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David Fauquemberg (Traducteur)
EAN : 9782226173591
227 pages
Albin Michel (27/09/2006)
3.96/5   41 notes
Résumé :

Ce matin-là, en voyant les bras raidis du gosse sur la banquette arrière, j'ai tout de suite compris que la malchance nous était tombée dessus, mon frère et moi.
Alors, nous, on l'a prise et on y a planté nos pieds comme dans du béton. On a fait ce qu'il pouvait y avoir de pire. Nous avons pris la fuite. On est montés dans la vieille Dodge déglinguée, modèle 74, et on est partis. "

Une nuit, en état d'ivresse, Jerry Lee Flannigan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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T'es pas un loser, p'tit. En fait, j'ai l'impression que si. C'est comme ça, mec. La loose, je la sens en moi, j'la ressens même. L'archétype du pauvre type. Si tu savais comme ce qualificatif me colle à la peau. La vie dans une putain de vie, une vie qui bascule en vadrouille dans le Nevada. Une nuit d'hiver à Reno, nuit froide nuit d'ivresse, l'esprit se bouscule à l'intérieur et puis un bruit, un choc, laisser le cycliste au bord de la route. Prendre la route dans une vieille Dodge, modèle 74, le vieux Tom Waits qui braille dans les haut-parleurs de la caisse et prendre la fuite.

Je l'ai senti de suite que cette nuit allait mal finir. Dès que le pigeon s'est écrasé contre ma fenêtre, la brisant et laissant entrer le froid s'engouffrer sous la couette. Jerry Lee et Frank, deux frangins qui fuient leur destin et leur propre vie. de motel en motel. Fucking Life.

L'Amérique en mode désenchanté ? L'histoire sans espoir. Et là, ça me parle forcément. C'est mon univers, version d'un pauvre type au sourire disparu, d'un mec qui se sent pas à sa place dans ce monde de bruit, de paroles et de lumières, ou tout va trop vite, même un cycliste dans le noir sur une route enneigée sans lumière face à une vieille caisse aux phares blafards et à la carrosserie blême. Est-ce que des gars comme Jerry Lee et Frank peuvent s'en sortir ?

Le néon du motel clignote, comme prêt à s'éclipser sous la lueur bleue de la nuit. le parking désert s'illumine de sa tristesse, une pluie fine pleure sur ces vies, je vois la lune se refléter sur une dernière flaque. Ne pas se retourner.
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La scoumoune, la lose, la malchance et bien d'autres qualificatifs du même acabit peuvent se poser, se superposer à la vie de Jerry Lee et de son frère Franck.
Un duo plus malchanceux c'est bien difficile à trouver dans ce monde. Franck traîne son frère qui cumule malheur sur malheur comme d'autres traînent leur misère. Ils sont un aimant à problèmes même si certains leur tombent dessus bien malgré eux.
Franck se montre si attachant à vouloir s'occuper du mieux qu'il peut de son frère qui ne lui cause que des tracas et pas des moindres. Il est d'une gentillesse qui est tout à son honneur.
L'auteur dresse le portrait de deux pauvres gars dont le malheur les rend encore plus attachants. Les quelques bribes d'espoirs qui jalonnent la vie de Franck ne durent pas et son frère le renvoie à chaque fois vers leurs vies misérables.
Un roman touchant, une histoire que j'ai appréciée, un auteur à suivre.
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♫ There is a winding road across the shifting sand
And room for everyone living in the Promiseland ♪♪

Sûr que le rêve américain, comme on ne l'ignore pas, tout le monde peut le vivre, tout le monde ! Suffit juste de le vouloir. C'est d'ailleurs ce qui fait la grandeur des États-Unis d'Amérique (America, the beautiful...)
Mais bien sûr, faut voir à pas faire son vilain chameau et y mettre de la mauvaise volonté. Parce qu'il semblerait que c'est le cas de 94% de la population qui n'aurait qu'à se baisser pour cueillir la réussite offerte à tous mais qui ne fait aucun effort... Voilà ! Je vois que ça pour expliquer pourquoi cette notion à la con tombe encore moins souvent que la foudre sur la cafetière de ceux qui ont crû que si on en parle autant de ce foutu rêve, c'est forcément qu'il existe.
Du coup, fatalement, y'a des exclus.
Et pas besoin de lire plus de trois pages de Motel Life pour comprendre que Frank et Jerry Lee Flannigan, frères dans la petite vingtaine, en font partie. Deux chouettes gars, dans le genre doux et sympas mais qui prennent un mauvais départ dès l'adolescence en perdant leur mère et unique parent, se retrouvant seuls au monde, sans réelles ambitions, arrêtant l'école, vivotant de petits boulots ingrats, buvant de la bière et du whisky bon marché à longueur de journée et couchant dans les motels les plus minables qui soient.

