AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782330054908
240 pages
Actes Sud (19/08/2015)
3.61/5   28 notes
Résumé :
L'existence mouvementée et dramatique de l'actrice américaine Frances Farmer (1913-1970) a largement excédé son emploi cinématographique de jolie blonde à la raisonnable impertinence. Ce roman découpé en sept tableaux, de la lumière à l'ombre, de Hollywood à la claustration, soutient une réflexion politique sur le corps jeté en pâture à la gloire.
Que lire après Notre désir est sans remèdeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
3,61

sur 28 notes
5
5 avis
4
3 avis
3
6 avis
2
0 avis
1
0 avis
Envol et déchéance d'une étoile insoumise, consumée dans la lumière et le pouvoir d'Hollywood.

«La lumière n'exauce pas les corps, elle les massacre.
La main de l'éclairagiste qui agrippe la poignée du projecteur et, pour préparer l'entrée dans le champ de l'actrice dont il va illuminer le mouvement, fait pivoter sur son axe la caisse de métal d'où jaillit le faisceau aveuglant, cette main n'est pas moins cruelle que celle du tueur à gages qui pointe une arme à feu ou qui abat une arme blanche, ni moins impitoyable que celle du bourreau qui actionne le courant de la chaise électrique. Elle est l'instrument assermenté d'une loi sauvage : elle livre un être en pâture à notre regard.»

Depuis la naissance d'une nation avec l'épopée de ses pionniers, de la montée en puissance des tycoons et des stars des studios, jusqu'à l'avènement du tube cathodique et du divertissement industrialisé, du bouillonnement intellectuel de New-York des années 30 et 40 aux sunlights impudiques d'Hollywood, Mathieu Larnaudie explore dans ce roman d'une densité rare, en tirant de l'oubli le destin prometteur puis tragique de Frances Farmer, le pouvoir et la violence de l'image, vecteur de l'idéologie américaine à l'assaut du monde.

«En d'autres mots, tant que nous en sommes à ce rapide tableau, à ces hypothèses en abrégé – il n'est pas invraisemblable qu'à l'anonymat de l'homme des foules – celui-là même qui combat dans la Meuse et qui trime dans les fabriques, tour à tour chair à canon et à chaîne tayloriste – réponde précisément l'avènement de la célébrité absolue. Qu'à l'individu indifférencié, noyé dans la masse et les cadences répétitives de la standardisation, fasse pendant la distinction suprême, l'élection mystérieuse, l'apparition de la star hollywoodienne.»

Dès sa première apparition publique sur une scène de Seattle, le contraste est frappant entre l'allure de jeune fille de bonne famille de Frances Farmer – sa robe vichy, sa chevelure blonde et ses pommettes hautes – et sa liberté de ton ainsi que son rire brutal et rauque, le rire d'une femme qui noiera plus tard sa colère dans les amphétamines et le bourbon, et sera internée, maltraitée et déchue, à cause de son tempérament volcanique, et parce qu'elle refusait de se conformer au tracé imposé par les studios.

L'évocation de la vie de Frances Farmer en sept moments par Mathieu Larnaudie, entre lesquels on passe en franchissant des ponts tendus sur le vide des années tues, permettent au lecteur de sonder les gouffres d'une existence et les effets dévastateurs d'une forme d'exposition au pouvoir, comme un pendant à son livre «Les effondrés» (Actes Sud, 2010).
Ces épisodes non chronologiques, où l'on découvre à rebours le parcours de jeunesse de Frances Farmer, jusqu'à la fabrication d'une icône de cinéma, avant de parcourir dans le deuxième versant du livre le terrible parcours de sa déchéance, montrent les failles qui s'ouvrent entre l'être sensible et l'image sur papier glacé de la star hollywoodienne, «dispositif» au service du spectacle et de l'idéologie américaine.

Née à Seattle en 1913, ville alors loin de tout, repérée par les studios, transformée en icône, attirée avec son amant le dramaturge Clifford Odets dans le milieu intellectuel new-yorkais des années 1930 et 1940, si justement dépeint dans «Kafka faisait fureur» d'Anatole Broyard, alors que les tensions entre les écrivains de la côte Est devenus dépendants des dollars d'Hollywood se font jour, Frances Farmer l'insoumise est broyée dans ce mouvement d'uniformisation du divertissement, où quelques silhouettes deviennent stars et aspirations pour tous, symboles d'un nouvel impérialisme culturel américain, faisant écho au superbe «Tristesse de la terre» d'Éric Vuillard.

