AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070322794
173 pages
Gallimard (21/02/1985)
3.5/5   211 notes
Résumé :
Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue, de surréalité, si l'on peut ainsi dire. C'est à sa conquête que je vais, certain de n'y pas parvenir mais trop insoucieux de ma mort pour ne pas supporter un peu les joies d'une telle possession.
Des projets et des promesses du premier Manifestes du surréalisme (1924) aux prises de position, politiques et polémiq... >Voir plus
Que lire après Manifestes du surréalismeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Le surréalisme, comme le romantisme, c'est la manifestation d'un désespoir qui n'est pas suffisamment naïf pour trouver son refuge et sa consolation dans l'atmosphère artistique, mais qui ne pousse pas suffisamment la réflexion existentielle au point d'en sortir et va plutôt tenter de tout y faire entrer.
Alors que l'immédiat artistique atteint son paroxysme lorsque s'impose magistralement la réalité d'une image originale qu'un individu exceptionnel parvient à extérioriser dans une extase géniale, l'immédiat surréaliste est une fuite rageuse de la réalité qui revendique aussi bien le rêve : « L'homme, ce rêveur définitif, de jour en jour plus mécontent de son sort » (p.11), que la destruction violente et gratuite en tant que mode d'existence : « L'acte surréaliste le plus simple consiste, revolvers aux poings, à descendre dans la rue et à tirer au hasard, tant qu'on peut, dans la foule » (p.78) et sa réflexion ne se fera jamais autrement qu'en tant que réaction contre les critiques externes, les courants de pensées concurrents et les défections.
D'autre part, si on s'attarde au cas de Breton, on s'aperçoit que sa subjectivité entre constamment en conflit avec l'idéal surréaliste qu'il a fondé et voulu défendre. Par exemple, on voit mal pourquoi un mouvement qui affirme la primauté du rêve devrait être athée et matérialiste, surtout lorsque la « magie » et l'« esprit » sont évoqués comme repères intellectuels et que la réalité socio-économique est complètement ignorée par le mouvement.
Ceci dit, malgré l'absence de véritable originalité du mouvement (qui répète de manière plus violente et plus pauvre ce que l'on trouvait déjà chez les romantiques), malgré toutes les incohérences, les bizarreries et maladresses dans l'expression de ces manifestes, ils ne manquent pas leur effet lorsqu'il s'agit de servir, comme l'écriture nietzschéenne, de digestif efficace et agréable à celui qui a beaucoup à digérer.
Commenter  J’apprécie          321
Par ce manifeste, par Breton, se libère l'imaginaire, s'envole le regard de l'autre, et plongent dans les tréfonds de nos inconscients, la créativité et l'envie de baigner dans celle des autres. Jamais je ne saurais exprimer ma gratitude envers cette oeuvre, majeure dans mon éducation d'adolescente d'alors. le surréalisme vous ouvre un horizon où l'orange est vaste comme la terre, les couleurs et les sens embrasent vos yeux dessillés, l'absurde s'évapore par les rêves les plus fous, et où la création se moque de la bienséance de nos raisons. Ce manifeste est une fondation dans l'architecture du développement. Un engagement pour la vie. le bureau de consignation des rêves est d'une géniale audace. Un vent de liberté. Merci André.
