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EAN : 9782070388776
168 pages
Gallimard (13/04/1994)
3.71/5   116 notes
Résumé :
Pourquoi la grand-tante Louise saccage-t-elle l'appartement de sa sœur Suzanne ? Quels sont ces documents qu'elle cherche, et que contiennent ces liasses de papiers qu'elle brûle finalement dans la cuisinière ? Concernent-ils vraiment, comme le prétend Suzanne, une infamie qu'aurait commise la mère, trente ans plus tôt ? Comment se fait-il qu'au même moment le père ait dû précipitamment quitter Nice, abandonnant un cabinet de vétérinaire, un voilier, une Ford verte,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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En lisant ce livre, ma prime lecture de Hervé Guibert, me revenaient en tête les deux chanson de Michel Jonasz "Les vacances au bord de la mer" et "La famille" dans leur tempo mélancolique...
Une belle écriture, dense et aérée, que celle de cet auteur trop tôt disparu!
Amour et haine s'imbriquent, dans ces mémoires d'une jeunesse de la fin des années 50 aux eighties. On y trouve de l'ordinaire, de l'insolite et des secrets qui ressurgissent. Par dessus tout, il y a cette homosexualité de l'auteur, qui naît et s'affirme... Et puis les rêves, les drames, les déceptions, la maladie et la mort qui vient, inéluctable!
Qu'on est loin, avec Hervé Guibert, de l'économie d'un Jules Renard ou de la haine de Hervé Bazin! Plus proche, peut-être, d'Emmanuel Bove que cite l'auteur... Il y a aussi une proximité avec Georges Duhamel et le début de la saga des Pasquier.
Ces vies qui passent, avec une mélodie entêtante.
Voilà. Mes parents me donnent l'envie d'aller plus loin dans les pages de Hervé Guibert.
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Il s'agit d'un court roman d'inspiration autobiographique que je cherchais depuis longtemps et sur lequel je suis tombée par hasard dans une boîte à livre. La construction du livre rend un peu difficile la lecture. Pourtant, après le début où l'auteur apprend un secret de famille, le récit suit globalement l'ordre chronologique de la petite enfance à l'âge adulte en passant par l'adolescence. Mais il s'agit de scènes, flashs mémoriels sans lien immédiat de temps ou de lieu, sans forcément de lien logique évident au premier abord, et parfois simplement un fantasme ou un rêve marquant. J'ai beaucoup aimé le fait que le livre commence par la révélation d'un secret de famille, ôtant au roman la charge d'en être la quête. Dans les dernières pages le lecteur découvre que le début cachait en quelque sorte un autre secret familial, sa famille maternelle n'ayant pas fourni au narrateur des informations fiables sur sa famille paternelle. Et c'est un peu tout le sel de cet autobiographie car bien des éléments penchent pour la non véracité (le père qui reconstitue son index, l'opération des amygdales,...). Mais est-ce que ce sont des non-vérités ou des souvenirs enracinés d'interprétations enfantines déformées ? Peu importe au fond, car c'est bel et bien la façon dont nous vivons, comprenons et ressentons les choses qui nous construit. Et l'auteur joue magistralement avec la vérité. Il fait preuve d'honnêteté dans son rapport ambigu avec la vérité : « Début d'un roman qui s'appellerait Mes parents […] et qui commencerait ainsi : Maintenant que mes parents sont morts, enfin (mais je mens), je peux bien écrire tout le mal que je pense d'eux ou que j'ai pensé d'eux, en priant seulement le ciel de ne me jamais donner fils aussi ingrat et malveillant. », et ces lignes ne sont pas le début du roman, elles apparaissent dans la dernière partie, constituée en partie d'extraits de son journal intime.
Le sujet du livre est la relation de l'auteur à ses parents, au fil du temps. Elle est ambiguë, à la fois pleine de tendresse et remplie de haine (au point de me faire penser à Mars de Fritz Zorn). L'écriture est magnifique, à la fois simple, directe et belle, en particulier dans les évocations de souvenirs d'enfance. Les descriptions d'actes sexuels ou les passages morbides ne sont pas non plus dénués de beauté dans l'écriture, même quand c'est cru, ce qui met assez mal à l'aise. Heureusement reviennent, presque malgré lui, moments de tendresse et moments de haine. Mais au fond qu'a-t-il à leur reprocher ? S'il nous dit l'essentiel, pas grand-chose de majeur (il évoque, sans insister, que son père le battait, ils ont du mal à accepter son homosexualité, mais ils ne le rejettent pas). Bref, des rapports conflictuels un peu exacerbés mais assez ordinaires. Peut-être que sans tous les moments passés de tendresse il n'y aurait pas tant de haine !
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Parents je vous hais. C'est ce que le narrateur ne cesse de répéter tout au long de son autobiographie orientée. Et pourtant, au travers de l'évocation incessante de ces parents détestés se révèle un attachement profond pour eux qui dépasse peut-être la situation particulière du personnage et relèverait davantage de la relation universelle que les enfants entretiennent avec ceux qui les ont mis au monde.