Sous la plume poétique et incisive de Mathieu Larnaudie, le parcours au crépuscule trop précoce de Frances Farmer ressemble à celui d'une supernova, étoile nouvelle d'une luminosité superbe, en réalité déjà consumée dès sa première apparition dans la lumière de nos écrans.

«Mais déjà l'horizon commence à se défaire et le vent rouge se déploie par vagues successives, cavalerie invisible dont le galop, sur son passage, cogne aux tempes, dévalant depuis les monts, par les canyons, par les boulevards qui sont comme des gorges percées dans le flanc des collines.»

Retrouvez cette note de lecture, et toutes celles de Charybde 2 et 7 sur leur blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/09/08/note-de-lecture-bis-notre-desir-est-sans-remede-mathieu-larnaudie/

Mathieu Larnaudie sera le mercredi 9 septembre 2015, en soirée, à la librairie Charybde, en compagnie de Claro et de Mathias Énard. www.charybde.fr

Commenter  J’apprécie          100

Si la rentrée littéraire avec son nombre hallucinant de titres lâchés au coup de pistolet du 20 août vous a fait tourner la tête et que vous soyez passés à côté de ce roman, il est grand temps d'y remédier.

La vie de Frances Farmer racontée par Mathieu Larnaudie se situe à l'extrême opposée du biopic vulgaire bâti sur des anecdotes sulfureuses et voyeuristes. La finesse de l'analyse, la sobriété de l'écriture, l'encrage dans une solide documentation historique constituent les fondations d'un texte magnifique qui rend justice à cette sublime femme qui a eu le tort de refuser d'être juste un "canon de beauté".

Le roman s'ouvre sur l'image de Samuel Goldwyn, sur ce dieu tout puissant qui régit à l'époque la "naissance des stars". Le self-made man dans toute sa splendeur, celui qui a fait braquer le premier la lumière sur Frances Farmer: "I'll make you a star."
Nous ne tarderons pas à découvrir que le monde de papier glacé et ses habitants n'intéressent pas tant que cela la jeune Frances. On la découvre plus ennuyée qu'autre chose lors d'une fête après tournage, tandis qu'autour d'elle la soirée bat son plein:
"Par moments, elle semblait brusquement se rappeler qu'elle était ici en présence de certains personnages dont la moindre appréciation pouvait revêtir une importance cardinale pour sa carrière, et qu'à leurs côtés il lui fallait faire bonne figure, se montrer à son avantage: elle se raidissait un peu, étirait le cou, mettait sa poitrine en valeur, remontait discrètement une bretelle de sa robe qui pourtant n'avait pas glissé, maîtrisait mieux son rire qui devenait alors plus espiègle et moins éclatant, plus affable et moins sardonique, plus enjôleur et moins massif. Bientôt elle oubliait sa vigilence et ses efforts, se laissait porter par le brouhaha ambiant, la circulation des corps dans la pièce, l'alcool et la chaleur, les conversations qui gagnaient en volume sonore au fur et à mesure que les verres et la chaleur."
Mais pour pouvoir continuer à faire ce qu'elle aime, à savoir jouer, il lui faut tenir un rôle de composition en permanence, être autre chose que Fraces Farmer.
Dans le chapitre suivant, Dieu meurt à Seattle - 1931-1924, (car la construction du roman n'est pas chronologique), on découvre le premier fait d'armes de la jeune Frances. Elle a seize ans lorsqu'elle participe à un concours national d'écriture et présente devant une salle horripilée son texte, Dieu meurt. Elle gagne le concours, la haine de toute la communauté et une photo dans le journal local.
"Elle etouffe une envie de rire: ce qu'écrit une lycéenne de seize ans n'est pas si sérieux ni si important qu'il mérite de tels emportements. (...) Les élucubrations d'une gamine, Dieu saura bien s'en remettre; et si vraiment il croit bon de prendre ombrage de si peu, c'est qu'alors il est plus chancelant encore que le texte ne le dit."
On la voit devant le public furibard, tenir tête sobrement, sans fléchir, sans bégayer. C'est l'Amérique des années 1930, bigote et épouvantée par les flammes de l'enfer face à une adolescente qui la défie avec brillance. Nous devinons déjà l'actrice et la femme de tête qui se réveille en elle.
Il y a là une phrase qui m'a marquée et qui peut faire office de prémonition: "Si Dieu était mort, penserait Frances en fin de compte, c'était de s'être laissé portraiturer, et s'était d'être un dieu de narration." Or, qu'est-ce une star si ce n'est être un "dieu de narration"? Fantasmées jusque dans leurs vies privées, les célebrités meurent à la fin de chaque rôle qu'elles interprètent.
En dehors des films, la narration continue grâce aux photographes et aux journalistes: l'une des scènes les plus émouvantes du roman est celle où Frances, arrêtée pour non respect du black-out (l'Amérique a peur de se faire bombarder), conduite en état d'ivresse, et caetera, elle est photographiée de la manière la plus minable qui soit. Elle ne peut plus se défendre.
"... mais le flic tenait bon, ne relâchait son étreinte à aucun moment, si bien que, dans la confusion de ses contorsions de forcenée, dans la furie de cette bataille inepte, la veste de Frances s'ouvrait, sa chemise se fendait, sa jupe remontait, découvrant le haut de ses bas de nylon et de ses cuisses, et que le photographe n'eut pour saisir la scène qu'à se poster à quelques pieds d'elle, à la mettre en joue, à poser même un genou sur la dalle pour mieux viser, à attendre que l'actrice enragée et le colosse qui l'emportait parviennent à son niveau, et à déclencher."

