université qui était la première présente sur les lieux et qui a appelé les secours.

Craig arrive d'autant moins à s'en remettre qu'il lui semble voir Nicole partout… Sentiment partagé par Perry, le colocataire de Craig et ami d'enfance de la jeune fille, mais également par d'autres étudiants.
Est-ce que ces visions relèvent de la folie, d'un deuil impossible à faire, d'autre chose ? Perry se confie au sujet de ces visions à Mira Polson, professeur d'anthropologie spécialisée dans la mort et les superstitions afférentes, qui s'empare du sujet, d'abord par ambition professionnelle, puis qui se laisse prendre à cette histoire bien plus complexe et glaçante qu'elle ne le paraissait…

On retrouve dans « Les Revenants » certains des thèmes déjà abordés par Laura Kasischke dans « Rêves de garçons » : l'obsession de la mort par une jeunesse pourtant présomptueuse en se croyant invincible (cette « stupidité de se croire plus fort que la mort » (p. 647)), mais surtout les faux semblants, et l'hypocrisie qui va avec : plus un personnage semble gentil, pur, innocent, et plus l'auteur s'amuse, par des révélations successives et bien dosées, à nous montrer que les apparences étaient bien trompeuses.

Le genre de l'ouvrage lui-même participe de ce jeu de dupes : le roman surnaturel, à fantômes, à mystères, dévie subitement en empruntant tous les codes du thriller sociologique, de la machination perverse, qui broie aussi bien les personnages que le lecteur.

Cet écart entre apparence et réalité est ainsi l'un des thèmes les plus importants du roman : Laura Kasischke, virtuose du style, alterne flashbacks (avant la mort de Nicole) et épisodes situés dans le présent, mêlés de rebondissements sans fin, résumant l'ouvrage à « un truc de Kant sur la manière dont l'esprit humain ordonne subjectivement le réel. La vieille barbe avait appelé cela ‘'le caractère relatif et flottant de la connaissance humaine'' ».

Laura Kasischke nous montre également une image de l'université assez terrible, entre volonté d'étouffer le scandale par la menace et le licenciement, toujours dans une optique de préserver les apparences, et la faiblesse de son niveau réel (« Elle avait toujours pensé que devenir universitaire (surtout si elle avait la chance de décrocher un poste au sein d'une prestigieuse université de recherche, puis dans une niche comme Godwin Honors College, connue pour encourager la libre exploration intellectuelle) serait synonyme de conversations sans fin dans des couloirs et ses bureaux. […] Elle s'était attendue à participer, lorsqu'elle serait à son tour professeur, à de passionnants débats quotidiens dans la salle à manger sur les points les plus subtils des sujets les plus obscurs. Elle n'aurait pu se mettre le doigt plus avant dans l'oeil » (pp. 315-316).
Tout en glissant quelques petits clins d'oeil, notamment celui-ci : « Il avait tout une série de suggestions à lui faire et, bien qu'elle se gardât d'accorder beaucoup d'attention aux enseignants en création littéraire (leur éducation comportait toujours des lacunes)… » (p. 317) (Laura Kasischke est professeur de création littéraire) !

Les étudiants n'en sortent pas plus grandis, notamment les membres des sororités, prêtes à toutes les méchancetés, les bassesses, le crime, pour se protéger, elles et leurs secrets. Je ne sais pas quel est le degré de vérité (en excluant tout de même le crime ! Quoi que…), mais cela fait plutôt frémir.

Un roman marquant, passionnant, qui porte bien son nom.

