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Arlette Francière (Traducteur)
EAN : 9782869306578
352 pages
Payot et Rivages (12/05/1993)
4.03/5   105 notes
Résumé :
Dunstan Ramsay est un délicieux excentrique. Ce professeur d'histoire, pourvu d'une jambe de bois et d'une passion encombrante pour la vie des saints, passerait totalement inaperçu s'il ne possédait un secret. Au moment de prendre sa retraite, il passe aux aveux et révèle le rôle étrange qu'il n'a cessé de jouer pendant toute sa vie. Depuis son enfance, il exerce sur les autres une curieuse influence : des événements apparemment innocents revêtent soudain une signif... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Par une fin d'après-midi exceptionnellement enneigée dans le village canadien de Deptford, Dunstable Ramsey et Percy Boyd Stauton, deux garnements d'une dizaine d'années, ennemis de toujours, rivaux perpétuels, se disputent au sujet d'une luge. Prudent, Dunstable préfère rendre les armes et rentrer chez lui mais Percy le poursuit de ses foudres et l'attaque d'une boule de neige au lancer parfait. Dunstable l'évite, Percy rate sa cible mais touche Mary Dempster, la jeune épouse du pasteur baptiste. Touchée à la tête, elle s'effondre dans un cri et, plus tard, met au monde prématurément un petit Paul, malingre et fragile. Traumatisée, Mary perd la tête et devient la risée du village qu'elle choque par un comportement parfois inconvenant. Les deux garçons se gardent bien de raconter leur implication dans cet événement fâcheux et Percy finit même par oublier sa participation active. Mais il n'en va pas de même pour Dunstable qui s'attache au petit Paul et à sa pauvre mère, s'occupant de l'un et de l'autre avec ferveur et un intense sentiment de culpabilité.
Quand bien des années plus tard, alors qu'il s'apprête à quitter l'enseignement après plus de quarante ans de bons et loyaux services, Dunny Ramsay se retourne sur son passé et évoque Mary, qu'il a fini par voir comme une sainte, Paul qu'il a initié à la magie et qui, très jeune, s'est enfui avec un cirque de passage, la première guerre mondiale qui l'a laissé gravement brûlé et amputé d'une jambe, sa passion pour les saints auxquels il a consacrés plusieurs livres très estimés et ses rapports complexes avec Boy Stauton qui lui ravit la belle Leola mais devînt son ami, son conseiller financier en même temps qu'un des hommes d'affaires les plus riches du pays.

Une délicieuse causerie, à la fois érudite et drôle, sur le hasard, les coïncidences et l'influence que l'on peut exercer, sans y penser, sur son prochain. Un peu à la manière de John Irving, Robertson Davies promène son personnage, de l'enfance à la maturité, à travers les mystères de la vie, ces moments anodins qui ont d'énormes conséquences. Une boule de neige fait boule de neige, décidant de l'existence toute entière d'un garçon qui pourtant l'a évitée, de celle qui a été percutée et de ses proches et bien sûr de celui qui l'a lancée, même s'il croit pouvoir y échapper.
Grâce à son narrateur, à la fois excentrique, bienveillant et attachant, L'objet du scandale est un livre original et séduisant, une exploration de l'âme humaine, du bien et du mal, du poids des convenances et de la religion, dans un Canada qui traverse le XXè siècle, attaché à la Couronne d'Angleterre mais l'esprit d'entreprise américain chevillé au corps.
Une lecture passionnante, sans temps morts, à l'humour de bon aloi, une très belle découverte et un auteur à découvrir.
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Quelle agréable découverte! Je dois admettre que la littérature canadienne anglophone m'est presque inconnue et encore plus Robertson Davies. Donc je suis content de m'être lancé dans L'objet du scandale, le premier tome de sa trilogie de Deptford, qui doit son nom au petit village imaginaire d'Ontario du début du 20e siècle d'où sont originaires les personnages principaux.

Dès le début du roman, Dunstable Ramsay et Percy Boyd Staunton se disputent. Ramsay, jugeant plus sage de ne pas entrer en conflit, décide de rentrer mais Staunton le poursuit et lui lance des balles de neige. L'une de ces balles atteint Mary Dempster, la très jeune femme enceinte du pasteur du village, qui accouche prématurément de Paul peu de temps après puis perd la raison. Cet événement hantera les deux garçons toute leur vie et fera en sorte qu'ils garderont contact malgré les chemins très différents qu'ils prendront.

