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L'été où je suis devenue jolie tome 2 sur 3

Alice Delarbre (Traducteur)
EAN : 9782226474254
320 pages
Albin Michel (26/07/2022)
4.07/5   1073 notes
Résumé :
Belly ne chasse plus ses tristesses. Elle les laisse venir. Après tout, elle ne passera pas l'été dans la maison de la plage. Susannah n'est plus là, Conrad ne donne plus aucune nouvelle. Un soir, Jeremiah prévient Belly que Conrad a disparu. Le coeur de la jeune fille se remet à battre à toute allure. Elle monte dans sa voiture et ensemble, sans un mot, ils roulent vers le même but. Retrouver Conrad. Retrouver la maison de la plage, le seul endroit où il a pu se ré... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (102) Voir plus Ajouter une critique
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Malgré une petite déception avec le tome un, j'ai tout de même voulu enchaîner avec L'été où je t'ai retrouvé. J'avais de bons espoirs pour deux raisons. La première, les héros seraient un petit peu plus vieux, donc l'histoire gagnerait en maturité. La deuxième, maintenant que l'histoire était mise en place, les flashbacks de l'enfance de Belly devraient prendre moins de place et donc donner plus de place au présent. de quoi chasser, en quelque sorte, les points négatifs que j'avais trouvé à L'été où je suis devenue jolie. Mon instinct a été plutôt bon sur ce coup-là, car j'ai passé un excellent moment, lu en une journée (c'est toujours un bon signe) et j'ai même poursuivi avec L'été devant nous.

Dès les premières pages, j'ai ressenti quelque chose. Cela m'avait cruellement manqué lors de ma lecture du premier tome. Un événement tragique a chamboulé les deux familles, ce qui évidemment ne peut pas laisser le lecteur indifférent, mais il y avait plus. Belly s'ouvre davantage, de façon plus posée, moins fouillis. Il y a plus de maturité même si notre héroïne est encore jeune. Elle a changé, grandi plus vite aussi, le deuil l'ayant poussé à voir les choses différemment. Point aussi très important : la gestion des flashbacks. Ils sont ici mieux intégrés et apportent vraiment quelque chose à l'histoire. Donner aussi à Jeremiah la possibilité de s'exprimer permet de mieux cerner le garçon et donne plus de poids à ce qu'il se passe. J'ai toujours aimé avoir une vision d'ensemble. C'est aussi ce que je reprochais à L'été où je suis devenue jolie. Tout était trop centré sur Belly si bien que le reste était plus abstrait.

Je ne suis pas fan de certains choix de Jenny Han. Je les comprends, car ils sont en accord avec les personnages, mais j'ai eu l'impression d'être ballottée. Un coup oui, un coup non. J'arrivais parfois à me demander si l'auteure savait elle-même ce qu'elle voulait faire de ses personnages. Les sentiments de Jer sont plus clairs maintenant, et en même temps, est-ce vraiment de l'amour ? Belly veut Conrad, mais son attitude la pousse à s'éloigner. Elle ne jure pourtant que par lui, mais n'essaye pas vraiment. Alors, oui, ils sont jeunes, et je pense que les trois héros ne savent pas, au final, ce qu'ils veulent vraiment. La perte de Susannah a dû aussi exacerber leur envie de sécurité. Quel choix serait le moins douloureux ? Et de là, leurs sentiments sont floués donnant des décisions qui sur le coup paraissent abruptes et sorties de nulle part.

On ne sait toujours pas à quoi pense Conrad aussi, et c'est pour moi un "gros point négatif". On ne fait que supposer. J'ai adoré le revoir, même si son attitude donnait aussi envie de lui donner des baffes de temps à autre, mais j'aimerais qu'on puisse décortiquer ce qu'il a dans la caboche. Il est très sensible et dans l'autodéfense quasiment tout le temps, ce que l'on comprend par de petits indices. le décès de sa mère, l'attitude de son père, ses sentiments pour Belly, son envie de protéger son frère... Cela fait beaucoup de choses à gérer. Il est maladroit et Belly n'a pas encore les armes pour appréhender l'attitude à avoir avec lui. Les voir se démener sans arriver à vraiment s'exprimer était aussi frustrant que douloureux.

