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Jean Bühler (Traducteur)
EAN : 9782752904300
384 pages
Phébus (18/02/2010)
3.95/5   47 notes
Résumé :

Mrs Parkington, à 84 ans, n'a plus d'illusions sur la société qui l'entoure. Elle jette, au soir de sa vie, un regard désabusé et malicieux sur le monde : les batailles acharnées entre les différentes classes sociales, les "grandes familles" qui ont fait l'Amérique, les ascensions et déchéances des hommes, et leur occupation favorite, ruiner tout ce qui marche et que l'on a construit...
Les personnages de cette fresque sur l'Amérique des bâtisseurs ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Mrs Parkington a 84 ans et sa vie a été riche en évènements et en rencontres. Elle prépare les fêtes de Noël dans son luxueux appartement de Park Avenue. Toute la famille doit se retrouver : sa fille, les enfants et petits-enfants de ses deux fils disparus. Mrs Parkington se force à maintenir cette tradition mais à part son arrière-petite-fille Janie, elle ne porte pas sa famille dans son coeur. Elle les trouve peu intelligents, gâtés par l'argent et sans vie. "En vérité, si la plupart des convives n'avaient pas été le fruit de sa propre chair, aucun d'eux n'aurait jamais été invité à cette table. Mrs Parkington se força à suivre quelques-unes des conversations particulières qui s'étaient engagées espérant surprendre quelque phrase, quelque remarque, quelque pensée d'où jaillirait une étincelle, comme lorsqu'une barre de fer frappe un silex ; elle avait tant besoin d'un peu de chaleur humaine !" Les membres de sa famille sont de plus complètement incapables de gérer leurs affaires et font sans cesse appel à l'avis de la doyenne. Mrs Parkington se sent par moments si lasse…heureusement qu'elle peut se remémorer sa vie pour se distraire.

J'avais découvert Louis Bromfield avec "Précoce automne" et j'étais restée un peu sur ma faim. "Mrs Parkington" a en revanche été un vrai coup de coeur. Ce roman est absolument délicieux, l'écriture y est fluide, ciselée. Les flash-back sur la vie de Mrs Parkington s'insèrent de manière parfaite dans le récit présent, nous suivons le cours des pensées de la vieille dame.

Susie Parkington est issue d'un milieu pauvre, elle travaillait dans un hôtel près d'une mine avec ses parents à Leaping Rock. C'est là qu'elle rencontra le major Parkington, de seize ans son aîné. Il l'épouse à la mort de ses deux parents lors de l'effondrement d'une mine. le major veut conquérir le monde, être toujours plus riche et ce à n'importe quel prix. L'époque est propice aux coups bas et aux escroqueries. le major devient multimilliardaire et conquiert la haute société grâce au charme et à l'intelligence de sa femme. Rien ne résiste au couple Parkington, l'argent ouvre toutes les possibilités. "Fils d'un épicier villageois, le major Parkington avait souhaité devenir un personnage de légende, laisser lui survivre une nombreuse descendance qui contribuerait à accroître sa propre gloire et à faire subsister son nom dans l'histoire. Mais il n'avait pas pensé au pouvoir maléfique de la richesse mal employée…" Et c'est ce que constate Mrs Parkington, sa descendance est figée dans ses privilèges. le monde change sans que ses petits-enfants s'en rendent compte, sans réagir. L'Amérique est en guerre, le New Deal de Rossevelt a réformé les marchés financiers. Les manoeuvres datant de l'époque du major ne peuvent plus avoir cours et les financiers véreux payent l'addition. Mrs Parkington voit la déchéance de son clan d'un oeil navré et mélancolique. Rien ne peut éviter la ruine à ceux qui n'ont pas su voir la fin de leur caste. Mrs Parkington ne peut que limiter les dégâts et sauver la vie de son arrière-petite-fille Janie.

