Le mariage et l’amour n’ont rien à faire ensemble. Ces deux données sont totalement indépendantes l’une de l’autre, et, s’il faut à toute force poser entre elles un rapport, c’est un rapport d’antagonisme. […] L’amour est une vérité, mais fulgurante.
Raconter sa vie ne l’intéresse pas vu qu’elle la connaît déjà. Si elle le fait, c’est en quelques lignes, essentielles :
« Elle est née d’une illusion d’amour, vite effacée. Mais elle, elle est restée. Elle était petite, frêle, on l’a longtemps appelée Cou-de-poulet, et de sexe féminin, et pourtant douée d’une énergie incompréhensible jusqu’à ce jour. Toute son enfance apparemment heureuse ne fut qu’un combat héroïque contre les tentatives de meurtre dont elle a été, comme tout jeune être, l’objet ; de sorte que l’opération n’a pas entièrement réussi. Dans ce combat, son arme absolue a été le fantasme : elle a constamment mené double vie, une imaginaire, et une irréelle.
Elle n’a pas « bu l’écriture dans le lait de sa mère ». Mais, toute petite, elle écrit une ode pour un rossignol. À sept ans, précise-t-elle. Et elle ajoute malicieusement : « 7, c’est mystique ? »
Chaque fois qu’on approche du descriptif, surtout sexuel, reculer sec ou structure en tangente passer tout près et virer.
Dire l’inceste avec art, avec des gants, avec des fleurs. Et les langues alors se délient.
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