L'idée de réunir Belly, Conrad et Jeremiah était excellente. Resserrer le cercle autour d'eux a tout de suite donné une autre dimension à L'été où je t'ai retrouvé. Les personnages secondaires me laissent assez de marbre, il faut dire, mis à part Laurel qui a un plusieurs moments forts qui sont absolument parfaits et pleins d'émotions. Mais Taylor est toxique au possible (je ne comprends pas pourquoi Belly maintient les liens), Steven devrait clairement penser à être un grand frère plus centré sur sa soeur, le père des garçons est un salaud... Alors être plus ou moins "débarrés" d'eux a été une bouffée d'air frais. Les choses ne sont pas idylliques, et loin d'être faciles, mais je ne sais pas, c'était comme retrouver vraiment cette maison d'été. Un endroit où on se sent bien. Et puis, j'ai aussi eu l'impression que les trois héros avançaient vraiment. Qu'ils avaient besoin de ce moment, de ces disputes, de ses sourires. L'histoire en devient vraiment super et plus prenante.

Un second tome qui répond donc à toutes mes attentes. J'ai vraiment beaucoup aimé L'été où je t'ai retrouvé. Il y a une certaine douceur et nostalgie de voir Rad, Belly et Jer grandir et essayer de garder la tête hors de l'eau. Leur complicité et leur dynamique ont quelque chose de spécial et d'unique. La fin m'a laissé un peu perplexe, je l'avoue, mais avec le recul, j'y trouve un certain sens. J'espère ne pas être déçue par la fin, j'en serai très attristée.
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Dans le premier tome, l'été où je suis devenue jolie, on découvrait Belly une jeune fille qui se rendait comme chaque été en vacances à Cousins en compagnie de son frère Steven et de sa mère Laurel. Ils s'installaient pour 2 mois dans la maison de vacances de Susannah, la meilleure amie de Laurel et de ses deux garçons, Conrad l'ainé et Jeremiah.

Rien ne sera plus pareil cet été parce que Susannah n'est plus là, emportée par le cancer. Elle laisse autour d'elle un grand vide car c'était elle le ciment qui unissait ce petit groupe. Elle aimait Belly comme sa fille d'ailleurs. Chacun vit son deuil comme il le peut. Belly n'a plus de nouvelle de Conrad pour qui elle a le béguin depuis qu'elle est petite. Laurel n'est plus qu'un fantôme sur pilote automatique qui gère la succession de Susannah mais qui repasse pendant 10 minutes le même pantalon sans s'en apercevoir.

Conrad qui était à la fac (repêchage d'été puisque sa maman est décédée quand il devait passer ses examens) plaque tout quelques jours avant son examen de rattrapage. Jeremiah que Belly n'a plus vu non plus depuis l'enterrement de Susannah appelle Belly à la rescousse pour retrouver son frère et l'empêcher de rater son année de fac.

Je n'en dis pas plus. J'ai adoré cette suite. J'ai bien sûr pas mal pleurer même si le ton n'était pas larmoyant mais c'est comme ça, Susannah laissait un trop grand vide qui me rappelait le propre vide de mon existence.
J'ai aimé ressentir ces liens entre les personnages. On découvre que Laurel et Conrad se ressemblent beaucoup par exemple. L'amour de ces deux frères aussi l'un pour l'autre. Et puis ce trio amoureux ! Belly reste bien sûr mon personnage préféré, elle qui est entière, dévorée de passion. Beaucoup d'émotions et de surprises enrobées de délicatesse. Une histoire très touchante quelque soit l'âge du lecteur.
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La vie est ainsi faite, ce sont souvent (toujours ?) les meilleurs qui partent en premier. Susannah était choyée, et c'est un vide immense qu'elle laisse dans les vies de tous. Belly tente d'apprivoiser le deuil de cette deuxième mère qu'elle aimait tant, mais également celui des vacances d'été à Cousins qu'elle ne connaitra plus jamais. Et le deuil de sa relation avec Conrad qui n'avait peut-être jamais vraiment commencé. Mais quand Jeremiah lui demande de l'aide pour retrouver son frère, elle doit bien reconnaitre qu'il ne sera jamais possible de faire sortir Conrad de son coeur. Un lieu de vacances peut-il panser toutes les blessures ?

