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EAN : 9782253021667
248 pages
Le Livre de Poche (01/02/1979)
3.56/5   66 notes
Résumé :

«Jacques serait de retour dans un an, en janvier, février tout au plus. Au printemps de 1881, tous deux seraient, sans aucun doute, mariés...  Au printemps de 1881, Jacques de Saint-Selve était en effet marié, mais il n'avait pas épousé Mlle de La Ferté. »  Jacques meurt subitement et sa jeune, jolie et riche veuve, Galswinthe, vient s'installer dans la maison voisine de celle où demeur... >Voir plus
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À la faveur d'une visite l'autre jour à la foire aux livres de Fontenoy-la-Joûte, cette vieille édition de poche à la couverture surannée m'a fait de l'oeil. Mademoiselle de la Ferté est ma première incursion dans l'oeuvre romanesque de Pierre Benoit, écrivain français presque oublié aujourd'hui.
Nous sommes dans Les Landes à la fin du XIXème siècle, dans la campagne proche de Dax.
Dès les premières pages il semble que tout soit dit, tout soit scellé. Anne de la Ferté et son cousin, Jacques de Saint-Selve, fils d'une riche famille de négociants en vins et spiritueux établie à Bordeaux, s'aiment et désirent se marier. Cependant ce mariage n'est pas du goût de Madame de Saint-Selve. En effet, le père d'Anne aura quasiment passé son existence à dilapider la fortune familiale dans des placements et investissements scabreux. À sa mort, il laisse à son épouse des dettes, des hypothèques, une vieille maison de campagne humide et malsaine, entourée de marais saumâtres, et à sa fille unique l'absence de dot. Pour entrer dans les grâces de Madame de Saint-Selve, Anne de la Ferté consent à laisser partir pour un an son fiancé à Haïti où la famille gère une affaire de production de rhum. Ils se marieront à son retour. Un an plus tard, Jacques s'est en effet marié, mais pas avec Anne. Il a épousé une jeune, belle et riche héritière anglaise, Miss Galswinthe Russel, fille du consul général d'Angleterre à Port-au-Prince. Quelques jours avant le retour du couple en France, Jacques décède brutalement d'une insolation. Galswinthe de Saint-Selve ramène à Bordeaux la dépouille de son défunt époux. Anne de la Ferté accueille dans une douleur froide, mutique ces deux coups de théâtre. Quelques temps plus tard, quand Anne de la Ferté apprend par hasard que sa rivale, son ennemie, Galswinthe de Saint-Selve, vient de s'installer dans la maison de campagne toute proche, c'est à peine si un frémissement d'émotion peut se lire sur le visage de la jeune femme... En si peu de pages, tout semble avoir été dit, cependant que l'essentiel de la force du récit va se dérouler désormais sous nos yeux. En effet, contre toute attente, les deux jeunes femmes vont se lier d'amitié. La trame psychologique du roman va se cimenter autour de cette amitié étrange et ambiguë.
Ce récit fait le portrait troublant de deux femmes dont les caractères s'opposent. L'une est insouciante et délurée, l'autre distante et réservée.
Le seul point commun qui les anime est une jalousie féroce l'une pour l'autre...
J'ai beaucoup aimé ce roman.
Une violence sourde, étouffante pèse sur les pages de ce récit aux allures parfois machiavéliques, qui se déploie comme une toile d'araignée. Est-ce que cela tient à ces marais insalubres, à ces landes oppressantes...? À l'ambiance glauque qui entoure le dessein peu scrupuleux de ces familles de la bourgeoisie bordelaise de fin du XIXème siècle ? Ou bien peut-être à ce personnage féminin hors du commun qu'est Mademoiselle de la Ferté ? Il m'a été difficile d'éprouver de l'empathie ou de la compassion pour ce personnage insaisissable, difficile aussi de la détester... Cependant, comment ne pas être impressionné par sa froide détermination, par son orgueil inexorable qui l'aide à se relever des trahisons et des humiliations ? J'aurais voulu sonder les eaux sombres de son coeur... C'est une fascination ambiguë qui m'a sidéré, tenu en haleine...
Il faut reconnaître que l'auteur cultive un art sophistiqué dans les silences et les non-dits, laissant à chaque instant planer le doute sur les intentions de la narration... Jusqu'à la fin du récit, l'auteur s'échappe, s'esquive, laissant le lecteur seul devant le texte faire son interprétation, poser son jugement : cette femme était-elle sincèrement dévouée à sa jeune amie ou bien effroyablement manipulatrice ? Je me pose encore la question à l'heure d'écrire cette chronique...
Il y a une mécanique de la narration tendue vers le dénouement final qui est magistral.
J'ai trouvé chez l'auteur une manière toute en subtilité de fouiller l'âme humaine, de la disséquer au scalpel. L'écriture y est pour beaucoup. La peinture sociale de cette bourgeoisie nauséabonde est sans concession. Mais d'une manière générale, les personnages masculins sont fats, lâches, grotesques, en prennent pour leur grade, en particulier la profession médicale. Et puis, comble de bonheur, rencontrer un auteur qui traite la langue française avec autant de richesse et de délicatesse est ici un véritable régal ! Pierre Benoit est un auteur que je ne suis pas prêt d'oublier...
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Il fait partie des auteurs dont on croise le chemin en de multiples occasions sans jamais les saluer. Pourtant Pierre Benoit est une vieille connaissance.
Dans le grenier de mon grand-père quelques volumes y terminaient leur vie. Des exemplaires couvert de poussière, sans aucun attrait pour un adolescent.
L'auteur était "has been" depuis longtemps.
Son goût pour le maréchal Pétain l'avait mis à la libération sur la touche.
Le livre de poche allait-il lui redonner une seconde jeunesse en publiant (dès le n°1) son roman Koenigsmark ?
Sans doute qu'il a trouvé un lectorat, vieillissant, qui va s'avérer éphémère.
1968 était passé par là, le nouveau roman, Tel Quel et toutes les nouvelles expérimentations qui l'ont plongé encore davantage dans l'oubli.
Pierre Benoit avait acquis l'étiquette d'écrivain pour vieille fille "de bonne famille".
J'avais acheté le n°15 du livre de poche, plus pour la superbe couverture (ah ! le temps bénis où l'on faisait appel à des artistes !) que pour l'intention de le lire. Après un long purgatoire sur mes étagères, c'est une critique sur Babelio qui a remis Pierre Benoit dans mon actualité.
Le jour est arrivé enfin. Je viens de lire "Melle de la Ferté".

