Bah ! Les gens ne s’occupent pas de nous autant que tu l’imagines. Toi et moi, n’est-ce pas*, n’avons guère le temps de nous embarrasser des écarts de nos voisins. Écoute, nous sommes tous dans la même galère ! Quand un bateau se fracasse en mer contre les récifs, les pauvres diables qui cherchent leur salut sur des débris flottants n’accordent pas beaucoup d’attention à ceux qui comme eux se battent contre les vagues. Leurs yeux sont fixés sur le rivage.
Et quand quelqu’un a peur, ou a honte, ou pour une certaine raison est incapable de se venger soi-même, est-ce qu’il peut, ou, si c’est une femme, est-ce qu’elle peut trouver quelqu’un pour le faire à sa place ?
Nous menions, au mieux, une sorte de vie simple et somnolente. Il y avait, pour les campagnards de ce bon vieux temps, une considérable quantité de loisir. Nous dormions beaucoup ; nous dormions, direz-vous, sur un volcan. C’était un monde fort différent de ce trop évident nouveau monde qui est le vôtre, et je puis dire que je suis né sur une autre planète. Oui, en 1789, a eu lieu une grande convulsion ; la terre a tremblé, s’est ouverte, s’est brisée, et ce pauvre vieux pays de France* a tourbillonné dans l’espace. Quand je jette un regard sur mon enfance, je la vois au-delà d’un gouffre.
La haine d’un Espagnol est comme l’insomnie… vous pouvez l’esquiver un moment, mais elle finit par vous mettre le grappin dessus. Les vauriens tiennent toujours les promesses qu’ils se font à eux-mêmes… Un ennemi à bord est une sacrée partie de plaisir. On se trouve comme des taureaux attachés dans le même champ. On peut se tenir tranquille une demi-minute, mais pas quand on est acculé. Même quand le gars se montre amical avec vous, ses faveurs ont un arrière-goût douteux. Traiter avec lui est comme boire dans un gobelet d’étain. Et c’est partout la même chose.
La vieille est trop vieille pour travailler, sa fille est une bonne à rien, et les petits sont trop petits. Mais aucun n’est trop vieux ni trop jeune pour manger, allez* !
Avec "La Bête", le réalisateur Bertrand Bonello reprend à sa manière la nouvelle "La Bête dans la jungle", de Henry James, en plongeant Léa Seydoux dans un futur dystopique qui rappelle notre propre présent et dans lequel les émotions n'ont plus lieu d'être. Il est l'invité de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
Visuel de la vignette : "La Bête" de Bertrand Bonello, 2024 - Carole Bethuel
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