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EAN : 9782914833943
336 pages
Alvik Editions (01/09/2010)
3.5/5   14 notes
Résumé :
Le jour où son père lui annonce l'achat d'un mobile home " sympa pour l'été ", Alan décide de quitter sa famille crasseuse. Il part pour la grande ville où il erre de fast-food en pubs, de mecs en mecs et de taudis en squat. Il y rencontre Mickey et Bouboule, les siamois, deux gamins paumés qui tapinent sur le boulevard pour se payer leurs doses. Alan convoite cet argent facile car il commence à être grillé dans les bars où il lève habituellement des pigeons.Sur le ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
A peine sorti de l'adolescence, Willy Vial, issu d'un milieu modeste, quitte sa famille pour la grande ville la plus proche. On y retrouve comme dans toutes les grandes villes les mêmes H et M, Mac Do et FNAC, les mêmes bars gay, les mêmes zones urbaines désertées de tous sauf de ceux qui cherchent à louer leurs corps et les clients. Car Willy qui se fait désormais appeler Alan se rend compte que ses charmes, sa jeunesse et son look de rock stars ne laissent pas indifférent la gente masculine. Avec Bouboule et Mickey, deux jeunes camés de son âge qui vivent plus ou moins à la rue, il se met donc à se faire rétribuer contre prestations sexuelles mais lui se fixe ses propres limites dans les actes qu'il accepte. Entre prise de coke, attente du client seul sous l'abribus en écoutant du punk, il suit la coupe du monde de foot… Mais qui est donc cet homme quadragénaire qui se fait appeler Hibou et qu'il l'espionne la nuit ? Est-il vraiment un ancien du grand banditisme ? Que veut-il à Alan ? Et qu'adviendra-t-il du rêve d'Alan, partir au Canada, travailler chez un disquaire et fonder un groupe de punk garage ?
Un roman qui commence comme un portrait social d'une certaine jeunesse d'aujourd'hui : pas celle qui a sa carte d'étudiant et rentre le week-end chez papa / maman pour laver son linge et manger des bons petits plats, non, l'autre, celle qui est en errance et qui se cherche en se perdant parfois, au bord du précipice… le roman évoque très bien ces deux jeunesses lorsqu' Alan, qui aime s'inventer des vies, se fait passer pour un étudiant auprès de jeunes de l'UNEF qui parlent manifs dans un café.
Un roman qui continue comme une très belle histoire d'amour improbable entre deux hommes qui ont 24 ans de différence d'âge et peu de points communs et qui refusent de se définir comme homosexuels.
Et enfin un roman sur une vengeance inéluctable ... comme dans les meilleurs polars américains.
Enfin un premier roman qui n'est pas écrit par une agrégée de Lettres ! Cela fait plaisir ce petit vent frais dans notre monde littéraire trop souvent sclérosé par l'ennui, le manque d'audace et trop de grandes références mal digérées.
Sophie di Ricci, 28 ans et dont c'est le premier roman, a du talent pour poser son décor (urbain, très urbain, trop urbain) et nous faire croire en ses personnages de loosers paumés qui rêvent d'un autre vie pour les plus jeunes ou essaient d'oublier leur vie d'avant pour les plus âgés. Les dialogues fusent et sonnent juste au fil de pages dans des petits chapitres qui ressemblent à des scènes de film. Pas de fioritures, pas d'auteur se regardant écrire comme c'est si souvent le cas, pas de longueurs non plus. Une belle réussite, une romancière et une maison d'édition à suivre (chapeau pour la couverture et le rouge vif de la tranche qui se voit de loin une fois le livre rangé dans la bibliothèque).
Merci à Babelio et aux éditions Moisson Rouge pour cette découverte.

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Résumé : Willy, 20 ans, en rupture familiale, fugue et découvre malgré lui le milieu de la nuit avec tous ses travers : drogue, sexe, combine, prostitution. Sous une autre identité (Alan), le jeune homme, qui rêve de s'envoler au Canada pour devenir une rock star, sympathise avec deux jeunes hommes totalement paumés et drogués et les accompagne le long de leurs longues dérives nocturnes.
Surpris par un mateur énigmatique et sulfureux, surnommé Hibou, Alan va vivre avec lui une histoire d'amour violente, passionnelle, condamnée, certes, mais une histoire d'amour tout de même…

Critique :

A la lecture du résumé, et dès premières pages du livre, on voit vite que l'on n'est pas en face d'un polar classique avec crime, enquête policière, et coupable désigné. Ici, ce n'est pas du tout la résolution d'un meurtre (bien qu'il y en aura un aussi, à la moitié du roman, et qui va bouleverser considérablement l'intrigue), qui intéresse Sophie di Ricci, mais bien la véracité d'une relation amoureuse homosexuelle, malgré la dope, les relations tarifées, et les autres obstacles.

