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Cyril Veken (Traducteur)
EAN : 9782859407391
192 pages
Phébus (16/05/2001)
3.67/5   30 notes
Résumé :

Les lecteurs de langue française ont vraiment découvert Trevor à la parution de En lisant Tourgueniev (Phébus, 1993), premier volet d’un diptyque dont Ma maison en Ombrie se trouve être le roman- miroir - l’ensemble publié en anglais sous le titre générique Two Lives. La première de ces deux vies était vouée à la frustration et à la folie. La seconde, ici, se trouve placée sou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Publié en 1991, ce roman de William Trevor est présenté par l'auteur comme faisant pendant à un autre de ses livres, En lisant Tourgueniev. Il ne faut toutefois pas que le lecteur recherche un quelconque lien dans l'intrigue ou les personnages, les deux récits sont bien distincts.

Ma maison en Ombrie est le récit fait à la première personne par le personnage principal du roman, Emily Delahunty. Elle est une dame mûre, pas si loin d'entrer dans la vieillesse, et après une vie compliquée et nomade, dont certains épisodes seront évoqués de manière plus ou moins explicite dans le livre, elle s'est installée en Italie, dans une belle maison, transformée en maison d'hôtes. Un événement tragique a transformé ce qui pouvait être considéré comme une existence confortable et sans grand soucis : un attentat dans le train où se trouvait Emily, qui s'en est tirée sans réelles séquelles, mais qui a provoqué la mort de la plupart d'occupants de son compartiment. Elle a recueilli trois des rescapés dans sa maison : un vieil général anglais, qui a perdu sa fille unique, un jeune allemand son amour ainsi qu'un bras, et une petite fille américaine dont toute la famille proche a succombé. Emily, qui jusque là écrivait des romans sentimentaux à succès, n'est plus capable d'écrire autre chose qu'une sorte de chroniques des événements, avec des retours en arrière, qui évoquent son passé.

Le récit n'est pas linéaire, ni complètement structuré. Emily s'avère progressivement comme une narratrice pas complètement fiable. Sa mémoire embellit un certain nombre de souvenirs, sélectionne, recompose. Au moment du récit, elle a quelque peu tendance à abuser de l'alcool, sans même s'en rendre compte, ce qui fausse quelque peu son appréciation de la situation. Elle croit aux rêves, aux signes astrologiques, aux prémonitions. L'optimisme de façade, une façade de bonne humeur positive, laisse apparaître les blessures, les expériences très difficile qu'elle a vécues. Et malgré le séjour dans la belle maison, le sort des survivants de l'attentat n'est guère enviable au final. le tragique est bien présent dans le quotidien, même si Emily refuse de l'expliciter, de le considérer comme tel.

Un beau livre, plein de lumière, même si la noirceur et la cruauté de l'existence sont terriblement présents.
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Sir William Trevor, de son vrai nom William Trevor Cox, est né en 1928 dans le comté de Cork en Irlande et décédé en 2016 en Angleterre. Romancier, nouvelliste, dramaturge et scénariste, lauréat de nombreux prix littéraires aussi bien en Irlande qu'en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis, membre de l'Académie irlandaise, il a été anobli par la reine d'Angleterre. Ma maison en Ombrie date de 1994.
Un attentat dans un train italien. Parmi les rescapés, Emily Delahunty la narratrice, une romancière anglaise retraitée qui tient une maison d'hôtes en Ombrie. Par charité, elle décide de loger gracieusement, trois survivants qui étaient dans son wagon : un vieux général anglais qui vient de perdre sa fille et son gendre, Otmar un jeune Allemand qui outre sa fiancée a aussi laissé un bras dans le train, et Aimée, une petite fille américaine désormais orpheline et souffrant de sévères problèmes psychologiques.
William Trevor s'est fait une réputation pour ce que j'appellerais, les délicieux romans. Délicieux grâce à son écriture toute simple à priori, mais où se mêlent imperceptiblement cette minuscule touche de tristesse et de bizarrerie qui distinguent ses romans de tant d'autres.
De la tristesse, il y en a cela va sans dire au vu du résumé, mais inutile de prévoir des mouchoirs en papier, elle tombe sous le sens plus qu'elle n'est exprimée par l'écrivain. Quant à la bizarrerie, elle va monter crescendo au fil de votre lecture. D'abord en découvrant le parcours atypique d'Emily Delahunty. Aujourd'hui proche de la soixantaine, elle a pas mal roulé sa bosse, des Etats-Unis à l'Afrique où elle tenait un bar, ne fréquentant pas vraiment le beau monde…
Un contraste frappant : une belle maison dans la campagne italienne, au calme, offrant un confort bourgeois certain mais géré par une femme ayant connu les vicissitudes de la vie, entourée d'estropiés.
La narratrice mêle ses souvenirs personnels aux personnages de ses romans et petit à petit vont s'y greffer ses rêves prémonitoires ou inventés, ses intuitions sur la personnalité secrète de ses invités, sans que jamais le lecteur ne sache jamais si tout cela est vrai ou purement fictif. Les dernières pages du roman amplifient encore plus ce mystère diffus et quand on referme le livre, on s'interroge : avons-nous lu un roman d'Emily Delahunty dans le roman de William Trevor, la narratrice perd-elle un peu la raison, ou bien existe-t-il une autre explication ? N'oubliez pas que j'avais annoncé la couleur : bizarrerie !
Il n'empêche que tout cela nous donne un très beau roman, car très bien écrit.
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William Trevor dont on n'a pas oublié Coups du sort ou le voyage de Felicia est une de ces nombreuses plumes irlandaises de talent que les blogs aident d'ailleurs à (re)découvrir.Ma maison en Ombrie est en fait la deuxième époque d'un diptyque,Two lives,la première étant En lisant Tourgueniev que je n'ai d'ailleurs pas lu.Si j'ai lu Tourgueniev mais pas En lisant Tourgueniev,vous suivez un peu?Emily Delahunty, vieille fille,écrit des romans à l'eau de rose et vit dans sa villa près d'Assise.Elle reçoit quelques voyageurs mais les trois derniers,c'est leur convalescence qu'ils passent là-bas non loin du Lac de Trasimène.Un attentat dans un train a fait plusieurs morts et quatre blessés,un vieux général anglais,un jeune Allemand, une enfant américaine et Emily l'hôtesse.

