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EAN : 9782234064652
304 pages
Stock (22/08/2012)
3.58/5   26 notes
Résumé :
Voilà trois histoires qui se contaminent en ayant pour dessein de n’en dire qu’une. Cette histoire, c’est celle d’une Trinité constituée par Andrée, Robert et le fils.
Ce fils raconte, de sa propre naissance à la mort de sa mère, la fabrication d’une espèce de famille qui tient bon en dépit des éclats, des égarements, des déroutes, grandioses. En dépit aussi des croyances et des visions d’Andrée. Car c’est elle, femme-volcan éprise de liberté, être tout en fu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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« Mais le dérèglement est enclenché. Les repères se brouillent. L'association se défait. Demeurent seuls, face à face, Robert et Andrée, sans la construction du fils qui travaillait, lui, à tenir ensemble ses deux prises. Il leur reste à s'aimer et à vivre unis, non plus en clan mais en couple. Andrée s'y refuse, elle continue inlassablement de nouer, tricoter, tisser, coudre autrement une existence toujours insatisfaite. »

Andrée, la mère, est une femme à bien des égards impossible… Mythomane, elle ne cesse de reconstruire son passé et d'en donner des versions toujours différentes à son fils mais aussi à son compagnon, Robert, qui lui sera pourtant d'une fidélité totale, tout au long de sa vie chaotique. le fils, qu'elle a abandonné nourrisson chez des amis, puis repris, déteste la part masculine qui est en lui, tant sa volonté de mener une existence fusionnelle avec elle est grande. Robert, la pièce rapportée de ce trio le sauvera de cet enfermement. le fils le choisira pour père et Robert l'acceptera pour fils. Ce qui équilibrera la balance.

Il y a bien sûr de l'amour entre ces êtres qui ne peuvent se quitter, mais aussi de la rancoeur, de la haine parfois. Trois parties forment ce roman, aux accents autobiographiques teintés de psychanalyse. La première « Les amours » est saisissante, un huis-clos absolument étouffant.

La seconde, « Les nourritures » apporte un peu de répit et même d'humour. Il décrit le fonctionnement de cette famille, d'avant-garde dans les années 60, qui est, de par la volonté d'Andrée, végétarienne. Ce qui est totalement incompréhensible pour les autres membres de sa famille, avec qui elle rompra. Quelques chapitres savoureux relatent les vacances « à la ferme » du fils, et toute une galerie de portraits finalement assez inquiétants d'illuminés parfois violents et maltraitants.

En plus du mode de vie végétarien la mère adopte aussi nombre de pratiques parallèles : radiesthésie, guérisseurs puis même celles d'une secte d'origine orientale.

Enfin, la dernière partie, « Les guerres », s'intéresse de près aux manoeuvres du fils pour trouver sa voie en dehors de l'emprise de sa mère, aux différents affrontements qu'il a dû mener depuis ses onze ans pour y échapper. Et aussi au passé De Robert, qui a connu la guerre au sens propre.

Une fois encore j'ai été complètement emporté par ce livre de Luc Lang. Je ne peux évidemment démêler ce qui est autobiographique de ce qui ne l'est pas. Il est même possible que rien de tout cela ne soit autre chose qu'une construction littéraire d'une très grande cohérence, sans lien avec l'existence de son auteur. Dans tous les cas, c'est un véritable tour de force, un de ses romans les plus achevés.
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Sentiment mitigé qu'a produit ce Mother de Luc Lang. Une belle écriture, mais ce chassé-croisé entre les 3 protagonistes, la mère, le fils et le beau-père ne m'a guère emballé. Peut-être émanait-il de ce roman un parfum trop autobiographique pour qu'il puisse me faire dépasser le stade de la lecture cathartique ? Ou alors, il m'a ramené bien près de mon propre rapport à la figure maternelle avec ce qu'il comporte de traumatismes pas ou mal réglés...
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l y a, le fils, Jacques le géniteur, ailleurs, Robert le beau (le bon) père et Andrée mère tour à tour fascinante, dévorante, cruelle ou aimante. Andrée c'est « Mother », mère étrangère à sa propre vie et à la vie des autres, entre deux hommes, deux maisons, deux existences, deux chimères, femme mordante ou caressante, Andrée ne sera jamais heureuse.

Toujours à la recherche de nouvelles expériences pour donner un sens à son existence, elle sera : Voyante extra lucide, végétarienne d'une redoutable orthodoxie, adepte de la secte « l'axe lumineux » secte d'illuminés comme son nom l'indique, ou triste Pythie attendant un éventuel déménagement chez l'un de ses supposés nombreux amants. le fils observe sa mère mais aussi Robert, le mari, témoin résigné de ces quêtes stériles, car c'est sûr Robert aime Andrée.

