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EAN : 9782070355525
480 pages
Gallimard (10/01/2008)
4.07/5   1986 notes
Résumé :
"Je rêvais d'être ma propre cause et ma propre fin ; je pensais à présent que la littérature me permettrait de réaliser ce voeu. Elle m'assurerait une immortalité qui compenserait l'éternité perdue ; il n'y avait plus de Dieu pour m'aimer, mais je brûlerais dans des millions de coeurs. En écrivant une oeuvre nourrie de mon histoire, je me créerais moi-même à neuf et je justifierais mon existence. En même temps, je servirais l'humanité : quel plus beau cadeau lui fai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (120) Voir plus Ajouter une critique
4,07

sur 1986 notes
J'en termine tout juste avec "Les Mémoires d'Une Jeune Fille Rangée", et je peux le crier haut et fort: oui, ce livre constitue vraiment un joli témoignage sur l'enfance et l'entrée dans l'âge adulte de Simone de Beauvoir, avec la présentation de belles rencontres, qui toutes à leur manière, vont participer à la "construction" du Castor, tout cela agrémenté des questionnements et réflexions de Simone de Beauvoir sur divers domaines comme l'Être, Dieu, la Religion ou encore la Condition Féminine... Même si toutes ne m'ont pas entièrement convaincue, je dois reconnaître que j'en ai aimé beaucoup d'autres, et pour ne pas mentir, la très grande majorité de ses pensées m'a conquise.

Voir au fil des pages la petite Simone se muer progressivement en une jeune femme avide de liberté et de connaissances est extrêmement intéressant, et voir à quel point son évolution entre l'enfance et l'adolescence est importante l'est tout autant.

Ce premier tome des mémoires de Simone de Beauvoir donne assurément l'envie de se pencher un peu plus sur son oeuvre, d'autant que l'écriture et le style du Castor m'ont beaucoup plu, une plume qui semble très juste, sincère, réfléchie mais qui reste toujours accessible.

Bref, j'ai aimé ces mémoires, et j'ai hâte de lire la suite de son autobiographie avec les deux tomes qui suivent, à savoir "La force de l'âge", puis "La force des choses"; et ainsi me replonger dans l'esprit riche de Simone de Beauvoir.
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Disons le tout de suite, chaque matin de cette semaine, où j'ai dû ranger ce livre dans mon sac parce que le train entrait en gare, a été douloureux. La seule chose qui me restait à faire, en marchant, était de ressasser ce que je venais de lire, de le relier éventuellement à moi, à ma propre enfance, et d'associer ces mémoires à ce que je savais de Simone de Beauvoir.
Que certaines autobiographies lues récemment me paraissent fades et vides maintenant, face à celle-ci! Simone de Beauvoir saute en effet sur chaque évocation de son enfance pour le décortiquer, l'expliquer, en tirer la substance de ce qui va la construire au fil des années.
Son enthousiasme de petite fille précoce tout comme ses crises de colère quand on l'arrachait à un instant captivant, son adolescence ingrate, ses questionnements sur la foi, pourtant jeune fervente les premières années de sa vie, puis sa farouche volonté de se libérer de la bourgeoisie dans laquelle elle est empêtrée jusqu'au cou tout comme beaucoup de ses amis, , ces rencontres qui la forgeront, l'orienteront sans cesse vers de nouvelles découvertes et des réflexions toujours en mouvement.
On gardera en tête son amitié avec sa soeur Poupette et Zaza, son amie d'enfance, son amour pour son cousin Jacques, son admiration pour Herbaud et enfin, Sartre, qui s'avèrera celui qui restera pour toujours dans sa vie.
Simone de Beauvoir ne se juge jamais, elle analyse, dit le cheminement de sa pensée d'enfant et adolescente, recourant parfois à ses journaux de l'époque et aux lettres reçues alors.
Cette correspondance, parlons-en, tourne autour d'un aspect de la haute bourgeoisie oublié aujourd'hui, qui est celui des mariages arrangés autour des dots et de la respectabilité des familles, les jeunes filles souffrant d'amours contrariés et impossibles, les garçons incités à se faire la main sur de jeunes femmes de basse condition avant de se lancer dans le mariage. Dans les années 20, pourtant relativement indépendante, passant l'agrégation et déjà enseignante, Simone en est encore à demander l'autorisation à ses parents d'aller au théâtre avec untel. Perdre sa virginité avant le mariage, bien sûr, est impensable, et une fille qui étudie encore à 20 ans se gâche. Qui voudra d'elle?
C'est tout le contexte bourgeois de cette époque qui petit-à-petit va donner naissance aux idées féministes De Beauvoir, dont l'ambition d'être quelqu'un est à la mesure de son intelligence.
Enfin, on y découvre un jeune Jean-Paul Sartre philosophe jusqu'au bout et très attachant.
Une lecture-clé.
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Née en 1908, Simone nous raconte ses premières années de petite fille puis de jeune fille élevée avec sa soeur dans une famille bourgeoise aisée, catholique, plutôt unie. Elle évoque sa passion pour les études, le manque de liberté dont elle souffre, les interdits et les devoirs, les différences de l'éducation des garçons et des filles, qui malgré tout ne l'ont pas découragée car elle se considérait comme unique. Après la première guerre mondiale, le grand-père maternel ayant fait faillite, la famille va mener une existence beaucoup plus modeste dans un appartement exigu.

