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EAN : 9782352210887
288 pages
Michel GUERIN (01/10/2015)
3.56/5   95 notes
Résumé :
Raconter l’enfance et les relations qui lient (ou délient) un fils avec son père, n’est pas une démarche anodine. Pas étonnant alors que Yann Quéffélec renoue ici avec le meilleur.
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
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Un mois et demi, déjà.. que j'ai rédigé cette chronique

Hasard des trouvailles, et des flâneries en librairie. Deux raisons à mon choix: la Bretagne, un écrivain breton des plus significatifs, et un hommage vibrant d'un fils devenu lui-même écrivain, fasciné par une grande figure paternelle, qui fut simultanément synonymes de "terreur", "modèle" et "vénération"...
Un style jubilatoire, un peu surchargé à mon goût, avec quelque mal à accrocher au départ...qui s'est heureusement débloqué au fur et à mesure du récit !

J'ai le souvenir lointain de rapports fort tendus entre le fils et l'auteur de ses jours...Dans ce récit on constate que les rapports entre le père et le fils ont toujours été houleux...et plus !!! Yann s'est toujours senti le mal-aimé, le "canard boiteux" de la famille aux yeux du père, car la maman était aimante, et admirative de son fils, de ses tout premiers écrits... contrairement au père dont on sent l'ambivalence et l'omniscience constante...

Un récit bouleversant où on sent simultanément l'amour fou d'un fils pour un père exceptionnel mais aussi un gâchis, de la douleur, une demande d'amour filial, à jamais insatisfaite !

On constate toutefois deux passions fortes entre le père et le fils, qu'ils vivent chacun , avec leur personnalité distincte: les mots, l'écriture et la mer, et les bateaux...

Le hasard de mes dernières lectures m'a fait me plonger dans différents hommages filiaux, avec "Suite à la dernière leçon" de Noëlle Châtelet, "ma mère du Nord" de J.L. fournier et enfin cet "Homme de ma vie" de Yann Queffelec...

13 janvier 1992, décès d'Henri Queffelec... Nous pouvons observer qu'il aura fallu à notre écrivain plus de 20 années pour pouvoir entamer ce "monument de mots" à la gloire de cette figure paternelle, gigantesque...
Un mélange subtil , explosif d'amour et de peines pas vraiment apaisées.

"Plongée ces jours-ci dans -Mémoires d'une jeune fille rangée-, je m'aperçois grâce à Simone de Beauvoir, qu'il faut dire aux enfants les sentiments qu'ils nous inspirent et qu'il est délicieux d'éprouver à leur contact. Tu as bon cœur, mon chéri, et tu devrais parler à ton papa. C'est un homme secret, mais tellement bon. Souviens-toi qu'il n'a jamais connu son père. Un mot de ta part lui délierait la langue aussitôt. Un mot suffit pour se dire les choses, et peu importe qui fait le premier pas. Tu ne le regretteras pas, mon chéri. Tu m'ôteras un tel poids du cœur ce jour-là. Et crois bien que je lui parle à lui comme je te parle à toi. Mauriac a bien raison d'épingler le mutisme imbécile des familles ravagées par le malentendu." (p. 156)
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Pas facile d'être le fils de. Dans « L »homme de ma vie », Yann Quéffelec le prouve à travers un livre qui aurait pu être un réquisitoire sans retour sur un père qui n'ouvrit presque jamais son coeur à ce fils qui pourtant choisit la même voie et obtint le Goncourt pour « Les noces barbares », d'ailleurs la scène de l'annonce du prix, par le fils au père est le parfait exemple de cette déconnexion familiale. Yann raconte tout cela dans un style riche (parfois un peu trop), les malentendus, les disputes, les absences, l'incompréhension, la dureté d'un père fermé, autoritaire. Quéffelec fils, malgré les rendez-vous manqués, racontent ces peines, ce manque d'affection. Il utilise un l'humour bienvenu, il n'est pas revanchard, juste lucide. Son récit est celui d'un homme qui a su trouver sa place, regarder vers la mer (que son père aimait lui aussi) pour trouver les bons vents, histoire de rappeler qu'il peut-être fier de son parcours malgré ces blessures paternelles.
Emouvant.
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Pour le fils la reconnaissance paternelle est l'attente jamais comblée, le Graal inaccessible d'un enfant turbulent devenu la quête sans fin d'un écrivain accompli.

Il sait cela Yann, la bénédiction d'Henri, tant désirée, ne peut pas venir, à moins de faire le premier pas. Mais comme on ne guérit pas d'une blessure d'enfance, on ne change pas son caractère, chacun joue son rôle, le même à perpétuité.