On l'aura compris, Frances Farmer est une femme libre et entend le rester. Pas de revendication ni de message autre que la vie et le jeu. C'est l'amour du jeu qui la pousse sur les planches de Broadway, c'est l'amour du jeu qui lui fait refuser l'image de pacotille à laquelle elle est sans cesse renvoyée à Hollywood. Qui fera dire à sa mère qu'elle ne peut qu'être "mentalement déséquilibrée" et qui lui vaudra cinq années d'hôpital psychiatrique.

Le regard attentif de Mathieu Larnaudie est omniprésent, comme s'il voulait protéger son personnage des affres qui l'accableront. D'ailleurs il est là, jamais très loin, comme la fois où Frances l'adolescente va au cinéma accompagnée par sa mère:
"Abritées chacune sous son parapluie (dans les parages, il pleut à peu près tout le temps), mère et fille viennent prendre leur place dans la file des spectateurs, autrement dit se mêler à nous autres qui, en attendant l'ouverture des portes pour la prochaine séance, tentons comme nous le pouvons de nous protéger de l'averse..."
Grâce à ce regard protecteur, nous nous sentons nous aussi plus proches de cette jeune femme dont le rire rauque raisonnera encore dans nos oreilles même après avoir fini ce roman.
"En d'autres mots - tant que nous en sommes à ce rapide tableau, à ces hypothèses en abrégé - il n'est pas invraisemblable qu'à l'anonymat de l'homme des foules - celui-là même qui combat dans la Meuse et qui trime dans les fabriques, tour à tour chair à canon et chaîne tayloriste - réponde précisément l'avènement de la célebrité absolue. Qu'à l'individu indifférencié, noyé dans la masse et les cadences répétitives de la standardisation, fasse pendant la distinction suprême, l'élection mystérieuse, l'apparition de la star hollywoodienne."

Notre désir est sans remède, Mathieu Larnaudie, Actes Sud 2015

Lien : http://lavistelquilest.blogs..
Commenter  J’apprécie          30
Dans ce bref roman biographique, Mathieu Larnaudie nous conte Frances Farmer, actrice d'Hollywood qui va à la fin des années 1930, telle une comète, connaître l'ivresse du succès en un instant aussi bref que la gueule de bois qui va violemment s'en suivre. Car Frances n'est pas une actrice comme les autres, en ce qu'elle veut sortir des rôles de midinette qu'on lui réserve comme à toutes les jeunes actrices du milieu, en ce qu'elle brille par sa conscience politique, éminemment communiste, qui ne plaît bien sûr pas à l'aube du maccarthysme. Elle est une écorchée vive, bourrée d'alcool et de médicaments en tous genres, qui va, en 1942, suite à une altercation avec un policier aux diverses conséquences tragiques, être considérée comme malade mentale et finir internée pendant dans de nombreuses années dans un institut psychiatrique qui lui fera subir traitement à l'insuline – désormais reconnu comme dangereux -, électrochocs, manque d'hygiène et de soin, viols… Jusqu'à la fin de la descente aux enfers qui signera une « résurrection » pour celle qui se sera rapidement brûlé les ailes sur l'autel du cinéma hollywoodien.

