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EAN : 9782207261811
96 pages
Denoël (05/01/2010)
3.23/5   39 notes
Résumé :
Le peuple m'a suffisamment comblée en m'appelant Pimpaccia et impia et putain de pape et suceuse d'Innocent et vamp, vampiria et femme à sceptre et Didi un chasse-mouches, il m'a assez conchiée pour que je puisse lever une armée de Pasquins tout en merde et remplir d'un bout à l'autre le pont Saint-Ange et couper ainsi cette ville de hâbleurs de la bulle vide du Saint-Siège désormais vide d'où l'on veut me chasser. Olimpia Maidalchini (1592-1657) fut l'égérie du pap... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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« Je n'ai jamais vendu qu'une seule chose, ni biens, ni colliers, ni crucifix, ni bassins et toutes fanfreluches d'autel, une seule chose, mon autorité. Non pas mon influence, je dis bien mon autorité, qui d'être achetée ne fait que s'accroître. »

C'est violent comme une éruption volcanique. Ça percute de mille feux et vous transporte dans un temps lointain grâce à cette écriture si particulière de Céline Minard. Ce livre en deux parties évoque la vie d'Olimpia Maidalchini, égérie du pape Innocent X, son beau-frère. La seconde partie dresse en quelques pages sa vie, mais j'avoue que je m'en suis presque balancée tant la première partie m'avait arrachée les tripes et donnée tout l'important de sa vie au travers des mots d'Olimpia. Cette ouverture est magnifique car l'auteur fait parler Olimpia et c'est d'une virtuosité incroyable. On comprend sa vie et ses pensées, la bio qui suit ne fait que conforter le ressenti après la lecture de ce morceau de bravoure. On aime ou pas le style de Céline Minard mais il a du chien. J'admire sa capacité à me plonger dans une époque révolue, dans l'esprit d'une personnalité incroyable, d'un tempérament de feu. J'ai retrouvé ce qui m'avait déjà fortement plu dans So long, Luise. Ça arrache.

« Je ne suis pas romaine, je suis de Viterbe, je ne vomis pas à la fin des orgies. Je conserve et je garde, je travaille, je garde, et si je dois lâcher quelque chose à Rome, ce sera sur elle pour sa perte un vent de peste dans un pet dans un rot. »
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Ce texte irritant a gagné mon respect presque à mon corps défendant.
Olimpia, matrone furibarde et en pleine disgrâce, s'en donne à coeur joie dans les invectives parfois précieuses, parfois grossières, souvent les deux à la fois.

Bref un total exercice de style, vain et pourtant superbe, comme un objet à la mécanique inutile mais parfaite.
Assommé par tant de virtuosité tournant à vide, j'étais à deux doigts de renoncer à terminer ce texte pourtant court.

Et puis, une (petite) magie a commencé à faire son effet, j'ai cru apercevoir un peu le coeur battant d'Olimpia, caricature de femelle vindicative devenue sorcière déversant une imprécation sans fin, éructant pour la mise à mort d'un monde. Bref, en avalant les dernières pages j'ai commencé à trouver ça formidable, un peu trop tard sans doute.
Mais Dieu qu'elle m'agace!
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N°455 - Septembre 2010
OLIMPIACéline Minard - Éditions Denoël.

Est-ce la vie de l'auteur à la Villa Médicis qui lui inspira ces pages de la vie scandaleuse d'Olimpia Maidalchini (1592-1657) dont l'histoire a retenu le nom comme celui d'une papesse? Il est vrai que ce séjour dans la ville éternelle, qui est aussi le siège de l'État du Vatican, ne peut que donner envie de relater les multiples aventures qui émaillèrent l'existence de cette incarnation du pouvoir temporel et de ceux qui l'ont exercé, plus volontiers inspirés par les bassesses et les turpitudes humaines que par la conduite spirituelle du monde qu'ils étaient censés mener.