Plus qu'à d'autres romanciers policiers connus, Moi Comme les Chiens fait assez penser à du Virginie Despentes, sans rien avoir à lui envier, tout en ayant sa petite musique bien à elle. Cru, dérangeant, par moment presque choquant, Moi Comme les Chiens épate en tout cas par cette singularité et son ton, toujours juste, et jamais complaisant, entre réalisme sauvage et lyrisme échevelé. L'histoire entre Allan et Hibou finira mal, forcément, car le terrain était vraiment trop peu propice au rose, mais malgré ce destin tout tracé, le livre reste constamment surprenant, on se demande sans cesse jusqu'à quelle niveau de noirceur l'auteur pourra nous mener.

Certes, le dernier tiers du livre est un peu plus décevant car justement plus classique et prévisible (un récit de vengeance plus traditionnel), mais Moi Comme les chiens reste toutefois une oeuvre d'une force et d'une intensité, à mon avis, peu commune dans le roman noir hexagonal.



Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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J'ouvre ce livre, je commence les premières pages et tout de suite j'ai l'impression de lire du Virginie Despentes, ce qui ne me déplait pas, au contraire, vu que j'ai aimé tout ses livres !
Puis au fil des pages, on trouve un style différent, bien unique. On entre dans le monde d'Alan/Willy, le monde de la grande ville, dont il rêvait, mais qui se trouve être un monde d'errance, de précarité, de drogues, de dealers, de prostitution. Un monde sombre dont Alan veut s'échapper pour gagner le Canada cette fois, et vivre de sa passion : la musique.
Mais dans ce monde, il y'a une lueur d'espoir, un premier amour d'adolescent, amour torturé, inavoué et impossible entre ce gosse de 20 ans et un homme au passé trouble, énigmatique et fascinant.
Un très beau livre, cru, dur, difficile à lire par moment, la nausée nous gagne, mais un livre que je suis contente d'avoir pu découvrir !
Merci à Babelio, et merci à Sophie di Ricci, j'espère qu'elle continuera comme ça.
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Peut être pourrait on résumer "Moi comme les chiens" à une histoire d'orphelins de la vie. le jeune Willy, en rupture familiale parce qu'il a des rêves d'ailleurs, de musique et de vie meilleure, et Hibou, le vieux, qui vit reclus, ne rêve plus sinon que de se préserver. Sur fond de Coupe du Monde de foot et de liesse populaire, Willy se bat pour survivre et gagner la lumière tandis qu'Hibou se cache, lui aussi pour survivre, mais en demeurant dans l'ombre. C'est dissimulé qu'Hibou repère Willy, s'auto persuadant qu'il n'est là que pour détruire le jeune homme trop séduisant. En effet, pas évident de se rencontrer dans ce monde là, pas évident de s'aimer non plus. Pourtant tout ce qui les sépare semble devoir les rapprocher, malgré eux, l'âge, le mode de vie, l'avenir... Une relation compliquée à laquelle l'un et l'autre s'attachent. Sur laquelle l'un et l'autre se construisent. Suite à une énième querelle Willy disparaît, la solitude de chacun lui révèle le sentiment qu'il a pour l'autre. Bien sûr la réalité est là qui les rattrape à l'instant de la révélation et de la possible lumière, pour les renvoyer à toutes les noirceurs de l'enfer.
L'idée de ce roman aurait pu se réduire à une bluette moralisatrice quelque peu pimentée par l'univers dans lequel elle se déroule. le talent de Sophie di Ricci est d'avoir, à travers des personnages particulièrement nourris, riches et profonds, acteurs du « microcosme de la nuit », permis à ses lecteurs d'appréhender une galaxie quasi matricielle de mondes et d'êtres en ébauche, faite de frictions et de chocs, d'attractions et de rejets. Une violence et une souffrance créatrice qui permettent toutefois à l'amour de se dissocier de la haine.
Un style simple et direct construit son texte qui résonne, longtemps encore après l'avoir lu, à l'esprit de son lecteur.
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La moindre des choses que je puisse dire, c'est que j'ai été bluffé par cette auteure. Car j'ai déjà lu pas mal de romans sur le monde des prostitués (masculins ou féminins), mais celui-ci est vraiment particulier par le fait que Sophie di Ricci a décidé de s'attacher aux personnages. Car, après une cinquantaine de pages décrivant le quotidien de ces pauvres hères drogués, on passe à une analyse psychologique fouillée minutieusement par ce style neutre mais extrèmement détaillé et imagé.