Aussi, l'histoire des deux garçons croisera celle de la grande Histoire. Première guerre mondiale, dépression, etc. Ramsay, le narrateur, tente de s'occuper du petit Paul Dempster qui disparaitra, va se battre en Europe où il perd une jambe, revient au Canada pour devenir un universitaire assez cérébral, s'intéressant à la vie des saints homme. Un peu de mysticisme. Mais toujours le sentiment de culpabilité qu'il ressent à l'endroit de Mary Dempster, dont il continue à s'occuper après la mort du pasteur, le retient prisonnier. Il va jusqu'à idéaliser la femme, la confondant avec la vierge Marie.

Heureusement, une certaine amitié/rivalité complexe avec Staunton, devenu un homme d'affaires prospère et un politicien en pleine ascension, le ramène toujours à la réalité. Il développe aussi des relations avec le fils de ce dernier, David Staunton, devenu son pupille, puis avec le magicien Magnus Eisengrim.

L'écriture de Davies me fait beaucoup penser à celle de John Irving : des personnages intéressants, originaux mais surtout complexes, qui combattent des démons intérieurs et dont les destins s'entrecroisent. On ne peut que se sentir concerné par leurs histoires. Malgré quelques moments magiques, l'ensemble du récit demeure très réaliste. Tellement que j'avais presque l'impression de lire une autobiographie. L'auteur sait décrire aussi bien la vie rurale du début du siècle dernier que les horreurs de la guerre et les pérégrinations d'un universitaire.

Bref, une grande oeuvre! Il en va de même pour les deux tomes suivants, que j'ai déjà dévorés. La narration passe alors à David Staunton puis à Magnus Eisengrim qui, en plus de raconter l'histoire de leur point de vue, comblent les trous et permettent de tout comprendre.
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Quel curieux livre ! Son style semble hors du temps. Ce pourrait être un ouvrage de la fin du XIXe siècle, du début du XXe, de l'entre-deux guerres…qu'importe puisqu'il est tout cela à la fois et qu'il raconte la vie d'un homme sur presque un siècle.
L'objet du scandale est un titre paradoxal pour un livre qui nous déroule le fil d'une vie on ne peut plus conformiste, celle de Dunstan Ramsay, professeur d'histoire, invalide de guerre et hagiographe distingué. Je crois que le titre anglais du roman est bien plus révélateur du rôle mystérieux joué par Ramsay, celui de cinquième emploi : c'est le personnage qui, à l'opéra précipite l'action entre les principaux protagonistes du drame.
Dunstan Ramsay est un homme secret, aux abords rigides, et dont la vie semble aussi peu passionnante que les ouvrages sur les saints qu'il écrit. Mais, il refuse l'image terne que donne de lui l'un de ses confrères le jour de son départ en retraite. Il entreprend donc de faire le récit de son passé.
Tout commence à Deptford, dans un comté rural du Canada anglophone. Mme Dempster, la jeune et fragile épouse du nouveau pasteur méthodiste, accouche prématurément suite à la peur qu'a déclenché une boule de neige qu'elle a reçue et qui était destinée à Dunstan Ramsay. Cet incident anodin va lier à jamais les destins de Mary Dempster, de Paul Dempster son fils, de Dunstan Ramsay et du lanceur de boule de neige, Boy Staunton.
Le mystère vient d'entrer dans la vie de Ramsay, en même temps que le merveilleux incarné par la conduite étrange de Mme Dempster. Est-elle une sainte, un être bienveillant dépêché par Dieu et faiseur de miracles ? La faiblesse de son esprit est-elle le signe d'une élection divine particulière ? Ramsay, élevé dans la rigueur presbytérienne, se met en traquer sur tous les continents les créatures étranges que sont les saints. Mais, le mystère n'est jamais loin : il n'a jamais révélé qui était le lanceur de la malencontreuse boule de neige et ce secret précieusement gardé va peser sur les protagonistes de l'histoire. Qu'est devenu Paul Dempster ? Est-ce le magicien dont Ramsay croise la route en Autriche ? La magie et l'illusion peuvent-elle remplacer le mystère et le vaincre pour accomplir la vengeance ?
L'habileté de Robertson Davies est de jongler avec les contrastes, de nous présenter des personnages taillés comme des bouchons de carafe, ils réfléchissent la lumière selon que les doigts qui les tiennent les rapprochent ou les écartent de la lumière. Les destins s'accomplissent et les hommes n'en sont que les maillons involontaires.
Ce livre possède aussi tout l'humour nécessaire à ceux qui doutent que la maîtrise de leur existence passe par leurs propres mains.
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Dunstan Ramsay, professeur d'histoire à l'aube de sa retraite décide de revenir sur son passé et nous raconte sa vie. le livre commence avant la première guerre mondiale à Deptford, petite ville d'Ontario. Dunstan s'amuse avec un copain à se lancer des balles de neige jusqu'à ce qu'une balle atteigne Mrs Dempster et la fera accoucher prématurément. On verra ce que cet incident aura comme répercussions.