Et puis, quand on a la poisse... Voilà que par une nuit glacée, Jerry Lee écrase un gamin surgit de nulle part, et, d'un moral déjà pas brillant, on assiste carrément à sa descente aux enfers. Il pourra bien sûr compter sur son petit frère chéri pour l'aider et le soutenir mais comment supporter le poids d'une culpabilité que quatre épaules ne suffisent pas à porter ? Alors Frank, narrateur de Motel Life plutôt indolent quand il s'agit de raconter le quotidien, s'exalte au récit d'histoires qu'il invente pour lui et Jerry Lee qui les adore et les réclame, et soudain les problèmes paraissent secondaires et l'avenir moins sombre. Malheureusement toutes ces fables ont une fin, souvent heureuse, antinomique de leurs vies.

Avec ce premier roman, Willy Vlautin nous offre un instantané d'une Amérique qui cache sa misère sous le tapis, véritable hymne à tous les oubliés de l'american dream qui auraient pourtant mérité, eux aussi, d'avoir une part du gâteau et pas la plus petite.
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J'ai eu un gros coup de coeur pour ce premier roman de Willy Vlautin, découvert grâce au challenge USA, qui met en scène la relation « à la vie à la mort » des frères Flannigan. Lorsque leur mère décède, Frank, le narrateur, et Jerry Lee, son grand frère, se retrouvent vite sans cadre - leur père ne fait plus partie du portrait depuis longtemps -, et en perte de repères. Trop jeunes pour assumer les responsabilités qui leur incombent, ils vont de mauvais choix en mauvaises décisions, jusqu'à cette nuit fatidique et froide où, en état d'ébriété, Jerry Lee commet l'irréparable, entraînant avec lui son frère dans sa spirale descendante… Vlautin donne à voir l'envers du rêve américain: les laissés-pour-compte, quand c'est « la faute à pas de chance », le talent gâché et la subsistance d'un petit boulot à l'autre, nous rappelant dans la foulée que nous ne sommes jamais bien loin de la précarité.
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Reno, Nevada, une nuit d'hiver. Alors qu'il conduit en état d'ébriété, Jerry Lee Flannigan renverse un ado à vélo. Constatant la mort du jeune homme, il camoufle le corps sur sa banquette arrière et file chez son frère Frank. Ce dernier le convainc d'abandonner la victime devant un hôpital et tous deux partent pour le nord, décidés à faire disparaître la voiture. Commence alors une fuite sans buts, de motels en motels, pour ces hommes désespérément seuls et en totale perdition.

Célèbre chanteur et compositeur du groupe Richmond Fontaine, Willy Vlautin mène en parallèle une belle carrière d'écrivain. Dans ce 1er roman, il met en place les éléments qui caractériseront son oeuvre par la suite, à savoir une plongée dans le quotidien des paumés de l'Amérique et une écriture essentiellement descriptive, très cinématographique. A l'évidence, Raymond Carver l'a beaucoup influencé, tout comme le behaviorisme, ce genre littéraire où les auteurs bannissent toute trace de psychologie au profit de la description pure. En France, Manchette a été le chantre du behaviorisme tandis qu'aux Etats-Unis, parmi les écrivains actuels, on pourrait citer Paul Auster où Georges Pelecanos. Personnellement, j'aime beaucoup cette écriture, ce qui est loin d'être le cas de tout le monde.

Vlautin cherche avant tout la sobriété et la justesse. Ses deux anti-héros, losers pathétiques sans aucune perspective d'avenir, ont quelque chose d'attachant. le texte, traversé par une insondable tristesse, se termine de façon forcément tragique. Un premier roman qui, malgré quelques maladresses, sacre une nouvelle voix de la littérature américaine sur laquelle il va à l'évidence falloir compter.


