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Rose-Marie Makino-Fayolle (Traducteur)
EAN : 9782742749591
304 pages
Actes Sud (03/06/2004)
3.74/5   310 notes
Résumé :
Il y a quelque chose dans le suicide de l'être aimé qu'on ne parvient jamais à accepter. C'est le cas de Ryoko, lancée irrésistiblement dans une espèce de quête, gouvernée par la volonté de comprendre pourquoi Hiroyuki, parfumeur de métier, à mis fin à ses jours en buvant de l'éthanol anhydre. Et de partir alors pour la narratrice sur les traces d'un homme étrange et secret. Un voyage dans le temps, qui passe par Prague, par la recomposition des pièces d'un puzzle é... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (56) Voir plus Ajouter une critique
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Régulièrement mis au parfum de la qualité d'écriture de Yōko Ogawa par les critiques élogieuses lues ici et là, il y avait peu de chance qu'une première incursion dans l'oeuvre de l'auteure nipponne me laissât de glace.

Parfum de glace” publié en 1998 ne m'a pas déçu, tant s'en faut !

Le personnage central de ce roman, Hiroyuki, est un être aux talents multiples qui depuis tout petit impressionne son monde par ses aptitudes intellectuelles et artistiques. Sans jamais se départir d'une modestie de bon aloi, il suit obéissant les recommandations d'une maman quelque peu castratrice toujours à ses côtés dans les concours de mathématiques de renommée internationale.
Il aurait, sans nul doute, pu devenir un grand mathématicien courtisé pour son savoir ou un des tout premiers patineurs avec ses pirouettes à n'en plus finir. C'est pourtant le métier de parfumeur qu'il a choisi, lui qui à trois ans reconnaissait et nommait, seulement à leur senteur, les dizaines de fleurs de la serre de son papa.

Alors que commence “Parfum de glace”, la narratrice, Ryoko, apprend le suicide de Hiroyuki par empoisonnement, le lendemain de leur première année de vie commune. La veille elle a reçu des mains de celui qu'elle aime, un parfum de sa composition intitulé “Source de mémoire”.

C'est une enquête toute en émotions contenues, une immersion bouleversante dans le passé du défunt, que propose au lecteur Yōko Ogawa. En même temps que la narratrice qui se donne les moyens de comprendre le pourquoi du drame, le lecteur plus d'une fois s'interroge : connaissons-nous vraiment les êtres de notre entourage ? la part d'ombre qui protège tout un chacun ne masque-t-elle pas souvent une blessure aussi profonde qu'insoupçonnée ?

Voici un petit livre non dénué d'onirisme et à la prose limpide dans lequel on voyage alternativement et avec plaisir de la campagne japonaise à la ville de Prague où bascula un jour le destin d'un adolescent surdoué !
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Pourquoi un homme décide-t-il de se suicider alors qu'il vient de fêter une année de vie commune avec sa compagne la veille et que rien ne le laissait présager ?

Parfumeur talentueux, il lui a même offert le parfum composé spécialement pour elle, qu'il a nommé Source de mémoire, et qu'elle espérait secrètement.
Chagrin, incompréhension, désarroi, à ces sentiments s'ajoutent rapidement pour Ryoko l'ignorance face au passé de Hiroyuki, le défunt. La rencontre à la morgue de son frère inconnu, Akira, est le début de révélations surprenantes et insoupçonnées sur son compagnon. Il était dans sa jeunesse un génie reconnu des mathématiques et un champion de patinage : elle l'ignorait totalement, quel choc !
Très intriguée, Ryoko décide alors de mener l'enquête espérant éclairer le geste fatal de Hiroyuki à la lumière de qui il était vraiment.

Connaissons-nous jamais tout à fait nos proches ?

Ce roman de Yoko Ogawa est particulièrement réussi selon moi car il rassemble ses thèmes de prédilection, un suspens savamment distillé autour de la quête de l'identité véritable du suicidé, et une écriture claire et poétique à la fois. Un régal !
La mémoire, l'identité, le surnaturel subtil, l'attrait pour les mathématiques et surtout les fêlures de ses personnages sont ici, comme souvent, les ingrédients du cocktail concocté pour embarquer le lecteur dans son univers si particulier où réel, imaginaire et souvenir se mélangent.

Nul besoin d'extravagances, de scénarios alambiqués ; à partir de situations en apparence anodines du quotidien, de personnages à une période de rupture de ce quotidien, Ogawa, par la seule force de son imagination et de son écriture, nous entraîne à faire un pas de côté, au-delà du réel et des apparences, là où la réflexion commence évidemment. Un seul bémol peut-être, mais qui pour moi n'en est pas un : n'attendez pas une happy end ni même une conclusion. L'auteur suggère - caractéristique japonaise ? - mais ne tranche jamais, la réflexion doit aussi venir du lecteur.

