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EAN : 9782070414727
960 pages
Gallimard (04/10/2000)
4.15/5   119 notes
Résumé :
Qui était Marguerite Duras ? Experte en autobiographie, professionnelle de la confession, elle a pris tant de masques et s'est tellement plu à brouiller les pistes que c'est presque une gageure de vouloir distinguer la vérité de la fiction. Ce qu'il y a dans les livres, disait-elle d'ailleurs, est plus véritable que ce que l'auteur a vécu.
Fruit des relations amicales que Laure Adler eut avec elle pendant une douzaine d'années, et de patientes recherches, cet... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Je crois que j'ai toujours été fascinée par Marguerite Duras. Peut-être parce qu'adolescente je la croisais régulièrement aux Roches Noires à Trouville où j'allais rendre visite à un ami qui y demeurait l'été.

À l'époque je n'avais rien lu de cette petite femme qui s'asseyait, fumant une cigarette, seule ou au contraire très entourée, dans les gros fauteuils club du hall de l'ancien hôtel. Ce dont je me souviens c'est qu'elle était déjà célèbre pour ses films qui en bien ou en mal faisaient réagir ceux qui les avaient vus. Des films aux titres chargés de mystère : India Song, Son nom de Venise dans Calcutta désert, Des journées entières dans les arbres.

Comme ces titres, je trouvais la réalisatrice écrivain mystérieuse. Agaçante aussi par certains aspects, comme l'impression en la voyant évoluer qu'elle était le centre de son monde. Ce qui n'était pas faux. Depuis j'ai lu les livres de Marguerite Duras (pas tous) et j'ai découvert le grand talent d'une personnalité complexe et excessive.

Rapportée par Laure Adler dans cette biographie passionnante, — en fait, une des meilleures que j'ai lue à ce jour — une vie fabuleuse indissociable de l’oeuvre singulière de Marguerite Duras.
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En près de 900 pages, Laure Adler nous raconte la vie de Marguerite Duras, en réservant bien sûr une large place à sa création artistique, littéraire mais aussi cinématographique. D'abord quelques éléments de la vie de la biographie de ses parents, avant leur rencontre et la naissance de leurs enfants. Et très vite la venue en Indochine, où les enfants vont naître. L'Indochine qui va tellement marquée Marguerite et ses écrits. La matrice originelle en quelque sorte. Et puis tout le reste, comme découlant de ça, de cette enfance, dont la blessure jamais refermée va conditionner tout le reste. L'oeuvre et la vie.

Laure Adler a connu Marguerite Duras, elle le rappelle dans l'Avant-Propos, on sent à la fois une fascination, et une distance par rapport à la personne qu'elle a été. Une admiration, mais aussi une répulsion. Il faut dire que Duras est un personnage complexe, qu'elle a une vie digne d'un roman, un roman qu'elle a passé sa vie à écrire, à réécrire, à réinventer sans cesse.

Mais Laure Adler n'a pas écrit de roman mais une biographie, elle essaie donc, entre les brouillages des écrits, des paroles contradictoires, de Duras, d'arriver jusqu'aux faits, à ce qui s'est passé, ce qui a eu lieu et non pas à ce qui aurait pu être, et ce n'est guère une tâche facile. Donc l'enfance et l'adolescence, sur laquelle il reste peu de traces, d'écrits ou de témoins et qui reste donc la plus incertaine, à moitié noyée dans le mythe. Etape pourtant au combien essentielle. La mort précoce du père, les rapports difficiles à la mère, aimée et haïe, ressentie comme non aimante, pas assez en tous les cas. Les deux frères, l'aîné, la brute, le seul aimé de la mère, et le petit frère tellement aimé de Marguerite, à propos de qui elle a elle-même évoqué les rapports incestueux et passionnés. La concession achetée par la mère, pour faire fortune et qui sera sa ruine. L'amant chinois, à qui sa famille d'une certaine façon la prostitue. Et le rejet de la communauté blanche de ces pauvres. Et la réussite scolaire qui lui permet finalement de s'échapper en allant faire des études à Paris.

