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EAN : 9782915018998
260 pages
Quidam (14/04/2016)
3.57/5   58 notes
Résumé :
Marguerite a un mec mais pas de libido, une mère mais plus de père, et rêve d’une vie de famille. Lorsqu’on lui propose d’aider un ancien président de la République à rédiger ses mémoires, elle accepte – elle ne sait pas dire non. Alors, sa réalité et la réalité prennent leurs distances, peu aidées par l’irruption d’un flic qui enquête en secret sur les liens entre une trentaine d’assassinats politiques.
Rythmé et subtilement décousu, Marguerite n’aime pas se... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Marguerite, jeune femme fade et effacée n'aime pas ses fesses.
Il faut dire qu'il n'y a pas grand monde autour d'elle pour lui remonter le moral et lui redonner un peu d'assurance et de confiance en elle.
Engluée dans une relation sentimentale sans avenir, elle se contente d'un quotidien monotone en rêvant d'une vie meilleure.
Rien de bien reluisant non plus dans sa vie professionnelle, Marguerite se contente d'effectuer des taches secondaires dans une maison d'édition, jusqu'au jour où, miracle, un ancien président de la république la sollicite pour l'aider à rédiger le prochain tome de ses mémoires.
Cette rencontre va rapidement mettre à mal le train-train de Marguerite, qui va lentement mais sûrement s'épanouir au contact du vieil homme et découvrir une facette de sa personnalité qu'elle avait jusque-là sagement ignorée.

J'ai lu ce roman avec souvent le sourire aux lèvres. Erwan Larher dresse avec humour et acuité le portrait d'une France d'aujourd'hui, à travers les dérives aussi bien politiques que sexuelles d'une génération entière.
Avec une écriture rythmée et acide, ce roman fait preuve d'une grande originalité.
J'ai adoré le portrait du vieux président que chacun pourra reconnaître.
Je ne me suis pas ennuyée une seconde aux côtés de Marguerite, plongée avec elle au coeur d'une affaire d'État qui donne au roman des allures de thriller.
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Donc Marguerite n'aime pas ses fesses. Et ça voyez-vous, de nos jours, ce n'est pas anodin. Parce que le monde est régi par les fesses. L'apparence, la séduction, le physique plutôt que les idées. Et le cul, bien sûr. Alors, si vous pensiez que ce titre n'était qu'un coup marketing, ma foi, vous n'y êtes pas du tout. Marguerite n'aime pas ses fesses, c'est un vrai syndrome du XXI ème siècle.

Et c'est la clé de la réussite de ce roman jubilatoire, saisir parfaitement l'air du temps, souligner ce qui fait mal, ce qui marche de travers en renvoyant à des comportements qui nous sont forcément familiers et à des sensations bien connues. Tout ceci sans avoir peur de l'excès, comme un reflet, là-aussi de notre époque. Sous les apparences d'une intrigue un peu foutraque, Erwan Lahrer mène parfaitement sa barque. On se marre, on grimace, on rougit et on passe un super moment.

Parce que Marguerite, c'est un peu nous. Elle rêve sa vie parfaite et se dépêche d'oublier la réalité (un mec oui, mais alors... franchement il y a des paires de claques qui se perdent). Un job de corvéable à merci dans une maison d'édition. Une mère excentrique et désinhibée, qui se veut plus copine que maternelle, plus mini-jupe que tricot et n'hésite pas à piquer les mecs de sa fille. Plus de père. Mais un blog sur lequel elle se défoule en assassinant les livres qu'elle juge mauvais (ça doit soulager, c'est sûr). Marguerite s'invente une vie tous les jours, se met en scène sur les réseaux sociaux et se voile plus que la face. Et puis, son employeur l'envoie soudain auprès d'un ancien président de la république pour l'aider à accoucher du dernier tome de ses mémoires. Aux côtés de ce vieil homme roué et obsédé sexuel (n'ayons pas peur des mots), Marguerite va découvrir de nouvelles perspectives. Et là, ça devient très très chaud (à tous les niveaux).

Tout en tricotant son intrigue à la manière d'un sympathique polar un peu déjanté (mais qui s'amuse donc à dézinguer les vieux politicards qui ont si bien profité du système ?), l'auteur met parfaitement en scène la vision d'un monde politique voué aux pires excès, provoquant le désenchantement que l'on sait. Sans oublier de dresser le tableau d'une société du virtuel, de l'apparence, du mensonge et de la mise en scène. Et ma foi, c'est terriblement juste.