Autant le premier tome a été un vrai gros immense coup de coeur, autant celui-ci… Je suis restée un peu sur ma faim. Enfin non, je m'attendais à une autre fin. Faim/fin/enfin, ça se répète tout ça ! Bref, une lecture toujours aussi agréable mais avec une ambiance un peu différente et une issue surprenante. Toujours une saga coup de coeur pour moi, qui me fait rire, me surprend, et m'émeut constamment !Le premier tome était consacré à mettre tout ce petit monde en place et surtout, essayer de nous expliquer ce que sont ces vacances d'été pour Belly et ses accolytes. Ici, nous découvrons surtout comment évolue la vie de chacun, sans le ciment qui les unissait tous : Susannah. Bien que le deuil soit omniprésent, le livre n'en est pas lourd et noir pour autant, au contraire. Bien que la tristesse fasse partie intégrante de nos personnages, l'auteur ne tombe pas dans le glauque. Nous suivons toujours 3 ados qui trébuchent et qui pensent que la volonté seule peut presque tout arranger.
Nous reprenons l'histoire au début du mois de juillet, un an après L'été où je suis devenue jolie. Nous avions laissé Belly et Conrad en pleine découverte d'une nouvelle sorte de relation qui les laissait plutôt hésitants. Nous voilà alors projetés des mois après, en ayant raté le départ de Susannah et la fin des balbutiements entre nos deux tourtereaux. Que s'est-il passé pendant tout ce temps ?
Encore une fois, l'auteur ne nous laisse pas en reste et nous présente cette année écoulée en nous faisant revivre les scènes et événements marquants pour nos personnages. J'aime toujours autant cette manière directe et claire de nous plonger dans le passé, ces petits flashbacks sont très intéressants et permettent vraiment de comprendre les réactions des personnages dans le présent.
Là où j'ai raté le coup de coeur, c'est que je me faisais une joie de découvrir la relation entre Belly et Conrad, que j'avais l'impression d'attendre depuis autant de temps que Belly, j'arrive et bam, plus rien. The end. Un peu comme si vous vous apprêtiez à aller chercher le bac de glace vanille que vous gardiez précieusement pour une occasion spéciale et que quelqu'un était passé avant vous… Bon, c'est une simple frustration de fleur bleue qui les pensait définitivement faits l'un pour l'autre !

L'ambiance change beaucoup car, certes, nous revenons à Cousins malgré tout, mais dans des conditions bien différentes du tome d'avant. Nous ne suivons plus que Jeremiah et Belly, venus aider Conrad à reprendre pied dans la vie. Ce trio sous tension est vraiment passionnant. On sent que Belly tente de trouver ce qui n'a pas fonctionné dans sa relation avec Conrad tout en cherchant à savoir si elle doit définitivement renoncer à lui.

guillemet-ouvrant1Peut-être étais-je venue pour cette raison, pour en avoir le coeur net.
Pour pouvoir lui dire au revoir. Je l'ai regardé en pensant:
“Si j'étais suffisamment courageuse ou suffisamment honnête, je lui livrerais le fond de ma pensée”.
Ainsi, il le saurait, ainsi, je le saurais, et je ne pourrais plus jamais le retirer. Mais n'ayant ni ce courage ni cette honnêteté, je me suis contentée d'un regard. Je crois qu'il avait compris de toute façon.
“Je te libère. Je te ferme mon coeur. Parce que si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferai jamais.”

Et en même temps, Jeremiah continue de la couver et l'aduler, tel un vrai prince charmant. Ah oui parce que, la grande nouveauté dans ce tome, c'est que nous découvrons enfin le point de vue d'un autre personnage que Belly, celui de Jer' ! Durant quelques chapitres, nous quittons la tête compliquée de la demoiselle pour nous glisser dans celle du jeune homme. Et finalement, je n'ai pas du tout été étonnée de ses réactions et ses pensées, c'est exactement le Jeremiah que je m'étais imaginé !
Bref, ce triangle amoureux est bien monté, tout à fait crédible, et laisse toujours présager de nombreux rebondissements, en tout cas j'y ai totalement adhéré, et les surprises, il y en a eu ! Surtout à la fin…

guillemet-ouvrant1Quand Belly était là, je n'avais plus qu'une envie, la prendre dans mes bras et l'embrasser comme un dingue. Peut-être qu'alors elle finirait par oublier mon abruti de frère.

