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EAN : 9782072482632
424 pages
Joëlle Losfeld (14/03/2013)
3.25/5   6 notes
Résumé :
L’inauguration des ruines retrace le parcours, sur quatre générations, d’une famille d’industriels, dont le destin est intimement lié à celui de la ville qu’ils habitent et qu’ils façonnent, jusqu’au point de faire littéralement corps avec elle. C’est aussi un roman qui a envie de roman : si la structure générale est celle d’un «roman de dynastie», le texte multiplie sur cette base les récits, les personnages, les aventures, les épisodes, les narrations, en mêlant l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce livre commence bizarrement avec cette vieille Joroastre du Briet et cette Kathy Katrina qui découvrent un poupon vivant enveloppé de toiles d'araignées. C'est pourtant ainsi que débute la vie de Loÿs, une vie que Jean-Noël Blanc nous conte avec une verve incroyable et une imagination dense mais toujours proche du réel.
Régulièrement, nous retrouvons Loÿs en vieillard égrillard sous perfusion qui n'en finit plus de mourir, au bord de la Méditerranée, contemplant des jeunes gens nus qu'il paie pour s'ébattre devant sa fenêtre, sans oublier d'apprécier les formes de l'infirmière…
Il est temps pour l'auteur de nous plonger dans cette vie extraordinaire, la vie de celui qui devint un riche industriel mais qui, chez les Jésuites, où il était interne, était traité de « paysan, péquenot, rustre, maraud, pedzouille, pouilleux, bouseux… » tout en sachant se faire respecter à coups de poings.
Ce phénomène, véritable force de la nature, achète, vend, revend et possède vite la moitié de Neaulieu, sa ville où il dirige aussi l'usine de tissage, activité qu'il développe et diversifie rapidement. le récit est entrecoupé de poèmes, de théâtre, de citations.
Un jour, les ouvriers des manufactures le Briet se révoltent et l'armée tire faisant 13 morts et 21 blessés…Cela n'empêche pas le héros de faire construire son Palais du Travail et du Capital dont nous suivrons les aventures jusqu'au bout du livre. N'ayant pas d'enfant, Loÿs forme son neveu, Fandorle pour lui succéder et sait parfaitement s'attirer les bonnes grâces des financiers parisiens, bruxellois et suisses.
La guerre de 14 est une aubaine pour le groupe le Briet qui fournit les vêtements pour l'armée. Fandorle et Viviane, son épouse qui a posé pour Rodin, se font construire une nouvelle villa qui ne plaît pas à leurs enfants, Hubert Honey et Blanche Noire : « La maison tout entière est pour eux comme une lame de silence. Une cicatrice taciturne et impérieuse. Une stupeur immobile. Ils n'ont aucun lieu pour jouer. »
Ainsi se poursuit cette véritable saga. Quelle débauche de vocabulaire ! Quelle imagination délirante et fertile ! Déodat succède à Fandorle à la tête du groupe au grand dam des administrateurs : « … quel emmerdeur, quel petit cafard, un fils à papa prétentieux, beau gosse sans doute mais quel cabotin, un pignouf qui joue de son bagou tout neuf et tout amidonné encore, quand donc allait-il fermer son clapet ? »
Avec "L'inauguration des ruines", Jean-Noël Blanc a réussi une histoire complètement folle mais tellement actuelle, un livre qui régale le lecteur.


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A défaut d'être non identifié car c'est bien d'un roman qu'il s'agit avec un récit, un contexte, un sujet et des personnages, "l'inauguration des ruines" est un objet littéraire plutôt original dans son style, sa charpente et la diversité des thèmes qu'il aborde.

Certes, on y narre sur quatre générations l'avènement, le développement puis la chute d'un empire industriel puissamment attaché à la ville de Neaulieu (no where, en gros) depuis la fin du XIXè siècle jusqu'à nos jours.

Du patriarche fondateur Loïc le Bries, l'entrepreneur qui vient bousculer la caste établie de la ville en construisant les bases de l'édifice à coup d'intuitions et de velléités d'élever "ses" masses travailleuses, à son successeur de neveu, amateur d'art et de sa propre grandeur, gestionnaire dans l'âme qui organisera l'intégration verticale du groupe.
Une consolidation que son fils consolidera par un développement horizontal de l'affaire, avant que le dernier avatar de la lignée, adepte de flux et d'immatérialité, ne conduise l'empire à l'effondrement.

On y parle donc bien d'économie, d'industrie, d'histoire sociale du XXè siècle, mais pas que de cela, loin de là!