Parfum de glace : de l'amour, de la tristesse, une pincée de mémoire, un zeste d'ignorance, un soupçon de nostalgie... Respirez et évadez-vous !
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Une amie babéliote me fait depuis un long moment moult commentaires
jubilatoires sur cette auteure japonaise...Ce roman, "Parfum de glace", je l'avais d'ailleurs choisi en sa compagnie, en nous rendant à une rencontre littéraire à la librairie Charybde, dans le 12e parisien..., fin décembre 2014, déjà !!

Plus de deux années que ce roman bouleversant et troublant, attendait que je "daigne" l'ouvrir... non par faute d'attrait, mais à cause de ma boulimie pathologique, qui me fait me disperser plus que de raison et accumuler plus de livres que je ne peux en lire !!

Un roman des plus troublants et des plus émotionnants qui soit!...

Une jeune femme a le bonheur de fêter une année de vie commune avec son compagnon, parfumeur, qui, pour l'occasion lui a confectionné un parfum original...
Le lendemain, il se suicide. tétanisée, abattue par le chagrin, elle part sur le passé de son compagnon, pour tenter de comprendre... Aux obsèques, elle fait la connaissance de son jeune beau-frère, Akira...

elle ira de surprise en surprise. En réalité, elle se rend compte graduellement, à quel point elle ne savait rien de lui. Il cachait tout de lui, n'était fait que de jardins bien secrets: sa passion inaltérable pour le patinage, son don
précoce pour les mathématiques, ses multiples curiosités et talents, dont celui pour le théâtre...

Un texte troublant, car il touche au mystère des êtres...

Deux personnes peuvent vivre ensemble et posséder des zones d'ombre , immenses; rester des énigmes
l'une pour l'autre.

Pudeur extrême, solitude absolue de chacun, douleur de vivre cachée ou non formulée... situation de décalage , telle qu'on est convaincu que l'autre ne parviendra pas à comprendre...

Dans ce roman, il s'agit d'un prodige des mathématiques, adulé mais également "vampirisé" par une mère exclusive, et dévoré par une fierté sans bornes pour ce fils aîné, si brillant, si talentueux, en tout...

Etre solaire...si différent des autres enfants. Enfant, puis jeune homme, à qui on demande éternellement les bonnes réponses, les trophées et les victoires !

Une souffrance intérieure grandissante et silencieuse semble avoir grandi en lui, l'avoir miné...mis définitivement à l'écart des autres !

Le récit nous fait ressentir l'intensité de sa différence; cet homme qui se calfeutre dans la confection de ses parfums et le silence...

Ecrit envoûtant qu exprime de façon poignante l'unicité absolue de chaque individu.

Moult critiques fort élogieuses, à fort juste titre !

Ce texte est captivant et dérangeant, d'autant plus dérangeant qu'il va au coeur de la solitude et de la douleur d'exister de chacun...

Premier texte découvert de cette auteure... et m'attendent sur l'étagère des dernières acquisitions, trois autres romans de cette écrivaine:
- Les Petits oiseaux
- Jeune fille à l'ouvrage
et - Les Tendres plaintes, dont j'enchaîne la lecture !!!

Une très forte lecture que cette première approche... Une belle découverte: j'en profite pour remercier abondamment, une nouvelle fois, l'amie babéliote qui a stimulé ma curiosité par son enthousiasme communicatif à l'égard de cette auteure japonaise

"Je pensais que le monde n'avait aucun mystère. Je pensais qu'il les résoudrait tous tant qu'il serait à mes côtés. Nulle part il n'y avait de signe annonçant sa mort. "(p. 108)
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Ce que j'aime par dessus tout chez Yoko Ogawa, c'est sa poésie de l'inexplicable, c'est plonger comme envoutée dans des aventures que je ne vais pas toujours comprendre mais sans que cela me dérange de déambuler au milieu de mille questions sans réponse.

Le point de départ est classique : Rooky, un jeune homme créateur de parfum s'est suicidé, sa petite amie Ryoko enquête en remontant jusqu'au passé de son amoureux disparu, espérant trouver une explication à ce geste qu'elle n'a pas vu venir.

S'en suit un thriller de l'intime, de l'infime qui se transforme en réflexion sur le deuil, sur les relations familiales ( très belles pages sur la mère du suicidé ) sur la résilience qu'on parvient à atteindre ou pas. le rythme est lent, triste mais jamais mélo car chez l'auteur, l'irréel et le réel s'entremêle comme si c'était tout à fait banal, des événements déroutants font irruption et pourtant lorsqu'on lit, leur logique à s'insérer dans la raison fluidifie le récit.

Magnifique idée que celle des paons vivant dans une grotte sous la surveillance d'un gardien aux contours flous lorsque l'héroïne le rencontre : chaque paon a pour rôle de recueillir les mots de ceux qui sont venus ici raconter leurs souvenirs, chacun de leur coeur est conservé dans un bocal à la mort du conteur, des porteurs de mémoire dont l'odeur peut être reconstituée par un parfumeur doué.