Franchement, il faut lire les aventures de Marguerite comme un marqueur de ce début de XXI ème siècle. Alors certes, on rit un peu jaune, quand on perçoit son propre reflet dans le miroir tendu par l'auteur (oui, tout le monde y verra à un moment ou à un autre apparaître son reflet). Mais qu'est-ce que c'est bon !
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Eh oui, vous ne rêvez pas, c'est bien le titre du dernier roman d'Erwan Larher...

Ne commencez pas à fantasmer également... respirez un bon coup, reprenez vos esprits, et maintenant commencez sagement à vous représenter ce qu'un tel titre nous promet pour nous entraîner dans une aventure peu ordinaire et pleine d'imprévus dont l'auteur a le secret et surtout la manière talentueuse de nous la faire parcourir.



Incipit :

Marguerite n'aime pas ses fesses.

Elle fronce les sourcils. Ce que le français peut être imprécis, parfois! Ces fesses que Marguerite n'aime pas pourraient être celles de n'importe qui. Si elle écrivait un roman, ce qui ne risque pas d'arriver (elle écrit mal et n'a rien d'intéressant à dire), il ne débuterait pas ainsi . Cette phrase-seuil* sème la confusion. Elle choisirait plutôt un incipit in media res – croit-elle se souvenir, ses cours de construction narrative écaillés par l'inusage. Et puis le français n'incite-t-il pas au coulis narcissique de la première personne du singulier ? Je n'aime pas mes fesses, voilà qui est clair.

* Phrase seuil : mais certainement !...



En ces quelques lignes, si le sujet de l'histoire que l'on attend n'est pas vraiment posé - même sur son séant - on a déjà beaucoup d'indications sur l'ambiance de ce qui va suivre et j'ajouterai même que le ton est donné par l'excellence du propos servi par la tournure et le vocabulaire propre à l'auteur.

Pas besoin de se laisser tirer par la main pour lire la suite... et vous savez-pourquoi braves gens ? Tout simplement parce que l'on a vraiment envie de savoir pourquoi Marguerire n'aime pas ses fesses. Et ça, voyez-vous petits curieux de ce qui relève de l'intimité d'une demoiselle, eh bien ça va vous entraîner loin... car cette histoire a du fondement (mais oui) du relief (pas pour les fesses de Marguerite, vous l'aurez compris) et de la profondeur (sans allusion S.V.P.)



Bon, sortons de cette intro qui nous intrigue et venons-en à l'affaire...

En fait, n'est-ce pas l'affaire de nous tous ?... Mais oui, il est question de libido en l'occurrence, celles de tous les âges de la vie, de la puberté à la sénescences et ne faites pas les effarouchés quand on en vient à l'évoquer... bien sûr que le sexe, ça nous préoccupe (et accessoirement occupe) une grande partie de l'existence et qu'en conséquence, ça induit les comportements, ça fait penser autrement, ça « pulsionne » les agissements et ce dans toutes les couches (oui : les couches, j'ai bien écrit cela... ) de la société.

Alors quand c'est un ex président de la République qui s'enflamme soudain pour écrire ses mémoires et que pour la mise en page et la coordination de ses souvenirs, il vient à employer la frigide et « naïve » Marguerite, on est en route pour une chevauchée fantastique sur la piste cendrée du jeu politique nourri des errances et autres divagations tapageuses de ses acteurs les plus en vue. Un monde où ruisselle, au-delà des sueurs froides, les soifs de pouvoirs, les affres de la domination, les ego les plus exacerbés, voire les folies de la République outragée.



Bon, il ne faut pas lire ce roman truculent seulement parce qu'il y a du sexe, même si le dénommé Jonas a un sacré vieux problème avec le sien (je parle de son organe reproducteur et des « obnubilences »* afférentes)

Oh mais faut pas que ça vous choque mes petites dames !... Son « machin » au Jonas n'a rien à voir avec le mythe de la baleine, lui, il nage dans d'autres courants et sur des ondes bien plus au Net... (oui fi ! )

Cela ce n'est encore rien, il y a pire... Ah ! J'oubliais de vous dire, Jonas c'est le petit ami de Marguerite... Eh oui ils sont un peu aux antipodes ces deux là, mais ils se retrouvent sous le même toit...

