Attention, chef d'oeuvre à ne pas mettre entre toutes les mains !
Point n'est besoin d'être de gauche pour apprécier la littérature de Régis Debray. Point n'est besoin d'être de droite pour apprécier celle de Jean d'Ormesson. Cependant, il faut un minimum de Culture pour apprécier l'un comme l'autre, au risque de les qualifier de pédants et d'ennuyeux.
Ce requiem, en forme d'homélie, pour feue L Histoire, avec un H majuscule, est un délicieux capharmaüm digne de l'étalage d'un brocanteur, mélangeant évènements politiques, personnages historiques, références mythologiques, citations latines... en un élixir étourdissant, pas toujours compréhensible, mais dont on perçoit l'essence enivrante entre deux volutes.
Afin de ménager la susceptibilité, mal placée, de certaines éthnies, notre Histoire se trouve de plus en plus délestée de certains évènements considérés comme blessants, afin d'éviter leurs violences menaçantes, voire exprimées. Dès lors, L Histoire en devient incompréhensible ! L'Humanité, de tous temps, ne génère-t-elle pas le meilleur comme le pire ? Et le meilleur n'existe que par opposition au pire.
Ce pamphlet de haute volée m'a donné envie de découvrir d'autres écrits de Régis Debray, moi qui ne suis pourtant pas de son bord, mais qui reste fasciné par les folles tribulations romantiques du Ché, de Castro et autres Pablo Néruda... Debray et D Ormesson, même combat : celui de l'élévation de l'Esprit par la Culture !
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Comdab (pardon).. livre piquant, à croquer avec un dictionnaire sous la main, compte-tenu de la richesse de vocabulaire de l'auteur.. C'est un festival de bons mots, agiles et pétillants.
En prime, des anédoctes très interessantes (le discours de Tonton, le rdv avec le grand Charles, le dîner avec Bousquet). J'apprends toujours quelque chose en lisant RD.
Des perles du genre ace au tennis, et le clou: "un Africain gorgé d'histoire (auquel l'auteur, qui vient d'en sortir reproche de n'y être pas entré") ..
J'ai ri, noté et, beaucoup approuvé. Au delà des reflexions personnelles je me dis souvent que j'aurais pu dire la même chose. Là est tout: j'aurais pu, mais je n'ai pas pu.
Pas facile à lire (quelques fois j'ai lu à voix haute pour m'assurer que je ne ratais rien dans la phrase) mais en arrivant sur la fin, on se sent moins seul. L'impression que "quelque part, quelqu'un pourrait me comprendre" ..
j'ai été ravie de lire ce livre (au lieu d'écouter les nouvelles)
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Le style y est si profondément l'homme qu'on peut se passer de la signature pour reconnaître le signataire du pamphlet.
Lire la critique sur le site : LePoint
Las, rien ne sert de courir ni de partir à temps. Comme le coup de foudre et le gros lot, l’éclair arrive quand on y pense le moins. La bonne heure ou la mauvaise porte. Maktoub ! Le hasard est un grand romancier disait Balzac, qui s’y connaissait. On ne donne pas d’ordre à un enfant qui joue aux dés.
Il faut être naïf comme un Anglais pour s’imaginer que Wellington a gagné la bataille de Waterloo. Avec sa « morne plaine », c’est Victor Hugo qui a nettoyé le terrain, et Cambronne, l’affront. Gamelin contre Rommel, inutile, on n’est pas de taille. Eluard contre Goebbels, allons-y, c’est tenable. L’alexandrin, notre terre de haut, ne ment pas. Pourquoi envier la récurrente suprématie du Teuton, cet être fruste et balourd à la nuque rasée, si l’Astérix chevelu peut toujours sortir de sa malle un clairon avec un génial zigoto pour lui courir après. Ou un accordéon, pour les piafs de Belleville. Laissons à Berlin les finances, l’acier, les machines-outils. Gardons le Mumm cordon rouge, la rime à Jérimadeth et les titres pirouettes. La rime vaincra.
Un Dieu fait homme, ça n’abandonne pas ses fidèles en chemin et ça met des fourmis dans les jambes ; ça force à garder l’œil sur le cours de choses, sans s’embrasser l’épaule, et à se donner du mal pour faire le bien. Un baptisé confirmé n’est pas passif dans la main de Dieu ; son salut est l’opération commune du Créateur et de la créature, et son livre d’heures, le calendrier civil. Son destin s’appelle Histoire. Pour un musulman, les jeux sont faits, après la nuit du destin il ne peut plus rien se passer de très intéressant : les choses suivront leurs cours toutes seules, inch’Allah.
À l’âge où le clampin se destine normalement au « dérèglement de tous les sens », aux « cieux crevant en éclairs », « aux neiges éblouies » et aux « cheveux des anses », je me jurai in petto de donner la priorité à la défense du territoire. On avait manqué à la grande dame, il fallait réparer. Et puisque le Français perd la première manche parce qu’il n’est plus de force (la bataille de la Marne ayant pompé les réserves d’énergie), mais gagne la seconde parce qu’il garde la forme, ma ligne Maginot serait en vers, mais cette fois, elle tiendrait bon.
Personnalités, journalistes, gobe-mouches : chaque étage de la pyramide repose sur les deux autres. Que serait un people sans paparazzi, un paparazzo sans voyeurs, un voyeur sans lucarne ni Gala ? Tout se tient dans notre pyramide ; distinction, oui, apartheid, non ; c’est l’honneur de nos démocraties que de jeter des passerelles entre les paliers, et une étoile de vedette dans chaque berceau, en donnant aux regardeurs la possibilité de passer un jour derrière, pour devenir un reluqué à part entière.
Claude Grange : "Je lance un appel, aux soignants, de rester dans le prendre soin"