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EAN : 9782809712216
192 pages
Editions Philippe Picquier (06/01/2017)
3.93/5   41 notes
Résumé :
C'est un texte qui exprime, pour le public occidental, cette esthétique du clair-obscur et du presque rien, du subtil et de l’ambigu, opposée au tout blanc ou noir, au facial écrasé de lumière rationaliste de l’Occident.
La traduction des années 1970 toute au louable projet de légitimer le goût de l’esthétique japonaise, avait un peu laissé dans l’ombre sa face scintillante et ironique. Tout comme il n’y a pas d’ombre sans lumière, il n’y a pas de vérité sér... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Voici une nouvelle traduction de ce grand classique de la littérature japonaise. L'ancienne traduction de René Sieffert est très bien mais celle-ci vient apporter des nuances supplémentaires qui m'avaient échappées à la première lecture de ce livre. En fait les deux traductions sont très bien et on peut dire qu'elles se complètent sans que l'une soit supérieure à l'autre. D'ailleurs comme je ne lis pas le japonais, je vois mal comment je pourrais juger de leur mérite respectif. Tout ce que je peux dire c'est que Louange à l'ombre et Éloge de l'ombre ne sont pas tout à fait le même texte. le mieux est encore de lire les deux !

Tanizaki tente de mettre en lumière dans ce court essai ce qui est spécifique à l'esthétique japonaise. Pour cela il fait preuve d'une grande érudition en matière d'art et d'architecture. Ses descriptions de l'art de vivre "à la japonaise" son magnifiques. Ses investigations l'amènent à considérer que c'est le goût de l'ombre qui définit l'essence de l'esthétique japonaise. Selon lui, le goût de l'ombre définit la façon dont les japonais construisent leur maison, leur façon de peindre, de confectionner des vêtements... le passage sur les toilettes japonaises me restera longtemps en mémoire. Il est emblématique de la façon dont Tanizaki raisonne. En mêlant le trivial, l'érudition et le futile, avec une plume précise et imagée, il nous donne à voir un aperçu de la singularité culturelle du japon.

Il est aussi intéressant de relire ce texte 85 ans après sa parution car on peut voir là où Tanizaki s'est trompé avec le recul. Il oppose fréquemment dans le livre l'occident qui éprouverait un gout immodéré pour la lumière, avec l'orient qui préférerait l'ombre. En fait il serait plus judicieux d'opposer les sociétés traditionnelles à la modernité. L'occident comme le Japon ont été profondément chamboulés par l'apparition de l'électricité. Même si l'auteur défend l'éclairage avec des anciennes lanternes pour la qualité de leur clair-obscur, en fait il n'y a pas de retour en arrière possible. En fait l'occident entretient lui aussi une longue tradition avec l'ombre et l'obscurité. Il a juste été confronté avant le Japon au phénomène électrique, mais toutes les sociétés sont fascinées par la lumière. Il n'y a qu'à voir la débauche de lumière dans les villes japonaises actuelles.

Avec le recul, on peut donc dire que le goût pour l'ombre n'est pas plus spécifique aux japonais qu'autre chose. Mais il reste le Talent indiscutable de Tanizaki pour nous le faire croire, et c'est un plaisir de lecture dont il ne faut surtout pas se passer !
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En 1933, l'auteur japonais Jun'ichiro Tanizaki publiait un court essai qui exposait, d'une certaine manière, son sentiment à propos de l'esthétique traditionnelle japonaise (notamment architecturale), reposant grandement selon lui sur l'ombre et ses nuances et de sa confrontation avec la modernisation occidentale grandissante.
Traduite pour la première fois en France en 1977 sous le titre « Éloge de l'ombre », ce livre en propose une nouvelle traduction dont l'apport ne semble pas toujours clairement évident, mais qui donne tout de même un petit coup de frais à ce texte très intéressant.
Celui-ci reste d'ailleurs très actuel, décrivant à sa façon, ce que nous percevons aujourd'hui comme un style « très japonais » en littérature, fait de nuance, évitant le clinquant et les « éclairages » trop précis. Il est d'ailleurs touchant de voir, qu'à l'aube de la littérature japonaise moderne, bien conscient que l'esthétique japonaise, notamment architecturale, ne résistera pas à la modernité, l'auteur évoque son espoir qu'au moins certains domaines, comme la littérature, puisse conserver cette particularité dont la beauté réside dans l'ombre et le clair-obscur.
Facile à lire, un texte à découvrir !
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Louange de l'ombre permet une approche de l'esthétique et de la mentalité japonaise. Junichirô Tanizaki y aborde des questions d'aménagement intérieur de façon très concrète. C'est la modernité avec ses apports d'éléments de confort de vie qui se trouve confrontée à des valeurs constitutives de l'art de vivre japonais.

L'exemple des toilettes est éloquent. L'auteur présente le lieu d'aisance comme voué à la méditation, traditionnellement séparé de l'habitation, pour privilégier le silence, et avec vue sur le jardin. La propreté doit y être irréprochable et la lumière tamisée. Non sans humour, Junichirô Tanizaki avance que là pourrait résider le secret de l'inspiration des poètes de haïkus.

On comprend mieux comment est mis en oeuvre l'aspect zen de l'art de vivre japonais. Les matières et la lumière contribuent à adoucir l'atmosphère. Des cloisons de papier à la vaisselle de laque, tout est pensé pour favoriser le silence et imprimer à l'ambiance un aspect ouaté.