Pourtant, parce qu'il faut bien vivre malgré ses tourments, le fils oublie par moment ses griefs et laisse parler son amour filial. Un récit touchant qui est aussi souvent drôle.
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Qu'il est difficile de parler de son père ! Encore plus lorsque celui-ci à tendance à vous humilier, vous renier ... Je dis tendance parce qu'il y a tout de même un jeu de va-et-vient entre eux deux, notamment après le décès de la maman, qui est au coeur du conflit.
Yann Queffelec a décidé de parler de l'amour pour son père, après avoir évoqué celui de sa mère et celui de la Bretagne. La gestation a été plus longue parce que ambivalente, comme il l'explique dans son avant-propos (qui est un des plus abouti que j'ai lu, soit dit en passant ...) :

"Au tournant du siècle dernier, j'eus envie d'écrire un bouquin sur Henri Queffelec, l'auteur de mes jours disparu le 13 janvier 1992. Un hommage? Oui et non. Un portrait-robot mêlant père et fils sur fond de brouhaha familial pas toujours de bon aloi. Je dus renoncer après quelques paragraphes à hue et à dia. Comme disait Gertrude Stein : si je possédais le sirop, il refusait de couler. de plus, j'ignorais quel était mon héros : "mon père" ou "papa" ? Incapable de choisir entre les deux sosies, craignant le syndrome de Buridan, je renvoyai cette écriture à d'autres calendes. On n'est jamais déçu, avec l'écriture. Quand elle a faim, elle ne cesse de vous mordiller comme un chiot rageur, de japper sur la page : écris-moi ! écris-moi ! Repoussez-la, elle va faire un tour et revient avec un appétit redoublé. Elle est revenue ces jours-ci, pour ne rien vous cacher, elle s'en fiche désormais qu'on l'appelle "mon père" ou "papa". C'est juste qu'elle n'en peut plus d'avoir faim. C'est elle ou moi."

Ce besoin d'écrire sur son père était aussi vital que celui d'être aimé par lui. Ainsi, toute sa vie, il a cherché à l'impressionner pour qu'il le regarde. C'est ce qui dur, tout au long de ce livre, de voir cette demande de reconnaissance qui n'aboutit pas (ou si peu). Dans le regard (qui hante toujours l'auteur), les gestes, il recherchait cet amour. Alors, il ira sur son terrain, il fera écrivain comme lui, mais, il n'en fallait pas plus pour aiguiser encore plus la jalousie de son père. Parce que bien sur, il recherche la reconnaissance de son père mais surtout il veut impressionner sa mère, on reste dans un rapport très oedipien jusqu'au décès de cette mère adulée, adorée, partagée.

Et après ? après, les rapports sont difficiles : Yann part sur les mers, où les rapports sont tout aussi tumultueux mais là, c'est lui qui tient les rênes, enfin le gouvernail plutôt ... jusqu'à la révélation : il doit assouvir sa seconde passion, l'écriture.

2ème livre : "Les noces barbares", succès, prix Goncourt, le Graal de l'écrivain ! Avec ça, il va être fier le papa ... et encore râté ! Ni content, ni furieux ... la pire des réactions : l'ignorance

"- Papa ?... Tu ne vas pas y croire, papa.
- Je sais, la femme de ménage m'a prévenu.
- Je viens d'acheter un poisson rouge.
- ...
- En fait, papa, c'est moi qui ai le prix Goncourt cette année.
- J'ai du boulot, p'tit vieux, raccroche."

Il y aura séparation puis réconciliation et entente cordiale ...

Encore une fois, Yann Queffélec a fait un très beau roman, une biographie, qui se termine par le CV de son père (original !). On ressent les émotions face au père, à la mère (même si elle est moins présente dans ce livre), à la Bretagne et à la mer, avec une plume toujours si riche de vocabulaire, de référence et d'humour ; humour grinçant qu'on lui connait bien.

Je dirais pour terminer et qui ressort de cette lecture : chacun aime à sa manière, on voudrait avoir toujours plus de preuves d'attention, d'amour de ses parents, mais lorsqu'on a grandit "à la bretonne", qu'il est difficile de communiquer avec le coeur !
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A l'approche de ses 50 ans Yann Quéffelec a ressenti le besoin d'écrire un livre sur son père, l'écrivain Henri Quéffelec. Hommage ? Règlement de compte ? Ni l'un ni l'autre en fait.

J'ai eu beaucoup de mal à aller au bout de ce petit récit autobiographique qui fait moins de 300 pages. La première partie est l'enfance, jusqu'au 15 mai 1970, jour où celle de l'auteur semble disparaître avec le décès de sa mère. La seconde partie nous montre l'auteur à l'âge adulte, écrivain à succès (prix Goncourt avec son deuxième roman, « Les noces barbares » en 1985) et navigateur, et ses tentatives de rapprochement avec son père qui ne semble ne s'être jamais remis de la disparition de sa femme.