Il y aurait tant de choses à dire sur cette vie, si riche, entre rencontres, amours, engagements (résistance, parti communiste ….), elle résume à elle seule une époque. Mais en même temps elle est avant tout Marguerite Duras, écrivain. A la personnalité rayonnante, charmeuse, au centre, entourée d'amis, d'admirateurs, d'amants. En même temps, noyée dans l'alcool, perdue dans une dépression chronique, cherchant à y noyer un chagrin insubmersible, qu'elle essaiera sa vie entière à dire dans ses écrits, ressassant sans cesse les mêmes thèmes, les même obsessions, à travers de variations infinies. L'écriture, la véritable, ne vient que de là, de blessures impossible à refermer et qui poussent à dire encore et encore ce qui fait mal.

Laure Adler rend magnifiquement compte de tout cela, restituant avec un maximum de fidélité cette vie, magnifique et misérable. Essayant de rendre justice à la femme et à l'écrivain, dans sa grandeur et sa misère.
Cela donne encore plus envie de lire et relire les oeuvres de Duras, que cette biographie permet de situer d'une autre façon, de comprendre différemment et d'aborder avec un autre angle. Même si au fond le plus important, c'est ce que Marguerite Duras a écrit.
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J'ai trouvé cette biographie excellente. Passionnante, enlevée, bien documentée.
Laure Adler cerne remarquablement bien son personnage et en retrace avec brio toutes les facettes.
Elle s'attache de très près au vécu de la dame, en fait un portrait sans concession et donne une excellente analyse de son oeuvre si diversifiée : romans, théâtre, scénarii et même films, car Marguerite Duras était véritablement touche-à-tout.
Truffé d'anecdotes, de renseignements variés, cet ouvrage s'avère .... infiniment plus intéressant que son sujet !
Car le personnage de Duras est un brin exaspérant, je trouve ! (et je suis bien polie en disant cela)
Elle joue à la grande prêtresse de l'écriture. Je l'ai vue, pleine d'afféterie, minauder lors d'une interview de Bernard Pivot, gémir sur la difficulté d'écrire, sur le dur, si dur métier d'écrivain. Ah, mon pauvre monsieur, vous ne vous rendez pas compte ! dauber sur le compte d'écrivains (de bons écrivains, pas des pisseurs d'encre, je précise), qui à son humble avis n'en sont pas ! Quelle mascarade !

Alors, me direz-vous pourquoi diable avoir lu cette biographie ? Eh bien tout simplement pour l'avoir feuilletée en musardant dans la bibliothèque, rayon biographie, où je me rends habituellement et avoir trouvé le propos de Laure Adler intéressant.

Passionnés de Duras lisez cet ouvrage qui vous apprendra à mieux connaître l'écrivain.
Pour les autres, qui tels que moi, n'êtes pas fan, lisez-le aussi. Vous apprendrez beaucoup de choses sur une époque révolue, l'entre deux guerres, l'occupation française en Indochine, l'occupation et la suite, plus proche de nous....
J'ai lu plusieurs ouvrages de Madame Duras. Aucun d'eux ne m'a convaincu. Mais peut-être n'ai-je pas lu celui qu'il fallait ?
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Laure Adler signe avec cet ouvrage une très très belle biographie de la grande Duras. Elle sait écrire cette femme là et c'est comme dans un roman que l'on avance ici, avec plaisir et curiosité. Mêlant ses impressions, ses notes, des citations de l'auteur et les témoignages de ses contemporains, c'est un très beau patchwork qui en ressort et qui nous décrit une Marguerite comme on ne peut que l'aimer! Étant une inconditionnelle de la grande Duras, j'avais un peu peur en commençant ma lecture, à l'idée de ce qu'un biographe pourrait faire d'elle, mais je referme le livre plus amoureuse encore, de cette grande figure de la littérature française!
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C'est la première biographie que j'ai lu et je m'en souviens encore. C'est parce qu'elle concernait Marguerite Duras que j'ai été tentée quand le livre est sorti en 1998. J'avais un a priori négatif sur les biographies, celle-ci m'a fait changer d'avis.
Il ne faut pas se laisser impressionner par la taille du livre, Marguerite Duras a eu une vie incroyable, digne d'un roman. Elle a tout vécu : la pauvreté, la gloire, la reconnaissance, la décadence, l'alcoolisme, la passion... de sa plus petite enfance en Indochine jusqu'à ses derniers jours rue Saint-Benoit à Paris, sa vie n'a rien eu d'ordinaire.
Laure Adler évoque un "être de la démesure, qui se dépassait sans cesse".
Le travail de Laure Adler a pourtant été critiqué notamment par Alain Vircondelet, premier biographe de Marguerite Duras. Elle se serait largement inspirée des travaux de l'universitaire qui ne bénéficie pas de la même notoriété qu'elle.
Même s'il doit y avoir un peu de vrai, le résultat est appréciable et j'ai vraiment apprécié.