Ecrit dans les années 30, le texte de Junichirô Tanizaki souligne l'impact du développement de l'écriture au stylographe, par exemple, peu adapté à la calligraphie. de même, les constructions à l'occidentale avec larges fenêtres vitrées modifient complètement la diffusion de la lumière. La vaisselle en céramique qui se substitue aux laques nuit au silence et même à la dégustation des mets.

L'auteur met en avant quelques éléments de base de l'art de vivre japonais : la préférence de la patine au brillant, l'éclairage au chandelier, la texture du papier qui absorbe la lumière et se manipule sans bruit.

La louange de l'ombre fait l'éloge du mystère, de l'intimité que l'économie de l'éclairage entretient. Les femmes très effacées sont à peine visibles dans le décor, certaines se noircissent les dents pour mieux disparaître.

L'ouvrage montre bien comment se traduit la philosophie de vie japonaise dans le quotidien, dans le choix des matières, dans la cuisine et dans l'architecture.

L'écriture de Junichirô Tanizaki est sensible et claire. Un lexique serait toutefois utile pour préciser la définition de quelques mots japonais présents dans le texte. On peut aussi déplorer l'absence d'illustrations. En revanche, l'auteur n'hésite pas à livrer sa recette de sushi, qui ne manque pas de mettre l'eau à la bouche...
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Écrit en 1933 (presque un siècle), traduit en français en 1977, ce classique de la littérature japonaise fait l'objet d'une nouvelle traduction. Ce livre reste toujours d'actualité quand il interroge sur la place de la vieillesse et du progrès constamment conçu en direction de la jeunesse, quand il propose la sobriété énergétique notamment pour pouvoir apprécier la beauté de la nature.
Il parle de l'esthétique du clair-obscur, qui oppose l'Orient à l'Occident. C'est fait parfois avec beaucoup d'humour quand il nous parle des toilettes, avec érudition quand il nous présente les différences entre le théâtre No et le théâtre tabuki, avec sensibilité et délicatesse quand il parle de la contemplation de la lune sur un lac ou des temples si sombre en contraste avec les jardins. J'ai beaucoup apprécié la description des intérieurs japonais des maisons traditionnelles qui s'accommodent difficilement des progrès apportant le confort, comme le chauffage ou les ventilateurs, lesquels créent une rupture d'esthétique.
Le livre fait le constat d'une opposition de civilisation entre l'Orient et l'Occident. L'auteur craint l'envahissement de la lumière électrique qui romprait le charme d'un savoir vivre tout en nuances. Les grandes mégalopoles du Japon d'aujourd'hui Japon sont effectivement une débauche de lumières criardes, de technologies envahissantes et il faut sûrement se plonger dans les campagnes profondes pour retrouver la sobriété et l'élégance de la tradition japonaise.
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Dans ce court essai, l'auteur aborde l'esthétique japonais du clair-obscur, louant l'ombre. Il faut tout d'abord se placer dans le contexte de l'époque pour apprécier ce livre. Il est rédigé dans les années 1930 où toute la technologie d'aujourd'hui n'existait pas. L'apparition de l'électricité et donc de l'éclairage - public ou intérieur - au Japon n'est pas encore celui des villes lumineuses d'aujourd'hui. La lumière est utilisée comme un révélateur. Elle n'éclaire que des parties choisies. Ainsi, dans une maison sombre où les rayons du soleil n'accèdent pas à toutes les parties, les objets ne sont qu'entraperçus. Les matières utilisées (bois, laque...) sont en corrélation avec cette faible luminosité. L'auteur sent cet esthétisme menacé, en partie pour le confort. La beauté d'un lieu éclairé à la bougie n'a plus son pareil lorsqu'il est montré à la lumière crue d'une ampoule électrique. Tanizaki défend le Japon traditionnel tout en mettant en garde contre l'appropriation des progrès de l'occident moderne. Il ne renie par non plus ces avancées technologiques mais il aimerait que ce noir, ce presque rien si subtil ne soit pas oublié. L'obscurité louée se voit dans l'héritage japonais : que ce soit à travers l'architecture des bâtiments anciens ou dans les arts comme le nô et le kabuki.
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critiques presse (1)
Liberation
16 février 2017
Cette Louange est un subtil et dernier éclairage à la bougie sur un monde qui sombre dans les ténèbres.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
"Décidément, quel que soit le pays les vieux disent tous la même chose, me disais-je, il semble bien que l’homme, au fur et à mesure qu’il avance en âge, soit toujours prêt à trouver que c’était mieux avant"
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101. Le plus drôle, c'est que me voila à l'âge de radoter comme un vieux, tant il me semble hors de doute que les équipements de la civilisation moderne sont tout de même essentiellement tournés vers la jeunesse et nous préparent une époque peu amène pour les vieux.
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On dit que la cuisine japonaise ne se mange pas, elle se regarde; pour ma part, plutôt que regardée, je dirais que la cuisine japonaise est faite pour être méditée. Et cela vient de la musique silencieuse que composent ensemble la lueur de la chandelle et la laque du bol.
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Pour nous, "habiter" signifie ouvrir un parasol appelé "toit" pour poser une pièce d'ombre au sol, et établir notre demeure dans cette pénombre.
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La qualité de la lumière détermine le paysage, et cette qualité, immatérielle s’il en est, identifie plus sûrement que toute autre signe l’espace et l’atmosphère d’une époque. Il ne s’agit pas de calculer le taux de luminosité. À chaque époque, à chaque ville, correspond une proportion particulière d’ombre et de lumière. Ryoko Sekiguchi, introduction
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Videos de Junichirô Tanizaki (5) Voir plusAjouter une vidéo
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