La lecture de "Mrs Parkington" fut un régal, le personnage central est extrêmement attachant, d'une sagesse et d'une finesse psychologique remarquables.
Lien : http://plaisirsacultiver.wor..
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Sur la couverture de l'édition de 1957 de ce roman, une femme dotée d'une cascade de cheveux roux, avec un air de Maureen O'Hara, regarde dans le lointain, avec à l'arrière plan les immeubles de New York. Mrs Parkington est un récit que je suis très tenté de qualifier "d'antirêve américain". Et pourtant, au début du roman, lorsque j'ai découvert l'immense bric-à-brac de l'héroïne (les robes de chez Worth, le collier de diamants, les porcelaines de Dresde), j'ai vite pensé le contraire. J'ai volé de surprise en surprise avec cet ouvrage qui nous fait découvrir quelle fut l'existence de Susie Parkington. Lorsque le récit débute, Susie est une dame de quatre-vingt quatre ans, habitant dans un somptueux appartement qui surplombe New York. Elle s'apprête à célébrer Noël avec ses descendants, mais ne peut s'empêcher d'éprouver de l'appréhension tant ses héritiers sont inconséquents peu intelligents, contrairement à elle. Des situations vont alors s'enchaîner et pousser l'aïeule à se remémorer le passé afin de comprendre ce qui s'est vicié, en dépit de ses efforts pour inculquer de solides valeurs morales à ses enfants, lesquels s'agrippent désespérément à leurs prérogatives, persuadés que l'argent les place au dessus de tout.

Nous découvrons l'histoire de Susie, lorsqu'elle travaillait aux cuisines d'un petit hôtel de Leaping Rock, jusqu'à ce qu'une tragédie bouleverse son quotidien. Tel un deus ex machina, Augustus Parkington surgit dans l'existence de Susie et la happe dans son univers, et lui fait gravir les échelons en un éclair, et transforme la jeune ingénue en une dame du monde. Mais pour Augustus, avide de prestige et de reconnaissance, cette étape n'est que le début d'une folle course aux vanités et à l'opulence. car cette ascension sociale se fait dans la plus pure amoralité: pour Augustus, seul le triomphe compte, peu importe que des gens pâtissent de ses machinations.

Quel roman stupéfiant! D'une certaine façon, Mrs Parkington est le pendant féminin de Jay Gatsby: à l'instar de ce dernier, elle a accédé à un univers exclusivement fondé sur l'argent, qui aurait dû rester inédit pour elle. Ce récit annonce la fin d'un monde et d'une époque (ce que Susie précise à plusieurs reprises au cours de l'intrigue): le récit se déroule entre l'entrée en vigueur du New Deal et ses échec, et la Seconde Guerre mondiale. Susie voit bien que le capitalisme s'essouffle et se retrouve à l'agonie, au grand dam de ses héritiers qui ne veulent nullement renoncer à l'insouciance que leur procure l'argent. Véritable manifeste hostile au mercantilisme et au puritanisme, Mrs Parkington est un roman prônant la recherche de l'humanisme et de l'altruisme. Servi dans une prose raffinée et aussi acerbe que l'héroïne elle-même, cet ouvrage dévoile les secrets d'un rêve américain qui s'amenuise et ne repose que sur le paraître et le superflu, l'imposture, l'hypocrisie, et la malveillance.
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84 ans, c'est l'âge de l'héroïne de ce roman au début des années 40. le livre la suit dans ce qui pourrait être sa fin de vie. Mais de la vie, elle en a encore à revendre, Suzie Parkigton. Son destin en a fait l'épouse d'un homme d'affaires qui s'est enrichi "monstrueusement" et pas toujours dans les règles de la loi. Cependant, elle a toujours aimé cet homme qui a su lui offrir cette vie qui, certes très privilégiée, a connu ,aussi, bien de ces accrocs auxquels personne n'échappe: malheurs, douleurs... A la fin de sa vie, Mrs Parkington jette à la fois un regard sans concessions sur sa vie passée mais aussi sur la famille qu'elle a constituée. Famille dont elle n'est pas pas vraiment très fière: ils ne vivent que dans l'esprit d'être des privilégiés et gaspillent tout ce qu'ils n'ont pas eu à bâtir. Et malgré son âge, elle est leur seule béquille.
De Louis Bromfield, je connaissais "La mousson", lu et apprécié il y a longtemps, mais pas d'autres titres. Ce roman, qualifié par l'éditeur de "roman américain" de l'auteur, est un vrai régal: écriture d'une fluidité remarquable, choix narratif maîtrisé (flash-backs amenés subtilement par exemple), personnage principal attachant et figures secondaires intéressantes, en font une de ces lectures qui touchent et s'inscrivent dans la mémoire. La sagesse de Mrs Parkington y est pour beaucoup aussi. Me donne envie d'explorer l'oeuvre de Louis Bromfield.
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New York, années 1940. Susie, l'aïeule de la famille Parkington, s'apprête à recevoir ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants pour Noël dans son riche appartement. Tous l'écoeurent, ou presque. Héritiers d'une fortune immense, ils n'ont rien accompli de leurs vies et se considèrent au-dessus des lois et des hommes. Sauf peut-être Janie, cette jeune femme sensible et intelligente, que Mrs Parkington voudrait tant sauver des griffes de ses ternes parents. Cette fortune leur vient du major Parkington, le mari de Susie, redoutable homme d'affaires, financier retors, voire escroc, qui sut conquérir l'Amérique au temps de l'explosion du chemin de fer, des compagnies minières et de l'exploitation des richesses de ce continent inexploré.