Autofiction à la troisième personne ? Son écriture hachée, presque stroboscopique par moment déroute puis envoute. Phrases longues à couper le souffle, Luc Lang nous retrace une enfance chaotique à l'ombre d'une mère fantasque. Sans haine sans ressentiment il tient à distance ses personnages et nous livre aussi un tendre chant d'amour pour son « bon » père, Robert si fort et si faible à la fois. « Écrire c'est se protéger du monde et de la réalité », dans ce beau roman autobiographique, Luc Lang n'expose pas sa vie, même si tout est vrai, il invente et raconte tout simplement la vie.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Mother est un roman complexe, au texte dense, aux phrases longues et aux dialogues imbriqués dans le fil narratif. En tête d'affiche ce sont les personnages qui sont le véritable sujet du livre : il y a Andrée mais aussi Robert, son compagnon, et le fils d'Andrée (qu'ils n'ont pas eu ensemble). Ces trois protagonistes esquissent une narration qui prend des airs de conte moderne à multiples facettes. En effet, trois récits prennent place dans Mother et tous se rejoignent, tous adoptent un point de vue différent pour dégager des lignes directrices communes.
Andrée apparait ainsi comme une femme aimante, passionnée et impulsive. Cultivant les histoires d'amour, elle ne cesse de laisser planer l'ombre de l'absent, Jacques, qui est le géniteur du fils. Mais il y en a d'autres pour qui elle serait prête à tout plaquer, quitte à laisser sur la paille le brave et compréhensif Robert, le plus solide allié du fils.

Se dessine aussi une Andrée mystique, volontiers portée sur les séances de spiritisme et autres rituels divers. Tous la suivent, impressionés par son dévouement quasi religieux, par sa constance en matière de spiritualité. Mais derrière la femme se cache aussi une mère volcanique, volontiers possessive autant que sacrificielle. Son fils est une priorité et Andrée affirme haut et fort qu'elle a choisi Robert pour qu'il soit un bon père bien avant même qu'il ne soit un bon compagnon. C'est l'aspect familial qui prime pour cette femme de caractère qui ne s'en laisse pas conter. Les hommes évoluent donc autour d'elle comme autant de refuges, de repères stables et investis. Robert par exemple constitue bien un roc, un élément de la nature qui s'inscrit dans la longévité bien que tourmenté par les vents et marées. le fils peut donc se raccrocher, avec confiance, aux figures maternelle et paternelle, elles qui ne faillissent jamais.

J'ai beaucoup aimé ce personnage de femme fort et intransigeant ! Même si Andrée me semblait parfois un peu trop encombrante et distraite par les autres, je l'ai aussi trouvé très charismatique et pleine d'empathie. Je dois bien avouer que sa relation avec les hommes m'a toutefois laissé circonspecte puisqu'ils semblent uniquement là pour servir ses desseins de famille parfaite. Quoi qu'il en soit, sa relation mère/fils est un portrait réjouissant d'une filiation qui s'accentue au fil des années qui passent. Moi qui suis très famille, je me suis parfaitement identifiée à ces liens privilégiés qui font primer la solidarité, l'amour de son prochain et le bonheur d'être entre soi.
En somme, voilà un roman un peu périlleux à aborder car le texte est touffu, les dialogues parfois difficiles à identifier dans cette mise en page très “remplie”, mais le fond de l'histoire est beau. On prend un certain plaisir à voir cette famille recomposée à travers de grandes étapes de vie, dans cette difficulté d'aller de l'avant mais aussi dans ce lien indéfectible que recouvre la notion de famille.
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C'est un trio bancal dont le centre varie. La mère charmeuse invétérée, tant adoratrice que rejetante et dévoratrice, déchirante et déchirée dans l'égoïsme de sa folie, en perpétuelle quête d'amour et de valeurs. le fils adoré et honni, fasciné, éternellement blessé, culpabilisé. Et le beau-père, toujours nommé père parce que choisi et ayant choisi, l'élément stabilisateur, indéfectiblement aimant, le roc où se raccrocher, la plage où se reposer. Curieux trio d'amour dévastateur au fil des décennies.

C'est la seule plainte que le fils entendit, au point qu'il découvre soudain son père vieillissant, son père seul, couvert de plaies et de bosses, son père qu'il faudrait à présent considérer non plus comme un rocher mais comme une falaise calcaire, friable, son père qu'il faudrait à présent songer à protéger de l'affaissement devant les assauts inlassablement furieux de la mer. le fils ne répond rien, il est juste arrêté dans son mouvement, son regard se vide, il a entendu le corps du chevalier harassé. La réversion a commencé. Celle des contenants et des contenus, celle des embrassants et des embrassés, des protégeants et des protégés.

