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EAN : 9782080684868
246 pages
Flammarion (20/08/2004)
2.91/5   130 notes
Résumé :
Se réveiller un matin, descendre dans la rue et réaliser que tout le monde vous reconnaît. C'est l'expérience étrange que vit Georges Frangin. Chômeur docile, inconnu au bataillon, il découvre qu'il est une star, sans raison. Il essaie de comprendre, interroge les passants, passe pour un snob qui nie sa célébrité. Va-t-il devenir fou? Lorsqu'on l'annonce dans une émission de télévision il appelle la chaîne. Ne vous inquiétez pas, lui dit-on, tout va bien se passer. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Serge Joncour L'Idole , roman, (poche)

Dans le roman L'idole, Serge Joncour s'intéresse à la célébrité sous l'angle sociologique, au vu de cette vague exponentielle de pipolisation née avec les télé-réalités. Il noue livre une réflexion approfondie sur les rouages de notre régime médiatique.
L'auteur met en scène Georges Frangin, citoyen lambda, chômeur en stand by, dont on suit la fulgurante ascension jusqu'au firmament de la célébrité. un vrai vertige pour le narrateur qui laisse entendre sa voix intérieure.

Dans la première partie, Frangin, étourdi par ce chamboulement, cherche à comprendre ce qui peut bien l'avoir propulsé sur le devant de la scène. Serait-il le messie, investi d'une mission interplanétaire?Il interroge ceux qu'il croise pour cerner l'engouement qu'il suscite. Il fouille dans ses souvenirs pensant y exhumer le fait justifiant cette vénération. Avec une pointe d'auto dérision , il en vient à conclure « qu'il n'est étranger à personne. Sinon à lui  ». le lecteur, témoin de cette situation incongrue: véritable «  hallucination collective », en reste aussi médusé.
Et de s'interroger? Aurait-il un sosie, un jumeau?

Une fois accepté cette situation, Georges Frangin perçoit les avantages, les « délices » même de la notoriété. N'est-ce pas grâce à l'usufruit de son capital d'image que Frangin se retrouve convoqué au match France-Angleterre, pour donner le coup d'envoi? On imaginerait volontiers un dessin de Sempé pour capter cet envol du ballon vers qui tous les regards écarquillés convergent.

Serge Joncour campe son héros dans de multiples scènes cocasses ( ses premiers autographes),voire ridicules pour le plus grand plaisir du lecteur. On se régale de sa visite chez le toubib, de son accoutrement pour passer inaperçu ( arborant le code des stars), de son dialogue de sourd avec un anglais dans une file au supermarché. On imagine sa consternation(tel Benny Hill) en déclenchant tous les appareils électriques (aux toilettes) , sa panique, quand il se retrouve planté « en plein coeur d'un imbroglio de périphériques ». Confondant de drôlerie, la tirade dithyrambique de Frangin sur son blouson, face « aux furieux incontrôlables ». L'angoisse le taraude également quand il perçoit qu'une rumeur est vite colportée à l'ère des tweets.

Serge Joncour divertit par son style , ses comparaisons: La secousse le «détacha de la barre comme un fruit »;ses métaphores: sa scolarité, fut comme « un vestibule à ses futurs déboires ». Il cultive quiproquo (sur les mots poste, se saigner ) et malentendu. Il surprend par ses formules imagées , inédites: « des vannes à décapsuler le sourire » ou « Ils se vidangeaient le rhésus dans la baignoire ».
Dans ce roman, Serge Joncour nous livre une subtile radioscopie de la société française, à travers ces addicts assoiffés de visibilité,coûte que coûte, même sur l' emballage d'un produit . Il distille des observations pertinentes sur l'actualité, sur la médecine,les fast food, les parents aux « mioches mal élevés ».Il brocarde ces questionnaires mal formulés qui déroutent, les interviews aux questions absurdes.
le tout virant à la satire.