Car d'abord qu'a-t-il à leurs reprocher à ces parents ? Son père le battait dit-il (….). Oui, mais la violence du père pourrait bien n'avoir été que passagère puisque évoquée une fois seulement. le lecteur sachant que le narrateur hait ses parents (…) la phrase « mon père nous battait », avec cet imparfait qui sous-entend la répétition pour un évènement relaté une seule fois, pourrait bien n'être qu'une manière de se venger du souvenir cuisant d'un dérapage isolé plutôt que la relation d'une violente habitude. Ils ont manqué de psychologie (pour nous faire peur dit sa mère ) (… dit son père), ce qui fait dire au narrateur toujours dans le même état d'esprit « quand vous serez morts « ). Il a souffert de ces mots c'est certain. de même, il semble souffrir de ne rien avoir à leur dire (nombreuses mentions). Sans doute. Mais un homme adulte qui intègre dans ses souvenirs les départs en vacances, les billes à la cour de récréation et comment il badigeonnait le crâne de son père pour faire repousser les cheveux semble garder au fond de lui beaucoup de tendresse pour les moments vécus - à défaut d'en garder pour les personnes elles-mêmes. Et puis il n'y a pas vraiment d'opposition dans sa vie avec la leur. Il les méprise, ils sont radins, leur vie est inutile, mais la sienne se déroule sans qu'il semble lui chercher d'utilité, sans qu'il semble chercher à la rendre supérieure à celle de ses parents. Hervé Guibert se contente de nous dire comment ceux-ci le perçoive, une fois adulte (« tu n'es pas aussi loqueteux que d'habitude « ).
Le personnage rétorque : « le pire est d'avoir un enfant ». Au final n'est-ce pas cela que l'enfant devenu adulte reproche à ses parents : l'avoir mis au monde, être responsable de la vie qu'ils lui ont « infligée ». Car l'enfant du début de l'ouvrage grandit au fur et à mesure et sa lucidité sur le monde s'affine. Il comprend qu'il lui revient, à lui désormais, de prendre la responsabilité de sa vie, de décider de l'influence qu'il aura dans le monde. Et cette responsabilité, il semble la reprocher à ses parents de la lui avoir donnée. Il cherche un père chez ses amants, il mène une vie qui ne semble pas lui déplaire, mais ne lui donne pas de responsabilité vis à vis des autres.
Cet ensemble de souvenirs est émouvant. La simplicité de la narration, parfois crue, d'une enfance des années soixante, avec cet attendrissement envers une époque kitsch et mythifiée, rend avec une étonnante proximité la réalité des rapports familiaux. On se prend pour un frère (une soeur) qui aurait connu ces parents, cet enfant, qui aurait aussi son mot à dire de cette famille dont pourtant il ne sait rien. Et il reste cette haine et cette tendresse. La haine envers ceux qui ont décidé à votre place de vous faire naître et cet attachement nécessaire que vous éprouvez pour eux (les souvenirs d'enfance, la maladie de sa mère le révèle). La vérité de ce livre, c'est peut-être le regard de tous les enfants envers leurs parents, qui ne peuvent leur pardonner de les abandonner lorsqu'ils doivent prendre la responsabilité de mener leur vie, sans eux.
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Babelio n'est-il qu'un repère d'Instagrameuses décérébrées et de lecteurs d'Hunger Games ? C'est ce que je me suis demandé en commençant à lire ce livre « Mes parents » qui, d'après les indications du site, n'avait que 140 lecteurs effectifs, 9 critiques et 4 citations. Il y avait donc si peu de monde pour apprécier l'écriture d'Hervé Guibert ? Consternation ! Cette écriture est si poétique, le style est tellement unique.
Guibert raconte ses souvenirs d'enfance (ou présentés comme tels). Il évoque par exemple les bons points et images distribués à l'école, « cette monnaie miraculeuse de la sagesse qui fait de l'écolier un petit actionnaire de ses hypocrisies ». Certains passages peuvent être étudiés en cours de français pour illustrer le style direct, indirect libre, etc… Exemple : quand le père est de mauvaise humeur, Guibert écrit « peut-on lui parler au moins à travers la porte ? Nous ferions mieux d'aller jouer dans le jardin. » Qui écrit comme cela aujourd'hui, mis à part les auteurs publiés aux éditions de minuit ?
Les personnages célèbres sont désignés par une simple lettre. Ne pas confondre le M de Mitterrand avec le M de Michel Foucault !
Bien sûr certains passages font qu'on ne peut pas conseiller ce livre aux personnes que l'on connaît, encore moins aux membres de sa famille. Ils nous regarderaient bizarrement.