On y découvre ses amours platoniques, ses premières découvertes intellectuelles, ses années au cour Désir, ses vacances en Corrèze chez son grand-père, son abandon de la foi religieuse mais pas de sa morale, ses journée à la "Nationale" où elle rencontre d'autres intellectuels, les soirées arrachées à la vigilance familiales, ses amitiés féminines et masculines, Zaza, Jacques dont elle se croit amoureuse, Herbaud, Nizan, et très tôt sa volonté de devenir écrivain.

Les Mémoires se terminent par sa rencontre avec Sartre avec lequel elle révise l'agrégation de philosophie et la mort de sa meilleure amie qui avait choisi celui qu'elle voulait épouser, ce qui ne se faisait pas dans les bonnes familles...

Toute une époque à la fois proche et lointaine car on peut retrouver dans les doutes, les révoltes, les contradictions de cette jeune fille rangée certaines de nos propres interrogations au même âge...Et si son combat reste d'actualité et continue à déranger c'est aussi parce que l'égalité des hommes et des femmes est encore loin d'être une évidence universelle en ce début de 21ème siècle...
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C'est l'une des meilleures autobiographies que je connaisse. En osant montrer comment on se dégage d'une éducation bourgeoise, Simone de Beauvoir donne un exemple de courage, de conviction et de lucidité assez rare. Cette fille était faite pour devenir écrivain et rencontrer Sartre. Bien sûr, l'enfance est réécrite avec un point de vue existentialiste mais le texte est fluide et on s'embarque vite dans cette révolte face à sa condition. le titre a lui seul résume la pensée De Beauvoir: elle veut déranger et ne plus se ranger.
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"Les Mémoires d'une jeune fille rangée " nous raconte les premières années de la vie de Simone de Beauvoir jusqu'à ses 21 ans.
L'auteure y concède son appartenance à la féminillité, à son aliénation et à sa déréliction . C'est dans la connaissance dialectique des conditions authentiques de l'existentialité qu'il faut puiser la force d'agir. Toute réussite contingente déguise une abdication. Se vouloir libre, c'est aussi vouloir les autres libres dans sa conscience d'être. L'engagement est une manière d'appréhender l'existence, une herméneutique ontologique pour mener la femme à l'émancipation face à l'obsolescence du patriarcat. L'être est un non-sens responsable de lui-même. Choisir sa vie, c'est se choisir un récit, c'est une apodictique existentielle.
Puis c'est la rencontre avec Sartre, le coup de foudre : ce fut comme une apparition, Sartre était assis, au milieu du banc, seul ; ou du moins Beauvoir ne distingua personne dans l'éblouissement que lui envoyèrent ses yeux. En même temps qu'elle passait, il leva la tête et elle vit ses beaux yeux divergents. Ce fut un cataclysme : il l'avait choséifiée, objectivée !
On ne naît pas femme, on le devient, dit-elle à Sartre...
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Citations et extraits (402) Voir plus Ajouter une citation
Nous nous demandions avec inquiétude Poupette et moi si notre affection résisterait à l'âge. Les grandes personnes ne partageaient pas nos jeux ni nos plaisirs. Je n'en connaissais aucune qui parût beaucoup s'amuser sur terre : la vie n'était pas gaie, la vie n'était pas un roman, déclaraient-elles en chœur.