Parmi les personnages, bien que nous en apprenions plus sur notre trio, je noterais tout de même l'intervention de Laurel, la maman de Belly, à la fin du livre. Et finalement, je me suis surprise à la découvrir très proche et similaire à Conrad. Tous deux sont très solitaires, introvertis et assez froids, luttant contre de nombreux démons intérieurs. Ce sont des personnages fort et intrigants, maladroits et donc finalement très attachants, bien que je ne m'en sois pas vraiment aperçue dans le premier tome.

L'auteur m'a encore transportée dans les vies de ces adolescents, leurs tourments et leurs envies. Bien que moins frais et aérien que le premier tome, j'ai tout de même beaucoup aimé la délicatesse utilisée pour parler d'un sujet délicat et douloureux. Les réactions des personnages sont crédibles et censées et nous sommes ainsi beaucoup plus proches d'eux. Jenny Han a vraiment une plume agréable, simple mais pas simpliste et elle joue très bien entre le présent et le passé, rythmant vraiment le roman (qui finalement ne se passe que sur quelques jours !!). de plus, sa maitrise quasi parfaite des liens entre les différents protagonistes est LE point fort de cette série.

Comme déjà dit dans mon avis sur le tome précédent, L'été où je suis devenue jolie, une saga qu'il faut absolument découvrir, surtout en ce moment !
Lien : http://dautresplumes.fr/lete..
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J'avais tellement aimé L'été où je suis devenue jolie, qu'à peine terminé, je voulais me lancer dans la lecture de L'été où je t'ai retrouvé. J'aurais tout de même réussi à tenir quasiment un mois ! Surtout que cette lecture me permet de participer à mon challenge New PAL 2013 de Yukarie et au mois blanc du challenge Bookineurs en couleurs de Liyah.

J'ai de nouveau passé un très bon moment avec Belly, mais il est vrai que ce deuxième tome m'a moins plu que le premier. En fait, je les ai trouvé très différent dans leur construction : dans le premier on vivait en quelque sorte plusieurs été à la fois, alors que là, on vit une année en quelques jours... Je m'attendais à revivre deux-trois mois en compagnie de Belly et des frères Beck ainsi que de découvrir ce qu'il s'était passé pendant l'année, mais certainement pas de ne les croiser que le temps d'un week-end. Cela dit, le week-end en question est vraiment très riche en évènements !

Par contre, il m'a vraiment émue. Susannah m'a énormément manqué dans ce tome, même si en quelque sorte elle est toujours présente, son absence n'en est que plus pesante encore. Il est parfois étrange la façon dont on s'attache à un personnage de livre...

Comme pour le premier tome, j'ai trouvé L'été où je t'ai retrouvé assez prévisible. Tout au long du bouquin, l'on sent ce qu'il va se passer que ce soit tant sur le plan géographique que sur le plan sentimental... Personnellement, ça ne m'a pas dérangée du tout, parce que je crois que c'est exactement ce qu'on souhaitait tous lire.

L'écriture de Jenny Han est vraiment très agréable. Elle arrive vraiment à rendre ses personnages vivants et présents tout au long de son histoire : ce ne sont pas simplement des noms sur une feuille, mais bien plus que ça... Et puis, j'aime particulièrement le fait que cette histoire ne tourne pas cul-cul-la-praline bien qu'elle reste très mignonne : elle a vraiment un côté très réel qui me donne vraiment envie d'y croire.
L'été où je t'ai retrouvé est une très bonne suite !
Lien : http://lunazione.over-blog.c..
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ce tome est plus sombre que le précédent mais tout aussi bien!

cette fois les chapitres alternent le moment présent et les mois précédents et également le point de vue de Belly et Jeremiah. un des personnages est décédé avant le début du récit.

ce tome, nous montre comment ils réagissent face à cette tragédie et nous ramène à la maison de la plage.

la fin est trop frustrante, on a qu'une envie : connaître la suite !!!
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Citations et extraits (83) Voir plus Ajouter une citation
Je lui ai couru après en l'appelant, mais Conrad ne s'est pas retourné. Quand je l'ai attrapé par le bras, il a finit par me regarder : il y avait tant de haine dans ses prunelles que j'ai eu un mouvement de recul. Et pourtant n'était-ce pas ce que j'avais, d'une certaine façon, recherché ? Le faire souffrir comme il m'avait fait souffrir ? Ou peut-être, plutôt, lui faire éprouver pour moi un sentiment autre que la pitié ou l'indifférence. Lui faire ressentir quelque chose, n'importe quoi.

