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EAN : 9782264034762
190 pages
10-18 (01/03/2002)
3.76/5   472 notes
Résumé :
Marcovaldo est manœuvre. Il vit, avec sa femme et ses six enfants, dans une grande ville d'Italie du Nord. Un citadin parmi d'autres. Mais lui, est différent. La publicité, le néon, la circulation, il ne les voit pas. Par contre, la moindre manifestation de la nature accroche son regard. Mais a-t-il certains sens atrophiés, ou la nature s'est-elle changée en venant en ville? Marcovaldo n'arrive pas à retrouver cette nature, si saine, si pure dont il garde le souveni... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (53) Voir plus Ajouter une critique
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Un peu Charlot, mais aussi Gaston Lagaffe, Marcovaldo est un personnage sacrément attachant. Père d'une grande famille et ouvrier, c'est le roi des combines foireuses. Marcovaldo est toujours enthousiaste, curieux, inventeur et intéressé et il vit mille vies dans cette ville italienne anonyme qui regorge de trésors pour des rêveurs comme lui.
Au travers de courtes histoires, on suit notre héros dans des aventures aux déroulements imprévus, dont il échappe la queue basse et pas toujours sans séquelles.
Ce court livre se décompose en saisons, elle-même se divisant en courts chapitres qu'on peut lire indépendamment. Les récits sont riches en inventivité, mais également en poésie urbaine: nuits traversées de troupeaux de vaches, multitudes de bulles de savon voletant dans le ciel, le jardin secret des chats, et j'en passe.
C'est le troisième livre que je lis d'Italo Calvino, et je suis époustouflée par la diversité de ses récits. L'onirisme, un humour subtil et la bonté abondent. Les enfants de Marcovaldo, aimés de leur père, sont des futurs Marcovaldo en puissance, à la débrouillardise prometteuse.
Bref, ce livre est un vrai bonheur de lecture!
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Recueil de nouvelles avec héros récurrent, Marcolvaldo est un livre plus qu'attachant : on suit cet anti-héros dans ses pérégrinations quotidiennes et très vite on adopte son regard sur le monde, un regard mi-enfantin, mi poétique qui transfigure une ville et sa laideur en vaste toile vierge sur laquelle les fleurs s'épanouissent. Italo Calvino est un magicien qui anime pour nous des personnages toujours plus improbables, toujours plus en-dehors des clous et toujours plus proches de ce que sans doute, secrètement, nous regrettons de ne pas être...
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Marcovaldo assoupit. C'est un personnage aussi insignifiant que la plupart d'entre nous. Comme la majorité des hommes qui subissent leur vie, qui croient choisir leur parcours avant de se rendre compte qu'ils ont été victimes de leur précipitation ou de leur ignorance, il se retrouve marié à une femme acariâtre et volcanique, père d'une ribambelle d'enfants qui dévorent son énergie sans pitié aucune. Il travaille pour gagner sa vie, sans autre ambition, et ramène au foyer une paie qui sustente à peine les besoins des gamins et de l'épouse. Pas de quoi être fier -Marcovaldo se rabaisse à la moindre occasion, lorsque ce ne sont pas les siens qui le diminuent d'une pique innocente. Pas de quoi être aimable -cela fait longtemps que Marcovaldo n'a plus été proche ni de sa femme, ni de ses enfants, ni de n'importe quel autre humain. Pas de quoi être grand -Marcovaldo a toujours été un microbe et il le restera jusqu'à la fin de ses jours. Marcovaldo pourrait ne pas exister : jusque dans l'écriture, il se contente de relater des faits insignifiants en usant d'un langage à la platitude monolithique. Et pourtant, Marcovaldo se donne le droit d'exister.


Ce droit se manifeste visuellement à travers le découpage du livre en plusieurs chapitres. Marcovaldo extraie de son quotidien quelques scènes qu'il classe chronologiquement. On retrouve la minutie des lecteurs d'almanachs : ce n'est pas la date exacte qui intéresse Marcovaldo mais la temporalité saisonnière : été, automne, hiver, printemps, on recommence. Cette succession véhicule déjà une certaine conception cyclique de l'existence frappée par la répétition du même, ne présentant aucun relief à sa surface.