Et cette histoire, l'auteur nous la conte merveilleusement bien, par l'intermédiaire d'une plume qui met parfaitement en valeur le passage brutal, pour Frances, de l'ombre à la lumière, en choisissant de décrire uniquement certaines scènes de son existence, passages clés faisant progressivement basculer le destin de la jeune femme jusqu'à sa déchéance. Frances devient même, au fil du récit, l'incarnation des balbutiements d'une société de l'image qui n'hésite pas à livrer en pâture chaque fait et geste d'un individu célèbre, pour mieux se repaître de cette déchéance dont elle est l'unique responsable. L'actrice n'en est ainsi, que plus touchante, et son histoire, que plus scandaleuse.

Un roman que j'ai donc franchement apprécié, et qui me donne envie de poursuivre ma découverte de Mathieu Larnaudie sous peu.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
Commenter  J’apprécie          120
« La lumière n'exauce pas les corps, elle les massacre. La main de l'éclairagiste qui agrippe la poignée du projecteur et, pour préparer l'entrée dans le champ de l'actrice dont il va illuminer le mouvement, fait pivoter sur son axe la caisse de métal d'où jaillit le faisceau aveuglant, cette main n'est pas moins cruelle que celle du tueur à gages qui pointe une arme à feu ou qui abat une arme blanche, ni moins impitoyable que celle du bourreau qui actionne le courant de la chaise électrique. Elle est l'instrument assermenté d'une loi sauvage : elle livre un être en pâture à notre regard».

Ainsi débute le nouvel opus de Mathieu Larnaudie. En quelques lignes, nous avons un résumé de ce qu'il va suivre: une écriture littéraire, voire très littéraire, précise, recherchée, riche à très riche, dense, des phrases longues, complexes, ….

Dans « Notre Désir est sans remède », Mathieu Larnaudie nous dépeint donc l'existence mouvementée et dramatique de Frances Farmer, actrice américaine du XXème siècle. de la gloire à la déchéance, de la lumière à l'ombre, de Hollywood à l'enfermement en hopital psychiatrique, il dresse en 7 parties, découpées en petits chapitres pour dynamiser au maximum la lecture, le portrait romancé d'une femme aussi impertinente qu'insoumise, symbole de l'idéologie américaine, star au destin tragique.

Dans un premier temps, son image séduit le monde du cinéma au point d'en faire une véritable icone.

« Orgueilleuse et résolue, aguicheuse et lointaine, elle demeure sans passé, elle est là et cela doit suffire ; on est prié de s'en contenter. le mystère qui l'auréole est bravache. Elle sait qu'elle est l'objet des convoitises, le centre des attentions de cette assemblée exclusivement composée d'hommes dont elle attise les regards qu'elle feint de ne pas remarquer, comme s'ils – ces regards – glissaient sur elle, ne la concernaient pas, n'étaient que la rumeur de la concupiscence ordinaire, inévitable, qui lui fait cortège où qu'elle aille et qu'elle a appris à négliger. »

Avant que l'ombre ne prenne le dessus. Cette partie traitant de la
déchéance et la folie, est passionnante. C'est un vrai page-turner en puissance servi par une superbe écriture. Cette réflexion sur le corps jeté en pâture, cette thèse sur le paraitre, la violence du pouvoir de l'image est une vraie réussite.

"La légende dorée n'a pas son envers sombre – on ne sait quelle légende noire qui en serait le récit alternatif et antagonique, une autre histoire plus ou moins secrète, et forcément plus réelle parce que souterraine, honteuse, exsudant le scandale, les blessures et les vices, tout ce qu'il est soi-disant préférable de taire et qui passe donc pour le fond véritable des choses mais qui fait couler bien plus d'encre encore, excite la chronique, éperonne notre désir, attise sans jamais suffire à l'assouvir notre soif de spectacle avec plus de violence que les versions officielles, enchantées."