- Alors, tu as un faible pour Jeremiah maintenant ?

Il voulait que son ton passe pour ironique et cruel, et il y parvenait, pourtant je percevais aussi de l'inquiétude. Comme si la réponse lui importait. Ce qui m'a rendue à la fois heureuse et triste.

- Je ne sais pas, ai-je dit. Ca te ferait quelque chose si c'était le cas ?

Il m'a dévisagée avant de se pencher vers moi pour toucher le collier autour de mon cou. Celui que j'avais caché toute la journée.

- Si tu as des sentiments pour Jeremiah, pourquoi portes-tu mon pendentif ?

Je me suis humectée les lèvres.

- Je l'ai trouvé au moment de rassembler tes affaires, au dortoir. Je n'ai pas compris ce qu'il représentait.

- Tu as très bien compris, Belly.

- Non, ai-je insisté en secouant la tête.

Pourtant j'avais compris, bien sur. Je me souvenais du jour où il m'avait exposé le concept de l'infini. L'incommensurable, le temps s'étirant sans limites. Il avait acheté ce pendentif pour moi. Il savait ce qu'il représentait.

- Dans ce cas, rends-le moi.

Il a tendu la main, j'ai vu qu'il tremblait.

- Non.

- Il ne t'appartient pas. Je ne te l'ai pas donné, tu l'as pris de toi-même.

C'est à ce moment là que j'ai compris. Enfin. Ce n'était pas l'intention qui comptait, mais sa manifestation. L'intention ne suffisait pas. Elle ne me suffisait pas, elle ne me suffisait plus. Je ne me contentais plus de savoir qu'au fond de lui il m'aimait. J'avais besoin de paroles, de preuves. Et il ne m'en donnait pas. Ou pas assez.

Je sentais bien qu'il s'attendait à ce que je discute, à ce que je proteste, à ce que je l'implore. Mais je n'ai rien fait de rel. Je me suis débattue ce qui m'a semblé une éternité avec le fermoir du collier. Ce qui n'avait rien de bien étonnant, étant donné que mes mains tremblaient également. J'ai fini par détacher la chaîne et la lui rendre.

La surprise s'est peinte sur ses traits une fraction de seconde puis, à son habitude, il s'est refermé. Peut-être que je m'étais fait des idées. Peut-être que je m'étais imaginé qu'il tenait à moi.

- Va-t'en alors, a-t-il dit en empochant le pendentif. Comme je ne bougeais pas, il a répété, plus sèchement :

- Pars !

J'étais un arbre, les pieds enracinés dans le sol.

- Va retrouver Jeremiah. C'est lui qui veut de toi, pas moi. Moi, je n'ai jamais voulu.

D'un pas trébuchant, je me suis enfuie.
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– Susannah ne te le pardonnera jamais, tu sais. Elle ne te pardonnera jamais d’avoir perdu sa maison. D’avoir laissé tomber ses fils.

Elle m’a giflé si fort que j’ai vacillé. Je n’avais pas vu le coup venir. La main pressée sur la joue, je me suis mise à pleurer. Pourtant, j’étais en partie satisfaite : j’avais enfin eu gain de cause. J’avais la preuve qu’elle ressentait quelque chose.

Elle était pâle comme un linge. Elle n’avait jamais levé la main sur moi avant. Jamais, de toute ma vie. J’ai attendu qu’elle s’excuse. Qu’elle me dise qu’elle n’avait pas l’intention de me faire mal, qu’elle ne pensait pas les horreurs qu’elle m’avait balancées. Si elle prononçait ces mots la première, je l’imiterais. Parce que j’étais désolée. Je ne pensais pas sincèrement ce que je lui avais dit.

Face à son mutisme, je me suis reculée puis je l’ai contournée pour sortir de la chambre.

Mes jambes étaient mal assurées.

Dans le couloir, j’ai découvert Jeremiah : il m’observait la bouche grande ouverte. Il me fixait comme s’il ne me reconnaissait pas, comme si la personne qui se tenait en face de lui était une inconnue, une fille qui criait après sa mère et lui disait des monstruosités.

– Attends, a-t-il dit en tendant un bras pour m’arrêter.