Marcovaldo devrait être anéanti par son impuissance. Nous-mêmes le sommes d'ailleurs lors de la première rencontre. Mais Marcovaldo se fiche de vouloir être bon ou grand. Il se contente de vivre, même si cela n'a aucun sens. Et parce qu'il n'attend rien, il trouve beaucoup. En se rendant en ville, il découvre que des champignons ont poussé près de son arrêt de bus ; sa pause déjeuner est métamorphosée par l'usage d'une gamelle en plastique ; ses soirées familiales prennent une tournure fantasmagorique lorsque le pouvoir de la Lune entre en lutte contre le pouvoir lumineux des panneaux publicitaires ; et il ne faut rien de plus qu'une sortie au supermarché pour découvrir l'existence de lois officieuses que le monde ordinaire ne déclame pas. Il faut avouer que la plupart de ces historiettes ont une saveur négligeable. Elles captent si peu l'attention qu'elles laissent le lecteur libre de vagabonder à son gré dans son propre et quelconque intérieur. Pour quelques-unes d'entre elles, pourtant, la transcendance opère : Marcovaldo devient l'initiateur d'une alchimie qui transforme la banalité en poésie surréaliste, particulièrement lorsqu'il donne la parole et le geste aux animaux et aux végétaux. Qu'il s'agisse d'un chat, d'un lapin ou d'une plante, Marcovaldo parvient à les rendre plus humains que son entourage de bipèdes -peut-être parce qu'il tient d'ailleurs davantage de la faune que de l'humanité.


Marcovaldo représente à la fois la confirmation et la négation du surhomme : en ne cherchant pas à l'être, il le devient parfois, malgré lui ou du fait de son détachement même. Malheureusement, on doit reconnaître que Marcovaldo atteint trop souvent son objectif d'invisibilité, redevenant ainsi le petit avorton que nous essayons tous de répudier.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Marcovaldo est ouvrier, doux rêveur et amoureux de la nature, il vit sans le sous en ville avec sa femme et ses enfants.
Le recueil d'Italo Calvino nous propose plusieurs de ses tranches de vie, étalées sur 5 ans à raison d'un récit par saison, dans lesquels on peut par exemple voir Marcovaldo essayer de dormir à la belle étoile en plein centre-ville, partir à la chasse aux champignons dans les ruelles jouxtant son arrêt de tram, entretenir la plante verte ornant le couloir de son travail, observer les étoiles en composant avec les lueurs des panneaux publicitaires garnissant les toits des immeubles voisins....
20 récits, souvent humoristiques, toujours poétiques, plaisants à lire, et aux sein desquels on retrouvera quelques touches de critique sociale ainsi que quelques piques visant la société de consommation.

Un bouquin tout à fait recommandable dont on regrettera tout de même la rareté puisqu'il ne semble pas avoir été réédité chez nous depuis une bonne quinzaine d'années.
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Je referme Marcovaldo, et je quitte déjà un ami!
Il y a, certes, du Chaplin dans ce brave et lunatique manoeuvre doté d'une épouse acariâtre et de nombreux enfants... Mais j'ai retrouvé, chez Calvino, un peuple italien animé par Fellini, Scolla, Risi ou Moniccelli... Ce pétillement de certain vin d' Asti, le caractère joyeux et débrouillard mêlés à la truculence et une certaine naïveté.
Marcovaldo est, à sa manière, une sorte d'explorateur. Il est aussi un déclencheur de rêves et un fauteur de troubles hilarants...tout en parcourant son univers urbain aux recoins parfois inattendus et aux destinations improbables.
Lecteur ébloui, ma dégustation de Marcovaldo est allée crescendo: Mais que va-t-il encore lui arriver? mais où est-il allé se fourrer? Mais...mais qu'est ce qu'il font ses gosses!?...
J'ai refermé Marcovaldo, et le voilà encore en train de tourner dans ma tête sur son cyclomoteur avec sa plante attachée derrière...