Luc Lang offre un beau portrait de cette femme vénéneuse et vulnérable, une mère, sa mère, et interroge avec ferveur sur la filiation, le pardon, le caractère incompréhensible de l'amour. Il vogue dans une prose alternativement fiévreuse ou hésitante, qui prend par moment des aspects de marée où l'on se noie, pour raconter le chaos de ces vies ballottées par la folie, et sauvées par l'amour.
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critiques presse (3)
Liberation
26 novembre 2012
Un roman ciselé, à l’oreille, au toucher, à l’humour.
Lire la critique sur le site : Liberation
Lhumanite
24 septembre 2012
La verve épique et satirique de Luc Lang tourne ici à plein. Qu’il s’agisse de la pléthore d’amours fantasmées de la mère [...] ou du feuilleton de ses lubies alimentaires [...], l’écriture donne continûment à éprouver la combinaison d’admiration et de répulsion qui anime 
le fils.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Telerama
12 septembre 2012
Mother est une histoire d'amour inspirée, un tombeau magnifique mais aussi une opération de reconstruction.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
L'idée du masculin ne va pas de soi, le fils éprouve au côté de la mère protectrice et nourricière la sensation prégnante que le mal s'incarne en ce genre, qu'il est même déplorable et navrant d'avoir un sexe qui pendouille ou qui s'érige dans l'entrejambe des garçons, au regard des malheurs que cet appareil semble engendrer chez le seul genre aimable, celui de la mère, le fascinant, le bouleversant féminin.
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"Sa mère l’attend, sa mort l’attend, il glisse sur la pente, il dévisse, se débat, il voudrait redessiner son visage, l’injecter de botox, le taire dans l’immobilité minérale d’un sable que la mer lisse, non, que l’océan annule, mais les yeux demeurent, les yeux et le regard, à l’identique.»
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Quand il surgit dans l'encadrement de la porte, c'est comme l'apparition de Butch Cassidy, en cow-boy magnifique, avec un pantalon noir évasé et fendu sur la jambe, décoré de rivets argentés et de lacets de cuir, une chemise rouge, un gilet noir également décoré de rivets et de lacets, un drapeau texan et une ceinture cartouchière à boucle rutilante, avec deux cols étincelants. Armes à feu de grande puissance, vêtements riches, confortables et de belle allure, pour équiper et vêtir l'enfant nanti de parents nantis d'une ascension en cours, inéluctable. Tout s'emboîte si parfaitement que le fils comprend dans l'instant combien être un Indien, mauvais élève, végétarien et enfant d'ouvrier constitue une cohérence factuelle et symbolique si implacable qu'il n'a aucune chance de s'en tirer vivant. Pauvre, équipé d'armes blanches, mal habillé, privé de nourritures carnées, d'une scolarité quasi inadaptée, comment pourrait-il affronter raisonnablement le monde des cow-boys, l'Histoire de l'Amérique qu'il découvre dans les westerns est trop édifiante et décisive. Il est condamné à la réserve ou à l'extermination, au choix. La réalité sociale du modèle occidental éclate en ce soir de Noël au cœur d'une fête familiale.
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tu connais les goûts de ton oncle, ça ne pouvait pas passer un truc pareil, à 72 ans ! Déjà nous, votre rata, on trouve ça immangeable... Les Gigon sont aux anges, le désaveu est général, l'exclusion définitive, c'en est fini d'un semblant de vie familiale. Robert a raison, on peut être banni pour ce qu'on mange.
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Vidéo de Luc Lang
Dans ce récit initiatique et autobiographique, Luc Lang retrace certains épisodes de sa vie au prisme de son lien étroit au judo puis au karaté. du combat tendre et fondateur avec son père adoptif, quand il était enfant – scène qui ouvre le roman sur une joie primitive -, à sa progression teintée de doutes sur les tatamis, le narrateur revisite sa vie, ses sursauts, ses drames et résurgences, à l'aune d'un art de la chute et d'une philosophie dépeinte avec humilité et profondeur. Mais plus qu'un texte sur la passion d'un homme pour les arts martiaux, le Récit du combat est à la fois le cheminement d'un homme à la recherche d'un équilibre, et une réflexion vertigineuse et précise sur le corps et l'écriture qui devient, sous la plume du romancier et karatéka, un art du geste juste et de la bonne distance.
Luc Lang est l'auteur d'une oeuvre romanesque, mais également d'écrits théoriques sur l'art contemporain et l'esthétique. Il obtient en 2019 le prix Médicis pour son roman La Tentation (Stock). le Récit du combat (Stock, 2023) est son treizième roman.
Rencontre animée par Guénaël Boutouillet.
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