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critiques presse (5)
Bibliobs
30 décembre 2011
L'un des plus beaux du livre de Laura Kasischke dont la démesure douce, la richesse et le génie littéraire palpable à chaque instant confirment qu'elle est la digne héritière de la grande Joyce Carol Oates
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LesEchos
18 octobre 2011
Le roman de Laura Kasischke renoue avec la tradition de la grande littérature policière (Poe, Conan Doyle), flirtant avec le fantastique. A la fin, il y aura une explication rationnelle à ces mystères, mais tous les fantômes ne seront pas dissipés. En contrepoint de l'intrigue, qui vous prend à la gorge, « Les Revenants » offrent une belle et lancinante méditation sur la mort, le deuil -et par contraste sur la jeunesse, si cruelle dans sa fureur de vivre.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Lexpress
03 octobre 2011
Pour briser la vitrine des apparences et démasquer les hypocrisies sociales, l'auteur de La Vie devant ses yeux se révèle une fois de plus redoutable. Avec cette morale, véritable leitmotiv de son oeuvre : les oies blanches cachent souvent de bien vilains petits canards.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeMonde
23 septembre 2011
Les Revenants n'est pas une enquête policière, c'est plutôt une dérive aux frontières du réel, poétique, drôle et tragique, avec des chemins qui bifurquent, se croisent, se séparent, des existences pour lesquelles on se passionne, car elles sont autant de petits romans dans ce grand roman énigmatique.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Telerama
15 septembre 2011
Derrière ce halo boréal d'une grande puissance féerique, la romancière laisse entrevoir une Amérique nauséeuse, dévorant ses enfants pour mieux les vomir, tuant les créatures les plus prometteuses pour les transformer en fantômes malfaisants.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (70) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... Cela s'était passé six semaines plus tôt. Depuis lors, [Craig] l'avait tenue dans ses bras, en soutien-gorge et culotte, fidèle à sa promesse de ne pas en demander plus.

- "Dis-moi que c'est une mauvaise blague," lui dit-il. "Ta sororité ne donne quand même pas dans ce genre de conneries ?

- Ce n'est pas si bizarre," répondit [Nicole]. "Toutes les sociétés secrètes ont leurs rituels. Il se trouve que c'est le nôtre."

Il ne put s'empêcher de ricaner, puis il marmonna un mot d'excuse. "Désolé. Simplement, je ne vois pas ta sororité comme une société secrète. Je croyais que l'idée était de préparer des soirées habillées, de décorer des chars, de faire de la pâtisserie et peut-être de vous poser les unes aux autres des extensions à clips dans les cheveux. Jamais je n'aurais imaginé que vous avez un cercueil au sous-sol et que ...

- Chhh, moins fort." Elle promena un regard autour de la chambre comme si quelqu'un pouvait entendre, alors qu'ils étaient en petite tenue et parfaitement seuls dans la chambre de Craig. Perry [= co-locataire et ami de Craig] assistait à son cours de sciences po de l'après-midi. Les rideaux étaient tirés.

- "Nicole ..." commença-t-il, renonçant aussitôt à poursuivre. Il trouvait cela vraiment mignon. Cela lui rappelait la façon dont, à l'école élémentaire, les filles devenaient tout excitées avec leurs petits secrets dérisoires, faisant circuler des billets, piquant une crise si un garçon leur en chipait un, même si ces petits papiers ne contenaient rien de plus palpitant que Deena en pince pour Bradley ! ! ! Comme si cela intéressait quelqu'un.

- "Tu comprends, la Société panhellénique [= société qui supervise toutes les sororités du campus] pourrait fermer notre maison si cela lui revenait aux oreilles. C'est considéré comme du bizutage.

- Combien de fois par an ta sororité organise-t-elle de ces ... résurrections ?" demanda Craig en tâchant de donner un ton sérieux à sa question, en s'interdisant de tracer des guillemets en l'air autour de ce dernier mot.

- "Deux fois par an. La dernière fois, c'était en novembre, mais nous, les nouvelles aspirantes, nous avons dû rester en haut. Nous ne pourrons y assister que lors du rituel de Printemps."