Ajoutons à ce tableau déjà haut en couleurs, des meurtres politiques puis un policier sur la brèche pénétrant en catimini ce milieu esotero-politique par la moindre fissure, alors en couple avec la mère de Marguerite... Ah le rapport mère fille j'vous dis pas !...

D'abord parce que ça n'a rien à faire dans ce billet de présentation...



Le style ?... C'est du Erwan Lahrer tout simplement... ça veut dire, une façon d'écrire très distincte des autres, dans un style qui lui est propre et que l'on apprend à apprécier au fil des pages...

On retrouve un vocabulaire affûté, créatif au service de concepts innovants, qui comportent des glissades sémantiques surprenantes mais toujours riches de sens. Là, plus que dans ces romans précédents on découvre ce don à vous transformer la description d'un état d'âme ou l 'énoncé des réflexions que se font ses personnages, en actions immédiates, opportunes, se trouvant soudain hors contexte, nous promenant alors dans le temps d'avant, dans le temps présent et aussi dans le temps d'après... c'est génial ! Faut suivre, c'est vrai, mais, surtout en tant que lecteur, laisser faire son imagination... c'est l'auteur qui pilote et il y a bien un bon pilote à bord !… Alors profitez bien du voyage !...



Même au-delà ce de cet énigme qui demeure en filigrane : « les circonvolutions du cerveau humain dans leur rapport avec nos organes génitaux », on ne ressort pas indemne de cette lecture, entendez que l'on en a appris pas mal sur les sous-couches de notre nature humaine, de celle de nos contemporains, forcément, et, parmi eux, sur celles, non moins épaisses, de nos grands administrateurs politiques...

Faut-il s'en attrister ? Ce serait vraiment dommage !… Commençons donc par nous pardonner à nous mêmes toutes les divagations de notre esprit qu'on ne souhaite pas divulguer même à ses proches les plus intimes et vous verrez que Marguerite se pardonnera aussi à elle-même de ne pas avoir su aimer ses fesses.

Mais que le sexe devienne une addiction, il est alors particulièrement destructeur...



Il me semble bien qu'Erwan Lahrer a écrit une grande partie de ce roman au cours de l'année 2015 alors qu'il s'était physiquement engagé auprès de professionnels dans des travaux de maçonneries pour restaurer le Logis du Musicien à Mirebeau, ayant à dessein d'en faire une maison d'artistes épris de littérature et de théâtre... Apprenti maçon le jour, écrivain le soir... quelle énergie ! Quand la sueur devient encre, on peut en attendre une inspiration édifiante... la preuve !...



*"obnubilences" (comme "turbulences"), j'ai préféré à "obnubllations" : moi aussi je « glossolalise » … lol
Lien : http://www.mirebalais.net/20..
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Impressions de lecture (et non critique) :
C'est une petite histoire de fesses en apparence. Marguerite n'aime pas ses fesses et comme elle n'a pas confiance en elle, elle ne sait pas dire non. En apparence car ce livre d'Erwan Larher dit plus que les fesses de Marguerite. Il évoque dans une écriture aisée et soutenue le souci de l'autre, de l'autre soi-même et de l'autre qui vit auprès de nous. La rencontre, toujours celle qui grandit ou détruit, celle du maintenant et celle passée. Celle qui fait que les êtres humains ne sont pas une identité unique mais multiple. On retrouve ici la préoccupation de savoir comme dans « Abandon d'un mâle en milieu hostile » qui vit près de nous ? et ici pour un biographe, qui est celui qui raconte sa vie ? et s'angoisser à l'idée qu'il n'y aura jamais de véritable réponse. Car les souvenirs sont des romans et les raconter éloigne toujours de la vérité. J'étais là semble dire le vieux Président pour qui Marguerite est embauchée pour écrire ses mémoires. J'étais là semble t'il répéter pour s'en persuader, là dans « ma vie » et je vous raconte « moi » et il raconte tout autre chose, dont son désir pour les femmes, pour le pouvoir sur elle.
L'innocence de Marguerite fait son oeuvre, l'ange toujours vient fouiller dans les ténèbres, tant mieux. Elle n'a pas confiance en elle Marguerite et pourtant, par la distance qu'elle réussit à instituer elle est forte et vraie. Cette vérité, bien à elle, sa jeunesse va emmener les personnages autour d'elle vers le basculement. Elle n'aime pas ses fesses mais est bien assise dessus, qui d'ailleurs voit les siennes vraiment, en dehors d'un miroir j'entends ? Personne, la vision de nos fesses sont déformées, la vision de nous-même ne peut l'être qu'à travers l'autre. Marguerite découvre peu à peu avec effroi le monde comme il est, les journalistes, les politiques sont le miroir d'une société basée sur l'envers et non l'endroit des hommes. Il suffit de voir et je fais une digression, le manque d'empathie et de sentiments lors des attentats en France ou en Belgique, les journalistes débitant leurs infos, les experts débitant leurs analyses sans une once de chagrin, les discours pré-formés.
La face cachée, celle où les sentiments et l'empathie n'ont plus d'endroit pour respirer. Qui sont ces gens qui nous gouvernent et à toutes les échelles, menteurs, pervers, manipulateurs, cette société basée sur l'argent ? Dans ce livre nous découvrons plus que les fesses de Marguerite, nous prenons en pleine face celle de notre société pervertie, qui s'éloigne du sacré du monde, c'est-à-dire de l'humanité comme elle devrait vivre en paix avec la nature et les êtres vivants. Marguerite passe dans l'histoire, elle le caillou dans la chaussure, le rouage qui grippe la machine, juste un instant, le temps d'entrapercevoir ce que nous ne voulons pas voir, ce qui nous fait baisser les yeux, ce qui nous décourage et pourtant ce qui nous amène parfois à dire non avec ce mot, celui de résister. Résister à la Haine de l'autre bien sûr, mais comment quand l'autre ne jouit qu'en détruisant ?. C'est un livre à lire doucement, à emporter avec soi, parce que les mots y sont brodés, grammaticalement singuliers, c'est un livre qui peut être drôle, si on sait rire et prendre de la distance, un livre d'homme c'est vrai, masculin et pourtant qui saisit la sensibilité de l'être, de l'être en vie comme Marguerite tout simplement à ses fesses en apparence, contre l'apparence.