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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
"Peut-être qu'on devrait s'installer au fond des bois. Louer une cabane, un truc dans le genre. Dans la forêt, il n'arrive jamais rien de bizarre. Pas de gamins qui se font écraser par des voitures."
Jerry Lee s'est redressé sur la banquette. Il a ramassé une bière qui traînait par terre, et il l'a ouverte.
"Bon dieu, j'ai pas envie de penser à ça, pas maintenant. Remets pas ça sur le tapis. Et puis en ce qui concerne la forêt, y a rien à y faire et c'est encore pire, tous ces gosses qui se font déchiqueter les bras par des engins agricoles. Pour aller à la ville, ils sont obligés de conduire avec les pieds. Y a des arbres qui tombent sur les gens, des tronçonneuses, un tas d'horreurs comme ça. Tu peux me croire, il se passe des choses terrifiantes en forêt. Tu n'as jamais entendu parler des familles qui se font assassiner au fond des bois ? Y a des ours, des rongeurs, des serpents, y a plus d'insectes que nulle part ailleurs ici-bas, des vétérans du Vietnam complètement barjots, et des bouseux comme s'il en pleuvait.
- Tu exagères.
- Sans doute pas tant que ça, a rétorqué Jerry Lee, et il a eu une quinte de toux. Ça ne te dérange pas de mettre la cassette de Willie Nelson ?"
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Ma mère m'a appris à survivre en ce bas monde. Ma mère disait que chacun de nous est comme une pépite de chocolat dans un mixer de crème glacée. Nous essayons tous de ne pas finir broyés. On ferait presque n'importe quoi pour ne pas être broyés, mais au bout du compte, la plupart d'entre nous finiront écrasés et, alors, nous ne serons plus guère que des particules de milk-shake. Plus de différence, plus de volonté propre, le monde tout entier fait pression sur nous pour nous écraser, pour nous rendre pareils à tous les autres. Mais, moi, je refuse d'abandonner. Ma mère m'a enseigné les quatre mots essentiels de l'existence. Savoir Manier Un Flingue. Et tu peux me croire, ça aide vraiment une fille à s'en sortir.
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On est des mecs foireux, Frank. C'est pour ça qu'on rencontrera toujours des gens qui sont foireux. Et moi, ça, je peux le comprendre. Mais ça n'en fait pas pour autant de mauvaises personnes, t'es pas d'accord ? Si t'as jamais eu de chance, ça veut pas dire que tu en auras jamais, pas vrai ? Y a des gens malchanceux, eh ben, ils finissent par avoir de la chance. Tout le monde peut pas être maudit, enfin, je crois pas, Et puis, tu as besoin de quelqu'un. S'il y a un gars sur terre qui a besoin de quelqu'un, c'est bien toi. Tu es le mec le plus seul que je connaisse. Tout le monde le dit.
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Annie avait consulté un psychologue, puis elle avait emménagé toute seule, et avait fait une nouvelle tentative, avec des lames de rasoir. J'ai senti dans l'obscurité les cicatrices au creux de son poignet. Je la serrais contre moi, pendant qu'elle parlait, et ensuite elle m'a embrassé. Elle a enlevé sa culotte, puis mon caleçon, et elle s'est allongée sur moi. Nous étions comme ça, enlacés dans le noir, ses larmes se mêlaient à notre salive tandis qu'on s'embrassait, et je la serrais contre moi aussi fort que j'ai pu. Je la serrais comme si, elle et moi, nous allions disparaître dès l'instant où je relâcherais mon étreinte.
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La nuit où c'est arrivé, j'étais ivre, complètement sonné, quand un oiseau s'est écrasé en plein vol sur la fenêtre de ma chambre, au motel. Je le jure devant Dieu. Dehors, il devait faire moins dix et, d'un seul coup, l'oiseau s'est retrouvé par terre, au milieu des éclats de verre. Un canard, ou quelque chose comme ça. Il avait dû se tuer en frappant la vitre. Ça m'aurait sans doute fichu une sacrée frousse, si je n'avais pas été si saoul. Tout ce que j'ai pu faire, c'est me lever, allumer la lumière, et jeter l'oiseau par la fenêtre. Il s'est écrasé sur le trottoir, trois étages plus bas. J'ai réglé au maximum ma couverture chauffante, et je me suis recouché.
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