Lu en 1998
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
On croit savoir la faire, elle paraît si simple, et trop souvent on la néglige. Il faut qu'elle cuise entre quinze et vingt minutes et non pas deux heures – toutes les femmes françaises font trop cuire les légumes et les soupes. Et puis il vaut mieux mettre les poireaux lorsque les pommes de terre bouillent : la soupe restera verte et beaucoup plus parfumée. Et puis aussi il faut bien doser les poireaux : deux poireaux moyen suffisent pour un kilo de pommes de terre. Dans les restaurants, cette soupe n'est jamais bonne : elle est toujours trop cuite (recuite), trop "longue", elle est triste, morne, et elle rejoint le fond commun des "soupes de légumes" – il en faut – des restaurants provinciaux française. Non, on doit vouloir la faire et la faire avec soin, éviter de l'"oublier sur le feu" et qu'elle perde ainsi son identité. On la sert soit sans rien, soit avec du beurre frais ou de la crème fraîche. On peut aussi y ajouter des croûtons avant de servir : on l'appellera alors d'un autre nom, on inventera lequel : de cette façon les enfants la mangeront plus volontiers que si on l'affuble du nom de soupe aux poireaux pommes de terre. Il faut du temps, des années, pour retrouver la saveur de cette soupe, imposée aux enfants sous divers prétextes (la soupe fait grandir, rend gentil, etc.). Rien, dans la cuisine française, ne rejoint la simplicité, la nécessité de la soupe aux poireaux. Elle a dû être inventée dans une contrée occidentale un soir d'hiver, par une femme encore jeune de la bourgeoisie locale qui, ce soir-là, tenait les sauces grasses en horreur – et plus encore sans doute – mais le savait-elle ? Le corps avale cette soupe avec bonheur. Aucune ambiguïté : ce n'est pas la garbure au lard, la soupe pour nourrir ou réchauffer, non, c'est la soupe maigre pour rafraîchir, le corps l'avale à grandes lampées, s'en nettoie, s'en dépure, verdure première, les muscles s'en abreuvent. Dans les maisons son odeur se répand très vite, très fort, vulgaire comme le manger pauvre, le travail des femmes, le coucher des bêtes, le vomi des nouveaux-nés. On peut ne vouloir rien faire et puis, faire ça, oui, cette soupe-là : entre ces deux vouloirs, une marge très étroite, toujours la même : suicide.
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Personne ne peut remplacer Dieu
Rien ne peut remplacer l'alcool
Donc Dieu reste irremplacé

Marguerite est persuadée qu'elle boit parce qu'elle sait que Dieu n'existe pas. Marguerite n'a jamais été croyante même quand elle était enfant. Elle voyait les croyants comme atteints d'une certaine infirmité, d'une certaine irresponsabilité. Mais la lecture de Spinoza, Pascal, Ruysbroek lui a permis de comprendre la foi des mystiques. "ils poussent les cris du non-croire." Aurélia Steiner crie, appelle Dieu au secours. De Dieu à l'époque, Marguerite parle sans cesse, "on manque d'un Dieu", "je ne crois pas en Dieu, c'est une infirmité mais ne pas croire en Dieu c'est une croyance." L'alcool permet d'entrer en contact avec la spiritualité. "Dieu est absent mais sa place est là, vide", dira-t-elle en 1990. Elle s'enivre pour trouver "la démence de la logique".
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Page 233
Certains prisonniers de guerre allemands demeurent encore sur le territoire français et des voix s'élèvent pour protester parce qu'ils sont bien traités .Mais la mort d'un ancien ennemi n'effacera jamais des millions de morts .
Robert Antelme , déporté , époux de M Duras écrira dans la revue "vivants " : Seule une victoire des idées et des comportements pour lesquels ils sont morts peut avoir le sens d'une vengeance
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L'ordre chronologique donc.Il sera bousculé à l'occasion. La vie de Marguerite Duras est pleine d'accidents, de ruptures, d'exaltations soudaines, d'emportements passagers. Mais la terre maternelle, le territoire d'origine, le véritable lieu de son êtrerestedra toujours jusqu'à la fin de sa vie l'Indochine coloniale.
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L'écriture est un art dangereux, fait d'abandon et d'obscurité.
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