J'ai tout simplement adoré ce premier tome de la trilogie de Deptford. La vie de Dunstan Ramsay est loin d'être ennuyante, mais plutôt remplie de surprises et tout à fait captivante. L'auteur exploite ici le thème des coïncidences parfois banales qui changent le destin des personnes qui nous entourent. C'est fascinant toutes ces influences! Robertson Davies a un véritable talent de conteur, un style vivant qui a du rythme et une touche d'humour irrésistible.
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Adressant un mémoire à son directeur afin de définir les sources auxquelles sa vie s'est nourrie, et en guise de témoignage pour ne point tombé dans l'oubli afin qu'on lui rende justice, un professeur d'histoire se livre. Héros et invalide de la Grande Guerre Dunstan Ramsay, par un curieux accident de la vie dont il a tiré une fâcheuse propension à la culpabilité, est devenu amateur d'art religieux et érudit en hagiographie ce qui l'incline à voir le côté miraculeux et mythologique de son existence. Ce personnage fait office de cinquième emploi, le rôle surnuméraire mais indispensable sans lequel aucune intrigue n'est possible dans le théâtre de la vie.

J'ai trouvé l'Objet du scandale assez inégal, certains passages sont intéressants d'autres traînent en longueur, la fin est assez bien amenée. Pas sûr que sa m'incite à poursuivre la lecture de la Trilogie de Deptford .
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Je partis sur un transport de troupes et suivis les cours d'officiers qui s'empressaient de nous endurcir un nous bourrant d'histoires sur les atrocités allemandes. J'en déduisis que ces Allemands étaient de véritables monstres ; ils ne gagnaient pas de campagnes, mais ils mutilaient les enfants, violaient les femmes (jamais moins de dix fois pour une seule victime) et insultaient la religion - voilà ce qui les incitait à faire la guerre. Ils prenaient le ton de leur Kaiser, un monstre comique et dément ; il fallait leur montrer que la décence existait encore dans le monde, et nous incarnions cette décence. J'avais alors suffisamment goûté à la vie militaire pour savoir que, si c'était le cas, les Allemands devaient être de vraies brutes, car on pouvait difficilement imaginer une bande d'endurcis plus grossiers, plus voleurs et plus débauchés que certains de nos propres soldats.
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J'eus des permissions quand la possibilité de nous en accorder se présentait, mais pendant plusieurs mois d'affilée je ne quittai pas ce qu'on appelait le front. Le front de quoi, je ne le sus vraiment jamais, car il y avait toujours des hommes prêts à dire - Dieu seul sait avec quelle exactitude - où se trouvaient placées les troupes alliées, quelle était notre position par rapport aux Britanniques et aux Français, et si on les avait crus on aurait pensé que le front était partout. Certes nous fûmes souvent à quelques centaines de mètres seulement des lignes allemandes et nous pouvions facilement voir l'ennemi et ses casques en forme de casseroles. Si vous commettiez la folie de sortir la tête, ils pouvaient y loger une balle, et nous avions des détachements pour effectuer le même sale boulot.
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Je connais trop bien les jeunes pour faire du sentiment en parlant d'eux. Moi-même j'ai été un garçon et je sais par conséquent de quoi il retourne : un garçon est soit un imbécile, soit un homme emprisonné qui cherche à s'évader.
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Pardonnez-vous votre nature humaine Ramezay. C'est le commencement de la sagesse. Cela fait partie de ce que l'on entend par la crainte de Dieu; et pour vous, c'est la seule façon de sauvegarder votre santé mentale.
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Elbert Hubbart était un Américain notoirement détraqué qui pensait que le travail pouvait être un plaisir.
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