La monotonie de l'existence adulte m'avait toujours apitoyée ; quand je me rendis compte que, dans un bref délai, elle deviendrait mon lot, l'angoisse me prit. Un après-midi, j'aidais maman à faire la vaisselle ; elle lavait des assiettes, je les essuyais ; par la fenêtre, je voyais le mur de la caserne de pompiers, et d'autres cuisines où des femmes frottaient des casseroles ou épluchaient des légumes. Chaque jour, le déjeuner, le dîner ; chaque jour la vaisselle ; ces heures indéfiniment recommencées et qui ne mènent nulle part : vivrais-je ainsi ?
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Cette année-là, comme les autres années, le mois d'octobre m'apporta la joyeuse fièvre des rentrées. Les livres neufs craquaient entre les doigts, ils sentaient bon ; assise dans le fauteuil de cuir, je me grisai des promesses de l'avenir.
Aucune promesse ne fut tenue. Je retrouvai dans les jardins du Luxembourg l'odeur et les rousseurs de l'automne : elles ne me touchaient plus ; le bleu du ciel s'était terni. Les classes m'ennuyèrent ; j'apprenais mes leçons, je faisais mes devoirs sans joie, et je poussais avec indifférence la porte du cours Désir. C'était bien mon passé qui ressuscitait et pourtant je ne le reconnaissais pas : il avait perdu toutes ses couleurs ; mes journées n'avaient plus de goût. Tout m'était donné, et mes mains restaient vides. Je marchais sur le boulevard Raspail à côté de maman et je me demandai soudain avec angoisse : « Qu'arrive-t-il ? Est-ce cela ma vie ? N'était-ce que cela ? Est-ce que cela continuera ainsi, toujours ? » À l'idée d'enfiler à perte de vue des semaines, des mois, des années que n'éclairaient nulle attente, nulle promesse, j'eus le souffle coupé : on aurait dit que, sans prévenir, le monde était mort. Cette détresse non plus, je ne savais pas la nommer.
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Les jours de pluie, nous restions à la maison. Mais si je souffrais des contraintes que m'infligeaient des volontés humaines, je ne détestais pas celles que m'imposaient les choses.
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Mes mérites s'inscrivaient sur un registre qui en éternisait la mémoire. Chaque fois, il me fallait sinon me dépasser du moins m'égaler à moi-même : la partie se jouait toujours à neuf ; perdre m'eût consternée, la victoire m'exaltait. Mon année était balisée par ces moments étincelants : chaque jour menait quelque part. Je plaignais les grandes personnes dont les semaines étales sont à peine colorées par la fadeur des dimanches. Vivre sans rien attendre me paraissait affreux.
J'attendais, j'étais attendue. Sans trêve je répondais à une exigence qui m'épargnait de me demander : pourquoi suis-je ici ?
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Mais je refusais de céder à cette force impalpable : les mots ; ce qui me révoltait c'est qu'une phrase négligemment lancée « Il faut... il ne faut pas », ruinât en un instant mes entreprises et mes joies. L'arbitraire des ordres et des interdits auxquels je me heurtais en dénonçait l'inconsistance.
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Vidéo de Simone de Beauvoir
Vous connaissez Simone de Beauvoir, mais peut-être pas sa soeur Hélène. Pourtant, cette artiste peintre s'est elle aussi engagée pour la cause des femmes.
#feminisme #simonedebeauvoir #cultureprime
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