Mathieu Larnaudie garde toujours une certaine distance vis-à-vis de l'actrice dans son ouvrage, ce qui est fort appréciable.

Malgré un passage à vide en milieu de roman (trop de digressions, des phrases trop longues, une absence de chronologie, une utilisation de mots obscènes dans des phrases poétiques, tout cela m'a laissé sur le bord du chemin pendant un petit moment…), j'ai trouvé la fin magnifique et bouleversante. Quelle cruauté… Là encore, l'écriture de l'auteur sublime cette sensation, même si elle est très exigeante pour le lecteur.

Au final, Notre désir est sans remède est un bon livre qui se lit relativement facilement mais qui demande de l'attention et de la concentration. Il se mérite tellement il est intellectuel (je ne suis pas sûr d'avoir tout compris je l'avoue) et ne plaira donc pas à tout le monde. Pour ma part, je ne regrette pas de l'avoir lu et j'en garderai un bon souvenir.

3/5

Lien : http://alombredunoyer.com/20..
Commenter  J’apprécie          50
Une histoire qui m'a bouleversée malgré les difficultés à sa lecture. Frances est une jeune fille rebelle, obstinée, et d'une grande beauté, les portes du Hollywood des années 30 s'ouvrent puis c'est Broadway qui l'accueille. Sa carrière est fulgurante mais la destruction de cette étoile plus brutale encore.
L'auteur nous raconte cette femme, ses origines et analyse en quelque sorte son parcours, ses espoirs et ses rêves, l'industrie du cinéma qui broie ses acteurs et actrices. Cette jeune femme, que Samuel Goldwyn prît sous son aile, refusât d'entrer dans le moule de toutes ces starlettes hollywoodiennes et en payât le prix. Ce qui fût le plus atroce dans ce roman biographique est la part réservée à ses internements et aux "soins" qui lui ont été délivré par les psychiatres de l'époque, et l'innommable qu'elle a subit de la part des gardiens. Je n'ose pas parlé de déchéance car finalement c'est son tempérament de feu qui lui valut ce mauvais coup du sort, quand aujourd'hui ce genre de comportement lui permettraient de faire le buzz à son époque lui valurent d'être qualifiée de folle et de subir des électrochocs.
Un texte qui a été très difficile à lire et par moment à comprendre il faut rester attentif à chaque mot, mais dans l'histoire de cette femme et de son parcours résonne l'histoire de la société des années 40 et de l'univers impitoyable du cinéma. L'auteur ne cherche pas à nous expliquer les raisons de la chute de Frances mais plutôt de nous démontrer la force du pouvoir de l'image et son influence sur un esprit libre.
Point d'analyse psychologique ou de dénonciation, juste un hommage à une icône du cinéma des années 30-40. Un roman magnifique.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..
Commenter  J’apprécie          90


