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Bertille Hausberg (Traducteur)
EAN : 9782864247104
160 pages
Editions Métailié (14/01/2010)
3.69/5   355 notes
Résumé :
Un jour de pluie à Santiago, trois vieux nostalgiques rêvent de propager la révolution. En attendant leur chef, " le Spécialiste ", Arancibia, Garmendia et Salinas boivent, fulminent et se disputent pour le plaisir. Mais " le Spécialiste " ne viendra pas : il est mort, assommé par un tourne-disque jeté d'un balcon lors d'une dispute conjugale. Aux vieux communistes de prendre leur destin en main...

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Critiques, Analyses et Avis (75) Voir plus Ajouter une critique
3,69

sur 355 notes
Voilà un auteur qu'on lit avec grand plaisir.
Trois vieux militants gauchistes se retrouvent à Santiago, 35 ans après avoir fui le régime de Pinochet. de retour, ils n'ont pas oubliés leurs idéaux et attendent avec joie et excitation la venue du "Spécialiste" qui doit leur proposer une dernière action, sorte de baroud d'honneur. Hélas, quand ce n'est pas la dictature, c'est le destin qui s'en mêle.
Sépulveda brosse le portraits de papys cabossés par leur exil, mais qui ont gardé au fond des yeux une lueur d'espoir et de revanche. Tour à tour touchant, cocasse, cynique, le grand auteur Chilien rend un bel hommage à son peuple qui aura payé de sa chair l'avènement de Pinochet. Un roman qui va droit au coeur, profondement humain, magnifié par la langue de Sépulveda. Excellent.
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Qu'ont-ils donc été, ces trois vieux types qui en attendent un quatrième dans un hangar de Santiago, par une nuit de pluie sans fin ? Ils ont été trois militants gauchistes, fervents partisans de Salvador Allende, qui ont payé cher leur loyauté à leurs idéaux, en passant par la case prison sous Pinochet puis celle de l'exil en Europe. Trente-cinq ans plus tard, de retour dans leur pays, ils savent qu' "On ne revient pas de l'exil, toute tentative est un leurre, le désir absurde de vivre dans le pays gardé dans sa mémoire. Tout est beau au pays de la mémoire, il n'y a pas de dommages au pays de la mémoire, pas de tremblement de terre, et même la pluie est agréable au pays de la mémoire. C'est le pays de Peter Pan, le pays de la mémoire". Mais malgré leurs désillusions, il leur reste un brin d'espoir, d'utopie et d'envie de revanche. Alors ils ont décidé de préparer un dernier coup, un dernier baroud en l'honneur de leurs frères d'armes disparus et des générations sacrifiées par la dictature. Ils ont besoin pour cela du "Spécialiste", le quatrième larron qu'ils attendent. Mais le destin est un vilain farceur, le Spécialiste n'arrivera pas, victime d'un tourne-disques jeté d'un balcon au moment où il passait dessous. Un quatrième personnage, invité surprise, viendra néanmoins en renfort. Et évidemment, ce serait trop simple si la police ne s'en mêlait pas. Mais avec un peu de chance, ses représentants seront peut-être intègres, pour une fois...

Cocasse, nostalgique, cruel, attachant, ce roman est un hommage aux perdants, au peuple chilien, aux générations passées brisées par la dictature, et aux actuelles, qui en portent toujours le poids. C'est aussi une charge virulente contre des autorités qui continuent à occulter le passé et à profiter de cet héritage, qui ne rendent pas justice aux victimes, et contribuent à la division d'un pays qui ne parvient pas à se réconcilier avec son histoire. Un roman profondément sincère et humain, qui touche au coeur.
"Je suis l'ombre de ce que nous avons été et nous existerons aussi longtemps qu'il y aura de la lumière."
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En voilà, un bouquin qui fait du bien au moral !
Trois vieux papis se retrouvent dans une planque pour mener une opération dont ils ne savent rien, sauf qu'elle a été mise au point par "L'Ombre", vieil anar au coeur pur -mais qui ne vient pas... Précision : l'histoire se passe à Santiago du Chili, et les trois papis sont des anciens militants socialistes et communistes qui ont connu l'exil ou la torture dans les années 70.