Commenter  J’apprécie          100
ême si Alcools (1913) d'Apollinaire est un recueil très important pour l'émergence de la modernité de la poésie française du 20e siècle, c'est Poisson soluble qui nous paraît marquer une vraie naissance de la liberté créatrice. André Breton publie ce livre en 1924 : « le parc, à cette heure, étendait ses mains blondes au-dessus de la fontaine magique. Un château sans signification roulait à la surface de la terre… » Poisson soluble regroupe un choix de 32 historiettes — dont 31 purement automatiques d'après les dires de l'auteur — qui rivalisent d'inventivité ludique, de « légèreté contagieuse » selon le mot de Julien Gracq. Breton avouait garder un faible pour le texte 16 : « La pluie seule est divine, c'est pourquoi quand les orages secouent sur nous leurs grands parements, nous jettent leur bourse, nous esquissons un mouvement de révolte qui ne correspond qu'à un froissement de feuilles dans une forêt. »
A l'âge de 28 ans, dès son Manifeste du surréalisme qui était une préface à Poisson soluble, Breton affirme que : « Parmi tant de disgrâces dont nous héritons, il faut bien reconnaître que la plus grande liberté d'esprit nous est laissée », et, si la « surréalité » consiste à résoudre l'apparente contradiction qui existe entre le rêve et la réalité, le but est d'atteindre le merveilleux. Aussi bien, la contestation prime : « C'est la révolte même, la révolte seule qui est créatrice de lumière. Et cette lumière ne peut connaître que trois voies : la poésie, la liberté et l'amour qui doivent inspirer le même zèle et converger, à en faire la coupe même de la jeunesse éternelle, sur le point le moins découvert et le plus illuminable du coeur humain. »

Dans ce même texte inaugural, le jeune homme reprend la fameuse formule de Rimbaud, la « vraie vie » : « C'est peut-être l'enfance qui approche le plus de la « vraie vie » ». Chercher cette vraie vie, cela ne fut pas pour Breton un vain mot comme on peut le constater en lisant la biographie passionnante établie par Mark Polizzotti. Breton conclut son premier Manifeste par les mots « l'existence est ailleurs » qui ne manquent pas de faire à nouveau écho à Une saison en enfer de Rimbaud.
Commenter  J’apprécie          00
Lu le Manifeste du Surréalisme de 1924: intéressant, bien que j'aie parfois eu l'impression qu'il laissait aller sa pensée et en perdait quelque peu le fil de son exposé auquel il se raccrochait ensuite tant bien que mal. J'ai surtout apprécié lire la façon dont il a "découvert" l'écriture automatique et ses conseils à ceux qui voudraient s'y essayer. Ce qui m'a déplu, surtout au début, est son ton de "juge" face à l'attitude réaliste: j'ai lu plusieurs manifestes et, même en s'opposant à tel ou tel courant, les auteurs n'ont pas toujours ce ton prétentieux et désagréable.
Intéressant, mais un peu décousu par moments.
Commenter  J’apprécie          50
J'ai trouvé le premier manifeste de 1924 assez intéressant, en revanche le second de 1930 n'est principalement qu'un règlement de compte entre Breton et les anciens du surréalisme. J'ai vraiment du mal avec le style et le ton d'André Breton qui parait prétentieux, je décroche beaucoup à la lecture et me suis clairement ennuyé, il ne m'en reste rien. La dernière partie "Du surréalisme en ses oeuvres vives" de 1953 est plus intéressante puisqu'il revient sur le surréalisme et le rapport au langage et à la phrase.
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Que pourraient bien attendre de l’expérience surréaliste ceux qui gardent quelque souci de la place qu’ils occuperont dans le monde ? En ce lieu mental d’où l’on ne peut plus entreprendre que pour soi-même une périlleuse mais, pensons-nous, une suprême reconnaissance, il ne saurait être question non plus d’attacher la moindre importance aux pas de ceux qui arrivent ou aux pas de ceux qui sortent, ces pas se produisant dans une région où, par définition, le surréalisme n’a pas d’oreille. On ne voudrait pas qu’il fût à la merci de l’humeur de tels ou tels hommes ; s’il déclare pouvoir, par ses méthodes propres, arracher la pensée à un servage toujours plus dur, la remettre sur la voie de la compréhension totale, la rendre à sa pureté originelle, c’est assez pour qu’on ne le juge que sur ce qu’il a fait et sur ce qui lui reste à faire pour tenir sa promesse.