Jacques vient de mourir. Deux femmes se retrouvent dans l'évocation du défunt : Anne la fiancée délaissée, image de toutes les vertus, Galswinthe l'épouse insouciante, fille d'un gouverneur anglais.
Une sorte de partage dans ce pays des Landes encore sauvage, de la fin des années 1880.
Mais cet amour entre les deux femmes (que l'auteur nous fait entrevoir charnel) va se briser.
Pierre Benoit n'est pas un écrivain d'avant garde (l'Académie française n'accueille pas ce genre), il ne révolutionne pas la forme.
Il est malhabile dans ses dialogues.
Tout est très conventionnel : le monde bourgeois des armateurs Bordelais, celui outre-Atlantique d'un gouverneur anglais.
La rude campagne Landaise où la religion catholique est omnipotente.
La pécheresse (l'anglaise) et le parjure (Jacques) trouvent la mort.
Malgré tous ces défauts (de l'époque sans doute), l'auteur parvient cependant à captiver le lecteur par sa grande maitrise de la narration où son lyrisme peut s'exprimer. Il l'entraine sans effort dans ce récit dont le scénario est, somme toute, fort simple.
Un très bon moment de détente avec ce livre sans prétention, reflet d'une époque révolue.






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Mon coup de coeur du jour se nomme Mademoiselle de la Ferté, par Pierre Benoit. Pierre Benoit, cet illustre inconnu ? L'expression convient en effet fort bien à cet auteur inconnu des manuels scolaires et tombé dans l'oubli.

Après avoir goûté la poésie et écrit quelques monographies, Pierre Benoit publie Koenigsmark en 1918, un succès populaire suivi d'une quarantaine de romans. Il est élu à l'Académie française en 1931. A l'époque, il est célèbre pour ses frasques galantes, les canulars et facéties qu'il organise (écrire des billets aux journaux ; organiser des courses de tortues dans les couloirs du Palais Royal ; prétendre avoir été enlevé par le Sein Fein ; être membre de l'association "Le Bassin de Radoub" qui récompense le plus mauvais livre de l'année et couronne le vainqueur d'un aller simple en train dans son village natal accompagné d'une lettre lui demandant de ne plus jamais en revenir). Il est aussi réputé pour être un homme de droite nationaliste et conservateur, marqué par Maurras et Barrès, et qui affiche des convictions antigermanistes (ce qui ne lui évite malheureusement pas la prison à la Libération pour collaboration avec l'ennemi à cause de fausses affirmations).