En 150 pages à peine, Luis Sepulveda raconte, émeut, fait rire et redonne de l'espoir. de façon concise, sans s'appesantir, il rappelle l'avènement d'Allende et le coup d'état de Pinochet, et toutes ces vies brisées ou disparues à jamais. Mais surtout, il évoque ce Chili du XXIe siècle que ne reconnaissent pas les anciens exilés, et qui ne leur a réservé aucune place : "(...) il n'en restait que des chants révolutionnaires mais plus personne ne les chantait car les maîtres du présent avaient décidé qu'il n'y avait jamais eu au Chili de jeunes comme eux (...)". J'ai beaucoup aimé cette façon douce-amère dont Sepulveda relate les faits, et rend ainsi hommage à cette génération qui aspirait à autre chose qu'à une dictature et en a payé le prix fort.
C'est donc un roman empreint de mélancolie, mais très drôle aussi ; malgré sa gravité, le ton est léger et chaleureux, et les papis sont attachants. En le refermant, je me suis surprise à me dire que l'humanité n'est finalement pas à désespérer si de tels hommes continuent d'exister (le tout est de les trouver).

"Je suis l'ombre de ce que nous avons été et nous existerons aussi longtemps qu'il y a aura de la lumière." dit L'Ombre ; à nous (les vivants) d'entretenir la lumière. Et lire ce court récit est déjà un bon moyen d'y contribuer.
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Chili, nostalgie d'une époque et d'une jeunesse envolée.

C'est la vieillesse, celle d'hommes qui ont vécu les années soixante-dix, qui ont cru pouvoir changer les choses, qui ont applaudi l'élection de Salvatore Allende, qui ont souffert sous la dictature de Pinochet et se sont exilés dans des pays étrangers.

La nostalgie la jeunesse prend une autre forme que celle des soixante-huitards embourgeoisés. Les jeunes de ce pays ont connu une grande défaite, plusieurs sont disparus, ont été torturés et comme un des protagonistes du livre, ont l'esprit qui déraille à cause des coups reçus.

Malgré ces drames , le ton du roman n'est pas du tout lourd, c'est juste la réalité racontée sans fioritures pour ceux qui sont nés trop tard pour se rappeler, mais qui doivent pourtant vivre avec les conséquences de ces pages d'histoires occultées.
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Sepulveda pour moi, c'est le vieux qui lisait des romans d'amour.Un livre lu trop jeune, dont le souvenir me fait encore, sans doute injustement, bailler.
Ici, pas le temps de s'ennuyer. Trois révolutionnaires se retrouvent pour un dernier coup, plus de trente ans après la lutte contre Pinochet qui les a conduits à mettre leur vie entre parenthèses, voir à s'exiler de nombreuses années.
Parallèlement, une de leurs anciennes connaissances est mêlée à un homicide.

Livre ô combien truculent. Tourbillon d'actions, d'histoires parallèles et de flash back, il faut un peu s'accrocher pour ne pas décrocher dans la première partie du livre . Qui est qui, où va-t-on?
Et puis tout s'éclaire, la dictature chilienne en prend plein la tête, les vieux anarchistes se mettent à rêver à un dernier coup d'éclat, eux qui sont aujourd'hui seuls en quête de chair fraiche , ou pas, sur internet. le policier est intègre, humaniste.
C'est un livre profondément humain, où les yeux des protagonistes ont gardé quelques illusions. C'est aussi un livre très drôle, engagé, rempli d'espoir et d'illusions.
Les épisodes liés à la révolution chilienne et les sabotages qui en ont résulté sont des purs moments de bonheur de lecture.
Il m'a juste manqué un peu de connaissance de l'histoire chilienne pour sans doute l'apprécier encore plus.
Il va être temps de retourner voir le vieux qui lisait des romans d'amour .
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Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
Ils n’étaient plus la jeune garde. La jeunesse s’était éparpillée en cent lieux différents, partie en lambeaux sous les coups de gégène des interrogatoires, ensevelie dans les fosses secrètes qu’on découvrait peut à peu, partie en années de prison, dans des chambres étranges de pays plus étranges encore, en retours homériques vers nulle part, et il n’en restait que des chants révolutionnaires mais plus personne ne les chantait car les maîtres du présent avaient décidé qu’il n’y avait jamais eu au Chili des jeunes comme eux, qu’on avait jamais chanté « La Jeune Garde » et que les lèvres des jeunes filles communistes n’avaient jamais eu la saveur de l’avenir.

