Ennui, repli sur soi, jalousies, tromperies, mensonges, haines, trafics, désoeuvrement, rumeurs… le tableau du petit village islandais de Seyðisfjörður (rien que le nom, tout un programme…), perdu dans un fjord de l'est du pays, n'est guère reluisant. Dans ce village, tout le monde se connaît et les liens familiaux ou de voisinage sont omniprésents. Pour le meilleur et pour le pire. Surtout le pire.
Le seul étranger est Valdimar Eggertsson, le flic envoyé de Reykjavík, la capitale, pour aider Smári, le local de l'épreuve, à résoudre une affaire d'incendie criminel. C'est que, un an après la destruction par le feu de la maison du pasteur Aðalsteinn, un nouvel incendie vient de ravager la demeure d'une famille en vacances en Espagne. À tous les maux déjà listés vient maintenant s'ajouter la peur.
Méthodiquement, Valdimar, affublé d'un ridicule bonnet rouge déniché par hasard pour lui permettre de lutter contre le froid (seule note fantaisiste dans cet univers reclus morne et glacial), va remonter le fil et dénouer peu à peu ce sac d'embrouilles.
Stefansson brosse magnifiquement le portrait des différents protagonistes qui, tous à des degrés divers, cachent des secrets inavouables ou des rancunes tenaces. Ados en rupture, femmes en perdition, hommes aux abois, couples sur le fil… Comme dans «
Brouillages », le premier opus de Stefansson, les personnages traînent leur mal-être sans attirer de sympathie particulière. Valdimar lui-même ne fait preuve d'aucune empathie lorsqu'il interroge froidement les suspects, pourtant manifestement en souffrance, qui se succèdent au fil de l'enquête. Cela rappelle immanquablement Erlinborg, l'adjointe du commissaire Erlendur, d'
Indridason. Autre clin d'oeil au même
Indridason, la situation sentimentale de Valdimar, empêtré dans une histoire foireuse, fait quant à elle penser au commissaire Erlendur...
Grêle, neige, territoire reclus... l'hiver est rude à Seyðisfjörður et
l'incendiaire rôde. Mais qu'est-ce que c'est bon !