Serge Joncour explore aussi les dégâts collatéraux( certains disjonctent, perdent pied avec la réalité, ne peuvent plus vivre dans la normalité), pointant les dangers de la surexposition et de la surmédiatisation. le revers de ce star système n'est-il pas la solitude, le repliement sur soi, pour échapper aux hordes de paparazzis?
Pour être crédible, il faut être passé à la télé, même si le livre n'est pas écrit!
L'occasion pour Serge Joncour d'étriller la prolifération de cette 'chick lit' destinées à satisfaire des lecteurs friands de faits sulfureux, de scandales.
L'auteur nous dévoile les coulisses d'une émission télé et nous laisse entrevoir comment les invités sur les plateaux sont conditionnés, briefés, réduits à des pantins, des marionnettes n'ayant plus leur mot à dire. Il ne se prive pas de stigmatiser M.Raphaël, ce directeur de chaîne, épinglant son savoir-faire pour relancer la carrière d'un has been. Ne suffit-il pas de susciter la compassion, de s'inventer un exploit?
Il dénonce ainsi cette culture du show business, fustigeant les télécrates qui tendent le micro à ces idoles , les consultent sur le sens de la vie ou les affaires du monde.

Le destin de Frangin pourrait se résumer en deux mots: gloire et décadence corroborant le fait que « la célébrité est un capital fragile » et éphémère, ce que Warhol avait compris. Les nouveaux Rimbaud sont vite éclipsés.
L'épilogue révèle combien la chute peut être éprouvante pour celui qui fut porté au pinacle et adulé, ne serait-ce que lors d'une convocation au pôle emploi.


En abordant le sujet du vedettariat, Serge Joncour soulève une question cruciale:
La célébrité est-elle un garant du bonheur,d'autorité, un gage de talent?
Si les idoles ont un statut précaire, Serge Joncour, lui, mérite celui d' auteur confirmé.
Dans son roman, L'Idole,Serge Joncour embarque, avec humour et ironie, le lecteur dans le sillage de Georges Frangin. Parcours de Monsieur Nobody à celui d'icône, émaillé de scènes hilarantes. Il signe un récit jubilatoire , empreint d'un ton virulent. Prolonger par le film Superstar, adaptation de Xavier Giannoli, s'impose.
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Adapté prochainement aussi cinéma par Xavier Giantonni, j'ai découvert « L'idole » de Serge Joncour complètement par hasard. A nouveau le cinéma m'a mené vers un auteur incroyable. un auteur qui sait en quelques mots nous donner un univers, un sentiment, une ambiance... A coup d'exemples simples, concrets et sincères on est très vite embarqués dans une histoire incroyable...

Avec une narration à la première personne du singulier, on est immédiatement dans la tête de Georges Frangin (notez le nom pas forcément anodin qui rend familier, comme un bon pote, un mec qu'on a envie d'attraper par l'épaule, de soutenir…), Mr Tout le monde qui découvre un beau jour que les gens qu'il croise lui adressent des sourires, des petits signes. Que l'on veut absolument lui parler, le prendre en photo... Mais lui n'a qu'une question en tête : Pourquoi??? Et du coup nous aussi !

On imagine très bien et très vite ce que peut ressentir cet homme qui un jour devient connu de tous. Encore plus déroutant lorsque l'on a rien fait pour. Et oui, à priori dans la majorité des cas, on sait pourquoi on est célèbre. Acteur, chanteur, artiste, sportif, politicien ou autres ont tous a priori fait quelque chose pour devenir célèbre. Mais ici Georges ne sait rien, alors il cherche, il réfléchit, fouille dans son passé. Sans vraiment trouver ce qui du jour au lendemain peut justifier cette célébrité incroyable. Heureusement, c'est ici une popularité positive, bienveillante, donc heureuse. Il l'a note, puis la découvre, la vit pleinement pour finalement aussi découvrir l'envers du décor de la popularité ...

Un livre où tout le long des pages on se pose 1000 questions, où l'on se projette à la place de cet homme, qui plein d'humour et de bons sens, analyse ce qui lui arrive...

Bien écrit, très fluide et dynamique, on suit l'histoire avec curiosité et un peu d'envie. Serge Joncour écrit si bien, il partage ici de l'intérieur l'expérience vécu par George en mots simples et plaisants. On sympathise immédiatement avec ce personnage « célèbre » complètement perdu, qui prend les choses avec un calme et une philosophie très touchante. Comme lorsqu'il pleut et que l'on a pas de parapluie, nous dit-il. Il observe sa célébrité avec bonhommie. Il a beau réfléchir, il ne voit pas ce qu'il peut avoir dit ou fait. Il se trouve bien trop banal. Et puis comme il le dit, il ne se souvient jamais lui-même des noms des célébrités. Il évoque une Claudia, actrice étrangère, un chanteur nommé Patrick qui racontait que c'était terrible de voir des femmes courir après lui (petite gymnastique délicieuse au fil de la lecture).