Pour en revenir à notre auteur, la recette de son succès ? Emmener le lecteur dans un décor exotique, lui faire fréquenter une femme troublante (le tout saupoudré d'une pointe d'érotisme sous-jacent) et mettre le héros devant le choix cornélien entre l'amour et le devoir.

Mademoiselle de la Ferté joue cependant dans un registre différent. Il nous emmène dans la campagne de la région de Dax à la fin du 19ème siècle. le coup de théâtre apparaît dès le début du roman. Car la réalité que nous dévoile Pierre Benoit est rapidement différente des apparences du début de l'histoire. Anne de la Ferté doit épouser Jacques. Son fiancé est sur le point de la quitter car il doit acquérir dans les îles (Haïti) la maîtrise des techniques du commerce du rhum vendu par l'entreprise de négoce de sa famille. Un an plus tard, il se mariera avec elle. Ce que Pierre Benoit confirme (après 5 pages d'attertoiements) avec une phrase laconique : l'année suivante Jacques convole effectivement en justes noces - mais avec une autre.
Dès lors, que vont contenir les 200 pages suivantes ? La description d'une femme de caractère qui a choisi de vivre dans un coin perdu en évitant toute vie sociale. La situation change sensiblement lorsque la maison voisine est occupée par la jeune veuve de son ex-fiancé.

Pierre Benoit alterne de longues descriptions de la vie rurale (assorties de petites leçons de choses, de descriptions ornithologiques, de maximes vaguement philosophiques) et de changements brutaux de rythme. Nous assistons dès lors aux relations de Anne de la Ferté et de Galswinthe de Saint-Sèlves, en nous demandant sans cesse qui de la veuve ou de l'ex-fiancée est la plus jalouse des deux. Jusqu'à la chute finale inattendue.

