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EAN : 9782070725618
252 pages
Gallimard (09/10/1992)
4.27/5   13 notes
Résumé :
Qui a inventé la mythologie ? Quelles sont les frontières de ce territoire où des histoires inoubliables et le plaisir de les conter semblent inséparables de l'exégèse et du désir de les interpréter ? S'il est vrai qu'un mythe est perçu comme mythe par tout lecteur dans le monde entier, pourquoi la science des mythes est-elle toujours impuissante à différencier avec rigueur un conte d'un mythe ? Poisson soluble dans les eaux de la mythologie, le mythe est une forme ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Et si la mythologie n'existait pas ? L'hypothèse est émise par Marcel Detienne et ce n'est pas un détail car elle fait ressortir un paradoxe entre la fonction du personnage –spécialiste de la Grèce ancienne- et l'hypothèse qu'il avance –la mythologie ne devrait pas être spontanément et originellement rattachée à la Grèce antique.


Avec L'invention de la mythologie, Marcel Detienne entend souligner les conséquences d'un certain ethnocentrisme universitaire dont une des caractéristiques serait de sublimer la culture et la civilisation grecque antique, comme si nous y voyions là un ancêtre noble et précoce. Marcel Detienne revient sur les analyses qui ont été réalisées concernant le passage de la pensée mythopoiétique des Grecs vers une pensée plus rationnelle qui annonce la naissance de la philosophie, et dont nous serions les héritiers intellectuels. Il ne juge pas ces analyses selon leur valeur propre –quoiqu'il y aurait également beaucoup à dire à ce sujet, notamment si nous nous demandions quelle proportion de fantasmes nous faisons intervenir dans la construction de nos systèmes rationnels- mais les déplore en tant qu'analyses comparatistes. Lorsque, au XIXe siècle, les anthropologues découvrirent les civilisations primitives (par exemple les aborigènes d'Australie), forts de la construction de leur science des mythes, ils la plaquèrent sur d'autres peuples à d'autres époques en croyant fermement qu'ils révèleraient ainsi l'essence du mythe qui leur est propre.


Marcel Detienne dénonce le mythe de la science du mythe en entreprenant une déconstruction qui passe par Homère, Hésiode, Xénophane, Thucydide pour les personnalités grecques antiques à Claude Lévi-Strauss, Müller, Cassirer ou Mauss pour les personnalités scientifiques les plus récentes. Entre les deux, il semblerait que personne ne mérite d'être mentionné. Il faut s'accrocher pour suivre le développement de Marcel Detienne qui balance d'un savant à un autre, sans considération pour le lecteur néophyte qui se serait risqué à se perdre dans les méandres d'une démonstration complexe.


L'invention de la mythologie n'est peut-être qu'une mythologie parmi tant d'autres à son tour mais comme toutes les mythologies, elle distille sa part de vérité en suggérant une attitude : celle du savant incrédule, l'oeil critique, prêt à dénoncer toutes les ornières confortables posées par le système universitaire pour faciliter sa classification rassurante du monde.
Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Il serait naïf de croire que l’écriture alphabétique est venue relayer une tradition orale soudainement défaillante. Tout autant que de s’imaginer qu’une graphie capable de noter les sons isolables de la langue au moyen de voyelles et de consonnes aurait entraîné sans sursis le dépérissement d’une culture « traditionnelle » qui n’avait nul besoin de l’écrit pour se faire ou pour se dire […].
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Pour entrer et prendre place dans la tradition aurale, un récit, une histoire, une œuvre de parole quelle qu’elle soit, doit être entendue, c’est-à-dire acceptée par la communauté ou par l’auditoire à qui elle est destinée. Il faut donc qu’elle subisse la « censure préventive » du groupe.
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A la fois parole et chant, un langage primitif se met à parler aux origines de l’humanité ou de la nation ; il ne connaît ni le mensonge ni l’abstraction ; et ne l’habite que la fidélité expressive dont il tire l’énergie et la grandeur faisant défaut aux langues déjà civilisées.
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Il existe donc un moyen très simple de réduire en esclavage une de ces passions qui asservissent le plus sûrement les hommes. Le législateur n’a qu’à consacrer cette voix publique [de la rumeur ou phèmè] dans l’esprit de tous : esclaves, hommes libres, enfants, cité tout entière. Et de cette façon, il aura créé la stabilité la plus assurée pour cette loi.
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Le mythe, c’est la langue qui permet d’exprimer le monde du devenir. Entre la spéculation et l’action : la demi-vérité des philosophes.
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Vidéo de Marcel Detienne
Vinciane Pirenne-Delforge, professeure titulaire de la chaire Religion, histoire et société dans le monde grec antique présente son cours de l'année 2020-2021 : "Norme religieuse et questions d'autorité dans le monde grec". Accéder à la suite de son enseignement : https://www.college-de-france.fr/site/vinciane-pirenne-delforge/course-2020-2021.htm Le monde grec antique n'a connu ni révélation, ni livres sacrés, ni classe sacerdotale, comme l'écrasante majorité des cultures humaines avant l'émergence des religions à vocation universelle et l'ère commune qui marque désormais le calcul du temps. Cette définition "par défaut" du système religieux des Grecs est le passage presque obligé de toute étude à ce sujet. Partant, la question de la norme religieuse se pose moins en fonction des caractéristiques propres au polythéisme grec qu'en regard de ce qu'il n'est pas ou de ce qu'il n'a pas. Quand l'interrogation s'infléchit pour le saisir positivement, c'est la notion d'"encastrement" (embeddedness en anglais) qui prévaut, comme dans la plupart des sociétés dites "traditionnelles", neutralisant en quelque sorte les spécificités de l'objet qui se dilue dans les différents aspects de la culture grecque. Mais, comme l'écrivait Marcel Detienne, "les Grecs ne sont pas une tribu ni une ethnie tout à fait comme les autres", et la pérennité d'une religion "encastrée" heurte de front le grand récit civilisationnel qui fait de la Grèce le creuset de la rationalité, de la philosophie, de la politique, des sciences. On a dès lors parlé d'une forme de "laïcisation" qui aurait fait refluer l'emprise de la religion. Plutôt que d'associer la "raison grecque" au reflux d'une irrationalité qui serait le propre de toute religion, il s'agira d'interroger la place des puissances divines, des représentations du monde qui s'y attachent et des pratiques qu'elles induisent dans la structuration de la norme et de l'autorité dans les cités. le cours de cette année ouvrira la réflexion sur ce thème par le biais d'une étude du vocabulaire de la sacralité et du lexique du comportement juste dans la poésie archaïque.
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