On s'étonne d'ailleurs au début de la lecture, aux deux premiers jours, de son manque d'enquête, comme si il voulait ne pas trop savoir pour ne pas avoir à détromper les gens. Pour profiter encore de la chose. Et puis un soir devant la TV il se voit dedans : "Autant on est habitué à voir à peu près n'importe qui dans sa télévision, autant de s'y découvrir soi, surtout sans y avoir été invité, produit un choc effroyable".

On suit alors George dans sa quête, mentale de comprendre cette célébrité soudaine. On réfléchit avec lui, lorsqu'il liste tout ce qu'il n'est pas ("je ne chante pas, je ne danse pas, je n'ai pas joué au foot depuis l'école…")... On est en attente tout comme lui, sans comprendre pourquoi il ne pose pas plus de question à son entourage. Peut-être est il un sosie, peut-être a-t'il raté une info au milieu du (trop) grand nombre de média. Je me surprend même à réfléchir avant lui, et si il était amnésique? Et si il rêvait? de page en page on découvre qui il est, son vécu, son pourquoi il est là où il est aujourd'hui. Son côté rêveur et réaliste à la fois, sur ce qu'il est, ces petits rien qui le rendent profondément attachant. On compatie à son déroutement, à sa soudaine célébrité, à ses sourires qu'il attrape, mais on le plaint sincèrement de ce qu'il traverse dans cette solitude désarmante…

Cela doit être bien déstabilisant d'être une célébrité, d'être reconnu par tous sans même savoir pourquoi. Sans être un artiste ou avoir un don particulier ou fait quoique ce soit. Personnellement cela me rendrait dingue !Mais Georges se laisse ici porter par la célébrité sans chercher à la comprendre, la contredire ou même la maitriser.

Très frustrant, mais aussi très malin de la part de l'auteur de ne donner que des informations par petits bouts, mais surtout comme George les découvre, les vit, les analyse, et les réfléchit. Très malin et surtout avec beaucoup d'humour. Les situations que traversent Georges sont absolument géniale et vraiment très drôle.

Sa visite chez le docteur est savoureuse, il cherche de l'aide auprès de la seule personne qui ne veut pas savoir qui il est en dehors de son cabinet. L'échange avec sa banquière qui tire un franc sourire sur les lèvres du lecteur : il est d'un seul coup le client le plus important, on lui passe tout, on lui excuse tout. « de toute façon, mon cher Monsieur Frangin sachez le, il ne faut pas attendre d'avoir de l'argent pour le dépenser. Après tout les banques sont là pour ça. ». Sans oublier l'épisode de ANPE qui est un petit régal.
Le rapport aux célébrités et à la célébrité est troublant et m'a toujours interpellé. C'est ici extrêmement bien décrit. Extrêmement bien amené. On découvre l'évolution quelle prend, la place quelle peut prendre dans un quotidien et surtout la rapidité à laquelle elle peut arriver... Mais aussi tout le côté complètement absurde que cela peut donner à certaines situations et aux gens que l'on côtoie.
Comme lors de sa première "rencontre" avec le libraire que lui demande une dédicace en lui demande de signer n'importe quoi, une bafouille sur un dictionnaire des synonymes ou un livre de recette de cuisine... Et je pense à certains artistes que j'ai pu voir signer sur des canettes de soda vides ou un paquet de bonbon (véridique)... On s'attendrit également lorsque déjà dérouté par tout ce qui lui arrive, il se fait sincère et qu'il s'entend dire « Allez, faites pas votre star, sinon je répète à tout le monde que vous êtes un bêcheur, un type pas sympa… ».