Lien : http://www.catherineecoleboi..
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Si Marguerite n'aime pas ses fesses, elle n'aime pas grand chose non plus et n'a d'opinion sur rien. Naïve au point d'accepter que son mec, gros fainéant, macho, réac de mes deux et obsédé, vive à ses crochets.
Exploité par une maison d'édition elle va y rencontrer DDM un ex président vieillissant qui veut absolument lui dicter ses mémoires. Se noue alors entre eux une relation particulière. Ce vieillard désinhibé par un Alzheimer de plus en plus envahissant, va ainsi permettre à Marguerite de sortir de sa coquille.
Entre aussi dans l'équation un flic, tenace et fouineur, un majordome prudent, une mère volage et volubile, une morte qui cause bien des sueurs froides à tout le monde, surtout certains hommes de l'ombre qui tirent des ficelles qu'ils ne veulent pas voir se rompre.

Erwan Larher nous offre une vue de la société actuelle, où celle du siècle précédent continue d'intercéder en sous main. Et ce que l'on voit,t si par moment on en rit, nous fait grincer des dents. Parce que c'est pas joli-joli et peu flatteur, que ce soit pour la gente masculine ou féminine d'ailleurs.
Marguerite on a bien envie de lui coller quelques claques pour la faire réagir, et à Jonas, son petit copain obsédé, de lui couper son "gros machin", histoire de lui ôter l'envie de l'exhiber, et lui coudre sa bouche de donneur de leçon pour ne plus l'entendre débiter des âneries.
Le seul a trouver grâce à mes yeux, c'est DDM, cet ex-président, que l'Alzheimer rends plus humain, et qui cherche la rédemption, et avec lui d'autres, dans l'ombre.