5 bonnes raisons de lire ce roman :

- il est réjouissant de suivre les pensées d'une vieille dame qui a acquis la sagesse qu'apporte l'expérience de la vie et gardé malgré tout l'âme de cette jeune fille qui faisait les repas dans un hôtel délabré du Nevada. Voir avec ses yeux, c'est voir le monde avec plus d'acuité, plus d'intensité.
- c'est le portrait d'une femme libre, qui ne s'est jamais vraiment habituée ni soumise aux conventions de la haute-société new-yorkaise sur laquelle elle a régné et dont le sang s'échauffe encore à la vue d'un cowboy simple et vrai ;
- c'est le portrait d'une femme forte, qui est, malgré son âge, la colonne vertébrale de toute sa famille. Aucun d'entre eux ne peut prendre de décision sans la consulter, elle les soutient à bout de bras et force notre admiration. Véritable chef de clan, Mrs Parkington semble la seule à vraiment comprendre les changements du monde qui l'entoure et même si la lassitude peut l'envahir, elle n'y succombe jamais.
- c'est l'histoire du rêve américain, des générations qui suivent et dont on parle moins. Par le choix d'une narration alternant entre le présent et des épisodes de la vie de Susie, depuis sa rencontre avec le major, Louis Bromfield embrasse en un même récit l'ascension flamboyante du self-made man et l'aridité de ses descendants qui ont traversé leur vie sans épreuves ni obstacles. Les deux réponses à une question éternelle : l'argent peut-il apporter le bonheur ?
- enfin parce que les premières lignes vous enveloppent comme un bon bain chaud…
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Tout au long de ce roman nous suivons Susie Parkington, riche veuve de 84 ans, aux prises avec une descendance peu sympathique, essayant de résoudre leurs déboires financiers et amoureux, les recevant tour à tour dans ses appartements (mon Dieu, me suis-je dit, ne peuvent-ils pas la laisser tranquille cette brave dame, à venir pleurer et se plaindre encore et encore, chacun leur tour !? Quand peut-elle se reposer ? Et puis, de quoi se mêle-t-elle après tout ?) Franchement, j'ai dû m'accrocher et persévérer pour aller au terme de ce roman très daté où rien ne se passe vraiment. Certes, la vision d'une Amérique en pleine transformation,entre l'ancien et le nouveau monde, des digressions sur la supériorité de la probité sur la cupidité sont justes mais tout cela est diantrement lent.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Dans le temps, on achetait de la terre et on regardait les industries se développer, les chemins de fer se construire en même temps que le prix des terrains montait à une allure vertigineuse. Après, il n'y avait plus qu' à conserver, qu'à tenir sur les positions conquises. Rappelle-toi toujours une chose, Susie, c'est que les plus avares sont invariablement ceux qui ont tout reçu en héritage. S'ils se mettaient à dépenser leur avoir, ils auraient trop peur de ne plus pouvoir le reconstituer.