Au demeurant, c'est un petit livre en deux parties, la seconde complétant la première de ses précisions historiques sur la vie de cette femme de naissance modeste, belle et intelligente, issue d'une famille « de pauvre culture et de médiocres moyens ». Dans la première phase, l'auteur donne fictivement la parole à cette dernière qui, après des revers de fortune et après avoir régné sur Rome et sur le pape Innocent X quitte volontairement la ville après la mort du souverain pontife avant d'en être expulsée par son successeur. Elle n'oublie pas, dans un monologue haineux, de répandre sa morgue sur cette citée, sur ses habitants( tous ses habitants, des plus humbles aux plus fortunés), sur tous ceux qu'elle a contribué à élever, qui l'ont servie, qui l'on trahie qui l'ont calomniée. Elle distribue aussi les malédictions(« que la peste les étouffe, les broie, les meule, les perce, qu'ils jettent leur dernier souffle en un pet par le cul en ensemble et qu'ainsi Rome en tremble »). Elle mourut l'année suivante de la peste qui envahit toute l'Italie. Comme tous les personnages un peu sulfureux, la légende a comblé le vide de sa présence et, après sa mort on dit qu'elle vient encore hanter une rue de Rome!

Dans un style truculent, charnel et même parfois ordurier (mais peu importe), l'auteur fait parler Olimpia, lui fait égrener les épisodes de sa vie tumultueuse qui l'amena à Rome. Malgré « ses connaissances lacunaires, propre à la noblesse du temps », elle réussit « à se mouvoir avec grâce parmi les habits ecclésiastiques ». C'est là un euphémisme qui caractérise une vie tout entière consacrée à sa promotion et à son enrichissement personnels puisque, après un éphémère mariage qui fit d'elle une riche et jeune veuve, elle se remaria avec un influent et vieux romain qui eut le bon goût de mourir avant elle. Elle favorisa, à force d'intrigues, de prébendes et de manigances, l'accession au trône pontifical de son beau-frère, le médiocre cardinal Giovani Battista qui devint pape sous le nom d'Innocent X et dont elle devint la maîtresse et l'influent mentor. Rien ne se faisait donc sans elle. Comme il se doit, elle sera l'objet de critiques et de pamphlets mais admet elle-même que sa réputation n'est pas usurpée « Le peuple m'a suffisamment comblée en m'appelant Pimpaccia et impia et putain de pape et suceuse d'Innocent et vamp et vampiria et femme à sceptre... », sa vie scandaleuse la faisant reconnaître comme « Papesse, impie, courtisane, prostituée (tels) furent les noms qui la désignèrent alors dans les murs de Rome et dans les cours d'Europe ». On ne peut mieux caractériser cette femme, fine politique, ambitieuse, dominatrice, dénuée de scrupules et qui sut modeler les événements à son avantage.

Même si ce livre n'est pas le premier sur le sujet, j'ai goûté cette diatribe forte et brutale autant que l'histoire de cette Olimpia qui illustre l'éternel combat des femmes pour leur réussite en en servant de leur charmes et de leur intelligence au détriment des hommes qu'elles méprisent. Quant à l'histoire de la papauté...!

Je ne connaissais par Céline Minard, cet ouvrage m'invite à en lire davantage.




Hervé GAUTIER – Septembre 2010.http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Dans cet ouvrage de Céline Minard nous, lecteurs, assistons au monologue et à la fureur d'Olimpia Maidalchini, papesse régnant dans l'ombre du pape Innocent X au XVIIe siècle. Mais à la mort de celui-ci, Olimpia est bannie, maudissant la ville de Rome et ses habitants.