Je l’ai repoussé et suis descendue. Dans le salon, Conrad ramassait les bouteilles et les jetait dans un sac-poubelle bleu pour le recyclage. Il n’a pas levé les yeux vers moi. Je savais qu’il n’avait pas perdu un mot de notre échange, entre ma mère et moi.

Je me suis précipitée dehors et j’ai failli m’étaler sur les marches qui menaient à la plage. Je me suis affalée dans le sable, une main pressée sur ma joue brûlante. Puis j’ai vomi.
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Je croyais savoir ce qu’on ressentait quand on avait le cœur brisé. Je croyais que c’était ce qui m’était arrivé au bal de promo, lorsque j’avais été abandonnée. Ce n’était rien. Là, là j’avais le cœur brisé. La douleur dans la poitrine et derrière les yeux. La conscience que plus rien ne sera jamais pareil. Tout est relatif, je suppose. On se figure qu’on connaît l’amour, qu’on connaît la véritable souffrance, mais c’est faux. On ignore tout.
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C’était la première fois que l’un de nous évoquait Susannah. Mon regard s’est posé sur Conrad, comme s’il était aimanté : son visage demeurait impassible. J’ai libéré ma respiration. Soudain, j’ai eu une idée. La meilleure idée du siècle. J’ai bondi sur mes pieds pour aller ouvrir les portes du meuble télé. J’ai fait courir mes doigts sur les jaquettes des DVD et des cassettes vidéo, dont Susannah avait rédigé les étiquettes de son écriture penchée. J’ai trouvé ce que je cherchais.

– Qu’est-ce que tu fabriques ? s’est étonné Jeremiah.

– Un peu de patience, ai-je répondu sans me retourner vers eux.

J’ai allumé la télé et inséré la cassette dans le magnétoscope. Conrad est apparu à l’écran, à l’âge de douze ans. Avec un appareil dentaire et de l’acné. Allongé sur une serviette de plage, il avait un air renfrogné : cet été-là, il ne laissait personne le prendre en photo. M. Fisher, qui maniait la caméra comme toujours, lançait : « Allez, Connie, souhaite à tout le monde un joyeux 4 Juillet ! »

Jeremiah et moi avons éclaté de rire. Conrad nous a foudroyés du regard avant de se jeter sur la télécommande, mais Jeremiah a été plus rapide. Il l’a tenue à bout de bras au-dessus de sa tête, riant à en perdre l’haleine. Ils ont commencé à se battre, puis se sont soudain figés.

Susannah venait d’apparaître avec son immense chapeau de soleil et une longue chemise blanche sur son maillot de bain. « Suze chérie, comment te sens-tu, en ce jour où nous célébrons l’anniversaire de notre nation ? » l’interrogeait M. Fisher en voix off.

Susannah levait les yeux au ciel. « Lâche-nous un peu, Adam. Va plutôt embêter les enfants. » Sous son chapeau, elle souriait de ce sourire rentré et profond. Le sourire d’une femme qui aimait sincèrement l’homme qui la filmait.
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Lors voilà. Entre nous, tout était terminé. Enfin.

Je l'ai observé avec tristesse, parce que je venais de songer : Je ne te regarderai plus jamais avec les mêmes yeux. Je ne serais plus jamais cette fille-là. La fille qui revenait en courant chaque fois que tu la repoussais, la fille qui t'aimait coûte que coûte.

Je n'arrivais même pas à lui en vouloir, parce qu'il était comme ça. Et qu'il serait toujours comme ça. Il n'avait jamais menti à ce sujet. Il donnait puis reprenait. J'ai senti mon ventre se nouer , cette douleur familière, cette sensation de regret, de perte, que lui seul était capable de me procurer. Je ne voulais plus jamais l'éprouver. Plus jamais.

Peut-être étais-je venue pour cette raison, pour en avoir le cœur net. Pour pouvoir lui dire au revoir. Je l'ai regardé en pensant : Si j’étais suffisamment courageuse ou suffisamment honnête, je lui livrerais le fond de ma pensée. Ainsi, il le saurait, ainsi, je le saurais, et je ne pourrais plus jamais le retirer. Mais n'ayant ni ce courage ni cette honnêteté, je me suis contentée d'un regard. Je crois qu'il avait compris de toute façon. Je te libère. Je te ferme mon cœur. Parce que si je ne me fais pas maintenant, je ne le ferai jamais.
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