Ce fut plus fort que lui. Il se mit à rire en l'entendant parler de "rituel de Printemps." Au fond, il s'agissait de soûler les soeurs de la sororité à la tequila, de les faire hyperventiler jusqu'à ce qu'elles tombent dans les pommes, de les allonger dans un cercueil, puis de les "ramener d'entre les morts", ressuscitées de frais au sein de la sororité Oméga Thêta Tau. Il aurait été difficile, se dit-il, de classer cela dans les "activités du printemps", où le Rotary Club aurait rangé une chasse aux oeufs de Pâques ou une partie de patins à roulettes organisée pour des enfants trisomiques. ... [...]
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« Du reste, la pratique de la crémation, qui nous paraît être une des façons les plus modernes de traiter la dépouille mortelle, trouve là son origine. Si le corps est réduit en cendres, il ne peut y avoir de réincarnation, de retour.
« Certains anthropologues pensent qu’en matière de deuil, bon nombre d’usages servaient à l’origine l’objectif de tenir la mort à distance. Schneerweiss- […] a émis l’hypothèse que, si les veuves devaient se vêtir de noir pendant au moins un an et se coiffer différemment, c’était afin d’être méconnaissable quand leur mari se lancerait à leur recherche.
« Pourquoi devait-il en être ainsi ? Pour quelle raison toute veuve qui se respecte ne serait-elle pas ravie de voir son époux lui revenir ?
- La putréfaction ! lancèrent les étudiants presque d’une même voix.
- Exactement. La peur. La peur, l’aversion, que nous croyons de nature superstitieuse ou religieuse, s’appuie en fait sur la réalité physique. Sur l’expérience. Pénible expérience. On voit dont que les peuples primitifs, que l’on aurait un peu vite tendance à taxer d’inconséquence, avaient en réalité une expérience plus étroite et plus intime que celle que celle que la plupart d’entre nous n’aurons jamais - à moins de participer à un conflit armé ou d’entrer dans les pompes funèbres. Ils savaient ce qu’ils cherchaient à éviter. »
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La première image était une photo du film L'Armée des morts. Un "cadavre" en haillons poursuivait une belle jeune fille sur une étendue de pelouse vert émeraude.
"Vous connaissez probablement ce film. Je suppose que la plupart d'entre vous connaissent aussi le conte intitulé La Patte de singe, dans lequel un homme rapporte à sa femme une patte de singe dont on lui a dit qu'elle exaucerait trois voeux. Le premier, qui porte sur une somme d'argent, entraîne la mort de leur fils dans un accident minier et le versement subséquent d'une prime d'assurance dont le montant conséquent correspond exactement à ce qui avait été demandé.
Quelques jours après l'enterrement de son enfant, la mère, terrassée par le chagrin, prononce le deuxième voeu : qu'il revienne.
Elle a pour ainsi dire perdu espoir quand, un soir tard, le couple entend quelque chose de lent et de pesant remonter l'allée avec des bruits de frottements. La femme se précipite vers la porte, mais son mari l'arrête. Il a compris, contrairement à elle, ce que sera devenu leur fils, s'en revenant ainsi après plusieurs jours passés dans la tombe. Aussi utilise-t-il le dernier voeu pour le faire s'en aller.
A présent, je vous pose la question : il s'agit de votre fils unique, votre enfant chéri, et vous êtes responsable de sa mort. Est-ce que vous ouvrez la porte ?"
Ce fut un "Non !" général. Karess Flanagan porta les mains à ses joues incarnates pour secouer vigoureusement la tête.
"Mais pourquoi cela ? interrogera Mira, faisant semblant d'être choquée par leur insensibilité. Il s'agit quand même de votre fils, de votre enfant bien-aimé. De quoi avez-vous peur ?
- Il est mort !
- Et alors ? Il est de retour !" Mira avait contrefait leurs inflexions, ce qui les fit rire.
"Il ne sera plus le même, dit Myriam Mason. Il a été enterré.
- Il sera sacrément en rogne, lança Tony Barnstone.
- Peut-être pas, avança Mira. Il aura sans doute compris que vous avez commis une bourde avec ce premier voeu. Et puis, tout de même, vous avez utilisé le second pour le tirer de la tombe.
- Les morts l'ont toujours mauvaise, persista Tony.
- Cela amène une autre question : pourquoi ? Qu'est-ce qui transforme une personne qui était, disons, gentille et timide de son vivant en cette sorte de monstre ?" Mira se servit de son stylo pour désigner le zombie écumant de la photo.
Il n'y eut pas de réponses.
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À cause de ses boucles brunes, à cause de la façon dont sa taille s’évasait sur ses hanches, à cause de son postérieur pareil à deux pleines poignées de chair mûre empaquetées dans une mini-jupe ? Il avait remarqué dès les premières heures de cours que ses sourcils très arqués lui donnaient un air perpétuellement étonné – ou bien l’air de chercher à séduire ou bien encore celui d’éprouver il ne savait quel plaisir physique.
Un plaisir sexuel.
(page 347)
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Allaient-ils, Clark et elle, et ce merveilleux miracle des jumeaux, se muer, comme cela semblait désormais l’usage, en un de ces systèmes de garde alternée ? En un dispositif défini et paraphé par un juge ? Du jeudi au lundi avec Mira. Du lundi au jeudi avec Clark. Ou bien une semaine chacun ? Ou de quinze jours en quinze jours ? Jours de vacances pris en compte et partagés en deux parties absolument égales ?
(page 249)
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