A aucun moment je n'ai ressenti d'empathie pour cette famille étrange, dominée par la figure d'un père austère, froid, détestable, incapable d'exprimer des sentiments positifs (tout du moins à l'encontre de son fils cadet). Je n'ai pas compris l'acharnement du père contre ce fils « né dans la mauvaise famille ». Parce qu'il ne voulait pas d'un troisième enfant ? Parce que l'accouchement a été difficile et qu'il a eu peur de perdre sa femme ? Comme un être aussi éduqué et intelligent pourrait-il avoir ces sentiments ?

Je n'ai pas non plus été touchée par la quête intense, immense, infructueuse de ce fils pour arracher à son père une minute, un mot, un geste d'amour. Un besoin de reconnaissance, d'amour si profond que le fils va suivre le père sur les chemins de la littérature, et, suprême affront au géniteur, dépasser celui-ci en obtenant le plus prestigieux des prix littéraires dès son deuxième roman.

Même si Yann Quéffelec essaie de mettre de l'humour, de la poésie, de l'autodérision dans son écriture, on sent toute la douleur de cette communication qui n'a jamais pu s'établir vraiment. Et même s'il semble que les deux hommes aient fait la paix l'un avec l'autre sans vraiment se le dire, la plaie semble encore très vive au moment où l'auteur écrit les derniers mots de son récit.

Bref, peut-être pas pour moi le meilleur livre pour aller à la rencontre de cet auteur.
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critiques presse (2)
LeFigaro
05 novembre 2015
Le nouveau livre de Yann Queffélec est le récit d‘une course éperdue d'un fils vers son père. L'histoire tragi-comique d'une enfance sans drame, mais tissée de malentendus.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Telerama
28 octobre 2015
Le chagrin ne leste pas le livre de Yann Queffélec. Au contraire, jusqu'aux ultimes et très belles pages, qu'on oserait presque dire apaisées, il en est le nerf, le ressort entêté.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
Plongée ces jours-ci dans -Mémoires d'une jeune fille rangée-, je m'aperçois grâce à Simone de Beauvoir, qu'il faut dire aux enfants les sentiments qu'ils nous inspirent et qu'il est délicieux d'éprouver à leur contact. Tu as bon cœur, mon chéri, et tu devrais parler à ton papa. C'est un homme secret, mais tellement bon. Souviens-toi qu'il n'a jamais connu son père. Un mot de ta part lui délierait la langue aussitôt. Un mot suffit pour se dire les choses, et peu importe qui fait le premier pas. Tu ne le regretteras pas, mon chéri. Tu m'ôteras un tel poids du cœur ce jour-là. Et crois bien que je lui parle à lui comme je te parle à toi. Mauriac a bien raison d'épingler le mutisme imbécile des familles ravagées par le malentendu. (p. 156)
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Autour de vous, ce ne sont pas des monstres marins (encore que), mais un bric -à -brac de personnages assoupis dans l'ombre, parfaitement inoffensifs. Soyez sans crainte si vous les entendez bâiller ou grommeler: ce sont des personnages en attente du maître absent, il leur arrive de s'entraîner, de tuer le temps, de jalouser leur ombre ou de crier leur amour, appeler au secours, d'agir comme tous les personnages de roman, de tuer si nécessaire, ou de pardonner. derrière eux, logés à l'étroit dans les bibliothèques aux rayonnages ployés, des centaines de bouquins grimpent jusqu'au plafond, débordent sur le plancher, doux comme des agneaux. (p. 95)
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Nous baissons la vitre. Un train sympathique finit par rouler à notre hauteur. Nous voyons de tout près les voyageurs du train d'en face, garçons, filles, parents, des voyageurs comme tous les voyageurs de tous les trains du monde, comme si des millions de sosies se croisaient sur les rails en se prenant pour des inconnus. Nous leur sourions, ils nous sourient (...: p. 56)
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On n'est jamais déçu, avec l'écriture. Quand elle a faim, elle ne cesse de vous mordiller comme un chiot rageur, de japper sur la page: écris-moi ! écris-moi ! repoussez- la, elle va faire un tour et revient avec un appétit redoublé. (p. 11- Avant-propos)
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Comment le rencontrer sans penser: voilà l'ami qu'il me faut. Comment ne pas tomber en amitié pour un homme à qui les chiens souriaient dans la rue., à qui l'horizon souriait quand il clignait ses yeux bleus en disant : c'est beau comme on dirait adieu. (p. 232)
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Vidéo de Yann Queffélec
En partenariat avec l'Opéra National de Bordeaux, Yann Queffélec vous présente son ouvrage "La mer et au-delà : Florence Arthaud" aux éditions Calmann Levy. Entretien avec Sylvie Hazebroucq.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2409827/yann-queffelec-la-mer-et-au-dela-florence-arthaud-recit
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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