Combien de fois je me suis posée la question de ce qu'ils pouvaient bien ressentir ses artistes que j'ai pu croiser ou je croise parfois... Ici Serge Joncour l'explique en une phrase :
« Je l'assure rien n'est plus déstabilisant que de voir un inconnu se planter devant vous avec un air d'intelligence : cela suppose que ce gars là en sait déjà long sur vous, alors que vous-même ne savez rien de lui. »


On découvre lentement que finalement il ne cherche pas du tout à comprendre concrètement d'où vient sa célébrité. Il l'aime, elle le sort de sa solitude… Pour prolonger le plaisir de ce cadeau si soudain, il prend son temps. Entrainé par le monde qui l'entoure et l'opportunisme d'une chaine TV qui va vite. Ce qui prouve aussi tristement sa grande solitude et l'aberration des médias et du public qui adhère a ce qui est dit sans aucune raison ni sens. Et puis sa nouvelle célébrité va même lui donner une assurance qu'il n'a jamais eu, une nouvelle légitimité. Il va même jusqu'à envisager d'être un envoyé de Dieu. Et si comme lui, il était choisi parmi t'en d'autres ?« Je rentrai chez moi en marchant par des zones mal éclairées, seul dans le noir, je me sentais le jouet d'une conspiration transcendantale, un projet ourdi de longue date, un messie mal informé. »

Un livre passionnant, riche d'anecdotes pleine de sens, riche de sous entendus poussant à la réflexion. Chaque étape de lecture amène un élément de compréhension supplémentaire. Ponctué de moments et souvenirs sympathiques, ils permettent à chaque fois de donner un nouveau sens à l'histoire en cours. Un nouvel angle de perception de ce qu'il peut ressentir... L'évolution de cette expérience nouvelle. Car oui, sa célébrité évolue, de bienfaisante elle devient envahissante, puis destructrice... Terrible de se savoir connu et pas vu... C'est alors être ignoré. Plus facile d'être un anonyme inconnu qu'un connu anonyme.

C'est là où Serge Joncour fait fort, il arrive par une histoire simple et des anecdotes sympathiques à nous faire réfléchir sur 1000 choses... Sorti en 2004, en pleine génération télé réalité, Serge Joncour met ici en avant le poids et l'impact de la célébrité, la perception que l'on peut en avoir de l'extérieur, mais surtout ici le côté "backstage"... Entre compréhension et compassion, il dresse également un portrait des communicants des plus méprisables.... Journalistes, président de chaine de TV, attachée de presse... qui communiquent à tout prix même avec rien…

Un livre qui dénonce l'air de rien, les dérives des médias, l'absurdité de l'être humain qui suit les choses juste parce qu'on lui dit de le faire. La complexité de la célébrité et de son rapport aux autres...
Que feriez vous si d'un coup, tout de vous était mis en avant? que votre vie privée était disséquée et dans les médias? qu'il faille chaque jour à toute heure, sourire à tout le monde et tout le temps?... Compliqué... Un livre passionnant...


En bref : Un livre rafraichissant, dynamique et plein de sens. On se régale à chaque page. On compatit pour George et ce qu'il traverse. Mais surtout un livre qui dénonce les limites et les failles de la célébrité. L'envers de la médaille.
Lien : http://noaetsonmonde.blogspo..
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Si les boîtes à livres, parfois, s'avèrent être des coffres au trésor, il arrive qu'elles ne soient que des caisses rouillées, de modestes contenants que les membres d'équipage ne se sont pas donné la peine de récupérer. Je reviens déçu de ce voyage au Joncour. Certes, le bougre écrit bien : quelques passages valent le détour, par exemple, un savoureux coup d'envoi d'un Angleterre-France ou encore une incursion dans une agence de l'ANPE. Ce terme que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître illustre le défaut principal de ce bouquin écrit en 2004. Il était, peut-être, à l'époque, furieusement dans le vent. D'autres alizés ont depuis soufflé, d'autres ouragans même. Aujourd'hui, les trompettes de la renommée ont pris d'autres formes et la puissance souvent néfaste des réseaux sociaux rend cette satire de la notoriété passablement dépassée. Les références désormais datées amenuisent l'ironie de l'auteur et rendent rapidement la lecture ennuyeuse. Heureusement, le jeu de mot laid, qui débutait presque cette chronique, s'avérait inexact et la traversée était en réalité courte. Il est des livres dont on aurait aimé dire du bien, tellement l'auteur semble poser sur l'humanité un regard bienveillant tout en pointant du doigt les excès de notre société de trop bien nourris, ce n'est hélas pas le cas ! La prochaine fois ?
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Être une idole ce n'est pas de tout repos. C'est angoissant. Peut-être même pire ! Dans ce monde, on peut se réveiller un matin et sans le savoir être une "star". On boit son café, on passe sous la douche, on s'habille, on fait des gestes mécaniques, on se prépare pour la journée, on sort... et tout bascule, on n'est plus transparent. George Frangin va vivre un cauchemar. Il a été sélectionné, on ne sait trop comment, pour être une célébrité. Partout on le reconnaît, on lui demande des autographes, on veut le photographier, on veut lui serrer la main, lui poser des questions, lui taper l'épaule, s'en faire un ami. Il est en couverture des magazines, on parle de lui dans les journaux, à la télé, on le réclame, on l'encense. Il est de l'étoffe des héros... Mais des héros de quoi ? Les questions le hantent. Pourquoi ? Qu'a-t'il fait ? On l'oblige à revêtir un rôle, on lui dit qu'il est passionnant, que son livre (qu'il n'a pas encore écrit) est déjà dans le top 10, qu'il est attendu partout. Il apparaît et on l'applaudit.

