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EAN : 9782070311576
144 pages
Gallimard (21/08/2006)
3.7/5   354 notes
Résumé :
Présentation de l'éditeur
Dans un lieu improbable, entre l'aéroport et un supermarché, tout près de la décharge, se trouve l'abattoir. C'est là que travaille le narrateur, jeune homme célibataire qui vit avec sa grand-mère acariâtre. " On peut pas dire que c'est vraiment le boulot dont je rêvais... Ça fait tellement longtemps que ça saigne, j'en ai des vertiges de cette longue hémorragie. " Il y a bien un peu d'amour, les filles à la pause, l'institutrice en... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (73) Voir plus Ajouter une critique
3,7

sur 354 notes
C'est l'histoire d'un gars devenu un étourdi en étourdissant des bêtes.
Pas franchement rigolo, son récit marqué d'oralité, mais ce qu'il nous fait rire, Joël Egloff !
D'ailleurs, il « oublie » de donner un nom à son personnage.
Il pourrait s'appeler très bien « pupille de l'abattoir », comme on dit « pupille de la nation ».
Mais au bout de trois pages, on sait qu'on pourrait lui dire, par exemple, Vladimir. Ou Estragon. C'est vrai qu'il attend, il attend quelque chose, notre héros, mais la vie lui a enlevé les mots de la bouche, et il ne saurait nous dire ni qui, ni quoi, ni pourquoi.
On sent qu'il est le petit frère de Macha, d'Olga et d'Irina, bien que Moscou soit pour lui encore plus loin qu'il ne l'était pour elles.
De son paysage pas franchement bucolique – il a comme voisine la déchetterie – il voudrait parfois s'échapper.
Et pas vraiment : parce qu'au fond, on s'attache à tout, nous dit-il. A l'odeur d'oeuf pourri quand le vent vient de l'ouest, à l'odeur de souffre qui apparaît avec le vent de l'est, à ses propres « souvenirs qui ressemblent à des oiseaux mazoutés » (EFL 2006 : p. 12), aux matins pâteux qu'il faut apprendre à différencier de la nuit.
C'est un bon gars.
Fichtrement gentil : il n'arrive pas à annoncer la mort de son collègue (étourdi mortellement, celui-là : accident de travail) à sa jolie veuve. Pourtant, il s'était préparé un tas de phrases possibles. Sauf qu'aucune ne lui vient, et ce n'est jamais le bon moment. Alors il temporise entre un verre de liqueur et une collection de timbres. La visite se prolonge sans raison, mais c'est un peu comme tout ce qui nous arrive, n'est-ce pas, on ne peut pas lui en vouloir. Et puis, dehors, il y a les meutes de chiens errants qui attendent et te reniflent de loin, et quand ils sont sur tes traces, t'as plus le choix, tu fais comme tous les jours : tu cours, tu cours, tu cours, si tu veux sauver ta peau. Il vaut donc mieux se retrouver encore un peu à l'intérieur, quelque part.
Il porte aussi des jolies conversations avec l'instit qui amène les enfants faire des visites pédagogiques à l'abattoir : ils s'embrassent, s'assoient sur l'herbe, échangent des gentillesses et s'entraînent au bonheur – tout ça dans sa tête. Ce n'est pas sa faute que les jours passent si vite et qu'il n'arrive pas à aborder la jeune femme qui finira par ne plus y apparaître. Il gardera quand même ces bons moments passés avec elle par la pensée. Ça en fait des réserves de tendresse pour les longs hivers gris à côté de sa grand-mère qui n'a presque plus, elle, de souvenirs.
Il aimerait bien, lui aussi, un peu d'ambiance de Noël. Alors, il fait semblant et feint de sentir quelques flocons de neige, une trace de blancheur, un petit reste d'enfance même quand « une pluie chaude et grasse », « comme de l'huile de vidange » (p. 180) lui tombe dessus à grosses gouttes.
L'abattoir, pour notre Vladimir (ou Estragon), c'est comme la boîte noire qu'il trouve après le crash d'un avion : « c'est plein de malheur ».

Je remercie l'anonyme qui m'a laissé ce livre dans une boîte à bouquins d'une station de tram.
Je le prêterai avec plaisir à droite et à gauche, mais il ne passera plus la nuit dehors.
Parce qu'on finit par s'attacher à tout.
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"Quand le vent vient de l'ouest, ça sent plutôt l'oeuf pourri. Quand c'est de l'est qu'il souffle, il y a comme une odeur de soufre qui nous prend à la gorge. Quand il vient du nord, ce sont des fumées noires qui nous arrivent droit dessus. Et quand c'est le vent du sud qui se lève, qu'on n'a pas souvent, heureusement, ça sent vraiment la merde, y a pas d'autre mot."
Un homme sans nom déambule au pays de nulle part. Joël Egloff nous invite dans Un "no man's land" sordide, entre une décharge, le bout d'une piste d'aéroport, et un abattoir où travaille le narrateur. Il n'est pas tous les jours facile de respirer dans cet endroit au milieu des fumées toxiques.
J'ai suivi ce périple, le sourire aux lèvres parfois, une légère inquiétude aussi en entendant venant du fond de moi une petite voix qui me disait : « et si à force de maltraiter notre belle planète, cela nous arrivait !»
Une lecture insolite et une magnifique découverte d'un auteur qui m'était totalement inconnu.