Vous l'avez compris, j'ai beaucoup apprécié ce roman, certes pas le plus connu de Pierre Benoit (on se souvient généralement de l'Atlantide ou de Koenigsmark). J'ai aimé que cette femme ne soit pas soumise, mais décide de sa vie quelles qu'en soient les conséquences. le mot de la fin par Pierre Benoit : "Ainsi vécut, ainsi mourut, cette fille qui, épouse et mère, eût été sans doute le modèle des mères et des épouses".
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Depuis l'époque du collège où plusieurs ouvrages de Pierre Benoit garnissaient les étagères de la bibliothèque de la classe – l'Atlantide et Koenigsmark étant parmi les plus connus – je n'avais que rarement croisé le nom de Pierre Benoit qui fait partie des écrivains oubliés des jeunes générations. Ai-je lu l'Atlantide ? Je l'ignore et si cela a été le cas, je n'en ai gardé aucun souvenir. J'ai donc abordé Mademoiselle de la Ferté sans aucun présupposé et presque sans aucune idée sur son auteur.
Il y a dans l'écriture de Pierre Benoit une sorte de classicisme intemporel. Pour certains, il s'agirait d'un compliment retors, pour moi il s'agit d'un compliment tout court. Son style, sobre et élégant, où les mots se placent avec la précision d'un mécanisme parfaitement réglé, crée une mélodie du récit presque envoûtante. Aujourd'hui, dans le roman, on célèbre chez les jeunes écrivains la nouveauté du ton, l'éclatement de l'histoire, la crudité du langage ou encore la dé-poétisation des situations et des décors. Pourquoi pas, l'écriture peut mener à toutes les expériences et à certaines réussites, mais l'aridité de la forme rencontre trop souvent la pauvreté du fond et le résultat est assez éprouvant pour le lecteur.
La forme classique de Mademoiselle de la Ferté révèle une grande maîtrise de la composition qui procède de la technique picturale. Un fond : les landes autour de Dax, un pays de marécages et d'étangs, une sorte de Sologne méridionale où les forêts de feuillus sont remplacées par des bois de pins. Une famille peinte à touches rapides : le père, vaniteux, est habité par des initiatives ruineuses pour le patrimoine familial. Il meurt en laissant sa femme et sa fille dans un certain dénuement. La mère, pieuse, conformiste, est soumise par la douceur des faibles aux lois de la religion et de la piété conjugale. Très vite les éléments du décor s'assemblent autour de la figure centrale de Mademoiselle de la Ferté : la vente des quelques biens de la famille pour payer les dettes du père, la retraite dans la maison de la Crouts, l'espoir aboli d'une existence heureuse auprès de Jacques de Saint-Selve lorsqu'il annonce son mariage avec une autre. Anne de la Ferté occupe alors tout le centre du tableau par la force magnétique de sa dignité. Elle est toujours debout malgré les deuils successifs, la pauvreté de ses conditions d'existence, l'adversité qui lui arrache un à un les moyens d'échapper à une vie de recluse.
C'est une femme qui juge (son père), qui calcule juste (le règlement de la succession de M. de la Ferté, les fermages, les intérêts d'un placement, jusqu'à la modeste somme qui dédommagera les paysans qui ont ramené le cadavre de son père à la maison), qui travaille beaucoup et vite (elle exécute les broderies des ornements religieux que lui confie l'abbé Lafitte comme une stakhanoviste du fil à broder) et qui parcourt sans relâche les environs de son domaine. On sent qu'elle a besoin d'air, d'action, de brûler l'énergie qui s'accumule dans son corps jeune quand les plaisirs de son âge lui sont refusés : la danse, la vie en société, l'amour.
L'auteur se garde bien d'une approche psychologique de son personnage. Anne ne parle pas, ne se confie pas et refuse l'hypocrisie des rapports sociaux dans le petit monde confiné de la bourgeoisie provinciale. Elle accepte les corvées de l'abbé Lafitte, mais refuse les réunions de dames patronnesses.
L'arrivée de Mme de Saint-Selve, la jeune veuve de Jacques, la belle Galswinthe Russel, semble apporter une certaine douceur dans l'existence d'Anne. Elle abandonne les tenues sombres, cède aux plaisirs de la conversation et quand Mme de Saint-Selve tombe malade, elle reste à son chevet avec le plus grand dévouement, donnant tous les signes de l'amitié la plus vraie, la plus profonde pour celle qui lui a volé autrefois son fiancé. Mais la douceur ne fait pas partie de la nature profonde d'Anne, elle n'est qu'une autre forme d'expiation pour les événements à venir.
Elle provoque la chute politique de David Osborne, l'amant de Mme de Saint-Selve. L'abattement qui saisit alors cette dernière aggrave sa maladie. le docteur Barradères considère avec effarement les changements qui s'opèrent chez la jeune femme et son emménagement à la Couts, dans une demeure insalubre, précipite la mort de Galswinthe. Mais, pour Anne, il faut aller jusqu'à la ruine totale de la famille Saint-Selve et elle s'y emploie méthodiquement.
Il y a donc dans la volonté opiniâtre d'Anne de parvenir à ses fins une forme de renonciation au bonheur, ce bonheur entrevu et dérobé par une autre. La religion qu'elle pratique ne lui est d'aucun secours dans la noirceur primitive qui l'entoure et la pénètre jusqu'aux os. Elle reste dans les esprits comme une figure païenne de la malédiction : magnifique et inflexible.
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J'adore farfouiller dans les boîtes à livres et je suis tombée par hasard sur un livre de Pierre Benoit dont je n'avais jamais entendu parler jusque-là mais que je devais lire dans le cadre du challenge Solidaire Babelio. Alors je me suis dit que c'était un signe et effectivement j'ai beaucoup aimé l'histoire de "Mademoiselle de la Ferté". Je pourrais même dire que j'ai adoré mais il y a une dernière phrase que je n'ai pas appréciée et c'est fort dommage car elle vient gâcher cet excellent roman (cela justifie mes 4 étoiles au lieu de 5). Cette seule phrase casse l'image de l'héroïne dont j'ai apprécié l'indépendance car Pierre benoit propose un beau portrait de femme qui va maîtriser son destin.

Née en 1860 dans les Landes, Anne est une enfant effacée dont ses parents ne se préoccupent pas et choisissent l'internat d'une école religieuse juste à côté de la maison familiale pour son éducation.
Jeune fille humble elle est éprise de jacques de Saint-Selve qui lui promet le mariage. L'amoureux va pourtant l'oublier en épousant la belle et riche créole Galswinthe, à Haïti où il séjourne pour le négoce familial.
Après la mort brutale de jacques, sa jeune femme tuberculeuse vient se soigner dans sa demeure des Landes. C'est là que les deux jeunes femmes se rencontrent. La détestation d'Anne pour sa rivale va se transformer en dévotion voire en amour. Elles vivront beaucoup plus de choses entre elles que chacune avec Jacques, comme si leurs vies prenaient du sens dans le prolongement des souvenirs d'un passé charnel qui les oppose en les unissant.