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"Il ne sert à rien de vouloir examiner à la loupe un homme tel qu'Augustus Parkington. C'était un grand caractère, comme il y en avait d'ailleurs beaucoup, jadis. C'est la lutte des classes qui est le danger des démocraties, continua la vieille dame. Si les Américains se divisent en classes nettement séparées, notre démocratie est perdue. Les individualistes peuvent se démener éperdument sans faire courir beaucoup de risques à leurs concitoyens. Ils ne deviennent dangereux que s'ils s'organisent en clans, en bandes. Voyez-vous, Amory n'est pas un lutteur de la même trempe que le major. Il est incapable de penser par lui-même; il a besoin de se sentir soutenu par ses amis de collège et d'université, par ses associés et ses collègues de la Bourse, par les membres de clubs qu'il fréquente, également. Aucun de ces individus n'est assez fort pour exister par lui-même, c'est pourquoi ils se groupent. Ils s'unissent pour être les plus forts. Ils ne cessent de se répéter entre eux qu'ils sont des privilégiés, des génies à l'abri de la loi et des investigations judiciaires, tout cela uniquement parce qu'ils réussissent à accumuler un peu d'argent, à lancer une industrie nouvelle ou à ouvrir une fabrique. Ils passent leur temps aux limites de ce qui est permis et de ce qui ne l'est pas, sans jamais accomplir une action à large vue, par exemple des constructions de chemins de fer ou des prospections dans l'Ouest. Avec cela, hypocrites et corrompus! Mais Amory ne veut pas ouvrir les yeux. Dans le fond de son cœur, il est persuadé qu'il a raison et la loi a tort."
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Il neigeait si abondamment qu’à travers les fenêtres et les rideaux le bruit des véhicules passant dans Park Avenue était à peine perceptible. Mrs Parkington était assise devant son miroir, une coupe de champagne à portée de la main ; elle était heureuse de constater que, cette année, Noël serait un vrai Noël. [...] On se sentait heureux rien qu’à voir les flocons descendre lentement dans les rues illuminées, on se souvenait du temps jadis, lorsque des traineaux sillonnaient la ville et qu’on entendait tinter les grelots des chevaux. [...] Mrs Parkington, regardant les stries blanches des flocons, se souvenait… Elle avait quatre-vingt-quatre ans, sa santé était bonne ; chaque soir, avant de se mettre à table, elle prenait une coupe de Lanson ; quoi d’étonnant, dans ces conditions, qu’elle eût tant de souvenirs à évoquer ?
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"Susie, vous êtes une femme admirable, vous êtes la sagesse même… vous êtes une femme du monde."
Mrs. Parkington comprit qu'elle venait de recevoir le plus élogieux compliment que put lui décerner la fière Aspasie. Dans la bouche de la Française, être une femme du monde signifiait tout à la fois jouir d'une grande sagesse, d'une logique à toute épreuve, de sentiments d'humanité et d'un caractère muri par l'expérience. Cela signifiait aussi que Susie avait rapidement progressé dans le chemin où Gus l'avait poussée à s'engager.
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Ned croyait avoir été plongé tout à coup dans un monde de laideur et de fausseté; il aurait voulu s'emporter contre ces lumières trop éclatantes, contre ces escaliers recouverts de larges tapis, contre les clients de l'hôtel qu'il voyait sortir de l'immense édifice. Le Waldorf-Astoria, encore un de ces vestiges d'un temps où l'Amérique avait cru que la beauté résidait uniquement dans l'immensité des dimensions.
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