Un récit satirique, qui nous renvoie en pleine figure certains de nos travers ( si,si, chaque lecteur y trouvera un peu de lui hélas), parce qu'on est des humains, donc des êtres imparfaits. Et quand on sait ça, on sourit volontiers au traits d'humour couleur poussin, tirés par Erwan Larher.
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critiques presse (1)
Actualitte
21 février 2017
Erwan Larher dresse avec humour et acuité le portrait d’une France d’aujourd’hui, à travers les dérives aussi bien politiques que sexuelles d’une génération entière.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Marguerite n’aime pas ses fesses.
Elle fronce les sourcils. Ce que le français peut être imprécis, parfois ! Ces fesses que Marguerite n’aime pas pourraient êtres celles de n’importe qui. Si elle écrivait un roman, ce qui ne risque pas d’arriver (elle écrit mal et n’a rien d’intéressant à dire), il ne débuterait pas ainsi. Cette phrase-seuil sème la confusion. Elle choisirait plutôt un incipit in media res – croit-elle se souvenir, ses cours de construction narrative écaillés par l’inusage. Et puis le français n’incite-t-il pas au coulis narcissique de la première personne du singulier ? Je n’aime pas mes fesses, voilà qui est clair.
Marguerite n’aime pas ses propres fesses.
Bof… Outre d’étirer l’affirmation de penta- à heptasyllabes, et d’alourdir le propos, la phrase filigrane un « au contraire », une comparaison, esquisse des fesses que, par opposition aux siennes, Marguerite aimerait (celles de Jonas ?). Ou donne une nuance outrée à l’assertion : non mais tu te rends compte, elle n’aime même pas ses propres fesses !
Elle pouffe devant son reflet d’héroïne liminaire dans la psyché de la salle de bains, s’étonne du succès de son roman, commence à répondre à des interviews sur ses fesses – désormais, chacun sait que Marguerite Santa Lucia n’aime pas ses fesses. Les siennes. Ses fesses à elle. Son cul trop plat qui sépare à peine les cuisses du bas du dos. Un journaliste l’interroge : Et les fesses de Jonas, les aimez-vous ? Jonas, son mec depuis dix ans, est de taille moyenne, approche les trente-cinq ans (il s’en angoisse), perd ses cheveux (il s’en angoisse), dort en ce moment même, tandis qu’elle crème sa peau trop sèche, dans la chambre (ils vivent ensemble). Aime-t-elle les fesses de Jonas ? Elle n’en sait rien. C’est la première fois qu’elle se pose cette question. À cause du début hypothétique d’un roman qu’elle n’écrire jamais (elle est trop nulle).
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Elle a remis les pieds dans une librairie, aujourd'hui. En consultant les quatrièmes de couverture lui est revenu qu'elle n'avait pas seulement diminué son rythme de lecture à cause de la télévision, mais parce qu'elle trouvait de plus en plus difficile de creuser sous le permafrost des romans médiatisés pour dénicher son content. Son manque de confiance en elle l'avait poussée à conclure qu'elle n'était pas normale, qu'elle attendait trop de chaque livre, qu'elle devrait baisser son niveau d'exigence et tenter de trouver son plaisir dans les romans qui emballaient les prescripteurs — souvent, un peu de virtuosité dans le rendu des émotions leur suffisait. A contrario, de petites principautés défendaient avec virulence la Littérature, majuscule de rigueur, et encensaient des textes abscons, expérimentaux, conceptuels, pas sa tasse de thé non plus. Face aux étals de nouveautés, tout à l'heure, elle a suffoqué.
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Oui, il aurait pu au cours de son second mandat, un plébiscite face au candidat du Front National, réformer la France en profondeur. Il aurait pu préparer la sortie du nucléaire, de l’agriculture et de l’élevage intensifs, chercher à modeler une société plus équitable, à former une jeunesse citoyenne au lieu de modèles standards destiné au marché professionnel. Plus au centre que la plupart des membres de son parti, il était alors persuadé qu’il fallait baisser la durée légale du travail, freiner la spéculation, ré-étatiser certains pans de l’économie comme l’énergie ou les transports, donner plus de pouvoirs aux assemblées territoriales. Il aurait fallu repenser les modes de scrutin, la représentativité. Faire élire une Constituante pour passer à la VIè République. Il a joué petit bras.
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Tout le monde est capitaliste, non? C'est comme le McDo: même ceux qui critiquent y mangent.
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La petite a raison : ils ont détourné les citoyens de la politique. Pas de manière méthodique, planifiée ni complotiste. Disons qu’ils ont laissé la jouissance individuelle devenir valeur suprême. Cela servait leurs intérêts – des intérêts que personne n’a envie de partager : l’argent et le pouvoir. On est bien là-haut. La table est bonne. Alors on oublie ce qui se joue au pied de l’Olympe, pour peu qu’on l’ait jamais su. Et on verrouille les accès.
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Vidéo de Erwan Larher
Erwan Larher vous présente son ouvrage "Pourquoi les hommes fuient ?" aux éditions Quidam Éditeur. Rentrée littéraire Septembre 2019.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2339527/erwan-larher-pourquoi-les-hommes-fuient
Notes de musique : Youtube Audio Library
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