Un univers très onirique pour lequel il ne faut pas chercher à avoir de réponses sur les visées finales de l'auteur, juste se laisser porter par cette ambiance évanescente très singulière, mélancolico-magique.
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Ryoko est en train de repasser une chemise de Hiroyuki quand coup de fil l'informe de sa mort. le jeune homme s'est suicidé dans l'atelier où il créait des parfums. La veille encore, ils fêtaient leur première année de vie commune et il lui offrait un parfum spécialement conçu pour elle, Source de mémoire. Désemparée par le chagrin et l'incompréhension, Ryoko va voir une dernière fois le corps de Hiroyuki à la morgue. Là elle rencontre Akira, le frère du défunt. Or, elle ignorait l'existence de ce frère. Et d'ailleurs que savait-elle vraiment à propos de celui qui partageait sa vie ? Peu de choses en vérité. Pour comprendre et pouvoir faire son deuil, Ryoko a besoin de partir sur les traces de Hiroyuki. de Prague jusqu'à la petite ville qui l'a vu grandir, elle apprend à connaître, un peu, son mystérieux partenaire.

En cherchant Hiroyuki, Ryoko trouve Rooky, un petit garçon surdoué, capable tout à la fois de résoudre des problèmes mathématiques, de reconnaitre les espèces d'orchidées rien qu'à leur odeur, de faire des merveilles sur des patins à glace, un adolescent qui, un jour, a quitté sa famille sans plus être capable de retourner chez lui, un jeune homme qui a choisi, entre toutes, la carrière de nez. A travers son parcours, Hiroyuki touche d'un peu plus près à l'essence de celui qu'elle aimait...
Entre passé et présent, réel et imaginaire, Yoko OGAWA évoque des sujets lourds -le suicide, le deuil-, mais sa plume sait se faire légère et pudique. Plus qu'une histoire, c'est tout un univers qu'elle nous offre; un univers poétique et onirique, empreint de douceur et de tristesse, où vivre est parfois une douleur si insupportable que la mort est la seule issue. Parfum de glace est, en cela, un livre qui joue sur l'émotionnel et interroge aussi sur la relation amoureuse. Aussi proche que l'on soit de quelqu'un, on ne sait rien de sa part d'ombre, de ses failles les plus profondes, des blessures qui l'ont façonné... Un très beau roman.
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Citations et extraits (49) Voir plus Ajouter une citation
- Toi, évidemment, tu as l'odeur de quelqu'un qui écrit.
- C'est désagréable ?
- Non, au contraire. À la base, il y a le papier. Des cahiers remplis de mots qui se bousculent. D'épais dossiers conservés dans un coin de bibliothèque. Une librairie presque déserte en fin d'après-midi. Avec un mélange de gomme et de mine de crayon.
- Tu connais tout de suite le métier des gens que tu rencontres pour la première fois ?
- Ça dépend. [...]
- On dirait un diseur de bonne aventure.
- Mais non. Je ne peux pas prédire l'avenir. Le parfum est toujours dans le passé, vois-tu.
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"Malgré le long voyage que j'avais fait, le gouffre de la disparition d'Hiroyuki était toujours là.
Pour essayer de me calmer, je posai la joue sur la vitre et fermai les yeux. Le verre était froid. Je ne savais pas encore quelle méthode employer lorsqu'un accès de tristesse m'assaillait. Il m'arrivait d'avoir envie de me poignarder ou de hurler sans me préoccuper de la réaction des gens autour de moi. Je pensais que le sang ou les hurlements pourraient peut être remplir ce gouffre. Mais je savais parfaitement que cela ne servirait à rien.
Mon moi sanglotait à l'extérieur, alors que dans mon cœur l'étais tout simplement perdue, immobile au bord du gouffre. "
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Lorsque je courais dans la foule vers l'endroit d'une interview, lorsque mon vernis s'écaillait ou lorsque je m'apprêtais à fermer les rideaux à la nuit tombée, j'étais brusquement assaillie par l'impression que j'avais perdu ce qui m'était le plus précieux. J'avais beau essayer de rayer cette pensée de ma tête, elle ne me quittait pas et, ne trouvant rien à quoi me raccrocher, je finissais par ne plus avoir d'autre solution que de m'accroupir sur place , impuissante. (p. 292)
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La voix chaude du violoncelle semblait flotter vers moi comme s'il me serrait dans ses bras. Peut-être à cause du vent qui soufflait, de temps en temps le son se mettait à trembler comme s'il était sur le point de disparaître, sans que pour autant l'archet arrêtât de glisser sur les cordes.
Tout autour et jusqu'à l'horizon, il n'y avait rien d'autre que le rouge des coquelicots. Les tiges se courbaient et les pétales oscillaient au rythme de la musique.
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C'était une sorte de silence dont je faisais l'expérience pour la première fois de ma vie. Il n'était pas du tout distant. Il ne nécessitait pas de se forcer à chercher des mots et, alors qu'il aurait dû être profond, c'était un silence agréable, comme le gazouillis de l'air ruisselant au fond des tympans.
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