Avant de procéder, toutefois, à la vérification de ces comptes, il importe de savoir à quelle sorte de vertus morales le surréalisme fait exactement appel puisque aussi bien il plonge ses racines dans la vie, et, non sans doute par hasard, dans la vie de ce temps, dès lors que je recharge cette vie d’anecdotes comme le ciel, le bruit d’une montre, le froid, un malaise, c’est-à-dire que je me reprends à en parler d’une manière vulgaire. Penser ces choses, tenir à un barreau quelconque de cette échelle dégradée, nul n’en est quitte à moins d’avoir franchi la dernière étape de l’ascétisme. C’est même du bouillonnement écœurant de ces représentations vides de sens que naît et s’entretient le désir de passer outre à l’insuffisante, à l’absurde distinction du beau et du laid, du vrai et du faux, du bien et du mal. Et, comme c’est du degré de résistance que cette idée de choix rencontre que dépend l’envol plus ou moins sûr de l’esprit vers un monde enfin habitable, on conçoit que le surréalisme n’ait pas craint de se faire un dogme de la révolte absolue, de l’insoumission totale, du sabotage en règle, et qu’il n’attende encore rien que de la violence.

L’acte surréaliste le plus simple consiste, revolvers aux poings, à descendre dans la rue et à tirer au hasard, tant qu’on peut, dans la foule. Qui n’a pas eu, au moins une fois, envie d’en finir de la sorte avec le petit système d’avilissement et de crétinisation en vigueur a sa place toute marquée dans cette foule, ventre à hauteur de canon. ("Second manifeste du surréalisme", 1930)
Commenter  J’apprécie          50
Sur le fond du problème, qui est des rapports de l’esprit humain avec le monde sensoriel, le surréalisme se rencontre ici avec des penseurs aussi différents que Louis-Claude de Saint-Martin et Schopenhauer en ce sens qu’il estime comme eux que nous devons « chercher à comprendre la nature d’après nous-mêmes et non pas nous-mêmes d’après la nature ». Toutefois ceci ne l’entraîne aucunement à partager l’opinion que l’homme jouit d’une supériorité absolue sur tous les autres êtres, autrement dit que le monde trouve en lui son achèvement — qui est bien le postulat le plus injustifiable et le plus insigne abus à mettre au compte de l’anthropomorphisme. Bien plutôt à cet égard sa position rejoindrait celle de Gérard de Nerval telle qu’elle s’exprime dans le fameux sonnet « Vers dorés ». Par rapport aux autres êtres dont, au fur et à mesure qu’il descend l’échelle qu’il s’est construite, il est de moins en moins à même d’apprécier les vœux et les souffrances, c’est seulement en toute humilité que l’homme peut faire servir le peu qu’il sait de lui-même à la reconnaissance de ce qui l’entoure(1).

Pour cela, le grand moyen dont il dispose est l’intuition poétique. Celle-ci, enfin débridée dans le surréalisme, se veut non seulement assimilatrice de toutes les formes connues mais hardiment créatrice de nouvelles formes — soit en posture d’embrasser toutes les structures du monde, manifesté ou non. Elle seule nous pourvoit du fil qui remet sur le chemin de la Gnose, en tant que connaissance de la Réalité suprasensible, « invisiblement visible dans un éternel mystère ».

(1) En ce sens on n’a rien dit de mieux ni de plus définitif que René Guénon, dans son ouvrage Les États multiples de l’être : il est absurde de croire « que l’état humain occupe un rang privilégié dans l’ensemble de l’Existence universelle, ou qu’il soit métaphysiquement distingué par rapport aux autres états, par la possession d’une prérogative quelconque. En réalité, cet état humain n’est qu’un état de manifestation comme tous les autres, et parmi une indéfinité d’autres ; il se situe, dans la hiérarchie des degrés de l’Existence, à la place qui lui est assignée par sa nature même, c’est-à-dire par le caractère limitatif des conditions qui le définissent, et cette place ne lui confère ni supériorité ni infériorité absolue. Si nous devons parfois envisager particulièrement cet état, c’est donc uniquement parce que, étant celui dans lequel nous nous trouvons en fait, il acquiert par là, pour nous, mais pour nous seulement, une importance spéciale ; ce n’est là qu’un point de vue tout relatif et contingent, celui des individus que nous sommes dans notre présent mode de manifestation ». Par nous une telle opinion n’est, d’ailleurs, nullement empruntée à Guénon, du fait qu’elle nous a toujours paru ressortir au bon sens élémentaire (quand il serait sur ce point la chose du monde la plus mal partagée). ("Du surréalisme en ses œuvres vives", 1953)
Commenter  J’apprécie          30
Swift est surréaliste dans la méchanceté.