Céline Minard imposer une écriture flamboyante qui se déploie tel un raz-de-marée de colère et d'insultes. le souffle court face à tant de haine, je n'ai pas pu arrêter ma lecture avant la fin de cet ouvrage.
L'auteur nous emporte alors dans un livre surprenant, remplie de violence et de grandiose en faisant élever la voix de cette femme déchue par les siens et qui n'abdiquera pas pour autant !
Ce livre, divisée en deux parties, m'a prise aux tripes. le style d'écriture de l'auteur, si particulier et singulier, m'a fait plongée dans une époque depuis longtemps révolue !
L'histoire d'Olimpia illustre l'éternel combat des femmes pour leur réussite, sujet toujours d'actualité même 400 ans après.
Un auteur au talent oh combien incroyable, qui mérite a mes yeux de faire partie des plus grands !
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torrent (fort bellement travaillé) riche et violent, où l'on cueille en passant des informations réveillant nos éventuels souvenirs de l'histoire de l'époque (mais si pas, cela n' a guère d'importance, d'autant qu'une seconde partie, apaisée, mais toujours en beau style, retrace la vie d'Olimpia Maidalchini)
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Mais je ne t'ai pas laissé crever mon Innocent, mon dit X, mon Didi, tout au contraire, je t'ai taillé, je t'ai insufflé, je t'ai porté comme un gant de chair au sommet du pouvoir, comme un masque, comme une forme de ma volonté sur l'estrade du grand cirque. Tu étais laid et je t'ai paré, tu étais pauvre et je t'ai enrichi, tu étais mol et je t'ai bandé. Sans moi, mon autorité, tu serais resté un petit nonce avachi, un monseigneur-je-ne-peux-pas, un plutôt-pas, un prélat-non-merci, une résistance d'inertie, sans moi rien du tout Didi mais avec moi en robe blanche, en pourpre, tragique, poudré à l'os, gonflé de goutte et d'hydropisie par mes oeuvres, animé par mon fluide, mon éclat, tu as été la plus grande reine de l'Etat. Une merveille de potence, un aigle ma grosse colombe, un loup sous sa louve.
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Le pouvoir n'est que de gueule, de la créance d'autrui, le nom qu'on crie dans les rues, rien n'est plus important, quoi qu'on en dise, en mal ou en pis. La colère du peuple n'est rien, se solde avec trois sacs d'or un jour de fête, il est infect. Je n'ai jamais acheté aucun de mes lieutenants, aucun de mes gens, je les ai vendus à eux-mêmes, à leur désir secret, à leur médiocrité, à leur mesure, leur ambition mesurée, et le besoin du maître était dans tous les corps que j'ai rencontrés.
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Quand l'île Tibérine sera close et cousue par des palissades de bois trempées d'alcool, quand elle servira de crevoir, quand elle débordera dans le Tibre et qu'on ramassera les cadavres dans les rues par brouettes, quand on ne les ramassera plus, quand ils tomberont des ponts, quand les vivants seront pareils aux ectoplasmes, quand le pape refusera de manger, de sortir, quand il se serrera dans les rideaux de sa chambre en tremblant, quand il crachera dans mes vases une boue de suie noire, quand il s'enfuira de Rome comme un rat plein de germes, maigre et plat, la trouille au cul, quand assis sur sa chaise il ne trouvera plus rien de ses génitoires amoindries et que personne ne pourra plus dire et répéter, il en a deux et elles pendent bien, quand il abandonnera la ville à sa perte en laissant pour tout souvenir de sa vie une longue traînée de merde sur le chemin, quand ce jour aura sonné et retenti, je serai moi, je serai en festin !
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que la peste les étouffe, les broie, les meule, les perce, qu'ils jettent leur dernier souffle en un pet par le cul en ensemble et qu'ainsi Rome en tremble
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Le peuple m'a suffisamment comblée en m'appelant Pimpaccia et impia et putain de pape et suceuse d'Innocent et vamp et vampiria et femme à sceptre... 
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Récipiendaire de nombreux prix, pensionnaire de la prestigieuse villa Médicis, voix majeure de la littérature française actuelle, Céline Minard a d'abord étudié la philosophie avant de se lancer dans l'écriture. Rencontre avec celle qui nous entraine en ses mondes incertains…
Avec : Céline Minard Modération : Jeanne-A Debats
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