Anne sortira de l'ombre en protégeant Galswinthe bien que Pierre Benoit reste suffisamment ambigu sur leur relation pour laisser la place à l'imagination. Son héroïne nous échappe un peu et nous fascine pour cela.
Cet Académicien oublié mérite donc d'être remis à l'honneur.


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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Les huit jours qui restaient furent employés en préparatifs. Il fallait qu'Anne pût paraître dignement devant ces juges sans indulgence que sont les Bordelaises élégantes. Elle y parvint, aidée sans doute par sa beauté, mais sans que la façon un peu antique de ses ajustements ait fait autre chose que d'ajouter à cette beauté un charme de plus, et non le moindre. D'ailleurs, cette jeune fille avait une façon de laisser peser son regard qui eût arrêté net toute plaisanterie déplacée chez les petites sottes des rues Porte-Dijeaux et Fondaudège. Bref, bien que ce fût là le dernier des qualificatifs qui convint à Mlle de la Ferté, tout le monde fut d'accord pour la déclarer charmante.
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....Telles furent les circonstances qui motivèrent la venue à Dax du comte Michel de la Ferté.
Dès son arrivée, il s'ennuya prodigieusement. C'était un homme fait pour la vie de relations. La ville, petite et grise, semblait sinistre, avec son château que ne parvenaient pas à refléter, tant la fonte des neiges pyrénéennes les rendait jaunes, les eaux monotones de l'Adour. Toute une journée, infructueusement, le rhumatisant, ayant loué un vieux landau, s'appliqua à rechercher, sur les bords de la rivière, quelques-uns de ces saules chantés par Vigny. Vers le soir, écoeuré de ce qu'il considérait comme un abus de confiance de la part de l'illustre pessimiste, il rentra à son hôtel de la place de la Fontaine-Chaude. Les buées de la source thermale étaient traversées par de petites hirondelles noires, qui passaient et repassaient avec des cris plaintifs.
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Quand, sortant de la gare, on entre dans Dax par le faubourg du Sablar, et qu'on franchi le pont de l'Adour, on tourne à gauche, et l'on prend la promenade des remparts. C'est alors une descente à pic, entre deux rangées de maisons tristes, une descente de cinquante marches.
Au bas de cette descente s'ouvre, presque tout de suite, la rue large, une vieille rue aux pavés irréguliers, et que les rares voitures évitent, à cause de ses pavés.
Une grande porte cochère laisse bientôt apercevoir une cour emplie de géraniums. Un escalier de pierre conduit au premier étage. Les pièces sont larges et sombres, avec des planchers d'un chêne infléchi par le poids des ans.
La salle à manger, ronde, a gardé la forme de la tour à l'intérieur de laquelle elle fut ménagée.
Les horloges, dans le silence, ont un bruit plus fort, et, semble-t-il, plus lent.
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Anne voulut se rendre compte. Elle prit entre ses mains la mince jambe, à peine déformée, la serra avec plus de force qu'il n'eût convenu, peut-être. En même temps, elle regardait Galswinthe. La jeune femme pâlit un peu, mais sans cesser de sourire.
- Vous souffrez ? demanda Anne
- Je souffre, il est vrai, dit Galswinthe. Mais il me semble que vous me faites du bien.
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L'église de Saint-Paul est triste et nue. Seules l'égaient, de façon imprévue, deux statues de saints. L'une est celle de saint Antoine, accompagné d'un petit cochon miraculeusement rose. Jamais Mlle de la Ferté ne sut le nom du saint qui lui fait vis-à-vis, un personnage en robe verte, ayant à ses pieds un volatile tenant de la corneille et de la poule d'eau.
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Pierre Benoit, un auteur majeur à redecouvrir .Voir l'émission : http://www.web-tv-culture.com/pierre-benoit-un-auteur-majeur-a-redecouvrir-375.htmlDe 1918 à 1962, il fut un auteur incontournable et a vendu des millions de livres dans le monde entier. Mais qui se souvient de Pierre Benoît ?50 ans après sa mort, dans sa maison des Landes, redécouvrez l?auteur de «L?Atlantide » et « Koenigsmark ».
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