Babelio met l'étiquette « autobiographique » ; soit, mais certains passages seraient cependant à vérifier quant à leur véracité. Peut-on ainsi vraiment, lorsqu'on se blesse au doigt, ramasser la bouillie de chair qui est par terre et reconstituer son index ? pas sûr. Un homme peut-il vraiment lui-même se couper les amygdales aux ciseaux ? pas sûr. Une énorme tumeur possède-t-elle des dents ? à vérifier…
le narrateur/auteur déroule la forme de haine qu'il ressent envers ses parents (surtout la mère). Cela dit, ceux-ci ne faisaient ils pas sentir à leur fils, qui ne perpétuait pas la lignée, que les fonds qu'ils avaient déboursés pour l'élever l'avaient été en pure perte ? C'est assez crédible pour des parents présentés comme si radins et si maladroits.
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Je n'ai pas bien compris cette haine, cette rancoeur, ce dégoût qu'il a envers ses parents et surtout sa mère. L'auteur raconte bien certaines taloches qu'il a reçues avec sa soeur mais rien à voir avec de la maltraitance et puis ces épisodes sont sporadiques. Des souvenirs exacerbés et réinventés ? Je n'ai pas compris non plus pourquoi avec sa mère particulièrement la situation relationnelle était tendue, difficile, froide ? Un rejet des femmes ? Ses parents, certes ils ont des défauts comme tout parent mais ils m'ont donné l'impression de s'occuper avec soins de leurs enfants. Hervé GUIBERT a toujours ressenti une très vive attirance pour les garçons, les hommes. Sa préférence sexuelle est d'emblée tournée vers le sexe masculin, à aucun moment il ne tergiverse. Peut-être qu'il en a voulu à ses parents le fait qu'ils savaient qu'il était homosexuel depuis toujours mais qu'ils n'ont jamais abordé ce sujet avec leur fils. GUIBERT a pris cela (entre autre) comme un refus de voir les choses en face, de l'hypocrisie, un manque de courage de leur part ?
Lors de la parution de ce livre, GUIBERT a trente ans et ses parents sont encore vivants. (J'aurai bien voulu savoir ce qu'ils en ont pensé...). Livre toujours bien écrit, clair, concis, précis.

Lu en avril 2019 / Folio - Prix : 5,50 €.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
La messe est une torture, le dimanche je déteste mon père. Je l'adore le jeudi après-midi, il devient mon meilleur copain. Après le déjeuner, nous descendons ensemble dans la rue, ma mère nous regarde derrière la fenêtre, tout de suite je mets ma main droite dans la main gauche de mon père et il les enfouit toutes les deux dans sa poche.
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Mes rapports avec mes parents se sont réduits à des formules d'attentions, de craintes, d'inquiétudes réciproques. Je suis d'une froideur extrême avec eux, ils n'osent même plus me poser de questions. Mais je pense : les laisser juste me voir, et toujours vivant, est le plus grand don - le seul - que je puisse leur faire.
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Le professeur principal, Mme Repel, (...) a inscrit dans la case appréciation générale : "enfant hypocrite". (...) Dix ans plus tard j'apprends (...) qu'elle s'est fait décapiter (...) dans un accident de la route.
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Dans le berceau puis dans le lit je me retrouve enlacé à un grand chiffon de laine blanche souillée et pelucheuse (...) c'est mon burnous (...) c'est mon petit jumeau plat de laine, nous nous embrassons collés l'un à l'autre, je lui pisse dessus et il en rit, un matin je m'éveille affreusement nu, la peau retournée opérée de sa peau (...) première idée de mort, premier mépris.
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Les nazis planqués derrière les portes se délectent dans les effluves de peau grillée parmi lesquels s'échappent les prières.
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Videos de Hervé Guibert (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hervé Guibert
Mathieu Lindon Une archive - éditions P.O.L où Mathieu Lindon tente de dire de quoi et comment est composé son livre "Une archive", et où il est notamment question de son père Jérôme Lindon et des éditions de Minuit, des relations entre un père et un fils et entre un fils et un père, de Samuel Beckett, Alain Robbe-Grillet, Claude Simon, Marguerite Duras et de Robert Pinget, de vie familiale et de vie professionnelle, de l'engagement de Jérôme Lindon et de ses combats, de la Résistance, de la guerre d'Algérie et des Palestiniens, du Prix Unique du livre, des éditeurs et des libraires, d'être seul contre tous parfois, du Nouveau Roman et de Nathalie Sarraute, d'Hervé Guibert et d'Eugène Savitzkaya, de Jean Echenoz et de Jean-Phillipe Toussaint, de Pierre-Sébastien Heudaux et de la revue Minuit, d'Irène Lindon et de André Lindon, d'écrire et de publier, de Paul Otchakovsky-Laurens et des éditions P.O.L, à l'occasion de la parution de "Une archive", de Mathieu Lindon aux éditions P.O.L, à Paris le 12 janvier 2023.

"Je voudrais raconter les éditions de Minuit telles que je les voyais enfant. Et aussi mon père, Jérôme Lindon, comme je le voyais et l'aimais. Y a-t-il des archives pour ça ? Et comment être une archive de l'enfant que j'ai été ?"
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