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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
A 6 heures du soir, la ville tombait aux mains des consommateurs. Durant toute la journée, le gros travail de la population active était la production :elle produisait des biens de consommation.A une heure précise, comme si on avait abaissé un interrupteur, tout le monde laissait tomber la production et, hop ! se ruait vers la consommation. (...) Consommez ! Et ils tripotaient la marchandise, la remettaient en place, la reprenaient, se l'arrachaient des mains. Consommez ! Et ils obligeaient les vendeuses pâlichonnes à étaler des sous-vêtements sur les comptoirs. Consommez ! et les pelotes de ficelle de couleur tournaient comme des toupies (...) Et petits paquets, paquets moyens, gros paquets, portefeuilles, sacs à main tourbillonnaient autour de la caisse en un embouteillage qui n'en finissait pas. (...) Dans une forêt de jambes inconnues et de pans de pardessus et de manteaux, des enfants égarés, dont on avait lâché la main, pleuraient. Un de de ces soirs-là, Marcovaldo promenait sa famille. N'ayant pas d'argent, leur plaisir était de regarder les autres faire leurs achats ; d'autant que l'argent, plus il en circule, plus ceux qui en sont dépourvus peuvent espérer en avoir : "tôt ou tard, se disent-ils, il finira bien par en tomber aussi un peu das notre poche".(...) De toute façon, cela était bien plaisant à regarder, surtout si l'on faisait un tour au supermarché.
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Marcovaldo retourna voir la lune, puis alla regarder un feu de signalisation qui se trouvait un peu plus loin. Jaune, jaune, jaune, c'était toujours le même jaune qui s'allumait et se réallumait. Marcovaldo compara la lune et le feu de signalisation. La lune et sa pâleur mystérieuse, également jaune, mais au fond verte et même bleu clair; la lune et le feu de signalisation avec son jaune plutôt vulgaire. La lune, on ne peut plus calme, irradiant doucement sa lumière, et veinée de temps en temps d'infimes restes de nuages qu'elle laissait tomber derrière elle d'un air souverain; la lune et le feu de signalisation toujours là, lui, allumé, éteint, allumé, éteint, haletant, fébrile, faussement affairé, esclave et harassé.
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C'était en un temps où les aliments les plus simples recelaient des menaces insidieuses et relevaient de la fraude. Il n'était pas de jour où le journal ne révélait des choses épouvantables à propos du panier de la ménagère : le fromage était fait de matière plastique ; le beurre, avec des bougies ; dans les fruits et légumes, le taux d'arsenic des insecticides était plus élevé que celui des vitamines ; les poulets étaient engraissés avec certaines pilules synthétiques qui pouvaient transformer en poulet ceux qui en mangeaient une cuisse. Le poisson frais avait été pêché l'année précédente en Islande, et on lui maquillait les yeux pour qu'il parût de la veille. Une souris, dont on ne savait pas si elle était vivante ou morte, avait été découverte dans un bidon de lait. Des bouteilles d'huile ne coulait point le suc doré des olives, mais de la graisse de vieux mulets opportunément filtrée.
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Regardant cela de la fenêtre de la mansarde où elle habitait, la famille de Marcovaldo était en proie à des sentiments fort divers. C’était la nuit, et Isolina, qui était maintenant une grande jeune fille, se sentait transportée par le clair de lune, son cœur fondait, et même le grésillement le plus étouffé des transistors des étages inférieurs avait pour elle des allures de sérénade. Puis c’était le GNAC, et les radios semblaient prendre un autre rythme, un rythme de jazz, et Isolina pensait aux dancings tout illuminés, et elle, pauvrette, toute seule là-haut... Pietruccio et Michelino écarquillaient les yeux dans la nuit et se laissaient envahir par la chaude et douce peur d’être entourés de forêts pleines de brigands. Puis, de nouveau, le GNAC, et ils bondissaient, s’affrontant, le pouce dressé et l’index tendu : " Haut les mains ! Je suis Superman ! " Domitilla, leur mère, disait chaque fois que la nuit cédait la place au GNAC : " Maintenant , les gosses, faut les ôter de là, la fraîcheur du soir peut leur faire du mal... Et Isolina à la fenêtre à cette heure-ci, c’est pas convenable ! " Mais tout était de nouveau lumineux, électrique, au-dehors comme à l’intérieur, et Domitilla avait alors l’impression d’être en visite dans le grand monde.
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Il avait, ce Marcovaldo, un oeil peu fait pour la vie citadine: les panneaux publicitaires, les feux de signalisation, les enseignes lumineuses, les affiches, pour aussi étudiés qu'ils fussent afin de retenir l'attention, n'arrêtaient jamais son regard qui semblait glisser sur les sables du désert. Par contre, qu'une feuille jaunît sur une branche, qu'une plume s'accrocha à une tuile, il les remarquait aussitôt:
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Vidéo de Italo Calvino
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#italocalvino #litterature #cultureprime
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