Même si quelques chiffres et notions économiques sont bien présentes dans l'ossature de la narration, c'est essentiellement par la pierre, la construction, l'architecture et leurs relations à l'urnaisme de la ville de Neaulieu que cette épopée industrielle nous est racontée.

Le Travital, monument du Travail et du Capital édifié par le fondateur et réinterprété par ses successeurs, en est le symbole : tous les membres de cette lignée, personnages qui haut en couleur, qui miasmeux vélléitaire, qui dévoré d'ambition, ont en effet tous a coeur de construire et laisser par la pierre ou par l'art, leur trace personnelle dans l'histoire.

Mais ce n'est encore pas tout : ce roman protéiforme qui ne craint pas de sortir des codes convenus (un patron qui pète; un auteur qui s'adresse au lecteur,...), emmêle dans le récit extraits de livres et de journaux, et poésie.

Une poésie qui marque de bout en bout ce récit enlevé et au final, éminemment sympathique.

A découvrir!


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critiques presse (3)
Lexpress
18 juillet 2013
Le roman, tantôt balzacien (feuilleton du XIXe siècle), tantôt oulipien (multiplicité des registres d'écriture), est d'abord une histoire de famille sur quatre générations.[...] Mais c'est bien de fiction qu'il s'agit dans cette brillante Inauguration des ruines.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lhumanite
03 juin 2013
Jean-Noël Blanc nous en dit décidément long, au fil de ce récit à rebonds, débordant de malice et d’inventivité.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
LeMonde
29 avril 2013
Inaugurer un édifice, c'est célébrer de futures ruines, suggère Jean-Noël Blanc au fil de son ample roman-puzzle. De même que toute dynastie est vouée à s'éteindre, et tout empire industriel à se disloquer à plus ou moins long terme. Tout est voué à la finitude ? Alors autant s'en amuser, semble dire l'auteur,
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Des cons qui bavent sur moi. Je sais comment ils m'appellent quand je ne suis pas là. Le singe. Le singe a dit, le singe à décidé. Et quand je suis là : un festival de lécheurs de bottes, conseillers, experts, directeurs, tous à me recommander que, préciser que, me pousser à, m'avertir que, me faire pencher pour. Une meute. Si monsieur le président-directeur général me permet. Que monsieur le président-directeur général pense à. Un appel pour monsieur le président-directeur général. Si je soupire on se bouscule, si j'ouvre la bouche on se tait, si je me tais on baisse les yeux. La force des courtisans, c'est leur talent d'échine.
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Mais vient parfois un temps où la détresse est pire et noir le temps. On marche sous un ciel de chagrin, le vent des jours vous glace. La vie, on le sait, a de ces tourments. De ces tournants. Cela doit néanmoins s'écrire. Il advient de la sorte qu'un poète écrive des poèmes d'angoisse, et que peut-on y faire, n'est-ce pas beaucoup déjà que d'attendre de lui qu'il écrive sans fard ce qu'il entend dans l'adagio des silences.
Mais qu'à cet instant précis ces pages de solitude et de douleur rencontrent un désespoir jumeau chez l'un de ses lecteurs, et que ces misères se conjuguent, alors l'irréparable n'est pas loin.
Un poème comme un couteau, et le lecteur le cou offert : tout peut arriver.
Et c'est l'hiver dans les blés mûrs.
(...)
Croyez-vous que pour écrire ces lignes de givre et de détresse l'auteur ait pu ne pas être lui-même au bord du désespoir ? Pensez-vous qu'il ait trouvé son bonheur à mimer le malheur ? De combien d'épreuves estimez-vous qu'il lui faille payer ses écrits ? Vous figuriez-vous que le poignant de sa douleur n'ait été qu'une manière d'adresse ? Que l'ombre entre les lignes ne soit pas la soeur de l'ombre sans égale d'où il a dû remonter les mots nocturnes de l'alarme ? Qu'aviez-vous imaginé ?
Existe-t-il au demeurant un livre, un seul, qui ne remette en cause l'existence de celui qui le lit ? Entendez donc ce que disent les mots : le manus-cri.
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C'est pourtant simple : dès que je l'ai vue, j'ai su. Le champagne des regards croisés. Tout pétille, éclate, s'irise. Un emportement. L'amour comme une gifle, un tambour qui bat - et l'accablante impuissance des mots.
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Il marche, il marche, il marche. Il avale des kilomètres, il dévore la ville. Pas de musées : des rues, des avenues, des immeubles. Il plonge dans Paris comme dans un dictionnaire, erre de mot en mot, de phrase en phrase. La cité est un livre, il s'y perd.
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Les blés ondulent comme l'ombre de l'ombre, et la poésie est comme eux : elle est l'ombre de l'ombre des rêves.
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