George Frangin est pourtant bien ordinaire, d'une petite vie étriquée, quarante-six ans, célibataire, sans enfant. Quand les feux de la renommée l'éclaboussent et le brûlent, il dit ne rien vouloir de tout ça ! Mais l'engrenage est bien huilé, tout est programmé pour le rendre dépendant.
Une attachée de presse, une chambre luxueuse à l'hôtel, un chauffeur, on lui façonne une identité, on lui offre du rêve. Il raconte son aventure qu'il ne maîtrise pas ; des chapitres cocasses, incisifs et fantasques. Mais jusqu'où peut-il aller dans la supercherie ? Est-il prêt à tout accepter ? Et après ?

"- Dites-moi mon cher Frangin, puisque je vous ai sous la main, permettez que j'en profite pour vous demander deux ou trois petites choses.
- Ne comptez pas sur moi pour les éclaircissements.
- Tout de même, il y a un détail que je n'ai pas bien saisi ; vous avez des enfants ?
- Non.
- Pas de femme non plus ?
- Non.
- Vous êtes sûr ?
- ...
- Bon. C'est mieux comme ça, beaucoup plus profitable, dans le sens de notre projet s'entend, et du contenu qu'on y veut donner..."

Fable satirique sur le monde de la télévision, de la surmédiatisation, l'auteur prend pour cobaye un homme ordinaire pour le propulser au devant de la scène. Sur la thématique de la télé-réalité, du showbiz, de notre société consommatrice, Georges est un pantin qu'on actionne en coulisse. Ridicule (sa crédulité, son inexpérience), parfois agressif (surtout dans les premiers temps quand il cherche à comprendre et qu'il ne supporte pas sa notoriété), souvent émouvant (vers la fin), il ne nous laisse pas indifférent. L'histoire est poussée dans l'extrême quand on l'oblige à participer à des émissions télévisées, des rencontres sportives, quand il doit se raconter et extrapoler... Vous n'auriez pas un petit secret à dévoiler ? dites-nous tout ! Vampirisé, on le voit devenir petit à petit accro au système, s'en est pathétique car le zapping est tel, qu'un produit à peine déballé est déjà périmé. Et là, après avoir scénarisé la célébrité, l'auteur imagine le déclin.
Ce livre est presque une dystopie dans sa forme, tirant vers le fantastique, mais le fond est très réel, très ordinaire, montrant la vulgarité de notre monde... "Du pain et des jeux"

Ce roman intéressant, surprenant, cruel, railleur, plume scalpel, a reçu le Prix de l'Humour noir Xavier Forneret en 2005, et a été adapté au cinéma par Xavier Giannoli, avec Kad Merad dans le rôle de Georges. L'acteur ressemble beaucoup au personnage que j'ai imaginé.

Mon prochain livre de Serge Joncour sera "Combien de fois je t'aime"...
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--- Abandon ---

Cet homme est salué dans la rue par des inconnus, ravis de le croiser. Il se fait arrêter pour des autographes, il est illustre, manifestement, mais il en est le premier surpris. le confondrait-on avec un sosie célèbre ? Est-il amnésique ?
Ses interrogations tournent en rond : 'Mais qui suis-je donc ?', 'Qu'ai-je fait de si extraordinaire pour que l'on m'aborde ?'…

Des réflexions intéressantes sur la "rançon du succès" : perte de l'anonymat due à la célébrité en général, ou à la gloire éphémère (obtenue via la TV réalité)…
A part ça, j'ai attendu 80 pages (1/3) que le roman décolle, en vain. Retour à la médiathèque sans insister.