Sade est surréaliste dans le sadisme.
Chateaubriand est surréaliste dans l’exotisme.
Constant est surréaliste en politique.
Hugo est surréaliste quand il n’est pas bête.
Desbordes-Valmore est surréaliste en amour.
Bertrand est surréaliste dans le passé.
Rabbe est surréaliste dans la mort.
Poe est surréaliste dans l’aventure.
Baudelaire est surréaliste dans la morale.
Rimbaud est surréaliste dans la pratique de la vie et ailleurs.
Mallarmé est surréaliste dans la confidence.
Jarry est surréaliste dans l’absinthe.
Nouveau est surréaliste dans le baiser.
Saint-Pol-Roux est surréaliste dans le symbole.
Fargue est surréaliste dans l’atmosphère.
Vaché est surréaliste en moi.
Reverdy est surréaliste chez lui.
Saint-John Perse est surréaliste à distance.
Roussel est surréaliste dans l’anecdote.
Etc.
Commenter  J’apprécie          50
L'esprit se convainc peu à peu de la réalité suprême de ces images. Se bornant d'abord à les subir, il s'aperçoit bientôt qu'elles flattent sa raison, augmentent d'autant sa connaissance. Il prend conscience des étendues illimitées où se manifestent ses désirs, où le pour et le contre se réduisent sans cesse, où son obscurité ne le trahit pas. Il va, porté par ces images qui le ravissent, qui lui laissent à peine le temps de souffler sur le feu de ses doigts. C'est la plus belle des nuits, la nuit des éclairs : le jour, auprès d'elle, est la nuit.
Commenter  J’apprécie          30
Tout porte à croire qu'il existe un certain point de l'esprit d'où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l'incommunicable, le haut et le bas cessent d'être perçus contradictoirement.
Commenter  J’apprécie          50

Videos de André Breton (71) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de André Breton
"Il est des livres qui s'imposent. Crayon noir pourrait appartenir à ceux-là. (...) Écrire sur Samuel Paty a été une urgence doublée d'une évidence."
Ces quelques mots de Valérie Igounet, historienne, journaliste et directrice adjointe de l'observatoire du conspirationnisme, se trouvent en préface de Crayon noir, un roman graphique nécessaire publié en octobre 2023, 3 ans après l'assassinat de Samuel Paty. Il s'agit d'une enquête dessinée qui retrace l'engrenage qui a mené à ce drame, la façon dont cet événement nous a bouleversés et transformés, à un niveau individuel et collectif, mais c'est aussi un récit plein de vie qui nous fait entrer dans l'univers de Samuel Paty, son quotidien de professeur, la passion qui l'animait.
Une bande dessinée qui s'adresse à un large public, qui met des mots sur ce drame et permet de ne pas oublier, et que nous explorons dans cet épisode en compagnie de ses auteurs, Valérie Igounet et Guy le Besnerais.
Voici la liste des ouvrages évoqués dans cet épisode :
Crayon noir, de Valérie Igounet, Guy le Besnerais et Mathilda (éd. Studiofact) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22774624-crayon-noir-samuel-paty-histoire-d-un-prof-valerie-igounet-studiofact ;
Le Chevalier de la charrette, de Chrétien de Troyes (éd. Classiques Garnier) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/17994823-le-chevalier-de-la-charrette-lancelot-chretien-de-troyes-classiques-garnier ;
La Chute, d'Albert Camus (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/887645-la-chute-albert-camus-folio ;
Noces, suivi de L'Été, d'Albert Camus (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/91666-noces-suivi-de-l-ete-albert-camus-folio ;
Nadja, d'André Breton (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/394481-nadja-andre-breton-folio.
Invités : Valérie Igounet et Guy le Besnerais
Conseils de lectures de : Julien Laparade, libraire à la librairie Dialogues, à Brest
Enregistrement, interview et montage : Laurence Bellon
+ Lire la suite
>LES ARTS>Sujets particuliers>Style, point de vue : ajouter les développements de 3, Table 3C. Art surréaliste = 700.4116 (8)
autres livres classés : surréalismeVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (737) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
836 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}