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EAN : 9782020115544
230 pages
Seuil (08/02/1990)
3.63/5   41 notes
Résumé :
XIe -XIIe siècle.
Que lire après Nouvelle histoire de la France médiévale (3) L'ordre seigneurial, XIe-XIIe siècleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
J'ai eu un professeur... non, pas un professeur d'histoire! J'ai eu un professeur de sport qui, au point de vue intellectuel, valait tous les professeurs d'histoire que j'ai connus. Il était anarcho-syndicaliste, et enregistrait un QI au-dessus de 145 sur l'échelle de Stanford-Binet. Il s'appelait Marc Vouillot. Monsieur Vouillot m'a dit un jour cette phrase mémorable: "Quand tout ce qui est intelligent à dire a été dit, il ne reste plus qu'à inventer des conneries pour se singulariser."

C'est rigoureusement exact, je l'ai vérifié 100 fois. Bien. Maintenant, il faut savoir que chaque génération d'universitaires cherche à se faire remarquer par tous les moyens, et principalement en "tuant le père" comme dit Freud. Il s'agit donc, essentiellement, de montrer que la génération d'avant était stupide et qu'eux, les jeunes, apportent - enfin! - la lumière.

Tout ça ne serait pas très important, et on pourrait le considérer avec philosophie, comme une loi cyclique du monde. le problème, c'est que chaque génération installe sa propre dictature, et qu'on ne peut surtout rien dire contre les concepts dominants. Or, je suis désolé, mais Thomas Bisson ou Dominique Barthélémy n'apportent rien de neuf conceptuellement, même s'ils présentent leurs prédécesseurs comme des ânes bâtés. Leur idée que la féodalité n'existe pas ou que l'anarchie féodale est un oxymore ne tient pas la route une seconde. D'ailleurs, lisez-les attentivement, écoutez-les en conférence, et ils y reviennent fatalement, involontairement, par la simple nécessité des FAITS.

Non, bien sûr, on ne parlait pas de "féodalité" au XIIe siècle. C'est évident. Mais la combinaison de la vassalité et du bénéfice existait bien. Oui, évidemment, on ne parlait pas d'"anarchie" au XIIe siècle. Mais on constatait le sacré bordel causé par les barons sans foi ni loi.

Alors, un jour, dans les années 1980, les "jeunes" (ils ont entre 70 et 90 ans) ont décidé qu'ils soutiendraient qu'à la place de féodalité, il fallait parler de seigneuries ou de châtellenies, qu'à la place d'anarchie, il fallait parler d'"absence de gouvernement social", qu'à la place... bref, tout ça pour décrire exactement la même chose que leurs illustres prédécesseurs qui - non - n'étaient pas plus bêtes qu'eux.

C'est amusant de lire Barthélémy soutenant: "la féodalité est une stupidité éculée de nos vieux maîtres gâteux!" et expliquant plus loin: "la féodalité n'est pas l'anarchie, la féodalité, c'est l'ordre du Moyen Age"!! C'est comique de lire Bisson soutenant que l'anarchie féodale n'existe pas et de constater qu'il la décrit exactement pour aboutir à l'affirmation que la création du "gouvernement" (l'Etat) vers 1160 met fin à... l'anarchie féodale. Mauvaise foi et incohérences...