On apprend au fil du récit le passé d'Emily qui n'a pas toujours été fleur bleue,loin de là.Elle a déjà vécu l'Amérique et l'Afrique.Quinty,son âme damnée,ou son amant,ou son complice ou tout ça à la fois est un bien curieux personnage difficile à cerner.Cependant les trois survivants vont un court moment vivre "un peu" une vie de famille.Tout au moins jusqu'à l'arrivée de M.Riversmith,oncle de l'orpheline chargé de reprendre l'enfant bien qu'il ne la connaisse pas.Cet homme trouble Emily.Et puis il ressemble à Joseph Cotten et Emily est restée un peu midinette.Ma maison en Ombrie est un récit mezza-vocce qui ignore les éclats de voix et les scènes tapageuses,et fait d'Emily Delahunty une maîtresse de maison attentive,sensible aux cocktails et en proie à la tristesse d'une vie s'effilochant alors que ses ultimes pensionnaires s'apprêtent à partir chacun à sa manière. William Trevor nous a séduits dans cette villa d'Italie du Nord où le hasard aura pour quelques mois réuni des cassés de la vie qui auront "réveillé" le jardin et aussi un tout petit peu mieux vécu les séquelles d'un drame aveugle.L'enfant s'appelle Aimée...
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Ce roman, contrairement à beaucoup d'autres textes de William Trevor, n'est pas ancré en Irlande, mais en Italie, en Ombrie (comme son titre l'indique), près de Sienne. Cependant, les personnages de ce roman ont tous beaucoup voyagé avant de se retrouver là, au propre comme au figuré.
La narratrice, femme vieillissante, ancienne tenancière (voire plus?) d'un bar de brousse africaine, déroule le fil de sa vie dans un récit un peu décousu par le dernier choc subi, autant physique aue psychologique. Les autres personnages s'organisent autour d'elle, dans une sorte de construction chorale, chacun avec sa voix, son rythme et sa personnalité.
L'histoire est bien construite, cohérente et prenante, mais après la lecture, il me reste une impression de polyphonie globalement harmonieuse, avec ses dissonnances, et une mélodie un peu triste dont les derniers échos vont bientôt s'éteindre, comme si la capacité de résilience de la narratrice s'épuisait doucement.
La finesse d'écriture de William Trevor est confirmée une fois de plus, tout comme son talent de conteur.
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J'avais bien aimé ce roman et son héroïne haute en couleur même s'il s'agissait d'une lecture imposée pour la fac.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Dans ma maison nous jouissions d'une sorte d'extraterritorialité : une attente, mais de quoi ? Le chagrin, la souffrance, la détresse, les longs silences, les ombres immobiles de la mort, nos cauchemars intimes, voilà ce que, sans nous en faire part, nous avions en commun, sans même la consolation de pouvoir les partager. Des fantômes, voilà ce que vous n'auriez pas manqué de dire de nous, si vous étiez venu dans ma maison en Ombrie cet été-là.
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Nous avons tous quitté l’hôpital le même jour et nous avons passé la première soirée sur la terrasse, chez moi, autour de la table en carreaux de faïence, le général à ma droite et Otmar à ma gauche. La petite était déjà dans son lit et dormait. Rosa Crevelli nous a servi des lasagnes, de l’agneau au romarin, le tout arrosé de Vino nobile de Montepulciano, et puis des pêches. Un étranger débarquant inopinément aurait été quelque peu surpris de nous voir là, avec nos plâtres et nos pansements : le repas des éclopés. J’étais la seule à ne pas avoir perdu un être cher, puisque je n’avais personne à perdre.
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Video de William Trevor (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de William Trevor
Diana Reich interviewe William Trevor Podcast traduit en français ( sous-titres) Diana Reich, directrice artistique de Small Wonder, interviewe William Trevor, le récipiendaire du premier prix Charleston - Chichester pour l'excellence d'une vie dans la fiction courte.
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