D'un coté, on a Alan, un jeune homme dont la malédiction est d'être beau et d'avoir des rêves. Sa beauté lui permet une certaine arrogance et une immaturité, car rien ne peut lui arriver. Mais il est aussi à la recherche des autres, de leur contact, d'une affection qui se situe entre l'amour et l'amitié. Et puis, il y a cette absence de père, sa famille qu'il a laissé derrière lui mais dont il a besoin inconsciemment. Sans illusion sur ce monde et cette société, il vit sa vie avec un but, un objectif, qui est de partir, de s'enfuir ailleurs, car il n'a plus d'illusion.

De l'autre coté, il y a Hibou. C'est tout le contraire de Alan. Il ne cherche pas de contact ou d'amitié, car il ne veut pas ou ne peut pas s'attacher, se faire des amis. Il vit comme un blaireau (je précise : l'animal), sauvegardant le mystère de sa vie privée. Mais on n'échappe pas à son destin, et son malheur va être de tomber amoureux de Alan, bien qu'il fasse tout pour le rejeter. Il vit dans une relation Amour / Haine sans être maître de son destin. Mais peut on encore aimer dans ce monde inhumain ?

Mais dans ce milieu interlope ultra violent, rien ne se passe comme il faudrait. Car, nous avons droit ici à un roman noir, un vrai de vrai. Sophie di Ricci nous refait le coup de Roméo et Juliette version année 2010. Et elle garde toute la distance, toute la pudeur qui font mal dans les scènes fortes de ce livre, avec un style très agréable à lire, tout en descriptions neutres, presque cliniques. Et puis, elle nous brosse là des portraits de personnages haut en couleurs, même si le ton est noir, avec beaucoup de dialogues très bien faits.

Ce livre m'a envoûté, m'a remué, m'a emporté, m'a ému, m'a secoué. Vous vous doutez que le sujet m'impose de vous avertir que certaines scènes sont explicites et donc à ne pas mettre entre toutes les mains. Mais Sophie di Ricci fait preuve d'une maîtrise impressionnante tout au long de son histoire. Je viens de découvrir un nouvel auteur, son livre est grand, son livre est fort, son livre est à lire, et il mérite un grand coup de coeur.
Lien : http://black-novel.over-blog..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Son baladeur jouait une mélodie, à la puissance grandiose d'un hymne, pour lui tout seul. Il se butait à des épaules ou à des sacs à dos indifférents, mais il reprenait sa marche, droit, les épaules jetées en arrière. Quand l'hymne culminait en décibels, ses paupières se fermaient. La musique avait été composée en vue de ce seul moment, il le savait. Des hommes s'étaient faits, quelque part, l'instrument de son futur, en enregistrant cette chanson. Elle avait été créée pour être écoutée par Alan, en ce jour de semaine, à dix-neuf heures, dans le chaos des sorties de bureau. Elle accompagnait son retour à la solitude.
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Il suffisait de le jeter devant les urgences d'un hôpital.
- Je peux vous aider? fit le boutonneux derrière la caisse.
- Je veux une boîte de pansements. Et des cigarettes. Gauloises bleues.
Merde, acheter des pansements n'avait aucun sens. Hibou allait se contenter de larguer cette pute quelque part.
- J'ai que des Marlboro. Les pansements c'est au fond, à côté des rouleaux de sopalin.
Hibou remonta l'allée, attrapa une boîte de pansements et revint au comptoir. Il se demandait où se trouvait l'hôpital le plus proche. Il aurait pu interroger le caissier, mais il savait qu'il ne se séparerait pas encore du gosse. Il glissa la boîte de pansements dans la poche arrière de son jean.
Quand il ressortit, des chiens aboyèrent les uns après les autres.
Dans la voiture, Allan dormait toujours. Son nez ne saignait plus. Sa tempe droite était assombrie par un hématome, ses lèvres égratignées. Le sang coagulé recouvrait cette petite trogne comme des peintures de guerre. Il revenait bel et bien d'un combat, celui mené sous l'abribus, qu'il avait perdu. Hibou ne savait plus s'il était juste de le tuer. Ni s'il le détestait toujours.
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Video de Sophie Di Ricci (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sophie Di Ricci
Chroniqueur pour l'émission "On en parle à Paris'", Dominique Pascucci présente son coup de coeur littéraire : Moi comme les chiens, premier roman de Sophie Di Ricci (Editions Moisson Rouge).
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