(Points, p.33)
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.....jusqu'à l'arrivée de ce matin pluvieux de septembre où, à partir de midi, les horloges commencèrent à indiquer des heures inconnues, des heures de méfiance, des heures où les amitiés s'évanouissaient, disparaissaient, ne laissant que les pleurs épouvantés des veuves et des mères.
La vie s'étaient remplie de trous noirs et il y en avait partout : on entrait dans une station de métro et on n'en ressortait jamais plus, on montait dans un taxi et on n'arrivait pas chez soi, on disait lumière et les ombres vous engloutissaient.
(p60)
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page 60 extrait :
« …. Ces deux hommes qui se tapent sur l’épaule étaient amis. Ils faisaient partie de la même bande .d’accros au foot, à la politique et aux grillades du week-end. Ils avaient fait des plans pour prolonger l’amitié et la protéger du cours du temps, avaient été des camarades, des complices dans leurs efforts pour faire du pays un endroit, pas meilleur peut être, mais moins ennuyeux, jusqu’à l’arrivée de ce matin pluvieux de septembre où, à partir de midi, les horloges commencèrent à indiquer des heures inconnues, des heures de méfiance, des heures où les amitiés s’évanouissaient, disparaissaient, ne laissant que les pleurs épouvantés des veuves et des mères. La vie s’était remplie de trous noirs et il y en avait partout ; on entrait dans une station de métro et on n’en ressortait jamais plus, on montait dans un taxi et on n’arrivait pas chez soi, on disait lumière et les ombres vous engloutissaient.
Beaucoup d’hommes et de femmes qui se connaissaient renoncèrent à eux-mêmes, pris dans une épidémie d’amnésie nécessaire et salvatrice. Non, je ne connais pas ces types jetés dans un camion. Non, je n’ai jamais vu cette femme qui attend au coin de la rue.
L’oubli devint une nécessité urgente. Il faut changer de trottoir et éviter les rencontres, il faut tourner rapidement, effacer ses pas. Et le poison du passé vint soudain prendre la place de ce qui était chargé d’avenir…… »
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De tels hommes n'existaient plus au Chili, ils faisaient partie de l'inventaire des pertes sur lequel reposait une normalité factice, celle de deux pays totalement différents coexistant dans un même et misérable espace géographique. D'une part, le pays prospère des vainqueurs situé dans la partie orientale de la ville, celui des chefs d'entreprise qui saluaient en souriant leur voisin sénateur ou député, des productrices de télévision ou des propriétaires de boutiques de mode qui buvaient des cappuccinos sur la terrasse d'un grand centre commercial en commentant les dernières bonnes affaires commerciales de Miami, la saleté de Paris, le chaos de Rome, la puanteur de Madrid, et assuraient, en montrant d'impeccables mains blanches, qu'il n'y avait rien de mieux que de vivre au Chili. Et, d'autre part, le centre de Santiago où circulaient, tête baissée, des gens effrayés par les caméras vidéo qui les suivaient à la trace, par les carabiniers dans leurs bus verts aux fenêtres grillagées, par les vigiles contrôlant leurs passages dans les banques et les commerces. Et puis, au sud, au nord, à l'ouest, il y avait aussi les quartiers habités par la désespérance des emplois précaires, effrayés par la terrible délinquance des enfants et des adolescents qui, après s'être fait exploser le cerveau en inhalant de la coke, se transformaient en psychopathes aux airs innocents.
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L’inspecteur Crespo aimait les coïncidences car la vie en est pleine. Il fallait simplement les accepter en silence, elles ne pouvaient servir d’arguments pour prendre des mesures préventives. Il fit donc la seule chose possible pour un policier troublé par une coïncidence : rien.
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