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Je découvre Joël Egloff, auteur mosellan. L'étourdissement est publié en 2005 et obtient de prix du livre Inter.Ne sachant pas trop à quoi m'attendre, je tourne les premières pages de ce livre et me rends compte de l'étrangeté du contexte. Tout semble inadéquat et pourtant la fluidité du texte rend les personnages attachants dans leur quotidien qu'ils s'approprient et dans lequel ils s'adaptent. Néanmoins, vivre sous une ligne à haute tension, près d'un aéroport perturbe le sommeil. le milieu professionnel du narrateur n'est pas plus réjouissant, il travaille dans un abattoir. Pour s'y rendre, il doit parcourir en bicyclette, de longs chemins de campagne semés d'embuches. Lorsqu'arrivent les vacances, ce ne sera pas au bord de plages paradisiaques qu'il va se détendre mais autour d'une station d'épuration !Sordide ! Absolument !
C'est avec tact, fluidité, allégresse que l'auteur nous conte cette histoire la rendant vivable, acceptable. Nous nous trouvons dans le domaine de l'absurde, du cocasse ! Certaines scènes sont de réelles parodies tournées à la dérision alors qu'elles ont un profil grave voire tragique.
J'ai un peu retrouvé des nuances de l'auteur François Morel dans le style. Ce roman est un conte orienté vers l'absurdité, on y sent une réelle philosophie dans l'approche quant au travail, au quotidien, au rêve d'une vie meilleure.
Ce petit livre de 142 pages m'a emportée dans un autre monde. Je me suis sentie gâtée par la vie, j'ai souvent souri là où j'aurais pu pleurer.Je pense que ce livre va laisser des traces en moi.
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Je pensais avoir fait une critique de ce livre. Donc, réparation… J'ai adoré ce roman sombre, glauque et pourtant tellement drôle. L'annonce d'un décès, en autre, est hilarante, ainsi que le héros en vélo dans le brouillard. Quant j'ai vu que Joël Egloff était au salon du livre de la maison de la radio, je m'y suis précipitée. Les lecteurs s'agglutinaient auprès d'auteurs connus et reconnus, tandis que je me suis dirigée vers lui. Nous avons discuté un moment. Il était tout surpris de susciter de l'admiration. Romancier sympathique et plein d'humilité.
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Un vrai coup de coeur pour ce livre, bizarrement le deuxième que je lis en moins de deux semaines où le héros travaille dans un abattoir. A la différence du roman "Cadavre exquis" d'Agustina Bazterrica, dont la violence de plusieurs scènes en rend la lecture difficile, ce livre-ci est un vrai régal, usant d'un humour du désespoir qui fait penser à certains Chaplin tels que Les lumières de la ville ou Les temps modernes. Suivre les non-péripéties de la vie de cet homme sans âge, qui vit avec sa Grand-mère dans un pays où une des plus grandes distractions consiste à aller se baigner dans le bassin de la station d'épuration fut pour moi une des lectures les plus réjouissantes de ces derniers mois. Je pense que je reviendrai très bientôt vers ce Joël Egloff.
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Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Chez nous, chaque année, on me disait que le Père Noel ferait pas sa tournée parce qu’il était gravement malade et qu’il passerait peut être même pas l’hiver. Jusqu’au jour ou, pour avoir définitivement la paix, ils m’ont annoncé qu’il était mort et que personne reprendrait l’affaire. Et c’était réglé. P 129
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Le jour où je m'en irai, ça me fera quand même quelque chose, je le sais bien. J'aurai les yeux mouillés, c'est sûr. Après tout, c'est ici que j'ai mes racines. j'ai pompé tous les métaux lourds, j'ai du mercure plein les veines, du plomb dans la cervelle. Je brille dans le noir, je pisse bleu, j'ai les poumons remplis comme des sacs d'aspirateur, et pourtant, je le sais bien que le jour où je m'en irai, je verserai une larme, c'est certain.....
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– Nom de Dieu, je l'ai vraiment pas vue passer, cette année, je lui dis.
– Moi c'est pareil, il me répond.
– L'année d'avant, non plus, je l'avais pas vue passer.
– Moi non plus
– Comme toutes les précédentes, d'ailleurs. J'ai rien vu passer du tout, finalement, à part les bêtes qu'on saigne (Éditions France Loisirs 2006 : pp. 177-8).
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Quand le vent vient de l'ouest, ça sent plutôt l'oeuf pourri. Quand c'est de l'est qu'il souffle, il y a comme une odeur de soufre qui nous prend à la gorge. Quand il vient du nord, ce sont des fumées noires qui nous arrivent droit dessus. Et quand c'est le vent du sud qui se lève, qu'on n'a pas souvent heureusement, ça sent vraiment la merde, y a pas d'autre mot.
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- Et tu sais que le cerveau a été touché, il ajoute, je te l'ai déjà dit. Ils ont fait ce qu'ils ont pu, mais ils ont quand même été obligés de m'en retirer la moitié. Je sais pas si tu vois... On s'imagine pas à quel point c'est important comme organe. C'est seulement quand il t'en manque un morceau que tu t'en rends compte.
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