critiques presse (1)
LeFigaro
01 octobre 2015
En s'inspirant de la vie de Frances Farmer, l'écrivain Mathieu Larnaudie nous fait découvrir les coulisses de Hollywood et dépeint le portrait d'une femme écorchée, scandaleuse et libre.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Il commente à l’emporte-pièce les nouvelles du monde (le monde restant généralement circonscrit à quelques kilomètres alentour), les ragots du jour amplifiés à sa guise et tordus selon les besoins de son éloquence particulière – mais, après tout, faire subir des torsions à la réalité est son métier. Les autres studios, un par un, en prennent pour leur grade. Quand il rit, son corps est secoué par un tressautement qui fait crisser le cuir de son fauteuil et l’oblige à s’agripper aux accoudoirs. Il dispense à la ronde ses anathèmes et ses congratulations ; dans l’assistance, il compte bien sûr ses souffre-douleurs et ses favoris, qui tous connaissent leur partition, le personnage dont ils se doivent d’endosser les attributs, et s’en acquittent avec la docilité calculatrice dont est tissé le quotidien de toutes les cours – puisque les empires sont des théâtres : celles et ceux qui essuient ses remontrances ou ses sarcasmes savent aussi qu’ils ne sont pas les moins nécessaires ni les moins chers au cœur du patron qui, ainsi, assied son pouvoir à leurs dépens et, grâce à eux, rappelle chaque soir à ses visiteurs, aux réalisateurs, aux stars même que, s’il accepte volontiers sur les plateaux d’être relégué au second plan et de s’effacer derrière d’autres volontés que la sienne, ici, au cœur du sanctuaire, là où se prennent les décisions, dans l’œil du cyclone du spectacle, il est bien l’unique maître de la loi sauvage.
Commenter  J’apprécie          30
C’est ici que les films sont écrits, négociés, tournés, montés, retouchés, et d’où ils partent à la conquête de la Nation, à la rencontre d’un peuple pour en irriguer les consciences et y véhiculer la bonne parole, celle bienfaitrice, qui commande aux bonheurs de l’american way of life et raconte les récits qui la fondent. Cette même année – l’homme au cigare connaît les chiffres – plus de cent millions de citoyens se sont massés dans ces salles noires qui, serties au cœur battant de chaque ville, sont alors, dit-on, les nouvelles cathédrales de l’humanité. La foule des spectateurs y vient pour son édification aduler la geste de saints dont une bonne partie est remplacée chaque saison, canonisée de neuf pour les besoins de la cause et pour la multitude, autrement dit pour nous qui trouvons notre extase à n’être plus rien d’autre qu’un simple regard, avidement dardé sur les icônes façonnées au secret du gigantesque sanctuaire où œuvre une armée de scribes, d’artisans, de casuistes et de peintres d’un genre nouveau, et dont l’homme au cigare et au borsalino est quelque chose comme, à la fois, l’intendant, l’ingénieur et l’archimandrite.
Commenter  J’apprécie          30
La lumière n’exauce pas les corps, elle les massacre.
La main de l’éclairagiste qui agrippe la poignée du projecteur et, pour préparer l’entrée dans le champ de l’actrice dont il va illuminer le mouvement, fait pivoter sur son axe la caisse de métal d’où jaillit le faisceau aveuglant, cette main n’est pas moins cruelle que celle du tueur à gages qui pointe une arme à feu ou qui abat une arme blanche, ni moins impitoyable que celle du bourreau qui actionne le courant de la chaise électrique. Elle est l’instrument assermenté d’une loi sauvage : elle livre un être en pâture à notre regard.
Ni partenaire ni décor, rien ; le plus extrême dénuement ; l’image décharnée – réduite, comme on dit à sa plus simple expression : il nous faudrait ainsi imaginer une femme seule avec sa robe noire, les épaules et le visage diaphanes, préparés à scintiller, qui s’avance au centre du plateau, dans la crudité géométrique de l’espace découpé pour elle par la lumière. Elle se fige à l’emplacement exact que le metteur en scène lui a désigné, attribué, où il a pensé sa présence ; et les rayons comme des lames lacèrent sa peau fardée.
Commenter  J’apprécie          30
La légende dorée n’a pas son envers sombre – on ne sait quelle légende noire qui en serait le récit alternatif et antagonique, une autre histoire plus ou moins secrète, et forcément plus réelle parce que souterraine, honteuse, exsudant le scandale, les blessures et les vices, tout ce qu’il est soi-disant préférable de taire et qui passe donc pour le fond véritable des choses mais qui fait couler bien plus d’encre encore, excite la chronique, éperonne notre désir, attise sans jamais suffire à l’assouvir notre soif de spectacle avec plus de violence que les versions officielles, enchantées.
Commenter  J’apprécie          40
On dit que les gens qui vivent sous un volcan ou sur une faille sismique ont une perception différente du temps, qu’une sorte d’urgence existentielle les habite et les pousse. Ils ont intériorisé l’imminence permanente de la catastrophe, l’idée qu’à chaque instant tout peut s’arrêter, tout peut être recouvert de cendres ou glisser vers les entrailles de la Terre ; ils vivent en conséquence, en sursis, en suspens
Commenter  J’apprécie          50

Videos de Mathieu Larnaudie (30) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mathieu Larnaudie
Dans le cadre des 18es Rencontres de Chaminadour : Mathieu Larnaudie sur les grands chemins de Dante.
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (80) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3166 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..