Ses vêtements de marin, grossiers, détonnaient dans ce magnifique hall. Mais, parce que
Martin Eden a sauvé la mise d'Arthur Morse devant des malfrats malintentionnés, ce dernier tenait à le remercier en l'invitant à dîner. Aussitôt, le regard de Martin se portait vers ces bibliothèques aux étagères pleines de livres. C'est alors que Ruth, la soeur d'Arthur, entra dans la pièce et tint, elle aussi, à le remercier pour son acte de bravoure. Au cours du dîner, le jeune homme parlait peu. Juste lorsqu'il le fallait. Marin entre deux bateaux, il remarqua combien sa façon de raconter la mer violente, les bateaux et les marins plaisait à son auditoire et combien Ruth le dévorait des yeux. Au moment de partir, elle lui offrit un volume de Swinburne et de Browning qui semblaient lui plaire. Des pages qu'il s'empressa de lire, à la lueur d'une lampe à pétrole, aussitôt rentré chez sa soeur et son beau-frère qui l'hébergeaient. Dès lors, assoiffé de savoir, le jeune homme se mit à lire. Poésie, romans ou essais. Tout ça pour séduire la belle Ruth...
Martin Eden ou
Jack London tant cet album tiré du roman éponyme semble raconter la vie riche et mouvementée de l'auteur. Une enfance misérable, une vie d'errance, de multiples boulots (balayeur de jardins publics, menuisier, éleveur de poulets, pilleur d'huîtres, chasseur de phoques...). Et une volonté farouche d'apprendre. Autodidacte, il fera son éducation par les livres. Pour lui-même, évidemment, mais aussi pour conquérir une jeune femme instruite de bonne famille. Cet album retrace ainsi le parcours de
Jack London, ses difficultés à se faire accepter par la société bourgeoise, l'individualisme ou encore ses tentatives infructueuses de se faire publier. Ce récit, campé par un personnage volontaire et avide de savoir, passionne tout autant qu'il fascine.
Denis Lapière nous offre une adaptation réussie et émouvante de ce roman et nous plonge dans une ambiance particulière. Graphiquement, l'on est subjugué par ces planches qui se révèlent être de véritables tableaux et qui apportent une certaine douceur au récit.