Je ne connaîtrai pas les réponses. Enfin si, puisqu'il y a des gens sympas sur Babelio qui racontent la fin… :-(

Amusante la couverture de l'édition brochée : une TV dont l'écran permet (vaguement) de voir son propre reflet, comme dans certains albums pour enfants. Excellente allusion au mirage du "peoplisme" via les médias. --> Demain, c'est peut-être VOUS qui serez "dans le poste", alors souriez, vous êtes filmé !!!

De cet auteur, j'ai beaucoup aimé 'L'amour sans le faire', 'Combien de fois je t'aime'… et UV, sur lequel les avis sont très partagés.
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critiques presse (1)
Telerama
27 novembre 2012
A partir d'une situation incongrue, Serge Joncour redessine la ­société, préférant la mélancolie au cynisme, l'humour à l'amertume.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
De jour en jour je m’émerveillais des avantages qu’il y avait à être à ce point célèbre, cela m’ouvrait une préséance, une irradiation qui m’allaient comme un gant, et comblaient prodigieusement ce manque de personnalité qui me lésait depuis toujours. En faisant de moi quelqu’un de célèbre le sort m’attribuait mieux qu’un don, une sorte de réparation, un dédommagement pour toutes ces années passées à n’être que moi. Voilà qui me conférait une vraie valeur, sans que je sache trop laquelle, un peu à la manière de ces tableaux dont on ne saurait dire le prix, mais dont on sent bien qu’on ne pourra jamais se les payer.
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J’ai compris que j’étais devenue célèbre le jour où Naomi Machin s’est retourné sur moi dans la rue. Dans la foulée du top Model un tas de gens faisaient comme elle, tous me suivaient du regard pour s’assurer que c’était bien moi. Plus loin il y eut même un bus pour me lancer des appels de phare, et des passagers dedans qui faisaient coucou ! Oui, assurément, j’étais devenu célèbre à ce point-là. Mais célèbre pourquoi je ne voyais vraiment pas.
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Il n’en reste pas moins que ce jour là ils m’avaient tous applaudi, certains avaient hurlé des bis et des hourras, mais à quoi bon. On en était resté là, j’avais sobrement quitté la piste et m’étais remis à table pour finir une soupe relevée, et, après deux bols de riz, tout le monde m’avait oublié. C’est bien le problème du karaoké, on est génial, mais pas longtemps.
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L'actualité n'est qu'une suite d'épisodes rattachés par rien, sans autre ligne directrice que le malheur des uns pour distraire les autres, et le bonheur des autres pour dédommager le malheur des uns. Au sein de ce mirage fait de pures fictions comme de réalités, beaucoup de personnalités se distinguent, toutes plus ou moins durables, certainement protégées du temps, immunisées contre toute obsolescence, alors que d'autres ne font que passer, éphémères jusque dans le succès.
Aujourd'hui les idoles se suivent et les génies s'enchaînent, aujourd'hui les nouveaux Rimbaud durent une semaine et les chefs d'oeuvre le temps du papier, la semaine suivante un nouveau prodige prend le relais, les gloires se tissent pour ornementer le vide. ( p 53)
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Je suis seul par refus, refus de tenir une main dans les rues tristes, de tenir le réel pour vrai, de tenir jusqu’à temps que les efforts s’avèrent, refus de se tenir droit dans le grand carambolage des jours, ce sacrifice incessant de tous mes rêves d’enfance, tenir à deux dans le projet de construire, tenir à autre chose qu’aux ivresses faciles et aux dérèglements commodes, des séances d’alcool à vivre le monde en différé, dans le fond je n’aurai jamais su approcher le réel, je n’aurai même pas su pleurer sur un amour en fuite, je n’aurai jamais su trouver les mots ni la femme pour les dire, j’aurai vécu le grand feuilleton des jours comme une histoire sans suite, je me serai perdu dans ce spectacle donné par les autres, au fil des rumeurs, des catastrophes et des flashs d’informations, j’aurai suivi tous les matchs dans la foi d’un enjeu personnel, alors que dans le fond ça ne changeait rien pour moi qu’ils gagnent, ça me donnait quoi qu’ils gagnent, des épiphanies d’un quart d’heure, des fiertés usurpées, qu’on gagne ou pas de toute façon je serais allé me coucher, j’en aurai liquidé des nuits à colmater mes rêves, des matins à miser sur les plis défaits du soir à venir.
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