ADDENDUM: Pour les anars qui d'aventure me suivraient. L'anarchie féodale n'est pas l'Anarchie. C'est l'an-archie féodale, autrement dit: l'activité des seigneurs dont la force brutale n'est pas régulée par l'incorporation à une hiérarchie reliée à l'Etat qui dirait "Halte-là!" s'ils abusaient illégalement de leur pouvoir de domination. Louis VI le Gros a mis au pas la plupart de ces types-là pour "restaurer la justice dans le royaume des Francs" (et s'assurer la suprématie de la domination, bien sûr). Louis VII a fini le travail. Comme le dit Bisson, c'est de lui que date le "gouvernement" qui restructure les rapports sociaux.
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L'historien, spécialiste du Moyen Âge central, Dominique Barthélémy, propose ici une synthèse sur la "France" des XIe et XIIe siècles. Etant, à ma mesure, aussi spécialiste de la question, aucune thèse n'est surprenante, mais toute la recherche actuelle sur le sujet est parfaitement condensée ici autour du thème magistral de l'auteur, l'Ordre seigneurial. Celui-ci fait face à l'anarchie féodale trop longtemps retenue. Tous les aspects de la société sont bien sûr abordés, en une vulgarisation plutôt accessible à mon goût, et en réussissant à considérer tous les recoins de cette France médiévale qui ne constitue pas encore un ensemble solidaire.
En somme, un ouvrage de synthèse remarquable qui s'embellit, s'il y a encore besoin, d'annexes plus qu'utiles (cartes concises, généalogies claires, glossaire bref, bibliographies et indices), faisant de lui un outil particulièrement pratique pour tout historien du Moyen Âge central.
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L'acharnement "individualiste" de Barthélémy à révoquer en doute jusqu'aux concepts les mieux fondés sans rien apporter de novateur lui-même a poussé une majorité d'historiens soit à l'ignorer (Bisson, etc.) soit à le suspecter de chercher à briller "par défaut" (Aurell, etc.) pour compenser sa totale absence d'originalité. Barthélémy surferait ainsi sur la vague du "debunking" gratuit pour "faire le buzz". Je suis assez de cet avis. L'Ordre seigneurial est cependant un bouquin acceptable.
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Dans cet essai, l'historien Dominique Barthélemy nous offre une synthèse sur les XIe et XIIe siècles à la lumière des avancées historiographiques sur le Moyen Âge central. Il récuse notamment la thèse féodale au profit du modèle seigneurial, la seigneurie apparaissant comme un outil de modernisation et de gouvernance. L'ouvrage revient également sur l'histoire des princes qui gouvernent la France médiévale et leur rapport avec la monarchie capétienne qui structure un « État moderne » progressivement. Tout les aspects de la société sont étudiés, malgré l'absence de sources qui limitent la connaissance scientifique. Les sections consacrées au rôle de l'Église (législation de paix, contrôle sexuel et familial) et ses relations avec les pouvoirs laïques sont très intéressantes.
Des généalogies, des cartes, un index et une bibliographie complètent un ouvrage dédié à une lecture savante mais je doute que ce livre soit facilement accessible à un public autre qu'universitaire ou n'ayant que de brèves connaissances médiévales.
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Une Histoire intéressante, passionnante mais qui à mes yeux est bien trop désincarnée. Même si je sais que c'est le dogme actuel. Des connaissances sur l'époque sont nécessaires pour aborder ce livre plus confortablement. Mais vraiment un bon outil, si on est étudiant ou que l'on travaille sur cette période.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Au moment même de leur essor culturel, les Juifs du Nord de la France subissent leurs premières persécutions (ceux du Midi en avaient connu dès l'an mille, ponctuellement). La première croisade, ou plus exactement ses éléments incontrôlés (bandes de Pierre L'Ermite), fait des pogroms de Rouen à Cologne, obligeant tout le moins ses victimes, réputées ennemies du Christ, à se convertir ou à payer rançon. Le calme revient, mais il s'écoule à peine un jubilé et voilà qu'en 1146, lors du départ de la seconde croisade, la persécution reprend. Il s'agit toujours des "autonomes" : le moine Raoul, prêcheur non autorisé d'allure érémétique, incite au meurtre, en Rhénanie ; saint Bernard fait entrer dans le rang ce disciple dévoyé et préconise le respect des Juifs. Il cite la phrase de saint Paul et s'inspire de textes de saint Augustin pour aboutir à la position suivante : si le peuple juif est voué à la dispersion et à l'itinérance, c'est la sanction du refus de reconnaître la divinité de Jésus (Historiquement pourtant, la dispersion du peuple juif a précédé de beaucoup l'époque du christ)

524 - [Points Histoire H203, p. 177]
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Un roi et un prince du Xe siècle ne sont efficaces que dans la mesure où ils ont accumulé assez de richesse et de force militaire - richesse et force que leur justice contribue à entretenir ensuite (amendes, confiscations). Que d'autres à leur tour concentrent richesse et puissance entre leurs mains, et c'en sera fait de leur monopole de la justice publique : le processus de dissémination de celle-ci est déjà entamé au Xe siècle - le mieux qu'on fait les derniers carolingiens a été de tenter de l'infléchir dans le sens du moindre mal pour eux, en concédant par exemple des droits régaliens (monnaie, marché et même justice majeure, le comitatus) à des évêques.

1208 - [Points Histoire H203, p. 28-29]
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Le roi du haut Moyen Age et, après lui, le prince du Xe siècle se servent surtout du pouvoir judiciaire qu'ils détiennent pour défendre leurs droits et les biens qui leur appartiennent (c'est-à-dire le fisc). L'hériban, amende de soixante sous sanctionne en principe le refus de la participation à la guerre. Roi et prince confisquent les biens de ceux qui le ont offensés (à moins de leur accorder une généreuse « miséricorde ») dans leur personne et tous les intérêts.

1054 - [Points Histoire H203, p. 28]
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Le clunisien Raoul le Glabre tout comme l'Aquitain Adémar de Chabannes nous font bien saisir l'ambiance religieuse de ces assemblées : une série de malheurs (guerres, épidémies) frappent une région, et le clergé, en répandant l'idée que "les péchés du peuple" en sont la cause, provoque l'appel aux saints; on promène les reliques dans leurs châsses, jusqu'à les placer en pleine assemblée; alors, la réconciliation entre les hommes leur vaut le rétablissement de l'alliance avec Dieu, et ce sont guérisons miraculeuses, bonnes récoltes, armistices provisoires. Partout, la "paix de Dieu" limite la violence mais, surtout, elle trace une frontière entre violence légitimée (c'est-à-dire tolérée) et une violence illégitime [...].

Paix et trêve de Dieu dans le Midi
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L'ermite du XIe siècle est un pénitent, comme le moine, par vocation ; vivant hors du cloître, où il ne supporte pas l'enfermement et la règle de vie, et dont il méprise la routine ou redoute les psychodrames, il se définit plus par sa mobilité et par son côté "sauvage" que par sa solitude. Barbe longue et cheveux mal taillés, vêtements en lambeau, discours passionnés et main tendue pour recevoir l'aumône, il donne tous les signes de sainteté que requièrent les fidèles : on trouve sacré le désordre de sa tenue. Mais les autorités ecclésiastiques, si elles ne peuvent blâmer le propos de "suivre le Christ", se méfient de son exhibitionnisme et des prédications qu'elles ne contrôlent pas.

L'apprivoisement des ermites
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Video de Dominique Barthélemy (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Dominique Barthélemy
Interview réalisée dans le cadre de la 16e édition des Rendez-vous de l’Histoire sur le thème de « la Guerre » Blois - 10/13 octobre 2013 Une production SCÉRÉN [CNDP-CRDP] ©CNDP-2013
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